If I ever was to lose you, I’d surely lose myself...

NARRATION
Histoire : ★★★★★
The Last of Us Part II aura beaucoup fait jaser lors de son année de sortie : plus de vingt-quatre ans après le début d’une pandémie ayant décimé une partie de l’humanité, nous incarnons cette fois-ci Ellie, âgée de 18 ans, et qui s’est intégrée à la petite communauté de Jackson, au fin fond du Wyoming. Après de nouveaux évènements tragiques, la jeune femme va rapidement devoir quitter son foyer pour se rendre à Seattle, découvrant par la même occasion les ruines d’une cité en pleine guerre civile, embarquée dans une quête de vengeance implacable mais ô combien destructrice…

Si certains pourront détester la tournure prise par les évènements, il faut bien se rendre à l’évidence : le récit conté par The Last of Us Part II est un véritable rollercoaster émotionnel qui ne laissera personne indifférent. Porté par une mise en scène grandiose, le jeu est une claque narrative de chaque instant, fait d’excès de violence, de moments d’accalmie et de coups portés au cœur, abordant de nombreuses thématiques dures mais humaines, comme le cycle de la vengeance, le deuil ou la rédemption. S’il fallait dégager une thématique principale, ce serait toutefois celle du pardon, le jeu posant subtilement le dilemme suivant : est-il plus difficile d’absoudre ses ennemis, ou bien ceux que l’on aime ?

Personnages : ★★★★★
A l’image de son univers post-apocalyptique, où la seule survie prime sur la morale, tous les personnages de The Last of Us sont teintés de gris, ni complètement bons ni totalement mauvais, chacun dotés de ses valeurs, ses failles et ses envies ; en découle des personnalités vivantes et attachantes, mais surtout très humaines, qui auront marqué de nombreux joueurs à jamais : je veux bien sûr parler de Joël et d’Ellie, les protagonistes cultissimes du premier épisode que l’on retrouve ici avec plaisir… mais aussi de la nouvelle venue Abby, dont le corps athlétique et le comportement brutal cachent une nature plus sensible (que beaucoup n’auront pas voulu voir), se découvrant soudainement le besoin de croire à nouveau en quelque chose, une rédemption peut-être, dans ce monde désincarné où la seule violence ne suffit plus à remplir son âme.

Univers : ★★★★☆
Oui, The Last of Us Part II présente un énième monde post-apocalyptique infesté d’infectés/zombies... Mais non, il n’en est pas pour autant inintéressant, en témoigne le soin apporté à ses nombreux personnages et factions ; les rues animées de Jackson, la guerre entre le WLF et la secte des Séraphites, les esclavagistes Crotales ou les insaisissables Lucioles… ainsi que les terrifiants et grouillants infectés eux-mêmes (coureurs, cliqueurs, colosses, etc…), tout cela participe à rendre cet univers tangible. Dans le même temps, la narration environnementale y est particulièrement détaillée, saupoudrant les niveaux de notes à ramasser, de graffitis sur les murs ou de dialogues optionnels, le tout offrant un contexte fort et exaltant à la vengeance personnelle d’Ellie.

JEU
Game Design : ★★★★☆
Un game design très efficace, à défaut d’être totalement original, puisque le jeu repose sur le même mélange d’infiltration et de survie (craft, munitions limitées, etc…) que le premier volet. Son bestiaire a été revu à la hausse cependant, ce qui lui permet de varier ses affrontements en ajoutant à sa liste les chiens pisteurs du WLF, les éclaireurs furtifs des Séraphites ou encore les bien-nommés « puants » …

Gameplay : ★★★★☆
The Last of Us Part II propose un gameplay plus souple que son aîné, offrant cette fois la possibilité de ramper au sol, d’esquiver ou de sauter… mais ce n’est pas pour autant qu’Ellie en a oublié ses capacités à l’arc, à la carabine ou au couteau, et l’on retrouve avec jouissance la même brutalité dans les combats. Le tout est magnifié par des animations splendides qui rendent l’expérience de jeu toujours aussi viscérale, que ce soit dans ses phases d’action, d’infiltration ou d’exploration.

Level Design : ★★★★☆
Grâce aux nouvelles capacités d’Ellie, les niveaux du jeu ont gagné en verticalité et en complexité, à l’instar d’arènes offrant de nombreux recoins où se terrer, et qui transforment souvent les rixes en parties de cache-cache géantes. The Last of Us Part II s’essaye sinon à l’open-world miniature en proposant un centre-ville de Seattle entièrement explorable à cheval, et dont les différents objectifs (parfois facultatifs) pourront être complétés dans l’ordre que l’on souhaite. La tentative est louable, quoiqu’un peu courte, mais rassurons-nous, le reste des niveaux linéaires est tout aussi bien construit.

PERSONNALITÉ
Direction artistique : ★★★★★
Considéré par beaucoup comme l’aboutissement technique de la PS4, The Last of Us Part II impressionne tant dans sa réalisation que par la diversité de ses environnements : montagnes enneigées du Wyoming, gratte-ciels effondrés, hôpital désaffecté, musée d’histoire naturelle à l’abandon, aquarium de Seattle, plages californiennes… C’est ici tout un pan de l’Ouest américain, nappé d’une sauce post-apo où la nature a repris ses droits, qui nous est concocté devant nos yeux ébahis. Une claque visuelle, simplement.

Ambiance : ★★★★★
Grâce à un sound design exceptionnel, le jeu marque par ses ambiances tantôt oppressantes, dictées par le cliquètement de ses infectés ou le sifflement des Scars, tantôt plus mélancoliques, teintées de notes à la guitare ou au ronroco. Parmi les atmosphères dignes d’un survival-horror : les bureaux infestés de rôdeurs, la descente infernale de l’immeuble délabré, ou encore les sous-sols de l’hôpital et sa rencontre horrifique avec le Roi des rats…

Musiques : ★★★☆☆
Les partitions de Gustavo Santaolalla sont plus discrètes que par le passé, mais conservent leur lot de mélodies marquantes (Unbroken, It Can’t Last, Longing, Chasing a Rumor…). Elles sont cette fois accompagnées de morceaux composés par Mac Quayle, attitré aux musiques de combats. A noter aussi les superbes reprises à la guitare de chansons populaires : Future Days, Wayfaring Stranger, et surtout Take on Me !

Porté par un scénario audacieux et des personnages mémorables, la suite tant attendue du cultissime The Last of Us aura divisé une partie de la communauté gamer, trop surprise de la tournure drastique que prendront ses évènements. Malgré tout, l’expérience se révèle être une éclatante réussite, narrant une histoire riche et sans concession d’une trentaine d’heures, dont on ne pourra contester les qualités visuelles, mais aussi accompagnée d’un gameplay efficace et prenant. Au final, nous voilà face à un grand jeu d’auteur, honni par certains, marquant pour beaucoup. Pour ma part, c’est un chef d’œuvre.