Avec ce titre, l'univers de Metal Gear sort du carcan de l'infiltration pour se lancer dans l'action pure, grand spectacle et stylée, dans la digne tradition de ce qui se fait depuis que Capcom inventa Devil May Cry et Dante, le héros poseur par excellence. Qui de mieux pour cela que Platinum Games, le studio de MadWorld, Bayonetta et Vanquish?

Premier jeu du jeune game designer Kenji Saito, Metal Gear Rising Revengeance (disons MG2R pour raccourcir) est un spin-off, donc découplé de la série principale, mais s'inscrivant dans la ligne scénaristique initiée par Metal Gear Solid 4, du maître Hideo Kojima. 4 ans après la disparition des patriotes, Raiden, désormais cyborg, travaille pour une compagnie de mercenaire du nom de Maverick Security, et aide un président africain du nom de N'Mani à pacifier la région. Avec succès. Le pays a fait un grand bond en avant et la paix règne. C'est alors que le président est victime d'un attentat, perpetré par une autre compagnie de mercenaires, Desperado LLC, désireuse de relancer le "business" de la guerre. Avec N'Mani mort, la région redeviendra une poudrière et les mercenaires crouleront sous le "travail", et l'argent bien sûr. Confronté à Sundower, le chef de Desperado, et Jetstream Sam, un épéiste de génie, tous deux cyborg, Raiden se fera vaincre, et gravement blessé. De retour quelques semaines plus tard dans un nouveau corps de cyborg, dernière génération, notre héros fera tout pour stopper Desperado et empêcher l'embrasement de la région, afin de protéger les innocents du "business de la guerre".

Le scénario est digne d'un vrai Metal Gear. A savoir un magma cypto-philosophique, mêlant pêle-mêle théorie du complot, haute-technologie, eugénisme, corruption politique, haute finance et économie de guerre parfaitement prétentieux. Une intrigue donc qui, sous des atours de profondeurs et de complexité s'avère en réalité parfaitement creuse et résumable en quelques lignes griffonnées sur un kleenex. A l'image du jeu en fait. Esthétique, bourrin, visuellement impeccable, avec un gameplay simple et ultra-jouissif, MG2R a tout du chef d'oeuvre. Et pourtant, en creusant un peu, à l'image du scénario, le gameplay est bien plus simpliste qu'il n'y parait, loin de la profondeur d'un Bayonetta.

Comme dans tout Metal Gear, la galerie de Boss est plutôt savoureuse et les quatre cyborgs connus sous le nom de "vents de la destruction", Sundower, Jetstream, Mistral et Monsoon, sont visuellement plutôt réussis, en plus de donner un peu de fil à retordre à notre héros. Le design des personnages est d'ailleurs, de façon général, très bons dans le style "japanim' réaliste". La plupart des seconds couteaux ont une certaine personnalité et s'avèrent plutôt attachant. Mention spéciale à "Bladewolf", l'IA dans un corps de Mécha-Loup. Premier mi-boss du jeux, il se ralliera finalement à Raiden, d'abord par reconnaissance pour l'avoir "libéré", puis par véritable estime et respect pour le héros.

Le gameplay est donc bien moins profond qu'il n'y parait mais il n'en reste pas moins jouissif. Utilisant quasiment exclusivement un katana (il y a bien d'autres armes mais l'on a pas de réelles raisons de les utiliser: on n'est pas dans Ninja Gaiden 2), le jeu gère donc coup rapide et coup puissant avec moults combos et un système de parade qui se résume à marteler conjointement une direction et le bouton de coup faible. Les quelques QTE présents ont le bon goût ne se pas se substituer au vrai combat et servent surtout lors des "finish". En résulte des chorégraphies classieuses, esthétiques et purement jouissives qui, alliées à la réalisation impeccable, permettent largement de pardonner le système de combat simpliste. A noter un petit bonus, le système "Zandetsu", qui permet à Raiden de ralentir le temps pour trancher dans le vif absolument n'importe quoi (décor ou personnage), le stick contrôlant l'orientation de la lame et les boutons de coup, les tranches horizontales et verticales. Vendu comme une révolution (comme souvent) lors des sessions de preview, le système est moins une innovation mais pourtant plus qu'un simple gadget, conférant une vraie personnalité à ce système de jeu. Bref, pas de quoi se retourner le cerveau, mais néanmoins fort sympathique.

Au final, MG2R est une véritable réussite. Pas à proprement parler un chef d'oeuvre absolu, mais un excellent titre, bourrin, esthétique, un savoureux hymne à la destruction, porté par une réalisation impeccable et des personnages haut-en-couleurs. Reste un scénario prétentieux et simpliste sous des atours de complexité, digne de Kojima en fait. Mais l'action non-stop et les chorégraphies jouissives compensent largement ce défauts et poussent à aller au boût de l'aventure. Trop rapidement ceci dit : la durée de vie de 5h max fait d'ailleurs échapper le 8/10 parce que bon, quand même...
Kayn
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le 19 déc. 2013

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Kayn

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