Prey
7.4
Prey

Jeu de Arkane Studios et Bethesda Softworks (2017PC)

L'immersive Sim est de loin l'un de mes genres préférés représentés dans le paysage vidéo-ludique. Cette affection , je la dois au savant mélange entre le FPS et le jeu d'aventure, tantôt infiltration, tantôt RPG qui permet en outre de développer un game-design particulièrement brillant apportant des spécificités uniques de gameplay et des possibilités de jeu multiples. ça rompt de mon point de vue avec le RPG "traditionnel" et le jeu d'action bête et méchant hautement scénarisé.


Ce modèle de jeu basé sur un gameplay émergeant et un travail fondamental sur les interactions physiques dans le jeu vidéo (gestion du bruit, utilisation du décor et interaction avec les objets, lumière dynamique, etc...), on le doit à Looking Glass Studios , studio de talent avec développeurs de talent (citons bien sûr Warren Spector et Ken Levine) à qui l'on doit notamment Thief, System Shock et par ricochet Deus Ex. Un certain Half-life prend le relais chez Valve et des titres phares de la fin des années 2000 - début 2010 renouent intimement avec un genre laissé un peu en friche par de nouveaux effets de mode. Je pense bien sur à Bioshock (Ken Levine aux commandes) mais aussi à Dishonored... Jeu qui a permis à une entreprise peu connue sur le marché nommée Arkane Studios de s'offrir la légitimité de porter sur le devant de la scène le genre "immersive-sim" et ainsi de sortir en 2017 ce "PREY" dont il est question.


Si je m'attarde un peu sur le genre immersive-sim ce n'est pas juste pour dresser un vague portrait de ce qu'est Prey et de faire comprendre d’où viennent les principales mécaniques de ce jeu. Mais aussi pour expliquer en partie pourquoi je n'ai pas pleinement profité de ce que cette expérience ludique a à offrir. J'ai aimé Prey, du moins dans sa première moitié. Le titre reprend plus ou moins tout ce qui a fait la force de l'immersive sim : univers passionnant , visuel léché et original, ennemis perfides et IA travaillé, arbre de talents, gameplay émergeant, interactions avec le décor, scénario distillé par l'environnement... Jusqu'aux structures narratives réemployées ad vitam eterna depuis le premier Half-life.


Prey raconte l'histoire d'un certain Morgan, présenté comme un cobaye de laboratoire laissé à l'abandon sur Talos I, une sorte de station spatiale futuriste mis en péril par une mystérieuse race alien qui ne vous veut pas vraiment du bien. Comme dans tout immersive Sim vous devrez utiliser les armes et outils sur votre chemin pour vous défaire des adversaires redoutables que vous affronterez et ainsi survivre..... Prey porte d'ailleurs bien son nom. Vous êtes une proie et on vous le fait vite comprendre. Le jeu mêle adroitement des éléments d'horreur et des ennemis perfides à son game-design. Les premières heures de jeu sont très prenantes : vous découvrez la station et de premiers environnements bien foutus, votre première sortie spatiale émouvante et l'angoisse montante face à la découverte de nouveaux ennemis. Les armes sont limitées, les pouvoirs aussi et permettent au delà de vous défendre, de vous camoufler , de gagner du temps, de jouer avec l'adversaire et vous montrer plus malin qu'eux. Le gameplay se montre astucieux mêlant armes traditionnelles, outils (le Gloo Cannon ! quelle belle invention !!) et pouvoirs extraterrestres : lévitation, télékinesie, camouflage.... exploitables en apprenant davantage sur les monstres que vous affrontez. C'est brillant. Et il y a de multiples façons de jouer.


