Ōkami
8.2
Ōkami

Jeu de Hideki Kamiya, Clover Studio et Capcom (2006Wii)

De temps en temps, sur nos consoles, sortent des jeux qui dévient un peu des sentiers battu ... pour le meilleur et pour le pire. Ça fait du bien. Pourquoi ? Parce que ça permet à notre petite communauté du jeu vidéo de montrer au reste du monde - celui qui se gausse de nous, généralement - qu'être joueur, c'est autre chose de de tuer à la chaîne des méchants avec des flingues à tout va sur un ersatz de musique techno. Bon ... Généralement, j'ai l'impression que ça marche pas mieux, mais au moins ça nous rend un peu plus fier d'avoir cette passion !

Okami fait partie de cette caste de titres. Les consistants ! Ceux dont on se rappelle au fil des sites spécialisés, des discussions entre amis ou encore des forums sur la Toile. Ceux qui participent à l'histoire. Les jeux culte, quoi. Sorti initialement sur PlayStation 2 en 2007 - sur la fin de la console, donc - Okami avait reçu un franc succès critique, les spécialistes de tous bords louant la direction artistique, l'ambiance générale et le gameplay d'un titre marquant pour la console de Sony. Le succès commercial fut bien moins marquant !

C'est donc presque un an plus tard que le même titre se trouve porté sur une console plus récente, et surtout plus dans l'ère du temps. Nous sommes en 2008. La Wii vit ses années de jeunesse et le milieu du jeu vidéo n'a que d'yeux pour le hardware innovant de la console de Nintendo et la nouvelle façon que cette console permet de vivre les jeux.

Rien qu'à la jaquette, on découvre quelques indices de ce qu'est Okami. Un fier loup blanc esthétique et vaillant. Un titre simple mais pourtant si exotique. Le rond rouge si symbolique de la culture asiatique et notamment japonaise. Tout semble nous attirer dans l'univers des contes nippons. Et c'est bien là que le jeu nous emmène ...

Tout commence comme nous l'attendions. Dans le nippon d'autres fois, fait de traditions, de pudeur et de légendes, une ombre sombre plane. La malédiction d'Orochi est sur le point de mettre à mal le pays tout entier. Un vent de terreur semble s'abattre sur les différentes contrées du pays. Et il semble que ce soit ce désespoir qui vous ramène à la vie. Vous. Amateratsu ! Le loup blanc incarnation de la divinité du soleil et plus ou moins de la vie - enfin c'est ce que j'ai pu comprendre à travers mon expérience du jeu.

Pfiou ! Tout cela fait bien solennel. Et bien pour agrémenter tout cela, notre brave toutou, qui ne pipera mot durant toute l'aventure en dehors de quelques aboiements et jappements, se voit affubler de ce que l'on pourra appréhender comme une puce, Issun, qui se définit comme un artiste errant, et qui ne cessera durant l'aventure de discuter avec les différents personnages que vous croiserez et à balancer des bonnes vieilles vannes des familles.

Mais outre son élégance et sa classe irréprochable, notre loup blanc se voit recevoir un autre pouvoir. Celui de manier le "pinceau divin", outil permettant au fil de l'aventure de réaliser moults interventions et autres miracles : attaquer les adversaires, bien entendu, mais également faire alterner le jour et la nuit, faire réapparaître des objets cassés ou disparus, ou encore manier les éléments ou faire fleurir divers végétaux. Comme dans tout Zelda-like, votre quête vous permettra d'obtenir différentes techniques au fur et à mesure de votre progression dans le jeu, vous permettant ainsi, comble de la chance, de pouvoir progresser et atteindre des espaces ou lieu inaccessible jusque là.

A ce titre, Okami joue la carte du Action-RPG classique, efficace, à la progression très calibrée, pas particulièrement dur. Du Zelda dans le texte, je vous dis, avec une patte graphique vraiment originale qui contribue grandement à la valeur du titre. Les décors - bien qu'un peu flous et sombres pour l'ère de la HD dans laquelle nous comme aujourd'hui tombés - sont d'une rare élégance, et l'on se complait sans mesure à apporter la beauté dans les différentes contrées du Nippon, à coup de savatage de démons et de fleurissement d'arbres.

C'est beau ... C'est zen ... C'est travaillé ... Ce sont là les grandes forces de ce titre. Jouer à fond sur les recettes traditionnelles du A-RPG et jouer la carte de l'originalité dans la direction esthétique, le background général du jeu et le charisme des personnages. Et ça, c'est bien !

