SOTC ou le jeu qui m'aura le plus intrigué pendant de longues années. De ce que j'en ai lu sur les forums de jeux où je traîne, on le targue comme étant l'une des plus grandes expériences de tous les temps, dépassant même parfois le cadre vidéo-ludique, le Saint-Graal conciliant dans une symbiose parfaite le domaine de l'art et du jeu vidéo. Autant dire que j'avais de sacrées bonnes raisons d'être intrigué. Résultat ?

D'accord. Oui, je le concède volontiers, SOTC est une expérience véritablement à part, une oeuvre d'art. Et pourtant, tout ne partait pas si bien. En commençant ma nouvelle partie, je ne savais pas trop où aller, les plaines me paraissaient mornes et vides, j'ignorais le pourquoi du comment on en vient à débarquer dans ces grands espaces... Bref, c'était pas la joie.
Puis je me suis dirigé vers le premier colosse. Et j'ai apprécié, que dis-je, j'ai adoré cette ascension de toute beauté, ce David contre Goliath féroce, accompagné d'une somptueuse musique. C'était bien aussi épique qu'on me le disait, et je songeais que j'allais bien passer un très grand moment, après tout.
Mais les choses se sont légèrement dégradées par la suite. Les longues et fastidieuses traversées vers les prochains colosses commençaient à m'ennuyer, je gérais mal ma barre d'endurance et mes coups d'épées lors des affrontements - ce qui m'a causé de sérieuses crises de nerfs. J'appréciais toujours autant les combats dans leurs ensembles, c'était toujours aussi bien servi, mais je devais me rendre à l'évidence, entre ces
phases grandioses, c'était le calme plat.

J'ai fini le jeu, bien sûr. Car à ce moment-là, SOTC n'était encore pour moi "qu'un bon jeu". Je me suis un peu ennuyé de temps à autres, oui, mais c'était quand même globalement vraiment cool.
Mais j'étais déçu, après tout le bien que l'on me disait de ce jeu, de la fin ultra-touchante qui m'a quasiment laissé de marbre, de l'expérience merveilleuse qu'était SOTC, c'était juste cool. J'étais déçu, oui.
Et puis j'ai lu sur les forums, ou ailleurs, les réflexions, les conclusions, bref, toutes les théories, toutes les interprétations sur le jeu. Et puis j'ai rejoué au jeu.

Et tout est devenu clair, limpide. J'ai compris que Shadow Of The Colossus, plus que le jeu en lui-même, ce sont toutes les thèses, toutes les interrogations que l'on peut porter sur son scénario, ses environnements, son héros, ses personnages, ses colosses, sa relation entre l'ombre et la lumière qui font sa force.
Dès lors, ma seconde partie fut un véritable bonheur : je me surprenais à m'arrêter dans un simple ruisseau pour apprécier le calme ambiant près d'Agro en train de se désaltérer, tout en me dirigeant l'épée à la main vers le prochain colosse dans ma quête finalement si égoïste...
Même les plaines ne me paraissaient plus vides ; elles devenaient des périodes de transition nécessaires, propices à s'interroger sur nos motivations, sur la légitimité de notre quête, etc. Tout est question de sensibilité, et cela, je ne l'ai compris que lors de cette seconde partie. SOTC, ça déchire, ça pourrait même bien être l'expérience d'une vie. Il faut simplement réfléchir à ce que l'on est venu chercher en jouant à ce jeu.

Je mets donc un petit 8 pour la qualité intrinsèque du jeu. Mais un gros 9 pour l'aura qu'il dégage. .Chaque joueur sachant s'intéresser de suffisamment près à l'oeuvre de Fumito Ueda y aura sa propre interprétation. Et c'est ce qui fait d'elle une oeuvre d'art à part entière.

Ouvrez votre coeur et votre esprit à Shadow Of The Colossus. En insistant un peu, il vous le rendra au centuple, parole de joueur.




Boba
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le 10 juin 2012

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