Silent Hill 4: The Room
6.9
Silent Hill 4: The Room

Jeu de KCET, Team Silent et Konami (2004PlayStation 2)

Silent Hill 4 est un jeu qui divise, certains le disent moyen voire mauvais. Comme le laisse supposer mon titre très recherché, moi je reste partagé. Le jeu à des qualités indéniables et malgré certains orientations déviant un peu des autres épisodes de la série, notamment en terme de gameplay et d'environnements, le jeu se targue aussi de défauts qu'on ne peut passer sous silence tant ils nuisent à l'ensemble. Alors commençons doucement.


Henry, citoyen ordinaire dont ne sait au final pas grand chose se retrouve enfermé dans son appartement sans aucun moyen de communiquer avec l'extérieur. Il ne peut s'évader que par le biais d'un trou gigantesque dans sa salle de bain qui le mène dans différents endroits où il rencontre tour tour divers personnages qui n'ont semblent-ils aucun rapport entre eux. En avançant dans le jeu l'intrigue se met peu à peu en place afin d'éclaircir peu à peu la situation et le jeu commence de telle sorte que vous ne saurez rien ou presque ni sur l’identité des individus rencontrés ni sur la nature de ce qu'il se passe. Il ne vous reste finalement que l'option d'avancer pour voir où ce cauchemar veut bien vous mener.


Tout d'abord je tiens à dire que cette alternance appartement/ zones cauchemardesques est du bel effet et casse la linéarité globale du jeu. Vous ne pourrez sauvegarder que dans votre appartement, si vous voulez déposer des objets dans votre malle ou refaire un nouveau stock il vous faudra systématiquement revenir sur vos pas. Heureusement les aires de jeu proposent de nombreux trous vous ramenant à votre domicile et les producteurs ont même eu la bonne idée lors de votre voyage retour de vous renvoyer à l'endroit où vous aviez pris votre dernier trou. Outre sauvegarder et gérer vos objets, de nombreux textes se glissent sous votre porte au fil de votre progression, textes qui ont un rapport direct avec l'histoire et qui jalonnent toute votre avancée dans le jeu. De nombreuses interactions avec le décor seront possibles comme observer vos voisins, déplacer un meuble, ouvrir le frigo, laver certains objets trouvés dans la zone de combat, bref l'appart apporte une vraie touche de fraîcheur dans un jeu qui se répète beaucoup. Vers la moitié du jeu diverses manifestations spectrales se manifesteront dans votre domicile et vous devrez les dénichez puis les faire disparaître. Principe intéressant qui vous pousse à fouiller un peu entre chaque sauvegarde


Une critique revenant souvent est l'absence de la lampe et de la radio. Le jeu perd en ambiance ce qu'il gagne en action, les combats sont plus pêchus, les salles plus grandes et surtout Henry est beaucoup plus fort et réactif qu'un Harry ou une Heather. La possibilité de charger vos attaques à l'arme blanche rend vos balles de pistolet complètement inutiles car la hache est bien suffisante à elle seule pour vous mener à la fin du titre sans accro. Silent 4 est bien plus simple que ses aînés et surtout bien plus linéaire et bourrin. Plus d'énigmes et plus de boss hormis le boss final, on rushe l'aventure presque en ligne droite sans grande difficulté et souvent sans grande passion.


Pourtant les qualités sont bien là. La musique est toujours aussi superbe qu'à l'accoutumée, les décors diffèrent de l'ambiance habituelle de la série mais restent appropriés à l'esprit du jeu. Les thèmes récurrents de la série comme l'amour parent/ enfant, le sexe, le deuil et la folie restent présents au cœur même de ce qu'il se passe. Et finalement même cette linéarité dans la progression n'est pas si terrible étant donné que les zones sont tout de même intéressantes à traverser. Alors où sont les vrais défauts du jeu?


Gros défaut 1: Henry et Eileen sont parfaitement insipides. L'histoire est pratiquement entièrement racontée par le biais de textes où d'apparitions fantomatiques. Henry lui ne dit pratiquement jamais rien et même quand il se retrouve devant le boss final il n'a encore rien à dire. Un comble! Loin d'être mystérieux comme un James Sunderland, ou attachant comme une Heather, Henry a le profil d'un héros type Dragon Quest qui ne l'ouvre jamais et n'a aucune incidence sur l'histoire. Terriblement grinçant. Plus agaçant encore à la seconde moitié du jeu où votre voisine Eileen vous accompagnera sans que jamais au grand jamais notre bon binôme n'ait de choses à se dire. Silence radio entre nos protagonistes n'étant rompu que par les plaintes de Eileen. Bof quoi, voire mauvais de la part de Silent Hill qui nous a toujours offert jusqu'à maintenant des personnages complexes et ambigus. Avec ce que à quoi nous avait habitué la série, il est décevant de passer d'un seul coup à un jeu qui ne centre uniquement que sur son intrigue principale sans même soucier de toutes les frimousses qui traversent cette histoire justement. Difficile de supporter des scènes où Henry croisera le tueur et où notre héros n'essaiera même pas de lui adresser la parole. Terrible à quel point les personnages ont été torchés. On sait que dalle sur Eileen, elle n'intervient jamais et aucune scène ne vient nous apporter de point d'éclaircissement à son sujet. Aucun soin n'a été apporté au niveau psychologique, c'est navrant mais c'est ainsi.


Autre mauvais point: les monstres. Le bestiaire est très peu varié et les bruitages sont désastreux. Entre les insectes qui vont des bruits de mouche, les gorilles qui font des bruits de singe, les infirmières des bruits de rot et les chiens de couguar, difficile de flipper devant la faune de Silent Hill 4. Plus encore dans un jeu où notre protagoniste est aussi fort hache en main au point d'exterminer tout ces monstres ridicules sans se fatiguer le poignet. Et je parle même pas des fauteuils roulants parce que là ça devient carrément risible. Le jeu trouve alors la bonne idée de nous harceler tout les dix mètres de fantômes et d’apparition du tueur pour pimenter le tout. Fantômes que vous pourrez neutraliser avec un objet précis, sinon inutile de les affronter. En bref, tout cela peine à effrayer, on stresse parce que ces saletés de fantômes drainent notre vie quand on se retrouve dans la même pièce qu'eux, enfin disons qu' on s'énerve plus qu'on ne stresse tellement ils nous agacent plus qu'autre chose.


Enfin, le jeu introduit certains points de gameplay carrément nazes. Mettre Eileen, personnage estropié qui se retrouve bloqué derrière toutes les portes pour se faire cartonner par les ennemis ou les fantômes moi ça me gonfle, plus encore parce que à cause de ça j'ai eu la plus mauvaise fin. Moi des passages nuls comme monter des escaliers ou des escalators avec des Wallmen tout les 10 pas ça me gonfle aussi. C'est pas du Silent Hill, c'est même pas intéressant du tout.


Bref, j'ai du mal à savoir que penser de ce jeu. J'ai fini l'aventure assez vite et joué avec suffisamment de plaisir pour ne pas baisser la note mais au final il y a suffisamment de points qui m'ont dérangé pour que je ne puisse pas aller plus haut. Episode moyen donc, c'est peut être quand même l'épisode que je recommanderais le plus à un novice pour l'accessibilité de son gameplay. Un Silent Hill sympa qui ne m'a pas complètement convaincu et auquel je ne rejouerais sans doute jamais.

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le 24 oct. 2015

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Algernon89

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