Tekken 3
7.5
Tekken 3

Jeu de Namco (1997PlayStation)

Si vous deviez apprendre une langue étrangère pour accéder à une série de livres non traduits dans votre langue, ou vos langues, ce nouveau bagage établirait de nombreuses autres ouvertures vers d'autres formes culturelles voire relationnelles. Et pour peu que votre esprit trouve des liens entre les langues, il y a là encore enrichissement.


Tekken, et pire encore de nombreux jeux de sport, demandent beaucoup de pratique avant de pouvoir s'amuser tant ils manquent d'intuitivité. On verra par ailleurs des joueurs, selon moi complètement insensés, évaluer la qualité d'un jeu de combat à la complexité de son système, et on parlera de compétition officielle, de profondeur, etc., là où il n'y a que de l'ego. J'y reviendrai.


Petit puis adolescent, j'ai souvent fait face à des jeux où la solution était absurde, je cherchais longtemps pour rien. Et lorsqu'on me communiquait la solution ou si je la trouvais par miracle, alors je me disais "Fallait le savoir !". Puis, avec les années, je trouvais plus facilement, ayant assimilé inconsciemment tout un tas de solutions idiotes.


Un jour ma femme, ne possédant presqu'aucune expérience vidéoludique, me demande de l'aider dans un jeu d'horreur. Je la vois faire et lui réponds avec la force de l'évidence "Ben ! Faut pas fuir le monstre, faut lui tirer dessus !".


Elle m'a expliqué un peu vexée que fuir un monstre était aussi une solution logique.


C'est elle qui avait raison. Et je suis comme sorti de ma bulle, de la bulle du jeu vidéo avec sa logique déficiente. Vous incarnez un personnage qui fait face à 15 ennemis... et vous entamez la bagarre... non.


Nous avons donc avec Tekken ou tout autre jeu demandant d'accumuler des connaissances, un apprentissage fermé sur lui-même, stérile en dehors du jeu, et dévoreur de temps pour peu qu'on souhaite avoir une connaissance approfondie. Mais dans sa globalité, apprendre à jouer à des jeux ne délivre pas une quelconque nourriture non plus, un quelconque enrichissement, puisque au final ce qu'on assimile n'a aucun sens. Dans Tekken on brise des bras qui ne se brisent pas...


On perd du temps à assimiler des contrôles, plus ou moins complexes, à comprendre un système plus ou moins complexes, pour ne pas être capables de trouver des solutions sans un lavage de cerveau.


Reste alors le renforcement de l'ego, via les trophées, les victoires en ligne.


Il y a un certain génie chez Nintendo, dans son Mario Party (celui auquel j'ai joué du moins) à proposer une pléthore de mini-jeux presque instantanément assimilables, et un renversement arbitraire du classement. Les derniers seront les premiers... puis redeviendront possiblement derniers. On s'en fout, on s'amuse. Ou pas, et la frustration qui enflammera un réfractaire à ce système est imperméable à l'essence même du jeu, puisqu'il a des choses à prouver, à lui, ou aux autres.


C'est d'ailleurs la même pathologie qui touche le non-compétiteur, l'adepte du jeu solo qui louera les mérites narratifs d'un titre alors que ce dernier est d'une stupidité sans nom. Tous les manques peuvent être justifiés par un "Ce n'est qu'un jeu vidéo" pour ne vanter que les qualités, souvent illusoires.


Ce qui est désarmant, c'est qu'une même personne pourra critiquer férocement un film, Marvel par exemple, quand le ou les jeux qu'ils pratiquent souffrent en essence des mêmes carences et dans des proportions parfois au-delà de toute mesure.


Il y a souvent chez les joueurs un acharnement à défendre ce qui pourtant ne les définit en rien. Peut-être la pratique du vide donne-t-elle l'illusion de ne pas faire face au vide.


Lorsque ma femme a commencé à pratiquer le jeu vidéo, ses frustrations continuelles, ses rages, mes réponses qui devaient lui faire se dire "Fallait le savoir !", de son propre aveu, la détournaient de ses soucis professionnels. On règle des problèmes qui n'ont aucun sens, parce qu'ils n'ont aucune importance. Sinon, pourquoi perdre du temps sur passe-temps aussi idiots ? On peut dégoter pour le même prix une guitare acoustique ou le nouveau guitar hero. Et ce qui est formidable, c'est que si vous coupez le son de votre télévision, vous pouvez tout de même jouer à guitar hero car c'est un jeu musical basé sur le... visuel. Le contraire est impossible.

BlackLabel
10
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le 23 juin 2018

Critique lue 264 fois

3 j'aime

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