The Legend of Zelda: Link's Awakening
7.5
The Legend of Zelda: Link's Awakening

Jeu de Nintendo EPD, Grezzo et Nintendo (2019Nintendo Switch)

Un rêve (ré)introduit


Grand classique de la Game Boy en 1993, LA était réellement atypique de par son contexte et univers totalement différent, basé sur le rêve et la mélancolie. Nintendo ne souhaitant pas refaire un Zelda en Hyrule avec Triforce, Héros, Princesse, Ganon etc a carrément tout changé. Quitte à faire passer Link’s Awakening pour un spin off, alors qu’il est bel et bien une séquelle directe de Zelda 3.


La suite on la connait : Link’s Awakening est considéré comme l’un des meilleurs épisodes de la série, notamment pour la 2D. Il aura permis à la licence de s’émanciper vers d’autres univers tout en gardant à peu près la même base du gameplay, comme le feront Majora Mask ou encore les Oracles of. Personnellement, j’ai découvert Link’s Awakening tardivement en 98 à mes 8 ans sur ma GB Pocket et il fut une claque magistrale.


En février 2019, Nintendo surprend à moitié tout le monde (car il y avait déjà quelques rumeurs circulant sur un éventuel remake de LA sur 3DS à la base) en officialisant ce remake sur Switch via un trailer.
Le résultat aura surpris les fans (en bien comme en mal), à travers une direction artistique façon patte à modeler et maquettes pour les décors et personnages. Je me souviens avoir été émerveillé par l’intro du jeu refaite en animé (magnifique), et j’ai ensuite tiré la tronche en voyant le rendu de la DA sur l’extrait de gameplay, me demandant ce que Nintendo avait fichu.


Ce qui a finalement donné une « polémique » à la Zelda Wind Waker de 2002, quand Nintendo annonça un Zelda cell shadé et cartoon, plutôt qu’un univers « mature » comme l’étaient Ocarina of Time ou encore Majora Mask.


Mais revenons-en à Zelda Link’s Awakening version 2019 sur Switch, sorti en septembre. Développé par Grezzo (qui s’étaient occupés également des remakes d’Ocarina of Time et Majora Mask sur 3DS), est – ce que ce remake rend - il parfaitement hommage à l’opus Game Boy ? Et surtout, posons nous la question suivante : Link’s Awakening a t – il su traverser 25 ans d’évolution dans la série Zelda ?


Une île onirique et un Héros échoué


Après avoir sauvé Hyrule et vaincu Ganon dans Zelda 3, Link décide de partir quelques temps vers d’autres contrées, afin de s’entrainer durement et ainsi anticiper d’éventuelles menaces potentiellement plus terribles que Ganondorf et Aghanim. Toutefois, sur le trajet de retour en Hyrule, Link lutte avec son bateau tant bien que mal, contre un orage et des vagues déchaînées.


La foudre détruit l’embarcation de l’Hylien et il dérive sur l’ile Cocolint : Une zone lointaine d’Hyrule , au beau milieu de l’océan. Link est sauvé par Marine, une habitante de l’ile et il la confond avec Zelda. Après avoir exploré les environs et récupéré son épée sur la plage, Link est informé par un Hibou sur la situation.
Afin de pouvoir quitter Cocolint, Link doit réveiller un certain Poisson Rêve à l’aide 8 instruments de musique. Qui est cet être dont tout le monde parle ? Quelle est donc cette ile paradisiaque cachant au final un secret particulier ? Est-ce réel ou un songe ? A Link de répondre à ces questions, en explorant Cocolint et en tentant de réveiller le Poisson Rêve !


Si le scénario de Link’s Awakening parait basique au 1er abord, sa mise en scène et son écriture sont vraiment bien soignées, notamment pour un jeu Game Boy de base. On sent clairement que ce Zelda est un outsider dans le lore, vu qu’il n y a que Link de réellement présent dans le jeu. Tout le reste est 100% inédit dans les personnages et décors.


De plus, quitte à aller plus loin dans le thème du rêve, Link’s Awakening se permet même des références sympathiques à d’autres univers de Nintendo. Si vous voyez des chomp (bien qu’ils étaient présent dans Zelda 3 au donjon du roc de la tortue), des goombas ou des twomps, c’est normal :D


Mais il y a une véritable magie mélancolique et onirique qui s’échappe de ce Zelda, au fil de notre progression et c’est pour cela que j’avais adoré le jeu à l’époque. C’est simple, touchant, peut être naïf mais doté d’une 2nde relecture perceptible par les adultes.


