Quand Konami s'essayait au RPG...

Récemment j'ai racheté Suikoden sur le PS Store. Je l'avais déjà pris à sa sortie sur Playstation en 1997, c'était mon premier RPG (avec combats au tour par tour) et je devais avoir 13-14 ans. J'ai eu envie d'y rejouer et de voir si - presque 20 ans après sa sortie européenne - il était toujours digne de l'estime que je lui porte. Parfois les jeux vieillissent mal...

A mon avis l'une des raisons pour lesquelles Suikoden est un jeu respecté c'est qu'il a été un précurseur. Déjà - sauf erreur de ma part - c'est le premier RPG à sortir sur Playstation. On rappellera que dans ces années-là la quasi-totalité des RPG n'arrivaient jamais jusqu'en Europe. J'ai découvert un nouveau genre avec Suikoden et je pense ne pas être le seul.

Mais à sa sortie le meilleur argument de vente de Suikoden c'était probablement le nombre de personnages qui peuvent rejoindre notre groupe : 108. Oui, cent-huit, Carrément. Là où la plupart des autres RPG japonais proposent généralement une dizaine ou une vingtaine de combattants dans le meilleur des cas. Pendant les combats on peut diriger un groupe de 6 personnages. On précisera quand même que seulement 70-80 personnages sont des combattants utilisables en combat.

Suikoden raconte l'histoire du fils de Teo Mc Dohl, général et ami de l'Empereur Barbarossa. Élevé pour servir l'Empire, le héros va rapidement se rendre compte qu'il y a beaucoup de gens corrompus dans l'Empire et se rapprocher de l'armée de la Libération. Après quelques heures le joueur va se retrouver dans un quartier général avec la possibilité de recruter des personnages. Dans mes souvenirs le scénario était un peu classique, mais finalement je me suis rendu qu'il y avait pas mal de rebondissements et de personnages attachants, donc pour moi le jeu n'a pas grand chose à envier à la plupart des autres RPG à ce niveau-là. Comme en plus l'histoire se termine en 20 heures, on n'a pas trop le temps de s'égarer dans des quêtes secondaires hors-sujet, le rythme de l'aventure est plutôt rapide, même un peu précipité sur la fin.

Bon graphiquement et techniquement le jeu est (et a toujours été) moyen. En 1996-1997 il y avait déjà toute une série de jeux en 3D qui essayaient d'exploiter au mieux les capacités de la Playstation alors que de son côté Suikoden ressemblait presque à un jeu Super Nintendo / Megadrive. Oui, il y a beaucoup de choses qu'on pourrait reprocher au jeu : la gestion des objets pénible, au lieu d'avoir un stockage illimité d'objets, chaque personnage peut porter 10 objets maximum sur lui - y compris les équipements -, en gros on "perd" régulièrement des objets parce qu'on ne sait plus quel personnage les a sur lui. On sera un peu aidé par un personnage recruté mais ça reste assez lourd et mal pensé. On peut aussi parler du manque de profondeur du système de combat : pour caricaturer on a "Attaque", "Magie" et "Objet", les combats se suivent et se ressemblent, les points d'expérience n'apprennent pas de nouvelles compétences aux personnages, ils se contentent d'améliorer les statistiques de tout le monde. Il y a pas mal d'autres choses mal pensés que je pourrais citer mais inutile de trop entrer dans les détails...

Mais contrairement à ce que je craignais, j'ai vraiment pris plaisir à finir une nouvelle fois Suikoden. S'il fallait noter un jeu comme on corrige une dictée - en enlevant 0,5, 1 ou 2 points à chaque faute - Suikoden se taperait surement une sale note, mais noter un jeu vidéo est plus complexe, je voulais lui mettre 7 mais je pourrais aussi lui mettre 10. Je ne sais pas trop pourquoi j'accroche totalement à ce jeu, à ses personnages, aux musiques, à l'ambiance, à son gameplay, etc... malgré tous les défauts que je peux lui trouver, il reste l'un de mes RPG préférés.