Mais malgré toute sa prestance et ses nombreuses qualités, Okami n'est néanmoins pas un jeu exempt de tout reproche. A commencer - c'est quelque part un comble - par la maniabilité. La transcription du concept du pinceau sur Wii pouvait sembler comme une évidence pour les joueurs grâce à la wiimote de la console de Nintendo qui permettait de barbouiller son écran comme bon nous semble. Il n'en est rien ... En effet, à force d'expérience, certaines techniques sont assez compliquées à déclencher et les figures à réaliser se mélangent entre elles. Du coup, paf !!! On se retrouve à invoquer du vent alors qu'on voulait un nénuphar sur l'eau et on fleurit un arbre alors qu'on souhaitait déposer une bombe. Pas cool ... Pas très divin ... Rien d'irrattrapable, mais quelques manipulations foireuses, notamment dans les moments les plus tendus.

Niveau jouabilité, et comme souvent dans les Action-RPG, le placement de la caméra s'avère parfois un peu bizarre, voire lourd et vecteur de fautes et d'erreurs, notamment dans les sauts (le grand classique, quoi ...). Occasionnellement frustrant ...

L'autre défaut significatif du jeu, selon moi, est le rythme de narration de l'histoire, qui m'a pas mal décontenancé, alternant les phases tendues et dynamiques, suivies de bons vieux "retours à la case départ". Je m'explique dans le paragraphe suivant, QUI EST UN SPOILER - m'enfin le jeu est maintenant assez ancien ...

Bien ! Au début, approche classique. Une légende, un loup divin et un démon qui revient tous les cents ans. L'histoire se retrouve centrée autour de ce conte classique mais efficace et bien narré. La tension monte, la tension monte. Puis on arrive assez rapidement à l'antre de ce boss. Ha ha !!! On s'attend à un rebondissement ... Que va-t-il se passer ? Orachi (je crois que c'est ça) est-il le père d'Amateratsu ??? On attend ... et rien !!! On tue le boss. Youpi !!! Tout le monde est content ! Mais comme nous dit le conteur : "Mais l'aventure est loin d'être finie !". Ah bon ? Et oui, car on découvre que le Mal est encore bien implanté dans le nippon, et on part vers d'autres cieux, toujours à la chasse aux démons, mais le lien avec ce qu'on a vécu précédemment n'est pas évident ! Et Okami nous fait le coup plusieurs fois au cours du jeu.

Résultat des courses, la narration est perturbée et subi de franches baisses de rythme qui pourront venir à bout des moins opiniatres.

La fin du jeu est également assez déstabilisante. Attention ! Encore du SPOILER dans le paragraphe suivant !!!

Alors que le jeu nous a fait plusieurs fois le coup du "l'aventure n'est pas terminée", prélude à un changement de décors radical, on pressent que la fin va nous faire le même coup. Après avoir défait le seigneur du Mal - ou tout du moins ça s'en rapproche pas mal ... ahah, jeu de mots - on part dans un étrange vaisseau pour un nouveau voyage en dehors du Nippon. Et vu ce qu'on a vécu avant, on s'attend, à moitié content, à aborder une nouvelle quête avec de nouveaux enjeux. Et cette fois ... non ! C'est bel et bien fini. Et autant le combat avec le dernier boss se trouve entrecoupé de nombreuses scènes expliquant (un peu) les raisons de notre situation, autant la fin se la joue courte ... et sans générique de fin !

Car comme j'ai pu le lire sur d'autres forums. Le changement de studio de développement pour la version Wii a entraîne une lugubre histoire de crédits de fin où apparaît le logo de l'ancienne boite de production, qu'on a pas réussi à enlever blablabla ... Résultat : pas de générique de fin ni de crédits pour les bons vieux joueurs qui se sont investi pour finir le jeu et attendent, telle une récompense, les noms des développeurs. Une quasi-honte !

Ces quelques errements entendus, Okami reste un bon jeu, voire un très bon jeu. A ce moment du test, et alors qu'il est l'heure de conclure, mon coeur - et ma raison - balance entre un 7/10, un peu dur mais motivé par les lacunes du titre et les quelques déceptions issues du portage Wii dont on pouvait attendre beaucoup plus, et un 8/10, récompensant un titre à la personnalité indéniable et apportant une touche d'originalité dans un monde du jeu vidéo souvent formaté.

Sur les 5-10 dernières heures du jeu, j'ai quand même hésité plusieurs fois à abandonner. Ce sera 7/10. C'est sévère, mais pas injuste ...

A une prochaine fois, Amateratsu !

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le 19 mars 2013

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Red13

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