Ah "Super Mario Galaxy" premier du nom !
Quel jeu ! Quelle claque !
C'est bien simple : pour moi c'est l'aboutissement des épisodes de Mario en 3D et cela même devant le dernier épisode en date, "Super Mario Odyssey" !
Donc forcément, quand en 2010 on nous a annoncé que Nintendo nous avait concocté une suite à ce bijou comprenant deux fois plus de niveaux, deux fois plus d'étoiles et des Yoshis en prime, tout le monde a sauté de joie. Tout le monde était content et confiant. Moi le premier...


Alors pourtant c'est vrai que je n'y suis pas allé tout de suite vers de "Super Mario Galaxy 2".
Pour ma part j'ai attendu 2017 et ma reprise d'intérêt pour les jeux-vidéo avant de m'y risquer.
Mais bon, quand j'y ai joué le constat fut pour moi sans appel. "Super Mario Galaxy 2 c'est le top" m'étais-je dit alors...


...Malgré tout c'est vrai aussi que j'ai mis pas mal de temps à le parcourir ce jeu.
Parce que, l'air de rien, n'arrivant pas à y trouver un réel entrain, je me suis rapidement mis à y jouer à doses homéopathiques. Enfin bon, pas de quoi remettre en cause la qualité du jeu hein !
"Toujours aussi top !" me disais-je toujours.


...Et puis tant qu'à faire - puisqu'on en est aux aveux - c'est vrai que je ne l'ai finalement jamais terminé ce jeu !
Trop d'ennui. Pas suffisamment de motiv...
Mais bon pourquoi aurais-je dû changer mon constat pour ça, pas vrai ? Du top top top hein !


En gros c'est à peu près à ça qu'a ressemblé pendant un certain temps mon approche de ce "Super Mario Galaxy 2".
Il ne m'avait pas attiré des masses.
Une fois en main je n'avais pas spécialement envie de le parcourir.
Et au final ça m'a gonflé de poursuivre l'aventure alors j'ai fini par le lâcher ..
...Mais bon. Malgré tout ça je continuais de trouver que c'était un super jeu.
En même temps, comment penser autre chose quand on a autant adoré "Super Mario Galaxy" premier du nom et qu'on constate que, factuellement, sa suite a l'air d'en reprendre toutes les qualités, semblant même aller plus loin ?
Mon manque d'entrain, ça ne pouvait être que de ma faute ! Pas de celle du jeu !


Et voilà comment, dans un premier temps, j'ai pu mettre 9/10 à ce "Super Mario Galaxy 2".
Au fond je ne l'avais pas aimé plus que ça mais, prisonnier d'un raisonnement, j'ai fini par produire une forme de déni.
Quelle bêtise pourtant, quand on y pense, que de noter de l'art sans écouter au minimum ce que nous disent nos propres sensations.
(À cela certains me répondraient sûrement : "quelle bêtise que de noter de l'art tout court !"... Mais ça c'est un autre débat.)


Donc vous l'avez compris, avec le recul, j'en suis revenu de ce bilan flatteur.
Non pas que les qualités de ce "Galaxy 2" se sont avérées au final inexistantes. Loin de là.
Au contraire, c'est même pour cette raison que mon appréciation de ce jeu fut à ce point compliquée.
Oui c'est vrai, techniquement ce jeu est impeccable.
Mario réagit au doigt et à l'oeil et l'intégration de Yoshi est une vraie réussite, aussi bien en termes de maniabilité que d'enrichissement du gameplay.
Même constat sur le level design et les mécaniques de jeu qu'elles impliquent. Les niveaux sont bien pensés pour enrichir et diversifier les situations déjà posées par son prédécesseur.
Il ne s'agit clairement pas là d'une simple redite mais bien d'un prolongement et d'un approfondissement du jeu originel.
Donc oui, clairement, quand on fait la check-list, tous les voyants sont au vert.


Alors pourquoi ai-je ressenti ce manque d'attrait ?
Pourquoi au bout d'un moment, quand bien même n'y a-t-il pas eu de déplaisir, y a-t-il eu malgré tout chez moi de la lassitude ?
Il serait si facile après tout de dire, avec un tel bilan, qu'au fond le problème vient finalement bien de moi. Mais pour le coup, s'arrêter à cette étape là de la réflexion, ce serait refuser de regarder l'un des vrais gros problèmes de cet opus.
...Si ce n'est LE gros problème.


Car un problème, il y en a bien un dans ce "Super Mario Galaxy 2". Et ce problème pour moi il tient en un mot et ce mot c'est : "proposition".
Oui, pour moi ce jeu manque clairement d'une proposition.