Et tous ces éléments font de ce Zelda, l’un des plus originaux en terme d’histoire dans la série, et qui changeait réellement la donne par rapport au classique background d’Hyrule.
Majora Mask y arrivera également aussi, mais en proposant un ton plus sombre, désespoir, une ambiance plus oppressante via les masques ou encore la Lune.


Une recette Zelda classique mais efficace


Côté gameplay, les habitués des Zelda 2D et plus précisément d’A Link to the Past ne seront pas dépaysés du tout. Le joueur devra toujours explorer Cocolint afin de combattre des ennemis, trouver des objets principaux ou secondaire pouvant l’aider dans sa quête, résoudre quelques petites missions secondaires et j’en passe, tout en améliorant les capacités et armes de Link ou en débloquant des nouvelles régions de Cocolint.


Ajoutons à cela les donjons qui serviront toujours d’obstacles à base d’ennemis, énigmes, les traditionnelles clés etc , afin de ramasser l’arme du donjon, atteindre le boss et obtenir un instrument de musique nécessaire à la mission principale, dans chacun des donjons.


Que ce soit dans l’opus Game Boy ou le remake, force est de constater que le gameplay fonctionne toujours aussi bien, avec cette envie de vouloir continuer à explorer partout, découvrir les zones de Cocolint, discuter avec les pnj, combattre les ennemis et faire les donjons.
Une véritable aventure qui donne toujours autant envie de percer les moindres recoins et secrets de Cocolint !


Il est à noter que le remake ajoute peu de choses au gameplay ou à la maniabilité de Link qui est toujours aussi précise. Nous pouvons compter malgré tout sur une certaine flexibilité de l’inventaire. Par exemple, les bottes de Pégase ou encore le Bracelet de Force deviennent maintenant des capacités passives sur des boutons.
Alors que c’était des objets à assigner régulièrement sur GB, brisant parfois le rythme de tout le temps aller dans l’inventaire pour s’équiper d’un objet toutes les 2 secondes.


De plus, il y a 50 coquillages à collecter maintenant (contre une vingtaine de mémoire sur GB), toujours planqués ça et là dans Cocolint. Ils servent toujours à obtenir des améliorations pour Link, une fois un certain nombre amassé, en allant dans la Maison aux Coquillages.


Enfin, soulignons l’ajout de l’éditeur de donjons par Igor et qui remplace donc le photographe de la version DX sur Game Boy Color. Si dans l’idée, créer son propre donjon dans un Zelda, en terme de level design, boss, secrets, ennemis etc, est judicieuse, en l’état dans le remake, ce n’est franchement pas génial et on va juste se forcer à faire les tutos pour obtenir des quarts de cœur ou coquillages auprès d’Igor.


Cela dit, il y’a un gros potentiel à exploiter sur un éventuel « Zelda Maker ». Vu comment Mario Maker 1 et 2 sont hallucinants dans leurs outils de créations de niveaux, faire à l’avenir un Zelda Maker élaboré avec des outils surpuissants pour créer des donjons de fou, c’est franchement pas bête !
Bref, un gameplay toujours aussi varié, complet et réussi dans le remake. Cela fonctionne toujours aussi admirablement bien 25 ans plus tard !


Une refonte visuelle atypique


Parlons maintenant du point central de ce remake de Link’s Awakening forcément, la réalisation technique et artistique. Comme dit en intro, Grezzo a opté cette fois pour un rendu maquette et patte à modeler pour concevoir son ile de Cocolint, ses décors et son chara design.


Si franchement j’avais peur au tout début sur le trailer, il faut avouer que manette en main, le charme opère malgré tout et j’ai trouvé la réalisation soignée. Les décors sont jolis et colorés, et donnent l’impression de vraiment regarder une grande maquette vue du dessus.


A noter également le flou sur les contours de l’écran, où les décors deviennent nets pendant que Link se déplace dans une zone précise, ou redeviennent flou quand on s’éloigne.
J’ai malgré tout encore quelques réserves sur certains choix, notamment ce flou autour. Mais ce n’est pas non plus immonde artistiquement. Comparé à un certain Secret of Mana Remake :P


L’introduction du jeu a été refaite en animé, façon manga, pendant que Link tente de résister à la tempête et c’est vraiment sublime, de même que les artworks globaux du jeu sur internet. Notamment celui où l’on voit Link sur un bout de bois, et l’ile Cocolint au loin avec l’œuf du Poisson Rêve sur le dessus de la Montagne.


Par contre, le côté technique du remake est parfois discutable. Question purement technique, le jeu n’est pas un puits à ressources, même pour la Switch. Il aurait même pu tourner sur Wii franchement, avec quelques effets en moins et une résolution plus basse.

