C'est pas la petite bête qui va manger la grosse

The Last Guardian fait parti des jeux pour lesquels on voulait acheter une PS3 à une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Et les autres veulent pas s'en rappeler.
Après beaucoup trop d'années de développement, le jeu fini par sortir, et comme tout jeu qui sort du four après un temps de cuisson bien trop long, on sait pas trop si ça va être tout sec ou si on va retrouver la saveur de la recette de départ.


N'y allons pas par 4 chemins : Oui, les années de développement que le soft s'est foutu dans l'oignon transpirent à travers le jeu. Car des défauts techniques, le jeu en accuse.


Là ou Fumito Ueda ne déçoit pas, c'est sur cette capacité hors norme, sur chacun de ses jeux, à nous proposer un personnage aussi lourd à gérer qu'un scénario de David Cage, à lui mettre des baskets qui glissent autant que celle de Sonic, et le tout accompagné d'un framerate qui frôle parfois avec le cinéma sur diapositive, la fin du jeu ayant été clairement prévue pour tourner sur PS4 pro. La mienne n'a pas supporté tant de professionnalisme et je pense, sans avoir le compteur, qu'on est passé sous la barre des 15 pendant quelques secondes. A défaut d'apprécier la cinématique, j'ai apprécié l'album photo.
Mais la plus grande constante chez notre ami Ueda, c'est la caméra. Celle de Ico était naze. Celle de Shadow Of The Colossus était horrible. Bonne nouvelle ! Tout change pour The Last Guardian, elle est immonde.
Clairement, la caméra donne parfois envie de lâcher 400 caisses pour racheter une PS4 tant l'envie d'exploser la sienne est grande, manette et TV comprise.
Concernant le moteur en lui même, on sent que l'engin avait été taillé pour la précédente gen, puis mis au gout du jour, ce qui donne un rendu mi-figue mi-boudin, ou des éléments clairement tout neufs (comme la lumière) rencontrent des éléments de l'ancien temps (comme certaines textures), un phénomène aussi appelé dans le jargon "le rendu Bouif."


MAIS, là ou The Last Guardian pêche sur la technique pure, il se rattrape dans bien des domaines.


Pour continuer les graphismes, si la technique pure l'empêche de se comparer aux standards actuels, il faut vraiment être tatillon pour ne pas être émerveillé devant l'artistique de The Last Guardian.
Que ce soit au niveau de l'architecture, du design et de l'animation pleine de vie de notre bestiole, ou sur ces propositions de décors en ruine aussi paradisiaques que désolés, le jeu est une vraie merveille d'art et d'éblouissement.
On se prend vite au jeu de faire un tour d'horizon de chaque pièce ou l'on se trouve, chaque sortie à l'extérieur nous fait découvrir une nouvelle facette splendide du complexe, et nous donne un brin d'air. (Alors que bon, au final, toi, t'es dans ton salon. C'est con le cerveau.)


Comme d'habitude chez Ueda, c'est l'impression de gigantisme - ou plutôt de n'être rien face aux éléments extérieurs - qui fonctionne extrêmement bien. Le meilleur exemple est lorsque Trico bondit alors qu'on est sur son dos, on ressentirait presque le haut-le-coeur qui accompagne le geste à dos du toutou des enfers.


Les autres points artistiques ne font pas défaut au jeu : Un rythme de jeu et une narration bien menée contenant quelques surprises, une fin larmoyante à souhait, une musique qui rentre dans la tête, The Last Guardian est une véritable oeuvre d'art à tout point de vue.


L'IA de Trico pousse clairement à l'insulter de tout les noms (Vous passerez de "elle est jolie la bestiole !" à "Putain de porc volant bouge toi le cul ou j'encule toute ta famille déguisé en poulet" assez vite dans l'aventure) mais coup de génie ou hasard d'une IA merdique : La bestiole fait bestiole, elle a ses humeurs, et quand elle veut pas, elle veut pas. A vous de trouver le moyen pour qu'elle veuille (Généralement lâcher la manette en soupirant marche bien, retenez bien cette technique).
Ceux qui ont des chats ne seront pas dépaysés, et clairement Trico tient plus du chat nerveux qui te marche sur la gueule la nuit qu'au bon labrador bien dressé qui t'apporte tes chaussons quand tu te cales devant TPMP avec ta kro et tes belins. De ces deux derniers éléments ne resteront que la tête qui tourne et le sel.


Malgré les défauts techniques et les quelques moments de frustration que comporte le jeu, The Last Guardian réussi son pari : Proposer une aventure unique en son genre, avec un style et un rythme de jeu tout aussi unique.
C'est magnifique, on en sort avec la larme à l'oeil (reste à savoir si c'est par pure soulagement ou si c'est parce que c'est beau), et c'est un jeu qui vaut le coup d'être vécu, ne serait-ce que pour l'expérience.


Dommage car sans l'habituel carnage de la team Ico à rendre l'aventure aussi maniable qu'un traîneau tiré par des poules, le jeu aurait tapé dans la perfection au lieu de se contenter de l'excellence.

CeriseKat
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le 12 mars 2017

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CeriseKat

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