Witch on the Holy Night
7.9
Witch on the Holy Night

Jeu de TYPE-MOON et Aniplex (2012PC)

Mahoyo impressionne, à première vue. Type-Moon a tout fait cette fois pour nous en mettre plein la vue. Un enchaînement de CGs qui ne s’arrête jamais, incroyable, un travail de ouf, on n’avait encore jamais vu ça dans le monde des VNs. Ce n’est plus un livre, ce n’est plus un jeu, c’est un film ! Un véritable blockbuster !
Certes, certes. Justement, je n’aime pas tellement les blockbusters ! Et je vais démarrer cette critique de Mahoyo en m’attaquant au point le moins contestable (à première vue du moins, je le répète) de cette œuvre : Sa mise en scène. Car c’est bien gentil de vouloir nous en mettre plein la vue, encore faut-il que ce qu’on voit en valent le coup. En cherchant à mettre en avant la quantité plutôt que la qualité, Mahoyo fait sa première erreur. Car le style graphique, qui n’est que la suite logique de ce qu’était Fate/Stay Night, est d’une grande banalité. Ce n’est pas vraiment beau, c’est lisse. Tout est si parfait, comme ces visages sans ratures, ou ces décors propres. De plus, je ne ressens pas là un style particulier, qui se démarque. L’artiste n’a pas vraiment donné de lui-même dans ces CGs… Si bien qu’il peut y en avoir 200, 300 que je ne trouverais pas cela pour autant particulièrement intéressant. Pour faire office de contre-exemple d’ailleurs, Steins;Gate en totalisait 77 et elles étaient généralement bien choisie pour accentuer les scènes fortes. Vous me comprenez : La qualité, pas la quantité, c’est ma devise.
C’est une première chose. Je serais tout de même de mauvaise foi (ou plutôt, indulgent ?) de ne pas reconnaître que certaines scènes restent impressionnantes. La fin dans le palais des glaces par exemple, avec ce moment où Aoko combat le monstre de ses propres mains, ça vaut le coup d’œil. Néanmoins, cette mise en scène de la quantité perd à nouveau en intérêt dans son incapacité à gérer toutes tensions. On n’est jamais sur le qui-vive dans Mahoyo puisqu’on sait que « forcément », les héros vont gagner. Il n’y a même pas à chercher, c’est déjà écrit, ça se sent. Et c’est exactement ce que je mettais en avant dans ma critique du manga Vagabond, ce manque permanent de tension propre aux shônen. Des combats à morts ? Ahahah, n’importe quoi. Les shônen connaissent de la mort ce que les metalleux connaissent de l’enfer, c’est-à-dire pas grand-chose, et pourtant on en parle tout le temps. Navrant.
Ces éléments nous portent à croire que la mise en scène de Mahoyo est finalement ratée. N’allons peut-être pas jusque-là, je suis content de voir enfin une variation des décors dans un VN, étant du genre à reprocher leur redondance. Un point en plus sur la note finale pour ça au moins. Mais bon sang, je prenais quand même cent fois plus mon pied avec la mise en scène absurde et cheap d’Umineko !


Après avoir démonté le plus gros du VN, le reste n’est qu’une promenade de santé. Car le fond du VN est facilement critiquable, et je vais me faire un malin plaisir de le défoncer.
J’ai cru au départ que Mahoyo serait différent. Forcément, un VN qui commence avec en fond sonore le Liebestraum de Lizt, ça m'a tout de suite interloqué. La bande-son est d’ailleurs de qualité, notamment pour les scènes d’actions. Ensuite, l’absence de doublages était aussi une bonne chose. Les doubleurs ont tendance à exagérer leur rôle. Sans, le VN devenait d’un seul coup beaucoup plus sérieux. Cela accouplé à la mise en scène, le résultat pouvait être intéressant si le fond était aussi bon.
... Mais ce ne fut pas le cas. Par trois fois mes espoirs ont déchanté . Par trois fois j’ai failli abandonner le jeu :



  • D’abord, quand on a appris à connaître le personnage principal masculin (son nom m’échappe déjà, Seijyuro quelque chose). Mais sérieux, quel abruti ce gars. Tellement agaçant… non, tellement chiant oui à être tout le temps tête en l’air, à sortir des absurdités plus grosses que lui. Dans la vraie vie, on dirait qu'il est autiste… Je ne sais pas quel attrait on peut trouver à ce genre de gros débiles qui pullulent dans les shônen. Bref, j’ai abandonné le VN pendant trois mois après avoir vu ça.

  • Je ne l’ai repris que parce qu’en ce moment, je n’ai pas de connexion en fait. Et en mettant de côté l’autre abruti, il se trouve que je retrouvais un plaisir à lire Mahoyo… ouais, enfin jusqu’à que je vois le (très court) chapitre 3 qui a atomisé mes espoirs. Pour rappeler, c’est à ce moment où Aoko apprend à faire de la magie avec Alice. « Ok, en gros, c’est comme Fate/Stay Night le machin… ». Aoko fait bien de préciser qu’elle n’est pas une sorcière sur son balai. Ouais, mais ce n’est pas non plus une sorcière de Thessalie qui arrache et cloue au mur les visages des cadavres pour les ressusciter. Non, c’est juste une petite sorcière qui lance des boules bleues sur des hommes de pain d’épices. HARDCORE. Vous aimez Harry Potter ? Eh bien vous aimerez très certainement Mahoyo. Moi aussi j’ai aimé Harry Potter, jusqu’à mes 15-16 ans en gros. Maintenant, je recherche quelque chose de plus intéressant. Et même si j’ai bien compris que je ne trouverais pas du Kant dans l’univers des VNs, quelque chose qui sait être à la fois puissant comme loufoque, mature comme immature tel qu’Umineko, je dis oui sans souci. Le problème, c’est que je demande peut-être beaucoup à ce qui reste désespérément un shônen (et pourtant…).