A ce rythme Prey aurait pu être l'un si ce n'est le jeu de 2017. Et probablement dans mon top des jeux des années 2010. Malheureusement le jeu se vautre un peu dès le premier tiers de l'aventure passée. Pourquoi ? Parce que vous devenez trop fort, mais surtout vous perdez les aspects horrifiques distillés par les premières heures de jeu. Sans parler du non renouvellement du bestiaire et des environnements ou de la possibilité de crafter, par exemple, les objets servant à promouvoir vos capacités. Au delà même de l'aspect scénaristique dont je n'ai pas apprécier l'évolution. Ho bien sûr les sensations sont là, le gameplay est ultra plaisant mais vous devenez trop vite maitre de votre environnement. La proie devient le chasseur et les ennemis ne deviennent dangereux que par leur nombre et non plus par leur spécificités ou leur intelligence...


Quel dommage. Ce manque de discernement dans la progression du jeu est associé à un bestiaire qui ne se renouvelle presque pas , à des environnements certes très jolis mais qui n'offrent plus aucune forme d'émerveillement passé les jardins de Talos 1, et à un système de craft trop permissif ( pouvoir crafter les neuromods mais qui a eu cette idée pourrie ?). On saluera bien sûr le travail sonore ou l'effort accordé aux quêtes secondaires du jeu. Mais cet ensemble , tout comme les éléments narratifs proposés par Prey (journaux audio à donf !), ne sont que le duplicata bête et méchant de ce que l'Immersive Sim offre depuis 20 ans. Reste son gameplay (et toutes ses particularités) qui encore une fois est assez brillant , ainsi qu'une première moitié de jeu que je qualifierais volontiers de parfaite. Malheureusement le tout se perd en route et il n'y aura pas de Prey 2 pour corriger tout ça. C'est vraiment un petit gâchis. Tel est pris qui croyait prendre : espérons que Arkane studios saura trouver un équilibre plus juste dans ces prochaines productions.

Bohr
6
Écrit par

Créée

le 9 avr. 2020

Critique lue 274 fois

1 j'aime

5 commentaires

Bohr

Écrit par

Critique lue 274 fois

1
5

D'autres avis sur Prey

Prey
F_b
4

Le Recyclage pour les nuls

J'ai finalement sauté le pas suite à l'enthousiasme extrême de ceux qui sont aller jusqu'à l'ériger au panthéon. La chute fut raide, puis s'ensuivit une relation de vieux couple jusqu'à ce que la...

Par

le 18 mai 2017

34 j'aime

21

Prey
Asarkias
10

L'Homme dans le labyrinthe

Depuis ses humbles débuts avec Arx Fatalis et Dark Messiah, jusqu’à la consécration avec Dishonored, Arkane n’a jamais caché l’influence considérable des titres de Looking Glass et Ion Storm sur...

le 2 juin 2017

32 j'aime

4

Prey
Floax
8

Prey for Talos

Ce qui définit Prey fondamentalement, c'est sa cohérence et son organisme qui sont au centre de tout ce que le jeu propose, et c'est ce que soulignaient la presse et les joueurs à sa sortie. Le jeu a...

le 5 août 2018

23 j'aime

2

Du même critique

Iconoclasts
Bohr
5

Faux ami

Iconoclasts est un jeu qui m'a laissé une étrange impression. La première est celle de faire face à un jeu qui n'a pas forcément été bien pensé, à tout niveaux, malgré le plaisir que j'en ai tiré. La...

Par

le 21 mai 2020

9 j'aime

1

Night in the Woods
Bohr
5

Un coup de pied au culte

Il partait bien Night in the Woods. Il faut dire que visuellement ça m'a plutôt attiré, le choix d'art-design avec ces animaux anthropomorphes. Le jeu est narratif, semble dans un premier temps porté...

Par

le 18 juin 2020

8 j'aime

2

Journey
Bohr
3

Voyage voyage....

Oui je mets 3 à Journey. Considéré comme l'un des meilleurs jeux indépendants de l'histoire, meilleure direction artistique, invitation au voyage, à la poésie et au lyrisme.... Journey est un jeu...

Par

le 11 juin 2020

7 j'aime