Nier
7.9
Nier

Jeu de Yoko Taro, Cavia et Square Enix (2010Xbox 360)

Un voyage sanglant et dramatique

Critique 100% Spoils

NieR, malgré son apparence archaïque fait définitivement partis de mes jeux favoris, ainsi qu'une des plus belles expériences de ma vie de joueur.

Pourtant ce jeu est remplis de défauts, comment puis-je donc autant l'aimer ?

Je vais d'abord commencer par lister les défauts.
En premier lieu NieR est un jeu en retard sur sa technique. Les graphismes ne sont vraiment pas le point fort et rappelles les jeux de la génération précédente.
Ensuite le jeu est répétitif. Non seulement il faut le recommencer plusieurs fois, mais la répétitivité vient aussi d'autres aspects du jeu. On peut donc noter plusieurs allers-retours qui donnent l'impression de toujours tourner dans les mêmes lieux, ou bien certaines musiques qui deviennent redondantes.
Les quêtes sont très mal exécutés et rappelle les premières heures des MMORPG.
Enfin je trouve l'équilibre mauvais. À un certain seuil, la difficulté est proche du néant.

Pourtant ces défauts...ne m'ont pas où très peu dérangés. NieR est un jeu magique, il est remplis de bonnes intentions et tente beaucoup de choses. Toutes les qualités que dispose le jeu contrebalance largement les défauts du jeu pour moi.

NieR nous raconte les péripéties du personnage éponyme dans un monde proche de sa fin pour sauver sa fille d'une terrible maladie.
J'aime beaucoup l'univers du jeu. Il est assez original et combine plusieurs éléments. L'ambiance d'abord qui est particulière. Le jeu mélange un certain mysticisme, beaucoup d'éléments sont fantaisistes et le monde est mystérieux. Par exemple la forêt à une ambiance atypique grâce aux jeux de lumières, mais aussi tout ce qui l'entoure(l'arbre, les habitants). Ou bien Facade, ce village dans le désert avec ses habitants curieux.
Le jeu se veut donc comme une sorte de voyage ou le héros cherchera un moyen pour trouver sa fille. Et ce voyage est cohérent avec tous les lieux visités. Chaque lieu est totalement différent dans son ambiance et dans son architecture. On a ainsi un sentiment de voyage du fait que l'on visite des endroits totalement différent. On passe donc par une usine dans une montagne avec un côté industriel et mécanique, un village de pêcheurs proche de la mer avec une ambiance calme, l'Aire avec son architecture différente et son ambiance pas rassurante, ou encore le village de NieR teinté de mélancolie notamment grâce à la musique.
Non seulement cette idée du voyage est cohérente par les environnements, mais aussi par le gamedesign. Ainsi toutes nos destinations auront une proposition différente dans le gamedesign. Par exemple le temple fertile illustre parfaitement les lois de Facade en imposant au joueur des restrictions à chaque salle. Le manoir d'Emil compile hack n slash et une phase comme Resident Evil. La forêt propose une phase "roman". Bref, tous les lieux s'accompagnent de variation dans le gameplay, ce qui dans un sens permet de renouveler le gameplay et palier avec la répétitivité, ou encore renforcer la sensation de voyage.

Cette ambiance ne serait pas aussi singulière sans les musiques du jeu. La bande-son est de grande qualité. Chaque musiques accompagnent parfaitement les environnements et les différentes scènes du jeu. L'OST disposent de sa propre identité, certaines pistes sont vraiment mélodieuses. Tantôt mélancoliques, tant rythmé, les musiques sont une réussite !

Que serait un voyage de qualité sans un groupe digne de ce nom ? Le casting de NieR est tout simplement marquant. Les personnages sont à la fois attachants et bien écrit, et possèdent tous une évolution.
Il y'a d'abord Papa NieR, héros du jeu. J'aime bien ce personnage. Il est intéressant dans sa construction. Il est déterminé pour sauver sa fille et est prêt à tout pour accomplir son but. NieR est rapidement rejoint par Grimoire Weiss, qui devient par la suite son fidèle compagnon. Ce personnage est hilarant tant il est imbu de sa personne. Vient ensuite Kaine, personnage surprenant dans son langage, physique et son histoire. Puis Emil, petit garçon qui essaye tant bien que mal de concilier sa vie avec ses pouvoirs.
Tout ce petit groupe est attachant dans les rapports qu'ils entretiennent. On suit de manière "naturel" leurs discussions qui entre parfaitement en jeu. Les relations qu'ont les personnages évoluent durant le scénario. Kaine par exemple est d'abord distante et froide, et s'ouvre petit à petit à NieR, allant même jusqu'à éprouver de l'amour pour lui. Weiss au début ne supportera pas vraiment les interpellations de NieR, jusqu'à devenir son ami à la fin. Weiss et Kaine ne se supportent pas aussi, ce qui donne lieu à des discussions hilarantes. En d'autres mots, cette "famille" est vraiment agréable à suivre. Les personnages ne sont pas binaires et bien écrit, ils ne sont ni parfait ni détestables, mais disposent de qualité comme de défauts.
La chose que je trouve réussie dans ce quatuor est surtout le sentiment que le joueur est le dernier membre. Il suit toutes les péripéties et les aventures des personnages.

