Le mal intérieur. La traduction littérale pour The Evil Within, ce titre de jeu ressemblant à un début de phrase. Mais trêve de sourires et de bonne humeur, après plusieurs heures sur le jeu, il n’y a pas de quoi en rire.


Dans The Evil Within, le joueur incarne Sebastian Castellanos, un détective talentueux, envoyé avec ses collègues sur la scène d’un carnage très sanglant. Sur place, ils sont confrontés à une force mystérieuse et très puissante, Sebastian assiste alors au massacre de ses compères avant de tomber, assommé. Il se réveille en sang et pendu par les pieds dans un monde étrange et malsain, peuplé de nombreuses créatures dangereuses. Son but ? Survivre, et quitter cet endroit maudit et synonyme de cauchemars. Shinji Mikami est à l’origine de ce projet et c’est pourquoi il suscite un véritable engouement. Il faut dire que le japonais n’est autre que le papa de Resident Evil, qu’il a travaillé sur la saga jusqu’au quatrième volet sorti en 2005. Probablement déçu de la tournure que prend le Survival horror depuis dix ans, il annonce en 2012 qu’il travaille sur Project Zwei, nom de code du jeu qui reviendra aux bases du genre en 2014.


Pour cela, Sebastian va devoir être malin et économe. Surtout au début de l’aventure, où notre héros n’offre pas une résistance incroyable face à l’adversité. Les débuts du jeu se révèlent d’ailleurs assez perturbants, Sebastian souffre de violentes migraines et d’hallucinations le faisant passer d’un lieu à l’autre, de quoi déconcerter le joueur et le plonger dans une sorte de malaise permanent. La caméra rapprochée et les bandes noires en haut et en bas de l’écran y sont d’ailleurs pour beaucoup. The Evil Within offre une zone calme, reposante, dans un asile, dont vous aurez rapidement mémorisé l’emplacement pour pouvoir sauvegarder votre partie manuellement. En dehors de cet endroit, les sauvegardes fonctionnent par checkpoints, disséminés intelligemment, évitant de refaire une séquence de jeu délicate.



Shinji, fais-moi peur



La vingtaine d’heures de jeu nécessaire pour terminer l’aventure fait passer le joueur par de multiples états, allant de l’incompréhension des événements à la peur quasi permanente et pour finir sur une note moyenne. C’est au moment où The Evil Within prend le joueur aux tripes que le soufflé retombe quasiment aussitôt. Dans l’ensemble, le temps passé sur le jeu laisse un bon souvenir, la sensation de jouer à Resident Evil en étant dans la peau de Joel, de The Last of Us. En effet, il emprunte la discrétion au chef d’œuvre de Naughty Dog, l’ambiance oppressante de Silent Hill ou encore les mécaniques de jeu de Resident Evil. Avec un level design excellent, des jeux de lumière remarquables et une sensation de malaise permanent, The Evil Within mérite la note maximale, ce qui aurait été le cas il y a une demi-douzaine d’années, âge des graphismes parfois grossiers et de la technique offrant un framerate à la ramasse, même sur PC.


Rappelant Resident Evil 4, les déplacements de Sebastian manquent d’un peu de souplesse, mais permettent de réussir une séquence d’infiltration sans trop de dommages. Ces phases demanderont d’ailleurs au joueur de faire un choix important: raser la zone infestée d’ennemis pour récupérer du loot au risque de mourir bêtement dans un piège ou en se faisant repérer par le dernier ennemi restant, ou tout simplement filer en douce en ne tuant que les ennemis gênant. Pour corser le tout, le jeu ne propose pas de vue pour marquer les ennemis, il faudra parfois pas moins de six coups pour tuer un ennemi au corps à corps, Sebastian ne peut pas courir lorsqu’il est trop blessé et ne pourra compter que sur des rares seringues pour régénérer sa santé. Le loot récupéré permet d’améliorer ses armes, de créer des pièges et upgrader son personnage, ce qui est dispensable mais conseillé pour finir l’aventure sans trop de difficulté. The Evil Within ne ménage pas le joueur, il parvient à le surprendre quand il commence à tuer trop facilement les ennemis en ajoutant un nouveau monstre, ou même un boss coriace. Chacun de ces boss demande de la réflexion pour être vaincu, rangez donc votre skill pour le coup.


The Evil Within possède une technique de la dernière décennie, des graphismes parfois grossiers et un scénario plutôt moyen. Par contre, Shinji Mikami démontre sa maîtrise du genre avec des environnements déstabilisants, une ambiance malsaine qui donne un sentiment permanent d’insécurité, et à juste titre. Un coin trop calme, cela signifie un ennemi au prochain croisement, à coup sûr. Et bien non, l’ennemi en question n’arrivera que quelques minutes plus tard quand on l’a oublié ou arrivera par derrière en silence. Une réussite évidente, manquant certes de finition, mais une réussite tout de même.

RobinBeaugendre
7
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le 17 juin 2016

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Robin Masters

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