Alors oui, c'est vrai, on peut clairement percevoir un jeu vidéo comme une banale transaction marchande. "Moi payer toi pour que toi offrir moi ce que je veux."
Ça peut être du "moi vouloir faire vroom-vroom", du "moi vouloir faire pan-pan" ou bien - comme c'est le cas ici - du "moi vouloir faire saute-mouton".
On peut vraiment avoir cette approche. Moi ça ne me choque pas. Ça ne me dérange pas. D'ailleurs moi-même il m'arrive régulièrement de n'attendre QUE ça d'un jeu, c'est-à-dire qu'il sache simplement me distraire ; qu'il occupe mon temps pendant que je m'ennuie...
Soit...
Mais ce n'est pas ça le propre d'un grand jeu.


Le propre d'un grand jeu, c'est d'être capable à un moment donné d'offrir une véritable alternative à notre quotidien.
C'est un jeu dans lequel on va s'investir parce qu'on sent qu'il a quelque de stimulant, de nouveau, de fort à nous proposer.
Oui, c'est ça qui fait la force d'un grand jeu, comme c'est ce qui fait la force d'un grand livre ou d'un grand film. On n'y va pas seulement pour se "désennuyer", on y va parce qu'il y a un appel au voyage.
...Une proposition.


Or quelle était la proposition qu'avait su faire "Super Mario Galaxy" et que son successeur n'a pas su renouveler ?
D'abord oui - et je pense qu'il ne faut pas négliger ce point quand bien même est-il évident - le fait de se balader sur des planétoïdes, au temps de "Galaxy 1" c'était quelque chose de nouveau, pas au temps de "Galaxy 2".
A l'époque de la sortie du premier opus on avait tous envie de prendre la manette en main pour voir comment ça se jouait : pour ressentir ce que ça faisait... Pour la suite il fallait au moins être capable d'aller au-delà de cette proposition qu'on connaissait déjà.
Alors certes, il y avait bien la promesse nouvelle d'un Yoshi dans ce "Galaxy 2" mais dans les faits c'est trop peu. On reste trop en terrain connu.
C'est sûrement ce premier point qui explique d'ailleurs pourquoi dans un premier temps je ne me suis pas jeté sur ce jeu.


Mais bon, en soi cette absence de proposition en termes de base de gameplay n'est pas pour moi quelque chose de rédhibitoire.
Nombreux sont les jeux qui savent nous attirer et nous plaire alors qu'en termes de gameplay ils n'ont pas grand-chose de neuf à nous proposer.
C'est qu'il est donc possible de voyager autrement ; qu'on peut faire porter sa proposition sur autre chose.
Or cette autre chose, c'est souvent l'univers.
Et c'est sur ce point là à mon sens que ce "Super Mario Galaxy 2" a le plus fauté.


A peine commence-t-on cette suite que son introduction a de quoi surprendre.
Alors que le précédent opus nous invitait au beau milieu d'une fête des étoiles filantes durant laquelle le perfide Bowser s'était permis une intervention des plus spectaculaires, ce "Galaxy 2" ne fait même pas l'effort de nous séduire : "bon allez, on va dire que Bowser est de retour, il a repris les étoiles, alors allez zou ! C'est pas tout ça mais il y a les niveaux qui attendent..."


Ce jeu est juste disgracieux au possible.
Il ne cherche pas à nous charmer. Il ne cherche même pas à raconter.
Et pour tous ceux qui ricaneraient parce que je réclame une narration et un univers dans un Mario, eh bien vis-à-vis de cela j'aurais tendance à réaffirmer la chose plutôt deux fois qu'une car oui - pour ceux qui n'en auraient pas conscience - je le redis : il y a une narration et un univers fourni dans un Mario.
...Bien plus d'ailleurs que ce que certains pourraient se l'imaginer.
Alors certes, il ne s'agit pas d'une narration à la Naughty Dog où on se doit régulièrement de poser la manette pour regarder passivement de longues scènes cinématiques censées traduire toute la subtilité et la complexité des personnages. Là-dessus on est bien d'accord.
Seulement voilà, dans un jeu vidéo on peut aussi raconter des choses par des lieux, par des décors, par l'exploration d'une logique...
Parcourir "Super Mario Galaxy" ce n'était pas seulement parcourir des niveaux c'était aussi parcourir des mondes avec ses populations, avec une logique de vie et d'organisation qui dépend parfois des règles gravitaires et fonctionnelles propres à cet endroit.
Alors certes, en termes d'intrigue et de profondeur on reste toujours au plus basique, mais à partir du moment où la logique de vie des autochtones permet de comprendre la logique du monde dans lequel on se doit d'évoluer, ça prend tout son sens et ça trouve toute sa pertinence.
Pour moi, tous ces aspects là sont loin d'être anodins. Au contraire cela participe de mon point de vue à l'exploration.
Cela participe à notre voyage de joueur.


