The Evil Within
6.9
The Evil Within

Jeu de Tango Gameworks et Bethesda Softworks (2014Xbox One)

The Evil Within constitue un retour aux sources du survival-horror japonais. Ce genre autre fois prépondérant fait son come-back au travers d’un titre old school porté par un des maîtres du genre : Shinji Mikami. Le nouveau jeu du papa de Résident Evil vous fera-t-il mourir de peur, ou de déception ? C’est ce que nous allons voir !


Ne jamais dire jamais :


En 2005 sort l’excellent Résident Evil 4. Ce titre d’exception rencontre un succès fulgurant, mais semble pourtant sonner le glas du survival-horror japonais. Depuis lors, le genre a quelque peu relégué l’aspect survie et frayeur au second plan au profit d’une action plus spectaculaire, d’une difficulté plus permissive, moins exigeante permettant d’attirer un public plus large. Cette catégorie emblématique du jeu vidéo avait alors perdue de son âme, s’était fourvoyée et semblait alors morte et enterrée. Pourtant, comme le méchant d’un film d’horreur, alors qu’on le croyait décédé pour de bon, le genre se relève pour sévir de nouveau ! Cette résurrection est matérialisée par The Evil Within et son géniale créateur Shinji Mikami qui ambitionne, au travers de ce titre, de faire effectuer aux joueurs un pèlerinage dans un univers qui reprend pléthores d’éléments caractéristiques des canons du type. Une influence du passé pleinement assumée et exacerbée qui fait plaisir à voir. On retrouve des têtes familières comme, par exemple, ce boss que l’on croise lors de notre virée cauchemardesque et qui essaie d’intenter à notre vie à grand coup de tronçonneuse. Cette adversaire est largement inspiré d’un des ennemis les plus marquants de Resident Evil 4 – dont il reprend en partie le look - du même créateur. Les monstres semblent d’ailleurs avoir bénéficiés d’un soin tout particulier tant leur design est incroyablement terrifiant. Chacune des créatures que l’on croise reste gravée dans nos mémoires tant leur physionomie sont atypiques. Le bestiaire est constitué d’adversaires aussi originaux qu’absolument ignobles, preuve d’une véritable créativité.


Le titre emprunte donc de nombreux éléments au passé. Cependant, certains aspects influent de façon néfaste sur l’expérience et donne l’impression que les développeurs se sont sentis prisonniers de leur héritage. On a cette impression à propos de la difficulté par exemple. Certaines phases sont inutilement punitives, provoquant la mort du joueur de façon injuste. Par exemple, il peut arriver de trépasser à l’entrée d’une salle à cause d’une bombe que l’on ne peut éviter si l’on ne sait pas qu’elle est là, et les situations de ce genre sont nombreuses. Pour couronner le tout, cela nous renvoie parfois assez loin en arrière. Il semble que les développeurs ont crus qu’il était obligatoire de faire des passages hyper hardcores et punitifs pour pouvoir revendiquer leur jeu d’old school. Or, il est vrai que les jeux d’antan étaient plus difficiles et qu’un peu de défi est toujours appréciable, mais il faut toute même savoir doser le niveau de façon à ne pas rendre le jeu écœurant. Un sentiment que l’on peut éprouver après de longues heures de Die and Retry qui nous font suer sang et eau sans que l’on y voie un sens. Dommage !


Simulateur de Cauchemar :


Le cœur du jeu : la survie et l’horreur, est très réussi. Si bien que ces deux éléments se réunissent comme deux vieux amis qui ne se seraient jamais quittés, nous promulguant une peur de chaque instant. On a en permanence une sensation d’oppression provoquée par un contexte propice au frisson. Prisonnier à l’intérieur de l’esprit d’un psychopathe prénommé Ruvik , le joueur, aux commandes de l’inspecteur Castellano, se retrouve ballotté d'un endroit à un autreau gré des caprices de son hôte. Ces changements fréquents de décors ont pour effet de varier les situations, empêchant l’aventure de tomber dans la routine. Chaque lieu traversé est empreint d’une atmosphère anxiogène instaurée par un incroyable travail de sound design et par une direction artistique superbe. Éléments visuels et sonores s’allient pour créer une armorie macabre qui crée le frisson même chez les durs à cuire. Chaque nouveau passage ressemble à un cauchemar issu d’un esprit torturé. Vos pas vous mènent la plupart du temps dans des endroits lugubres éclairés uniquement par quelques rares et discrètes sources lumineuses ainsi que par votre lanterne qui constitue votre seul moyen de percer l’obscurité, votre unique lueur d’espoir en quelque sorte. Cela offre des jeux de lumières aussi jolis qu’inquiétants qui concourent à créer une sensation d’oppression et de mystère. Ce contexte déjà très glauque est accentué par de petites mélodies flippantes, des bruits sourds et indescriptibles qui semblent directement jaillis des entrailles de l’enfer. Les portes grinçantes sur leur gond font également frémir à chaque instant. On se fraye un chemin dans cet environnement torturé et malsain souillé çà et là par des marques sanglantes. Un décor parfait, ou presque, puisque techniquement, on note quelques faiblesses notamment au niveau de certaines textures et de certaines modélisations qui manquent de détails. On progresse malgré tout dans l’inquiétude. Une inquiétude qui touche son apogée lorsque l’on rencontre les monstres qui peuplent les niveaux.


