Red Dead Redemption, dont on dit qu'il est la suite de Red Dead Revolver*, n'est pas un jeu de rôle. On ne peut pas tailler une bavette avec les quidam, ces dialogues se résumant à:
*main portée au chapeau* « Ma'am. »

Au-delà des désormais classiques mesures du karma et de la réputation du joueur, il n'est pas non plus possible de faire des choix ayant une quelconque incidence sur le déroulement de l'intrigue, voire sur l'univers de jeu proprement dit. Etre une brute ou un truand entraîne, pour ce que j'ai pu en juger, simplement quelques fusillades de plus et la visite de marshalls optimistes. Il paraît que cela décourage aussi les inconnus lorsqu'ils veulent vous demander de l'aide avec une quête secondaire, mais c'est à voir.

Une fois ce deuil d'un univers évolutif (à la Gothic III) et foisonnant (à la Morrowind) ainsi que d'une véritable prise de décision (à la Fahrenheit)**, on est séduit par ce GTA-like qui fleure bon le Western Spaghetti. Environnement somptueux, ambiances soignées et variées, galerie de personnages secondaires haut en couleurs et archétypiques (comme on les aime dans les bons vieux westerns), intelligence artificielle convaincante, gameplay aisé à prendre en main avec un mode bullet time... « Que demande le peuple? » comme aime à dire mon bon-père en signe de haute approbation.

Red Dead Redemption conjugue avec bonheur le cliché (chacun y reconnaîtra sans peine son Far West intérieur -pour moi pêle-mêle du Morris, du Sergio Leone ou du David Milch, entre autres) et l'originalité. En effet, Red Dead Redemption nous présente un Far West fantasmatique, mais sur le déclin. L'urbanisation, la technologie et la centralisation sont en effet en train de mettre un terme, lentement mais sûrement, au mode de vie bucolique et pétaradant du cow boy. Electricité, téléphone, automobile, agents fédéraux et cinématographe concourent ainsi à nous faire partager l'amertume ambiante et génère des oppositions savoureuses entre certains personnages du jeu.

La carte de jeu, d'une taille considérable, se partage entre trois grandes régions auquel le joueur n'a accès que progressivement, les cours d'eau permettant de filtrer ses déplacements (à cet effet, les chevaux sont en plomb plutôt qu'en bois). La zone de départ, New Austin, figure un état sauvage, fait de désert et de prairies, Nuevo Paraiso, au Sud, est un Mexique de carton-pâte en pleine révolution et West Elisabeth correspond à un état de l'Est, avec son lot de pieds tendres, mais aussi à des forêts sauvages et enneigées.

Quelques mots, pour conclure, sur l'intrigue (sans spoiler). Le protagoniste, John Marston, a été engagé par le gouvernement pour faire la peau aux membres les plus éminents d'un gang auquel il a appartenu. Les gages de son bon comportement: sa femme Abigail et son fils Jack, retenu on ne sait où par les commanditaire. Après avoir échappé à la mort, il est recueilli par une cow girl, Bonnie Mac Farlane...

Le reste de l'intrigue se dessine au travers de plusieurs séries de missions effectuées pour des commanditaires variées, la plupart du temps originales ou sympathiques, même si parfois, l'obligation de toutes les réaliser se fait pesante. En effet, certains choix effectués par John Marston sont inexplicables. Ainsi, beaucoup de missions commencent par une variante de la phrase de « Si cette fois-ci tu essaies encore de m'arnaquer, ça va te coûter cher! » D'autres "choix" sont hélas incohérents, parce qu'ils nous forcent à manger à tous les rateliers -notamment à Nuevo Paraiso, où l'on aide l'armée ET les rebelles (chose qui nous est heureusement reprochée).

Mais ces désagréments de parcours seront oubliés lorsque vous atteindrez le climax final, absolument remarquable -bien que pas totalement imprévisible- peu avant la fin du jeu, lorsque vous vous tapirez derrière un mur alors que les balles sifflent autour de vous, ou lorsque, au détour d'une route ou en rase campagne, vous serez confronté à toutes sortes de situations qui pour être générées aléatoirement n'en sont pas moins savoureuses et jubilatoires.

En ce qui me concerne, le meilleur jeu de western ou de console auquel j'aie joué.

---
*un peu à la manière dont le Seigneur des Anneaux pourrait être la suite du Silmarillon mais avec un rapport plus lâche.
**étant entendu que les jeux cités comme exemples tendent la plupart du temps vers ces valeurs sans pleinement les réaliser.

Créée

le 9 déc. 2013

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NotQuiteDead

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