Nul doute qu’Arthur Conan Doyle aurait été fier de voir que son héros Sherlock Holmes reste le détective le plus populaire au monde, près de 140 ans après sa création. Radio, télévision, cinéma, bande-dessinée et jeu vidéo, Sherlock est partout.


Frogwares, le plus franco-britannique des studios ukrainiens travaille sur Sherlock Holmes depuis déjà douze ans, nous offrant avec Crimes & Châtiments le septième volet de sa série d’enquête, qui ne va qu’en s’améliorant au fil des années. Si les premiers volets proposaient des affaires intéressantes et cohérentes par rapport à l’ambiance des romans de Conan Doyle, ils n’étaient pas exempts de tout défaut. Pas de quoi décourager les développeurs qui offrent en 2012 Le Testament de Sherlock Holmes, bien accueilli par la critique, proposant de véritables enquêtes et une ambiance réussie, malgré un gameplay trop dirigiste par moment. A croire qu’ils veulent atteindre la perfection, les ukrainiens continuent de travailler et annoncent du lourd pour Crimes & Châtiments: la possibilité de mettre un innocent derrière les barreaux, de se tromper dans sa déduction et une meilleure mise en scène des talents de Sherlock Holmes. Sherlock Holmes C&C commence par une scène cocasse et digne de l’enquêteur perché: en robe de chambre, les yeux bandés, dans le salon, Sherlock tire au pistolet sur des cibles probablement imaginaires. Watson passe au travers et demande son acolyte s’il n’a pas pété un boulon. Dès les premières phrases, l’esprit des romans est là, l’immersion est immédiate. Dans la foulée, Sherlock entend quelqu’un arriver et devine de qui il s’agit grâce à son esprit de déduction. Zoom sur notre héros, puis ses pensées apparaissent à l’écran: démarche assurée - cliquetis des menottes - donc un policier - neuvième marche de l’escalier évitée – Inspecteur Lestrade. Ce dernier est évidemment venu apporter un cas intéressant et particulier à Sherlock. Déjà vu dans de multiples trailers et vidéos de gameplay depuis l’E3 2013, il s’agit de la mort de Peter Le Noir, un marin à la retraite retrouvé harponné dans sa cabane de jardin. De cette scène démarre le travail pour Sherlock Holmes.



Agent de la paix avant tout



Une fois la situation bien en place, le jeu laisse carte blanche au joueur, qui peut examiner le corps de la victime, explorer les alentours ou interroger les éventuels suspects et témoins sur place. Le mieux est d’y aller à l’instinct, sachant que malgré la fluidité du gameplay, il faudra tous les éléments en main pour avancer dans l’enquête et débloquer des personnes à interroger, lieux à découvrir, etc. Parce que Sherlock Holmes n’est pas un enquêteur comme les autres, il peut utiliser ses dons de déduction ou d’imagination pour reconstituer le crime. L’imagination, peu mise en avant, permettra à certains moments-clés de l’aventure de supposer un événement. La perception, plus utilisée, servira à remarquer des détails peu visibles au premier coup d’œil, comme des empreintes de pas dans la terre ou une clé dans une mare de sang. Ces deux modes ne sont toutefois pas utiles constamment, l’essentiel de l’enquête se fera avec les interrogatoires et l’exploration. Pour chaque personnage interrogé, Sherlock peut observer ses détails et, à la manière d’un mini-jeu, remarquer des traits ou éléments permettant de cerner son interlocuteur: traits tirés, col amidonné, terre sous les ongles, télégramme qui dépasse de la poche, etc. Ces éléments se révèleront importants pour contredire un argument et ainsi mettre en déroute un suspect peu bavard. Toutefois, lors de ces moments où il faut apporter une preuve ou un contre-argument, il est impossible de se tromper, le jeu nous faisant recommencer jusqu’à sélectionner le bon choix dans la liste. Un peu trop assisté et pour le coup, l’opposé total de L.A. Noire dans lequel on pouvait réellement se tromper ou faire fausse route dans ses interrogatoires.



Trop facile pour Sherlock



Malgré quelques défauts, on ressent un réel plaisir à jouer à Sherlock Holmes C&C, de faire avancer l’enquête grâce aux preuves trouvées, d’interroger les témoins et d’assembler les pièces du puzzle. Le carnet de bord, qui comporte les preuves trouvées, les objectifs, la carte du jeu, les dialogues, reste le meilleur allié de Sherlock. La déduction permet donc d’assembler des éléments d’enquêtes pour établir des faits qui se relient entre eux et aboutissent à une conclusion finale, accusant normalement la bonne personne. Cet aspect plutôt bien établi donne réellement l’impression d’être au cœur d’une enquête, de mener soi-même sa barque, bien que les six cas à résoudre que comporte le jeu soient au final plutôt faciles.


Techniquement limité, Sherlock Holmes C&C est toutefois superbement mis en scène, offrant de jolis tableaux ou un appartement de Baker Street plus vrai que nature. Sherlock y reviendra d’ailleurs souvent pour approfondir ses enquêtes, en cherchant dans ses archives, ses encyclopédies ou en réalisant diverses expériences dans son laboratoire. Autre point fort du détective, la possibilité de se grimer pour s’infiltrer dans un milieu particulier et ainsi interroger un suspect ou un témoin sans éveiller le moindre soupçon. On reproche toutefois un peu trop d’allers et retours à faire résoudre une enquête.


Ce septième Sherlock Holmes de Frogwares est sans aucun doute le meilleur de la saga. Bien réalisé, agréable à jouer, le jeu offre des enquêtes variées et approfondies. Malgré quelques défauts, une facilité déconcertante et un peu trop d’assistance au joueur par moment, on passe un excellent moment, grâce à une ambiance parfaitement rendue, des dialogues savoureux et digne des écrits d’Arthur Conan Doyle.

RobinBeaugendre
7
Écrit par

Créée

le 17 juin 2016

Critique lue 673 fois

Robin Masters

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