Là, dans "Galaxy 2", pas d'Harmony, pas d'observatoire, même pas d'espace !
En effet, la map qu'on parcourt n'est même plus un enchaînement de systèmes solaires mais un banal chemin filaire - comme aux temps de"Super Mario Bros 3" - avec pour toile de fond un banal wallpaper figurant vaguement l'espace...
Non mais tu le sens à quel point ce jeu n'en a rien à foutre de sa narration et de son univers ?


Or moi il est justement là l'énorme reproche que je ferais à ce "Super Mario Galaxy 2".
Ce jeu ne s'est pas comporté avec nous comme un grand jeu. Il s'est juste comporté comme un jeu efficace. Un jeu fonctionnel. Rien de plus.
Alors OK, c'est vrai que c'est un très bon jeu fonctionnel, d'où le fait que - bon an mal an, je lui attribue quand même cette note au final positive de 6/10.
Mais il n'empêche que je ne peux m'empêcher d'être frustré dans cette histoire. Voire vexé.
"Super Mario Galaxy" premier du nom ce fut pour moi bien plus qu'un simple enchaînement de niveaux bien ficelés. Ce fut un voyage. Un grand moment. Une histoire d'amour...
Et alors que j'attendais par cette suite un prolongement de cette belle histoire - un nouveau voyage en amoureux - voilà que je me retrouve avec un jeu qui fait le tapin.
"Bon mon biquet, la fête des étoiles, le dîner aux chandelles et l'amour au clair de lune ça va deux secondes pas vrai ? Là tout ce que tu veux en fait c'est juste une partie de jambe en l'air, je me trompe ? Alors perdons pas de temps tu veux. V'là tes niveaux. Tu verras c'est de la galipette de premier choix. On s'est pas moqué de toi... 60 €. Je prends la CB..."


Bah...
Bah non. Désolé.
Moi je ne suis pas venu juste pour des galipettes.
Un jeu c'est un tout, ce n'est pas qu'un simple enchaînement de niveaux aussi bien pensés sont-ils.
Et le pire c'est que les gars de chez Nintendo le savent.
Quand ils ont sorti "Super Mario World 2", ils ont fait en sorte que l'enrichissement du gameplay original (notamment celui qui consistait à faire en sorte qu'on allait désormais diriger les Yoshis et non plus Mario) soit accompagné d'un enrichissement de l'univers et de la narration qui aille de paire. Et en l'occurrence ce fut cette fois-là une vraie réussite.
De même, quand ils ont voulu faire une suite à "Ocarina of Time" avec carrément le même moteur graphique, ils ne se sont pas seulement contentés d'enrichir le concept de jeux de masques et de voyage dans le temps avec l'ocarina. Non, quand ils ont fait "Majora's Mask" ils ont repensés l'univers et la narration pour qu'ils accompagnent tous deux au mieu ce changement de gameplay. Et d'ailleurs, là encore, ce fut une véritable réussite.


Un jeu, ça doit être un tout.
Comme dans un bon livre ou comme dans un bon film, on ne peut pas dissocier à l'envie la forme et le fond.
Moi par exemple, j'imagine mal Spielberg débarquer en nous disant : "bon, dans "Indiana Jones" au fond tout ce qui vous intéresse, vous les spectateurs, ce sont les temples plein de pièges, je me trompe ? Bon bah dans ce cas ça vous dérangera pas si pour cette fois-ci je vous raconte pas d'histoire, hein ? De toute façon, Indy, son père, les nazis et Yoshi, tout ça vous connaissez ! Donc bon on va pas perdre de temps, pas vrai ?"


Alors du coup voilà.
Non, pour moi "Super Mario Galaxy 2" est loin d'être un grand jeu.
Certes il est un jeu efficace, à n'en pas douter. Un jeu qui détend. Un jeu qui enchaîne les niveaux et les étoiles à gogo pour qui a envie de passer le temps...
Mais il est aussi pour moi une moitié de jeu. Un jeu fait à moitié. Une extension qui ne méritait pas d'être vendu comme un jeu à part entière.
Or ça, pour moi, même si ce n'est pas pleinement honteux en soi, ce n'est pas non plus pleinement digne du "Nintendo Sigle of Quality" tel que moi je le conçois.
Alors attention les gars... Quand bien même le dernier "Super Mario Odyssey" a su démontrer qu'il ne s'agissait là que d'un relâchement de parcours, la sortie bâclée de votre tout récent "Super Mario 3D Allstars" semble démontrer que vos vieux démons ne sont pas si loin que ça...
Alors je vous en prie : plus jamais ça.

lhomme-grenouille
6

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Créée

le 1 nov. 2020

Critique lue 290 fois

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