  • Coup de grâce enfin avec ce moment à la fin du chapitre 5, où Aoko en difficulté retrouve du courage en pensant qu’il y avait « un garçon qui, lui, n’avait jamais abandonné ». Un début de romance en gros que je ne souhaitais absolument pas, et en voyant ça j’étais déjà prêt à descendre à 3/10. Heureusement ou pas, le jeu a subi un bug qui fait que je n’ai pas pu continuer, et que je ne peux d’ailleurs plus allumer le jeu depuis. Après toute ma volonté (ça faisait une semaine que j’étais sur cette seconde partie du chapitre 5, c’était interminable), c’est finalement le jeu qui m’a lâché avant que je le fasse. Salaud.
    Donc oui au passage, j’écris cette critique alors que je n’ai même pas fait la moitié du jeu. Mais, à vrai dire, je m’en porte très bien comme ça. La suite ne pouvait pas être meilleure, c’est impossible. A moins d’une catastrophe naturelle, non, ce n’est pas possible.


Pfioouu, vraiment pas fameux Mahoyo en tout cas. Ajoutons à cela une traduction FR bizarre… pas vraiment mauvaise, mais ils ont une façon étrange de construire leurs phrases, peut-être littérale… certaines sont très mal écrites, d’autres ne veulent rien dire. A se demander s’ils comprenaient eux-mêmes ce qu’ils écrivaient. Je ne vais pas cracher dans la soupe, c’est déjà rare d’avoir une trad FR d’un VN. Mais leur traduction lourde n’a très certainement pas arrangée ma lecture.


Bon… Je me suis dit pour conclure cette critique de finir sur un petit jeu : Comment aurais-je procédé si j’avais été le scénariste de Mahoyo ? En reprenant les mêmes personnages, voici quelques éléments que j’aurais changé :



  • J’aurais bien évidemment nuancé la personnalité de l’autre péquenaud qui sort de ses montagnes. S’il a passé sa vie à chasser le cerf et l’ours brun, il bénéficie donc d’un fort caractère (ainsi que d’une importante musculature soit dit en passant). Le VN se serait concentré sur sa difficulté à alterner les petits boulots et ses cours. Evidemment, il n’aurait pas été aussi étonné par la ville (il aurait su ce que sont les voitures bien sûr… on se moque de qui franchement ??), mais on aurait pu contraster son mode de vie précédent à celui actuel. Ni en le glorifiant, ni en le dénigrant car il a autant de chose à apprendre qu’il a à enseigner aux autres. Quant à son amour pour Aoko, il aurait pu exister et être véritable, je ne sais pas trop… mais pas réciproque en tout cas.

  • Aoko, elle qui est interloqué par ce bonhomme, éprouverait de la sympathie à son égard, serait intriguée. Mais pas amoureuse (ce genre de nuance qui me semble naturelle ne l’est jamais dans les VNs, putain :snif:). Je lui aurais fait garder son profil de tsundere, mais pas en l’exagérant (du genre « Elle va nous tuer, fuyez-vite ! », ce que c’est lourd). En fait, je l’aurais faite un peu asociale peut-être par son caractère de tsundere, mais pas détestée pour autant, un peu à l’écart. DE LA NUANCE QUOI.

  • Alice serait encore plus asociale que sa coloc. Enfouie dans des bouquins, elle se montrerait d’une grande intelligence (comme c’est le cas d’ailleurs dans le VN), mais les événements feront qu’elle serait amenée à sortir un peu de son cocon. Quant à sa relation avec Aoko, elle témoignerait d’une opposition gentille, sympathique, rivale même. Mais pas deux personnes qui veulent s’entretuer bien sûr. C’est d’ailleurs profondément ridicule qu’Aoko préfère combattre Alice dans le VN juste car elle a promis « qu’elle ne le tuerait pas aujourd’hui ». « De toute façon, il fallait bien qu’on se batte un jour », ah oui, c’est super facile de dire ça. 6 mois que vous êtes ensemble et pas une seule fois vous vous êtes rapprochées ? C’est tellement naze bordel, ça me fout en rogne.

  • Evidemment, tous les éléments liés à la magie disparaîtraient. Sauf peut-être sur le fait qu’Alice est en réalité une sorcière de Thessalie, là, d’accord. Mais sinon, non, jamais.


Voici en gros comment j’imaginais le VN à la fin du chapitre 1. Mes meilleures attentes. Parfois n’empêche, je me dis que je devrais être scénariste, ça me plairait. Mais en même temps, comme la plupart des gens n’en ont rien à foutre de tout ça, je ne ressortirais pas gagnant. Quelle déception.

stevenn33
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le 13 oct. 2015

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