Spec Ops: The Line
7.3
Spec Ops: The Line

Jeu de Yager Development et 2K Games (2012Xbox 360)


J’ai observé un escargot qui rampait le long d’un rasoir… C’est mon
rêve… C’est mon cauchemar… Ramper, glisser le long du fil de la lame
d’un rasoir et survivre. Apocalypse Now



Débuter une critique de Spec Ops The Line sur une citation d’Apocalypse Now n’a rien d’anodin tant la ligne qui sépare questionnement idéologique et divertissement est mince entre les deux œuvres. Que ce soit dans le titre du défunt studio Yager sorti en 2012 où dans le film culte de Francis Ford Coppola en 1979, la guerre est mise en scène pour faire ressortir ce qu’il y a de plus sombre chez l’homme. A la différence près qu’avec Spec Ops The Line et l’apport de l’interactivité du jeu vidéo, il devient également le bourreau de vos propres agissements. Décryptage.


peine après avoir inséré la galette dans la console, me voilà parachuté aux portes de Dubaï, cette ville des Émirats Arabes Unis à la démesure architecturale hallucinante. Je suis le Capitaine de l’armée américaine, Martin Walker, accompagné de mon escouade composé du Lieutenant Adams et du Sergent Lugo. Notre mission à Dubaï n’avait en soit rien d’extraordinaire pour les vétérans que nous sommes… Infiltrer cette ville en proie au chaos après une tempête de sable ayant ravagé le paysage pour retrouver le respecté Colonel John Konrad avec qui j’ai servi à Kaboul et son 33e régiment d’infanterie. Sans nouvelle depuis leur arrivée sur place, j’étais loin de penser, avant de mettre les pieds dans cet enfer de sable, que la mission allait devenir… un véritable enfer.


Les survivants… la CIA… et même le 33e régiment que nous sommes venu sauver ont perdus pieds. Nous sommes en pleine guerre fratricide. Mais que s’est-il passé à Dubaï bon sang ?! Si je suis le soldat le plus haut-gradé ayant encore sa véritable mission en tête, soit, il est l’heure de faire des choix pour le bien commun. Si je dois protéger mon escouade pour survivre en tuant nos compatriotes… je préfère ne pas y penser pour le moment. L’objectif est prioritaire et alors, on pourra sauver ces âmes perdues. Mais mes décisions sont-elles véritablement les bon choix ? On a tant perdu de notre humanité à Dubaï…


Ce qui différencie ainsi Spec Ops The Line de la multitude de TPS et de jeu de guerre plus ou moins inspiré présent sur la génération PS360, c’est cette dualité présente entre le bien et le mal, en nous proposant tout le long de l’aventure des micro-choix à faire. Cependant, il y a un réel problème dans l’équation. Peu importe le choix effectué, j’ai eu l’impression de faire le mauvais, celui qui précipite l’humanité de notre personnage au stade du suppôt de Satan. A aucun moment, j’ai eu l’impression de pouvoir faire le bien, mais le titre lui, nous juge quoi qu’il arrive. Pourquoi alors nous proposer de prendre des décisions si la finalité du tout, c’est d’être jugé tout le long par les développeurs sans jamais pouvoir influencer vraiment notre destin ? N’aurait-il pas été plus intéressant de laisser le choix aux joueurs, plusieurs pistes possibles et qu’il soit seul juge des conséquences qu’il provoque ? Je ne me sens pas en phase avec cette vision que propose le titre, je préfère la réflexion personnelle de nos actes plutôt que le sentiment d’être jugé par un bourreau qui ne nous laisse pas véritablement le choix. L’idée de base est bonne et fait plaisir à voir face aux titres de guerre virtuelle, mais je trouve sa construction maladroite. Parce que c’est le jugement qui triomphe de nous.


Si le titre en tant que jeu vidéo propose un divertissement somme toute correcte en récupérant un gameplay TPS déjà bien rodé par un certain Gears of War, il y a également un réel contraste par rapport au message qu’il souhaite véhiculer. Car dans sa vision de la guerre, le studio Yager nous propose un feeling favorisant joutes nerveuses et mise en scène spectaculaire, appuyé par des ralentis lors d’exécution et headshot plutôt grisant. Alors oui, si le titre était chiant à jouer, probablement que personne ne verrais le twist final. Mais, ça crée un décalage avec le fait de vouloir mettre en scène l’horreur de la guerre non ?


« Nerveux, intelligent et subtil » sont écrit derrière la boite du titre, tiré d’un article de Jeux Actu. Si le titre est indéniablement nerveux et intelligent par son approche, il est en définitive pas le moins du monde subtil, mettant le joueur plus bas que terre sans moindre chance de rédemption. Je suis ressorti de cette guerre à la direction artistique encore magnifique de nos jours, avec un sentiment des plus mitigés. L’évolution psychologique du capitaine Walker et le twist final m’ont vraiment fait me sentir mal, un malaise comparable à un stress post-traumatique des plus palpables le temps d’une soirée. Mais avec un peu de recul, le titre aurait gagné à n’être qu’un jeu sans choix possible ou au contraire pousser la feature bien plus loin. En conclusion, le titre a le cul entre deux chaises, mais reste largement à conseiller face à Call of Duty & Co. Pour plus de subtilité, dirigez-vous vers Soldat Inconnu de Ubisoft, qui traite la guerre de la manière la plus intelligente possible. Je finis l’article avec, comme 924 mots plus haut, une citation de Apocalypse Now.



N’avez vous jamais réfléchi à la vraie liberté ? Liberté à l’égard de
l’opinion d’autrui ? Et même à l’égard de l’opinion que vous avez sur
vous ? Apocalypse Now



Coffee Quest

CoffeeQuest
7
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le 3 janv. 2017

Critique lue 295 fois

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