Quand des moisis affamés coupent l'herbe sous le pied de ces mignonnes petites taupes
L'autre jour, un ami se plaignait encore de l'invasion intempestive de nuisibles qui saccageaient son magnifique potager. Désabusé, je lui annonçais sur un ton laconique que depuis belle lurette des techniques avaient été maintes fois éprouvées pour repousser ces charmantes taupes une bonne fois pour toute. C'est alors que la vérité éclata : il ne s'agissait absolument pas de ce genre de bestioles... non, non. Mais plutôt de mammifères humanoïdes nécrosés râlant un mot régulier : « bréyne ». Comme je ne parlais pas anglais, j'en avais conclu qu'il s'agissait d'un des personnages du recueil de divers traités sur l'histoire naturelles de la terre et des fossiles d'Elie Bertrand avec un certain monsieur Jean Philippe Breyn. Mais que nenni, oh mon Dieu, c'était horrible !! Ces hordes d'errants ne cherchaient qu'une chose : bouffer le « cervow » de mon ami. Pâle mais déterminé, je pris mes deux mains, apposées sur les côtés de ma bouche, pour lui crier (à quelques centimètres de sur son visage) : non, lâche cette corde, j'ai la solution !!!
Il fallait effectivement y penser ! Pour lutter contre des zombies, il suffit d'utiliser les graines achetées à prix exorbitant au maraicher du village d'à côté pour créer une barricade (presque) infranchissable. Voilà comment se justifie le renouveau du « tower defense » développé par les Américains de chez PopCap Games qui s'est, à termes, adapté sur TOUS les supports vidéoludiques du marché actuel. Piouf. Plantes contre Zombies, c'est simple : d'un côté, vous et votre bien immobilier, de l'autre, votre palissade, détruite par des salves de zombies. Entre les deux : un champ de bataille sanglant, ensoleillé, violent, souriant, vindicatif, coupé de près, affamé...
LET THE SUNSHINE IN
Le jeu se déroule en deux phases. Nuit et jour. Le jour, des soleils tombent du ciel aléatoirement (non, ça ne s'explique pas !!). On apprend rapidement qu'il s'agit de la monnaie locale du jeu. La réglette du haut annonce le contenu du porte-monnaie potager et des différentes plantes. Au fur et à mesure de la progression, de nouvelles plantes apparaissent (et il faudra faire un choix cornélien quant à leur disponibilité dans la barre supérieure puisque l'on ne peut pas y intégrer l'entièreté des options... Aaah... dur, dur la vie !). Des plantes (les grosses patates) stoppent la progression des vilains alors que d'autres tirent des projectiles. Afin de maximiser l'arrivée de soleil, les tournesols (placés généralement aux abords du jardin) deviennent des alliés précieux. De nuit, les plantes sont remplacées par des champignons, soleil absent, l'arrivée supplémentaire de monnaie potagère ne se fait plus que pas l'ajout d'une plante/champignon, compliquant la progression. Heureusement, certaines peuvent être posés gratuitement... mais sont si faibles... Aaaah... vraiment dur, la vie de jardinier ! Le jardin est généralement le même au fil du jeu mais il y a quelques variantes, comme la piscine centrale et le toit. Pas de pérégrinations, ici, on ne bouge pas et on protège ses biens ; c'est déjà assez le bordel comme ça ! Consciencieux comme pas deux, j'avais proposé à mon ami de sortir sa tondeuse et de la placer en direction de ces maudits zombies. Ni une ni deux, il s'est économisé quelques soleils pour rajouter d'autres machines gourmandes en pelouse d'afin de créer un véritable régiment.
À l'APPEL DES FOUS
Ce n'est pas tout. Le monde ne tourne plus rond, vous devriez le savoir. Votre voisin psychotique, avec son langage « yaourt » et sa casserole visée sur une tête à moitié dénuée de neurone – lui accordant une certaine immunité -, s'intéresse particulièrement à votre cas et se propose même de vous aider. Dave le dingo possède plein d'objets intéressants dans son coffre de voiture. Encore une fois, sans se l'expliquer, les zombies laissent tomber du blé (les sous, pas la céréale... quoique...) de façon hasardeuse. Ce pognon sert à troquer pelles et autres plantes spécifiques à Dave.
Même si le concept même de Plantes contre Zombies est d'un classicisme déconcertant, sa thématique loufoque et improbable en fait tout son intérêt. Les niveaux se ressemblent, certes, mais l'apport de plantes/champignons supplémentaires et les différentes attributions des zombies en font un jeu progressif et fortement addictif. Les mini-jeux sont légions et renouvellent la thématique (du côté plantes ou zombies) de façon particulièrement ingénieuse. Si la redondance peut-être une barrière pour certains joueurs, il faut toujours prendre cela comme un entre-deux. Et puis le prix, quoi, arrêtez, les gens ! Si le prix de l'éditeur (19,99€) est ridicule comme jamais... Le prix Steam, par contre, est toute en cohérence (9,99€ voire 4,99€, en promo, à l'écriture de ces lignes). Bon, ok, ça fait un cerveau bradé pour seulement quelques kopecks, et ce n'est pas reluisant me direz-vous, mais on ne le dira à personne, promis !
La musique du jeu, électronique, utilise cependant des sonorités d'instruments acoustiques. On retrouve des notes de piano, du jeu pizzicato de violon – insinuant le côté drolatique du jeu -, du violon et des instruments à vent. Laura Shigihara, la compositrice, annonçait ici et là que son désir était de faire transparaître le côté mignon et macabre simultanément. Pari réussi avec un succès égal à celui du jeu.
Quel que soit le support que vous utilisez, vous n'avez plus aucune excuse, prenez l'air pour faire un peu de jardinage, quels que soient les risques encouru !
Paix à ce pauvre Jean Philippe Breyn, tiens, j'en suis tout nostalgique !
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