Sang pour sang hardcore.


Lorsque vous vous retrouvez confrontés aux créatures maléfiques – ici appelées hantées - plusieurs moyens de faire face s’offrent à vous, sachant que rentrer dans le tas à grand coup de fusil est une stratégie qui se révèle rarement payante. The Evil Within renoue avec les racines de la survie nous distillant munitions et autres ressources au compte goutte, il faut donc éviter de tirer à tous vas. Il est plus judicieux de faire profil bas et de rester discret. De cette façon, vous pouvez : soit contourner vos opposants soit les éliminer discrètement à l’aide de votre couteau, économisant ainsi quelques précieuses cartouches. Les phases d’infiltration sont parfaitement maîtrisées, proposant des moments stressants au possible. Cependant, il arrive que malgré nos précautions, on finisse par se faire repérer. Il faut alors combattre. Lors des séquences d’action un ennemi redoutable fait son apparition : le stress. En effet, votre pire antagoniste prend la forme d’une peur insidieuse qui s’empare de vous aux pires moments vous faisant sombrer à la panique. Ainsi, on se met à tirer précipitamment et à manquer sa cible, une balle perdue en entrainant une autre, on fini vite à cours de munition. Et alors, vos chances de survie sont proches de zéro. Un seul moyen de s’en sortir subsiste alors : fuir. Prendre la tangente est parfois la meilleure solution possible face à des monstres très résistants qui ne succombent pas toujours à un head shot. Les tirs dans la tête ont parfois pour seul effet d’arracher un morceau du crâne de votre cible dans un jet de sang- car oui, le jeu est très, très, très gore- sans toutefois lui être fatale. D’autres fois, alors que vous pensez en avoir fini avec une de ces vermines diaboliques, votre adversaire se relève. Le moyen le plus sure de vous assurer qu’un « hanté » est bien mort est de le brûler, une fois que vous l’avez abattu, à l’aide des allumettes que vous avez dans votre inventaire.


Conclusion :


Gore à souhait, flippant à en mourir et exigeant – même un peu trop – The Evil Within nous fait retrouver le survival-horror tel qu’on l’aime. Cependant quelques défauts viennent ternir le tableau d’honneur. Techniquement, déjà, le titre est loin d’être parfait, au-delà de certains aspects cosmétiques, le jeu rame vraiment au niveau du frame-rate qui connaît des chutes vertigineuse lorsque l’on passe d’une zone à une autre, rendant les déplacements saccadés l’espace de quelques instants. Enfin, le scénario, s’il intéresse pendant les premières heures, en vient vite à devenir très confus, compliqué, frisant parfois l’incompréhensible. L’histoire n’est vraiment pas terrible, et c’est bien dommage. Notre épopée s’achève sur un dernier boss un tantinet décevant. Malgré le fait que ce soit le plus imposant que l’on rencontre, on le bat avec une facilité déconcertante. Tout l’affrontement final est ultra scripté. Même si ce dernier combat est spectaculaire, il jure un peu avec l’esprit original du jeu et ce contraste déçoit un poil. Il n’en demeure pas moins que la dernière production du papa de Résident Evil demeure vraiment haletante, porteuse de nombreuses qualités. Une expérience terrifiante qui mérite qu’on lui porte attention, sa difficulté destine cependant le titre aux joueurs les plus persévérants. Un bon jeu d’horreur à la durée de vie honnête - environ 18 heures pour boucler l’histoire.

paul55
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Créée

le 21 déc. 2015

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