L'écriture et le scénario de NieR sont donc pour moi l'un des points forts du jeu. Le scénario se présente donc en deux parties.
La première est relativement classique, on suit le héros aider tout son entourage. Cette partie introduit l'ennemi du jeu: Les Ombres. Des êtres insensibles et égoïstes qui sèment la violence. De plus les personnages du jeu, l'univers et toute la topographie est introduite. Le jeu est donc agréable à suivre, on ne s'ennuie pas car il y'a toujours un nouvel élément qui vient relancer la quête de NieR. Il n'y a donc rien de spécial, c'est une première partie typique de ce que l'on peut trouver dans des jeux d'aventure: une quête qui amène à voyager et à aider les gens.
Cependant vint la seconde partie qui n'a rien à voir. Le roi de ombres a capturé la fille de NieR, les ombres sont plus puissantes que jamais, l'humanité est au bord de l'extinction. Durant cette partie tout est beaucoup plus sombre. NieR retraverse les lieux qu'il a visité et massacre toutes les ombres sur son passage. Les ombres sont le mal, elles font le chaos et ne pensent qu'à leurs intérêts. Elles n'eprouvent absolument rien, tout l'inverse de NieR, qui suit une quête de revanche passionnel. Par exemple les ombres ont tué la fiancée du roi de Facade et NieR va l'aider à se venger, une ombre a tué le frère du forgeron de la montagne et NieR va l'aider. NieR suit à la fois sa vengeance sur les ombres qui ont capturé sa fille, mais accompli aussi la vengeance des autres qui ont perdu des êtres chers à cause des ombres. Le scénario devient beaucoup plus sombre et violent, rien n'est rose, tout le monde perds des êtres qui sont précieux. Cette partie est donc passionnante à suivre, les évènements dramatiques semblent impossible à éviter, NieR est interpellé partout pour achever sa vengeance. Il fait face à un flot d'événements ininterrompu, c'est vraiment intéressant à suivre car il n'y a pas de temps mort.
Et vient enfin la partie finale du jeu qui renforce un peu cette idée du "tout est perdu depuis le début". Mais surtout cette fin à pour intérêt d'introduire la suite du jeu. En effet on y apprends une révélation fracassante qui remets en cause toutes les actions précédentes : les ombres sont en réalité des humains.
Ainsi début la deuxième partie qui est une expérience à vivre manette en main. La différence vient du fait que cette fois, on comprends le langage des ombres. Tout est remis en question, jusqu'au statut du joueur. Le joueur qui auparavant avait pris le réflexe de tuer toutes les ombres découvrent désormais que ce sont des êtres doués de sensibilité qui cherchent tout simplement à vivre tranquillement. Que ce soit les ombres qui ont élu domicile dans l'Aire ou la petit ombre de la montagne, le jeu propose des histoires émouvantes. Cette run est assez incroyable, tout ce qui a été fait auparavant est déconstruit. NieR qui était avant un héros se retrouve être un bourreau. Le joueur qui suivait cette quête regrette désormais ses actions. Le jeu utilise parfaitement son support car il joue sur l'ambiguïté des actions du joueur, pour produire un effet unique grâce à son support. Cette deuxième partie est tout sauf manichéen, la dualité entre Nier et les ombres était totalement manichéen, Nier était le gentil et les ombres méchantes. La deuxième partie nuance largement ce propos, en montrant que les ombres sont doués de sensibilité, mais que dans certains cas les moyen qu'elles utilisent ne sont pas les meilleurs.
NieR utilise parfaitement bien le jeu vidéo pour illustrer les thèmes qui tournent autour de la vengeance et de ses conséquences. Les actions du joueur sont au cœur du jeu.
Pour finir comment parler de NieR sans évoquer la fin D ? Certainement la fin qui m'a le plus marqué dans un jeu(avec celle de son petit frère Automata). Cette fin prends énormément de risque et implique le joueur jusqu'au bout.
Nier arrive au dilemme final: tuer Kaine pour sauver sa fille ou se tuer lui-même pour sauver Kaine. C'est au joueur de faire ce choix difficile qui peut avoir des conséquences irrémédiables. Nier à une dernière chance d'accomplir une bonne action et de sauver quelqu'un. Pendant tout le jeu il a suivi son égoïsme qui a causé tueries et destruction, mais il décide de ne pas faire de choix égoïste et de se sacrifier pour sauver Kaine. Symboliquement le jeu efface la sauvegarde du joueur, plus que Nier qui se sacrifie pour Kaine, c'est le joueur qui sacrifie sa sauvegarde pour un ultime sauvetage. C'est une manière jamais vus et très efficace de briser le 4ème mur. La sauvegarde s'efface sous nos yeux. Kaine se relève et peine à se rappeler de Nier. Yonah la fille de Nier ne se souvient plus de Nier. Le monde est quasiment détruit, il n'existe plus aucune trace de Nier dans les mémoires. Il n'existe plus dans le jeu.
Mais il existe encore dans ma mémoire.

Dfez
9
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le 4 juin 2018

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