Que j'attendais ce jeu ... Fan des jeux originaux, encore plus des reboots, Shadow of the Tomb Raider m'aura fait attendre. Et le voyage, sans être parfait, fut à la hauteur.


Graphiquement et artistiquement, le jeu est sublime. Malgré quelques bugs visuels et sonores trés anecdotiques, les environnements fourmillent de détails. La jungle est belle parfois, oppressante également, et le tout semble vivant et respire le naturel.
Les différents environnements clos sont également une vraie réussite. De nombreux décors intérieurs m'ont décollé la rétine par leur design, du sous-terrain rempli de croix et de momies à la caverne pleine de cadavres en putréfaction, dans laquelle Lara doit ramper tant bien que mal, c'est osé, et ça a de la gueule.
Tout ceci est mis en lumière par une B.O. à couper le souffle. Il me semble bien que c'est, de loin, la meilleure composition de la saga. Si le sound design est bon, c'est surtout les musiques qui resteront en tête, à la fois pour leur diversité que pour leur qualité. Des percussions tribales entraînantes aux musiques plus classiques mais terriblement belles - comme les morceaux Hope, The Chosen ou Lara's Dream, sublimes et puissants -, sans oublier, bien sur, la musique de fin, Goobye to Paititi, la B.O. de SotTB frise la perfection la plus absolue. Une des plus belles compositions vidéoludiques de ces dernières années, alors que ce n'était pas forcément là que l'on attendait le titre.


Sans être révolutionnaire, le gameplay est encore une fois une vraie réussite. Les deux trois apports en maniabilité font des merveilles, et l'on a l'impression d'être plus libre que jamais lors des phases d'exploration de temples et de cavernes, entre piolet, grappin et rappel, jamais l'on aura senti une telle liberté dans les mouvements depuis le reboot.
En essayant d'entendre les critiques sur les deux premiers volets, SotTB change de fusil d'épaule et décide de délaisser une bonne partie de l'action et des gunfights survitaminés des deux derniers opus pour plus d'acrobaties et d'énigmes. Ces dernières étant globalement les plus coriaces de la trilogie, sans être insurmontables non plus. Mais là où les deux précédents jeux ne demandaient jamais vraiment de se poser 5 secondes pour résoudre les puzzles, force est de constater qu'ici, il faut parfois bien regarder autour de nous au lieu d'y aller comme un bourrin et se disant que ça finira par se mettre en place tout seul. Le rythme du jeu n'en patit pas une seule seconde, et c'est une bonne chose.


Alors, le jeu a-t-il des défauts ? Et bien oui, bien sur. En réalité, un seul. Enfin, un et demi. D'un part, l'extrême classicisme de son scénario. On a un peu l'impression de


revivre, sur la forme, les mêmes événements que Rise of the Tomb Raider. Et c'est d'autant plus vrai lors des quelques passages à Paititi, qui ont vraiment la gueule d'une redite un poil éhonté du village du jeu précédent.


Ce passage est décidément un vrai problème du jeu, puisqu'en plus de ce manque flagrant d'originalité vient s'ajouter un manque de cohérence assez dérangeant :on a en effet bien du mal à comprendre comment qu'il marche,


ce village. On libère des gens condamnés à mort qui retournent ensuite tranquilles dans leurs baraques, on est nous même pourchassé par la garde du culte, et la seconde d’après on peut quand même se balader pépouze dans le village et devant ces mêmes gardes. Ça casse un peu l'immersion, quand même.
En parlant d'immersion il eut été appréciable de ne pas voir tous les personnages parler anglais. Encore une fois, l'immersion est brisé, cela dit, difficile d'en vouloir aux équipes du jeu, une production de cette ampleur a des impératifs commerciaux qui la pousse à certaines choses, notamment de ne pas pouvoir oser proposer un jeu quasi-intégralement dans une certaine langue imposée, et donc, avec sous-titres imposés.


.
Malgré ces problèmes, Shadow of the Tomb Raider continue, dans la lignée de ses prédécesseurs, de faire ce qui, à mon sens, fait la supériorité indiscutable des reboots sur les jeux originaux. Ces derniers ne révolutionnaient pas vraiment leurs gameplay d'un opus a l'autre, n'offraient pas non plus d'histoires vraiment incroyables. Pourquoi donc demande, et parfois reprocher, au reboot de faire des choses que l'on ne reproche pas aux originaux ? Si ce n'est, bien sur, le signe d'une nostalgie mal placée. Mais la ou les reboots, et Shadow of the Tomb Raider en particulier, font fort, c'est qu'ils ont voulu, avant tout, développer et explorer le personnage de Lara Croft.


