Prey
7.4
Prey

Jeu de Arkane Studios et Bethesda Softworks (2017PC)

Si Prey est surtout comparé à Bioshock ou System Shock, et à raison, il est également l'héritier de la philosophie derrière les Dishonored, c'est à dire laisser un maximum de liberté au joueur dans la résolution de problèmes (c'est à dire ennemis ou obstacles) et dans ses mouvements (pas de barrières factices).


Dans Prey, nous incarnons Morgan Yu, ingénieur(e) et codirecteur(trice) de la station Talos one, une station spatiale dans laquelle on étudie les neuromods et les Typhons, des extraterrestres pas très amicaux. Bien évidemment, tout part en sucette et c'est donc à vous de désamorcer la situation et découvrir les secrets de la station par la même occasion. L'histoire qui nous est racontée est vraiment sympa, on a envie de découvrir le fin mot de l'histoire, et malgré un twist de fin assez convenu et pas vraiment nécessaire, le tout est plutôt convaincant, notamment grâce à une écriture et un univers très réussis. L'action se déroule en 2032, dans une uchronie où Russie et États-Unis se sont entendus pour développer un programme spatiale commun, repris par Transtar, un groupe extrêmement important, bien des années plus tard. Mais si l'univers est si intéressant, c'est aussi grâce à la capacité du jeu de raconter les événements avec le décor, à la manière d'un Bioshock où d'un Half Life. On aura droit aux désormais classiques journaux audios (pas hyper fascinants d'ailleurs, pour certains), mails, bouquins, cadavres, etc, pour nous expliquer en détail l'univers du jeu et ce qui est arrivé à la station. Des procédés classiques mais très bien mis en œuvre par le jeu. Mais c'est surtout la cohérence du tout qui force le respect; par exemple, chaque membre d'équipage a un nom, un poste, et est trouvable dans la station. Ça peut paraître finalement assez anecdotique, mais c'est ce soucis du détail et cette cohérence globale qui donne à l'univers toute sa crédibilité. L'histoire vous mettra par ailleurs face à quelques choix, qui ont le bon goût de n'être ni tout noir, ni tout blanc (enfin, ça dépend des cas).


Techniquement, le jeu s'en sort bien, ce n'est pas magnifique mais très propre, et bien optimisé. C'est la direction artistique que l'on retiendra surtout, vraiment excellente, avec son style Art déco, qui donne tout son cachet au jeu (vous aurez aussi pas mal de labos, zones de stockages, et autres couloirs blancs moins marquants visuellement, station spatiale oblige). D'ailleurs, malgré les limitations visuelles qu'un tel contexte pourrait apporter, les décors parviennent quand même à très bien se renouveler.


Le gameplay de Prey repose sur plusieurs styles distincts que vous pouvez faire évoluer via un arbre de compétences que vous compléterez grâce aux neuromods: vous pourrez investir dans l'amélioration d'armes, d'armures, les pouvoirs typhons, la furtivité,... Vous aurez aussi droit à un arsenal conséquent et assez original. Ajouter à cela une gestion des ressources et de l'inventaire, et vous avez Prey. Comme dit précédemment, si la structure du jeu et l'ambiance globale fait bien penser à un System Shock, le gameplay en lui même se rapproche plus d'un Dishonored avec un coté survival et des flingues, où c'est à vous de vous débrouillez pour atteindre un objectif, en prenant en compte vos ressources et vos compétences. Et si le level-design n'est pas aussi ouvert que la précédente production d'Arkane, il est tout aussi intelligent, nous pousse à tenter des choses, à planifier, improviser, en effaçant le plus possible les limites du jeu: si vous pensez quelques chose possible (dans la limite de la cohérence du jeu, hein), il y a de bonnes chances pour que vous puissiez le faire. Et il n'y a pas grand chose de plus gratifiant que que trouver une idée un peu pétée alors qu'on est acculé, essayer de combiner tel pouvoir avec tel objet ou tel élément du décor, et voir que ça marche. Cependant, l'aspect varié du titre l'empêche d'approfondir toutes ses mécaniques. L'aspect surival-horror du jeu est réussi, vous n'aurez pas réellement peur, mais l'ambiance et la tension sont là lors de vos explorations dans (et en dehors de) la station. Petit bémol, les phases de combats dans l'espace ne sont pas géniales (parce que c'est un peu le bordel, et que les options sont assez limitées), mais rien de bien méchant. Autre défaut, le jeu a parfois trop tendance à ressembler à ses inspirations, la structure, le gameplay et certains éléments de l'univers m'ont finalement semblé trop familier, un peu dommage. Cependant, la variété du gameplay et une bonne partie de l'univers gomment assez cette impression de déjà-vu pour profiter pleinement de l'aventure.


Les musiques sont vraiment bonnes, que ce soit pour les passages tendus ou plus calmes, elles participent beaucoup à l'ambiance du titre. Les doublages sont également très réussis (j'y ait joué en VO), dommage cependant que notre foutu protagoniste ne soit pas capable d'en placer une durant tout le jeu (vous entendrez sa voix, mais ne parlerez jamais). Moi qui croyaient en avoir fini avec les carpes dans les jeux très scénarisés...


Le jeu a pour moi duré 16-17 heures, compter une vingtaine si vous voulez fouillez les moindre recoins de la station, je pense. Le challenge est bien présent, même en normal, mais je conseille néanmoins de vous mettre en difficile pour limiter les ressources et ainsi profiter au maximum du game design et faire appel à votre jugeote, plutôt que de tout régler à coup de pompe dans le dos. Le jeu est intéressant de bout en bout, à part peut être une heure en deçà vers les 3/4 qui m'a paru un peu moins intéressante (peu être à cause d'un peu trop d'allers-retours à ce moment), mais en général, vous aurez du mal à lâcher le clavier.


Donc Prey est un excellent jeu, avec une histoire solide (malgré un twist de fin franchement pas nécessaire et un(e) protagoniste muet(e)), une direction artistique à tomber et un game design excellent (qui s'imbrique parfaitement à tout le reste), favorisant un gameplay émergeant. Dommage cependant qu'il se soit un peu trop accroché à ses modèles. Mais ce défaut ne doit pas vous empêcher de profiter de cette inoubliable aventure.

val990
9
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le 10 mai 2017

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6 j'aime

val990

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6

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