Binding of isaac : Le joueur face à la punition

Pour quelles raisons jouez vous ? En tant que joueur qu'est ce que qui vous motive à allumer votre pc ou votre console et de lancer un jeu ? Le plaisir ? L'habitude ? La sensation de puissance une fois le jeu maîtrisé ? Peut être n'avez vous pas la réponse...


C'est dans cet esprit que j'ai commencé à jouer à Binding of Isaac, définit comme un rogue like dont l'esthétisme ne m'avait pas séduit du tout. Je ne saurais dire quelles ont été mes motivations pour lancer le jeu à plusieurs reprises, acceptant plus ou moins l'engagement et les contraintes inhérentes qui furent si nombreuses que j'en étais venu à me demander pourquoi j'avais acheté ce titre. Je trouvais le personnage lourd, les tirs relativement lents même si la cadence me convenait, les animations trop sommaires, et les différences entre les niveaux n'apportaient rien si ce n'est que vous vous enfoncez dans des endroits toujours plus sombres et plus vastes. Pour ne rien arranger les récompenses me paraissaient futiles et sans grand intérêt, les items débloqués à chaque fin de run agrandissant les chances de tomber sur un item dont on a strictement rien à foutre. Les différents personnages me laissaient quant à eux perplexe au sujet de la réelle diversité du gameplay, (et donc de rejouabilité) et si la plupart des jeux vous gratifient de bonus aidant à vos prochains périples, Binding of Isaac se paie le luxe de cracher sur vos efforts en vous offrant quelquefois des items et personnages plus faibles que ceux que vous avez déjà obtenu. S'ajoute à cela un apprentissage qui semble infini des ennemis, des effets des items, des boss, et des astuces vous permettant de survivre tant bien que mal dans les profondeurs de la cave d'Isaac.


Si je n'ai toujours pas changé d'opinion quant à l'esthétisme et à la relative lourdeur du gameplay, j'ai cependant après plusieurs centaines d'heures de jeu trouvé ma réponse. Qu'est ce qui, dans Binding of Isaac réussissait à me coller telle la merde sous votre chaussure et me poussait à marcher dedans encore et encore ? C'est bien la punition. Une difficulté que j'ai encore aujourd'hui du mal à surpasser ou à détourner par une itemisation qui me transforme de bébé pleurnichard à un char d'assaut tirant avec la fréquence d'une mitrailleuse. Binding of Isaac est un jeu qui ne cessera dans sa mesquinerie et dans son fun incertain difficilement palpable de vous punir. La méconnaissance dans ce rogue like est une erreur punissable. On pourrait commencer par l'itemisation du personnage qui est selon moi totalement aléatoire et par ce biais handicapante dans la plupart de vos parties. Comme dit plus haut le jeu ne se prive pas de vous donner des items qui sentent le malus et la mort comme la réduction des dégâts, de votre cadence de tir, de votre vitesse ou de vos points de vie. Si vous pensiez que chaque item à sa fonction propre, alors vous avez déjà un aperçu de la cruauté dont peut faire preuve votre jeu vidéo. Plusieurs objets ont le même effet (et heureusement par ce que leur nombre doit dépasser 300), vous aurez donc compris que vous pouvez tomber sur le même malus ou bonus plusieurs fois dans votre partie. Il est aussi possible que dans votre partie la plus parfaite, un item vienne changer tous les objets que vous aviez -par chance rappelons le- et qui rendait le statut de la défaite à impossible à imminente. On pourrait aussi évoquer les ennemis qui vous enlèvent au départ un demi cœur (vous en avez trois, cette jauge peut être augmentée comme diminuée) puis un cœur entier, la progressive disparition des pièces d'or et des clés qui sont nécessaires pour débloquer les salles au trésor (une seule par niveau), les boss de plus en plus présents et j'en passe.
Comprenez bien que pour finir une partie de Binding of Isaac, vous allez devoir faire énormément de retry ou de reset.


Si le jeu ne saurait vous mentir sur votre pur skill (vous pouvez littéralement finir une partie sans vous faire toucher en ce quelque soit votre itemisation) vous ne pouvez enjamber le gouffre qui sépare un joueur qui a de la chance de celui qui n'en a pas. J'ai déjà terminé des parties en 10 minutes en jouant moins bien que des parties qui m'en ont pris 30. Et c'est là à mon sens le principal reproche que je fais à ce titre : l'aléatoire tue le jeu. On pourrait me rétorquer que je n'ai qu'à abuser des reset, ce qui équivaut à ne se lancer dans une run qu'une fois certains objets obtenus pour avoir une certaine chance de réussir, mais c'est une mécanique qui manque dans ma sensibilité de joueur de pertinence. Je ne veux pas réussir un jeu parce que ce dernier m'en a donné la chance -voire l'autorisation, parfois c'est du wtf- mais parce que mes compétences me l'ont permis. Parce que réussir une run sans bons objets relève de l'acharnement et d'une patience extrême, et que le manque de plaisir s'en fait ressentir. C'est pourtant ces mêmes objets qui diversifient l'expérience de jeu, votre façon de jouer, d'attaquer les ennemis, de vous positionner par rapport à eux. Pour ça, les items de Binding Of Isaac sont époustouflants de créativité et de diversité.


Si j'ai passé autant de temps sur ce titre, c'est qu'une partie peut se reset ou se terminer en un rien de temps, qu'on peut jongler avec des centaines de possibilités, que le jeu à une étroite ressemblance avec les jeux flash sur internet et qu'il peut facilement occuper des temps morts d'une dizaine de minute (par exemple un temps d'attente de soloq sur lol, on se reconnaîtra vous et moi) comme une bonne heure. C'est aussi parce qu'il est plaisant de nettoyer tous les monstres en quelques secondes une fois les bons objets en poche. Mais ce qui reste après toutes ces heures de jeu, ce n'est pas le plaisir mais la punition de l'aléatoire, ce qui est quand même dommage...

Atonie
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le 8 sept. 2016

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