Dans les jeux originaux, Lara était une image, une icone, une représentation : celle de la meuf badass qui défonce la moitié de la faune locale, tous ceux qui se mettent sur route, et la moitié des temples du monde par la même occasion. Et elle avait beau avoir la méga classe des familles, cette Lara originale, elle n'était que ça : une icone. Les reboots se sont appliqués à faire d'elle un vrai personnage à part entière. A développer sa personnalité, ses doutes, ses remords, ses faiblesses. Et ça, ça change absolument tout. En ce sens, Tomb Raider, Rise of the Tomb Raider et Shadow of the Tomb Raider ne sont pas trois jeux distincts, mais bel et bien une seule et même histoire découpée en trois parties. Ce qui explique surement pourquoi le gameplay n'est pas révolutionné à chaque jeu. Parce qu'avec ce reboot, les développeurs ne voulaient pas raconter l'histoire d'une personne se battant contre une société secrète. Ils ne voulaient pas raconter l'histoire de civilisations disparues ou de mythes anciens. L'histoire qu'il voulait raconter, c'est celle de Lara Croft. Comment une jeune fille tellement courageuse, ayant tellement souffert de la perte de ses parents, va se transformer en une femme incroyable, inarretable, terriblement bienveillante envers ceux qui le méritent, mais aussi terriblement dangereuse pour ses ennemis, et parfois, pour le monde.
Et c'est bien pour ça que j'ai énormément apprécié le DLC Blood Ties de Rise of the Tomb Raider. Quelques heures de jeu sans combat, sans action, à errer dans le Manoir Croft, à en redécouvrir l'histoire, mais surtout, qui permettait de mettre en avant les raisons pour lesquelles Lara va vouloir le conserver, le retaper, et y vivre. Encore une fois, une exploration et un développement de personnage.


Et Shadow of the Tomb Raider ne déroge pas à la règle. J'ai exulté en me retrouvant, pendant quelques minutes, dans le passage où


Lara se rêve enfant. Celui où Lara, croyant avoir perdu Jonah, sort de l'eau, derrière un paysage en flammes, le visage dans l'ombre; et où ses ennemis sont pris d'une frayeur incroyable en la voyant. Et 10 minutes plus tard, cette même Lara s'écroule, fond en larmes, ayant peur d'elle même et de ce qu'elle est capable de faire et d'inspirer même chez ses ennemis.


Jamais les jeux originaux n'auraient osé faire quelque chose comme ça. Mais Crystal Dynamics ont tellement d'amour pour ce personnage terriblement humain et touchant, et ça se sent à chaque seconde du jeu. Bien sur, tout cela serait difficilement possible sans le doublage parfait de Alice David, incarnant Lara avec toute la sensibilité, mais aussi la sauvagerie et la rage qui animent ce personnage.


Voila donc, pourquoi je venère les reboots. Voila pourquoi, en dépit de ses défauts, j'ai pris un pied d'enfer sur Shadow of the Tomb Raider. Simplement parce que l'objectif principal de cette trilogie, qui est de construire et d'explorer le personnage de Lara Croft, est brillamment rempli. Et, une fois arrivé à la fin de l'aventure, j'étais terriblement ému. Pas à cause du


dernier flashback, certes touchant mais assez classique


, mais parce que je sais que je vais devoir quitter ce personnage que j'adore. Une femme d'un tel courage, qui a tellement souffert, dans son enfance comme dans le premier opus du reboot. Mais qui a continué de se battre jusqu'au bout, pour elle comme pour les autres, faisant preuve parfois d'une violence sans concessions. Mais qui n'a jamais, pour autant, hésite à montrer ses doutes, ses faiblesses, ou sa tendresse. Un exemple de combativité, de courage, d'humanité aussi.


Et oui, j'avais les larmes aux yeux à la fin. Et je me foutais que notre héroine venait de sauver le monde. Je me foutais qu'elle venait de sauve Paititi. J'avais les larmes aux yeux parce que sur les toutes dernières secondes,


aprés les crédits, dans la scène du manoir,


Lara Croft s'est, aprés trois jeux, enfin accepté. Et elle a l'air enfin heureuse. Complète. Elle sait qui elle est, et ou elle va. Et quand on pense au chemin parcouru, depuis le jeu de 2013, ou l'on prenait en main une Lara tellement naive et innocente, ou on l'a vu tellement souffrir au cours de ses aventures, on ne peut qu'etre ému de voir cette personne exceptionnelle en arriver la. Et c'était, je pense, le vrai but de Crystal Dynamics avec cette trilogie. C'est pour ca que ces trois jeux, malgre certaines faiblesses, sont une franche réussite, et m'ont profondement marque. Merci Lara. J'espère te revoir. Et le plus tôt sera le mieux.

Kousei
9
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le 27 oct. 2018

Critique lue 316 fois

Kousei

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