Dès l'annonce de True Crime : Hong Kong, et après avoir lu quelques previews à son sujet, j'ai été directement tenté.
Pouvoir se la jouer Chow Yun-Fat, acteur culte du cinéma d'action Hong Kongais (Hard Boiled, The Killer, A Better Tomorrow) dans une ville fidèlement reproduite avec des gunfights en bullet-time, des vraies bastons à mains nues, le tout servi par un scénario digne d'Infernal Affairs (souvent cité), c'est un peu le genre de trip que j'attendais depuis des lustres dans un jeu vidéo.
Mais je n'ai évidemment pas oublié que les anciens True Crime étaient des jeux assez ratés, donc le doute subsistait.
Renommé ensuite Sleeping Dogs et développé par United Front Games (petit studio à qui l'on doit Modnation Racers, un jeu de kart rigolo avec un outil de création sur PS3, mais perfectible), je n'ai finalement pas hésité une seule seconde et je l'ai pris presque aveuglément le jour de sa sortie.
Merci Square Enix au passage d'avoir sauvé le projet car Activision l'avait purement et simplement annulé.
Durant les premières heures, on se rend très vite compte qu'on joue à un clone pur et simple de GTA, une série dont je me suis fortement lassé.
Le même genre de missions avec un scénario en carton, des dialogues moyens, des personnages génériques sauf le héros, plutôt classe, et tout un tas de détails qui rappellent systématiquement la saga de Rockstar, avec moins de contenus malgré quelques quêtes annexes sympathiques.
Bien heureusement la seconde partie du jeu décolle complètement en proposant des phases bien plus épiques, variées avec un certain rythme contrairement à sa source d'inspiration, et un final tout simplement dantesque qui m'a fait rajouter un point à ma note finale.
Outre un Hong-Kong magnifique (mais un peu vide par moment avec un manque de vie évident), Sleeping Dogs se démarque quand même en proposant des combats géniaux et d'autres détails qui font la différence.
C'est simple, on prend les interactions avec les décors de Yakuza pour dégommer les ennemis, le système de combos/contres des Batman Arkham tout en virant l'aspect cinématisé/assisté avec des ralentis débiles et on a tout simplement un gameplay baston vraiment bon, plutôt technique et unique pour le genre.
Idem pour les phases de gunfights, proches d'un mix entre Uncharted (cover, tirs au pif par-dessus un muret) et Max Payne (bullet-time), donc très correctes globalement même si loin de la qualité des ténors cités.
Ce choix est d'ailleurs tout à fait logique vu que pas mal de points rappellent le cinéma de John Woo, le pionnier de l'action moderne.
Ça change de GTA où, depuis le 3, la rigidité & l'absence de sensations sont toujours à l'appel.
On peut même apprendre de nouveaux combos/contres/projections, que ce soit dans un dojo où via des points d’expérience tout comme dans Yakuza encore une fois, ce qui rend le système de combat réellement jouissif et plutôt profond.
L'art martial local est d'ailleurs respecté : le Kung-Fu est donc à l'honneur.
Le soft intègre également des phases de plate-formes idéales pour les poursuites ; on peut sauter les barrières, glisser sur des tables, monter des grillages... avec une fluidité exemplaire, façon "parkour".
Et la conduite dans tout cela ?
On oublie la mollesse et la caméra à l'ouest de GTA 4, et on colle un gameplay arcade dans la plus grande tradition des vieux Need for Speed. En gros, c'est accessible, sans prise de tête et totalement adapté aux courses poursuites.
Cette simplicité assumée permet tout un tas de choses, comme le fait de pouvoir s'éjecter de son véhicule pour aller s'accrocher sur une voiture adverse afin d'en prendre le contrôle, donner des coups de volant pour dégager les caisses ennemies sur les rails de l'autoroute façon Motorstorm, ou carrément tirer sur ces dernières par la fenêtre.
Ce n'est pas encore parfait niveau physique (les bagnoles ne peuvent pas se retourner par exemple) mais c'est plaisant à jouer quand même.
Le rythme comme je disais, est plutôt conséquent ; on ne s'ennuie jamais, les missions scénaristiques s'enchainent sans problème avec parfois de très bons passages de courses-poursuites et une mise en scène plutôt travaillée, même si encore une fois le scénario tient plus d'un direct-to-vidéo Americano-HK que d'un Infernal Affairs, malgré la fin qui rattrape beaucoup.
C'est donc pas "top" dans l'ensemble même si on reste bien au-dessus d'un GTA.
De mon point de vue et étant fan de cinéma asiatique, les gars d'United Front Games auraient dû embaucher un vrai scénariste Hong-Kongais (on voit quand même des doubleurs tels que Conan Lee, Edison Chen et Lucy Liu au casting !), surtout que la durée de vie est plutôt moyenne pour le genre.
Moi qui m'attendais à pouvoir faire des choix scénaristiques triades/police, eh bien non, cette feature sert juste à augmenter certaines caractéristiques du héros.
Mais tout de même, CETTE FIN encore une fois, qui rappelle des cultes comme A Better Tomorrow aka "Le Syndicat du Crime" de John Woo.
La fraternité, la rédemption, la vengeance, l'honneur... Tout un tas de codes du cinéma HK m'ont sauté à la gueule pendant le dernier quart du jeu.
D'ailleurs certains passages nous ramènent directement à certains grands films Hong-Kongais.
Vous vous souvenez de la scène culte de l’hôpital dans A toute épreuve/Hard Boiled ?
Il y a une scène qui s'y rapproche grandement dans le jeu, le clin d’œil est donc évident.
Pour conclure, il y a toujours ce côté "bon clone de GTA" qui enlève une partie de l'ambition du soft.
Les fans du genre seront aux anges, mais ceux qui s'attendaient à une excellente alternative façon Red Dead Redemption chez les triades comme moi seront légèrement déçus.
Mais malgré tout, Sleeping Dogs reste un très bon jeu, amusant, divertissant, avec un gameplay réellement excellent pour le style et je ne peux pas nier ne pas avoir été charmé par ce Hong-Kong fidèlement reproduit, mais je m'attendais quand même à plus original vu le background proposé et son thème scénaristique du "flic infiltré chez les triades".
J'espère vraiment une suite plus approfondie qui j'espère, effacera ses défauts "GTA-esques", car pour un premier coup d’essai, c'est prometteur pour la suite et à deux doigts de l'excellence.
