Konami continue de sous-traiter sa franchise Silent Hill à l'étranger, et la confie à nouveau à un studio inconnu pas vraiment familier avec la série. Deuxième épisode sorti sur console de septième génération, Silent Hill Downpour parviendra-t-il à faire oublier le très moyen Homecoming (et à remettre sur les rails une série qui peine à briller depuis le magnifique troisième opus) ?
Le premier contact est très sympa, mais pas très séduisant visuellement : si le chapitre introductif est génial et son ambiance dérangeante très très réussie, les visages sont moches et la modélisation des corps a un côté bancal. Bref, techniquement, c'est un peu à la ramasse...
Lé début du jeu est plutôt tranquille, comme souvent dans la série, et on se prend à espérer de bonnes choses. Puis survient la première phase d'Otherworld et la première grosse déception : ils ont repompé les scènes de fuite de Silent Hill : Shattered Memories. Pas d'armes, pas de combats ni d'exploration pendant ces passages, juste une course ininterrompue pour échapper à un ennemi invincible et ennuyeux. Ca m'avait déjà pas bien plus dans SH : SM, ça ne passe pas mieux ici.
Autre défaut majeur copié sur un jeu récent (Homecoming en l'occurence) : la plupart des combats se font à l'aide d'armes de corps à corps puisque les armes et leurs munitions sont extrêmement rares. C'est d'une tristesse, mais rendez-moi mon arsenal sacrebleu !
Le jeu est plutôt linéaire au début, et deux ou trois environnements se succèdent avant que l'on arrive dans la ville de Silent Hill elle-même. On a le temps de prendre ses marques, de pester contre l'éclairage au briquet franchement trop limité, de râler contre le système de sauvegarde automatique plutôt raté (parfois le jeu affiche "sauvegarde en cours" alors qu'il n'en est rien, et il n'existe pas de possibilité de sauvegarder manuellement). Il y a quelques environnements sympas, des rencontres mystérieuses, mais les combats sont pénibles et le design des ennemis peu inspiré.
Puis on arrive enfin en ville et on se rend vite compte que les développeurs on crée une sorte de mini monde ouvert, avec quête principale, quêtes secondaires et des collectibles ! Ca détruit quand même méchamment l'immersion quand on se retrouve à faire des quêtes fédex ou que le jeu nous rappelle son statut de jeu en nous balançant à la figure "3 oiseaux trouvés sur 5" !!! Certaines quêtes sont tout de même assez réussies, et sont parfois l'occasion de passages plutôt angoissants et/ou dérangeants, mais je reste sur mon idée qu'un protagoniste coincé dans un univers tel que celui proposé par ce jeu ne perdrait sans doute pas de temps à faire des choses aussi secondaires voire bêbêtes (aller chercher une canne à pêche pour un SDF, sérieusement ?).
D'ailleurs globalement les quêtes sont à l'image du jeu : du bon, parfois du très bon, mais aussi du moins bon voire du franchement mauvais (la quête des sigils). Downpour c'est un peu le résultat d'un brainstorming dont on aurait conservé toutes les idées sans discrimination, comme si le studio n'avait pas su faire le tri entre les bonnes et les mauvaises idées, et avait bêtement et simplement tout gardé !
On oscille ainsi entre des passages très réussis (notamment certaines séquences d'Otherworld extraordinairement oniriques, très proches d'un Alice Madness Returns) et des séquences inintéressantes (un exemple : affronter des vagues d'ennemis successives dans le même environnement).
La musique est parfois bof, parfois ok, mais globalement elle m'a plutôt indifféré, ce qui est dommage pour une telle série !
Je pourrais continuer avec la carte pourrie (moins facile à lire que celle de Silent Hill 1, fallait le faire !), le boss de fin visuellement génial, les bugs intempestifs (genre le système de fast-travel qui se re-vérouille à la moitié du jeu...), les différentes habitations plutôt angoissantes que vous aurez l'occasion de visiter, ou encore l'inventaire moisi qui rend inutiles les récompenses de quête puisqu'elle sont intransportables, mais l'idée globale est là : un pot-pourri mêlant réussite et échec, moments de grâce horrifique et ennui profond.
Oh et le scénario est bof. Pas horrible, pas génial. Juste bof. J'imagine que le fait que le héros a le charisme d'une endive (Henry de Silent Hill 4 reste le pire, mais Murphy n'est pas très loin derrière...) n'aide pas à s'investir dans son histoire, mais même sans prendre ça en compte, c'est bien plat.
Downpour c'est tout un tas d'idées, pas assez triées et mal desservies artistiquement et techniquement.
13/20