Tout comme Ico, Shadow of The Colossus vous balance une introduction magnifique à la tronche, où chaque plan intrigue, séduit ou laisse pantois (le tout sur une musique génialissime), et pose immédiatement l’ambiance de manière magistrale ! Le jeu est hyper beau esthétiquement parlant, et parvient largement à faire oublier un aspect technique forcément un peu daté.
On se retrouve tout comme dans Ico écrasé par les structures démesurées nous environnant, structures tellement grandes qu’elles servent également à donner un aspect féerique à l’univers que nous allons être amené à parcourir. Car on n’est plus bloqué dans un château mais on évolue dans une vaste contrée aux environnements variés, contrée désolée et inquiétante car peuplée presqu’uniquement par les fameux colosses…
Les contrôles sont assez instinctifs et plutôt bien expliqués, sauf la jauge de stamina, bizarrement. Le premier combat est une expérience unique en son genre, un combat épique absolument inouï ! L’impression de gigantisme est extraordinaire, les sons, les graphismes sont parfaits et donnent corps au jeu de manière magistrale.
Les contrôles sont parfois frustrant car ils ne répondent pas au doigt et à l’œil, mais c’est le concept même du jeu de vous faire sentir riquiqui et à moitié impuissant face à ces forces de la nature. On est sans arrêt désarçonné, on a un peu l'impression de se débattre dans de la glue, mais on finit toujours par vaincre à force de persévérance.
Et de la persévérance il va vous en falloir car le jeu a un côté résolument old school à vous balancer un gros obstacle à la tronche et à vous laisser échouer encore et encore jusqu’à ce que ça passe. En plus la plupart des combats sont également des énigmes, et il ne vous suffira pas de foncer l’épée au clair pour trucider ces montagnes vivantes. Il vous faudra comprendre la méthode d’approche adéquate, le talon d’Achille de chaque créature, et ce n’est pas toujours évident. J’ai dû user plusieurs fois d’une soluce pour progresser, mais je ne suis pas très fort en énigmes, il est vrai.
Mais pour moi le plus gros défaut du jeu se situe du côté de son histoire, qui n’est pas extrêmement présente, mais qui m’a très rapidement chagriné.
On a dès les premières minutes de jeu l’impression tenace d’incarner un fils de pute égoïste quand même. Le type qui écoute les directives d’une voix inquiétante sans réfléchir aux conséquences, qui est prêt à massacrer des créatures placides et ne représentant aucune danger juste pour ressusciter sa petite copine, bref pas une lumière.
Alors oui j’ai tendance à être très pragmatique, et j’entends déjà la réponse bateau « c’est l’amooooouuuuur tu comprends pas ? ». Mais honnêtement, quelqu’un a pris le temps de réfléchir à la fille ? A-t-elle envie d’être ressuscitée à ce prix-là ? En ouvrant les yeux, ne va-t-elle pas être dégoûtée par ce qu’a accompli son compagnon, et par le nombre de vies qui ont été perdues pour racheter la sienne ? Non, décidément, je ne comprends pas les gens qui admirent le protagoniste.
Oh et la fin est un peu nulle quand même : on reconstitue un être tellement puissant qu’il a fallu le séparer en seize pour contenir son pouvoir, mais il se fait bannir en trente secondes ? C’est sacrément décevant quand même, c’est quoi ce méchant d’opérette ? Et le cheval qui survit à une chute de 200 mètres, on en parle ?
Bref Shadow of the Colossus c’est un mélange de contemplation, d’exploration et de combats de boss géniaux, et même si l’histoire pêche un peu, j’ai prix mon pied à parcourir son univers.
16/20