Pourtant il s’avérera que le jeu va régulièrement flancher entre le 30 et 60 images par secondes, pour le framerate, lorsque l’on change de zones, ou s’il y a trop d’effets visuels ou ennemis à l’écran. Notamment dans le Marais des Anémones ou le dernier donjon.


Par contre, j’insiste sur un point précis qui m’a agacé au complet par bon nombre de joueurs sur les forums et réseaux sociaux. Les gens qui défoncent le jeu en disant que ça rame tout le temps et limitent le rage quittent juste pour ça … Sans déconner, c’est d’une tristesse abyssale. Oui le jeu a quelques soucis de fluidité et fait le yoyo entre le 30 et le 60 FPS. Mais faut pas abuser, Link’s Awakening est largement jouable. Et au final, on n’y fait même plus gaffe aux alléas du framerate quand on est complètement plongé dans l’aventure.


Y a des jeux qui sont nettement plus immondes sur le framerate et ne savent jamais le tenir au point qu’on dirait une diapositive (Last Guardian, Turok 2 N64, Dark Souls par moment sur PS3, Shadow of the Colossus PS2 et j’en passe).
Bienvenue dans la génération actuelle où les joueurs sont plus intéressés par la technique, notamment à cause du marketing des éditeurs, que par les qualités globales d’un jeu…
Bref, un remake malgré tout mignon, coloré et respectueux du matériau d’origine, en terme de direction artistique pour Cocolint, ses décors paradisiaques et le chara design.


Une bande sonore évasive


Côté musiques, Grezzo a réorchestré les musiques parfaitement avec des instruments divers, notamment à bois. Le rendu est un régal pour les oreilles, et ma musique préférée du jeu (Tal Tal Heigts) est sublimée. Rien à rajouter de spécial pour les bruitages, classique.


Un contenu honnête mais peu retouché


Côté durée de vie, comptez environ sur une dizaine d’heures pour terminer Zelda Link’s Awakening, tout comme sur Game Boy. Cela peut faire court pour un Zelda, mais il ne faut pas oublier que c’était un jeu GB de base. Cela dit, il est dommage de voir que le remake ne va pas plus loin et reprend strictement et uniquement, le contenu de la version DX. Donc nous retrouvons heureusement le donjon optionnel basé sur les couleurs, pour la tenue rouge ou bleue pour Link.


Cela dit, si vous souhaitez finir le remake à 100% en ramassant tous les coquillages ou quarts de cœur, vous pouvez monter facilement à une vingtaine d’heures. Surtout que l’exploration vaut largement le coup pour redécouvrir certains décors, ou débloquer des accès avec les bonnes armes obtenues.


Question difficulté, Link’s Awakening reste malgré tout très facile notamment pour les vétérans de la série, ou ayant bouclé l’original. Les ennemis et boss étant peu agressif et peu résistants. D’autant plus que l’évolution de Link est progressive mais rapide, faisant que l’on va rouler sur le jeu tout le long. Il y a cela dit l’ajout d’un mode héroique où les ennemis font normalement plus mal, et où les cœurs ne sont pas aussi faciles à récupérer qu’en normal. Je compterai refaire le jeu plus tard via cette difficulté :D


Bref, dommage que Grezzo n’en ait pas profité pour ajouter quelques nouveautés dans le remake, comme par exemple des nouvelles cinématiques développer davantage certaines situations ou personnages, notamment la relation attachante entre Link et Marine.


Bilan de l’Eveil de Link


Pour conclure, s’il ne va pas réinventer Zelda Link’s Awakening, le remake 2019 opéré par Grezzo sur Nintendo Switch est une réussite. La refonte artistique à base de maquette, personnages « poupées » et décors patte à modeler rendent très bien et contribue sans soucis à l’identité prononcée de ce Zelda atypique, entre Cocolint et ses habitants.


Le gameplay et le contenu restent strictement identiques, malgré quelques ajouts mineurs et surtout une meilleure flexibilité entre l’inventaire et objets équipés pour Link.


Mais au final, The Legend of Zelda : Link’s Awakening reste une pépite à (re)découvrir absolument pour les adorateurs ou nouveaux venus dans la franchise du Héros à la tenue verte, que ce soit sur sa version originale Game Boy/GBC ou alors ce remake Switch qui lui rend parfaitement hommage et reste un bijou à jouer 25 ans plus tard.


Pour ma part, étant ultra nostalgique de cet opus particulier, j’ai un fort attachement personnel avec lui et ce remake a su me refaire plonger parfaitement et revoir le gamin de 8 ans que j’étais, lorsque je découvrais ce Zelda après ma baffe avec A Link to the Past sur SNES !


Nono

NonoDudu31
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Créée

le 3 oct. 2019

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NonoDudu31

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