The Legend of Zelda: Majora's Mask 3D
8.3
The Legend of Zelda: Majora's Mask 3D

Jeu de Grezzo et Nintendo (2015Nintendo 3DS)

Épreuve difficile que de mettre à nouveau les mains sur Majora’s Mask, plus de 14 ans après l’avoir terminé. Il s’agît ni plus ni moins de mon jeu vidéo préféré et, en tant que tel, je n’avais jamais osé y retoucher de peur de ternir mes souvenirs. J’étais donc un peu anxieux en démarrant ma 3DS car si jamais la magie n’avait pas été au rendez-vous, comprenez bien qu’il ne me restait plus qu’à me rouler en boule dans un coin et oublier les jeux vidéo à tout jamais.

Majora’s Mask est un jeu bizarre, avec un traitement presque obsessionnel de la mort. Au point qu’une des théories les plus marquantes échafaudées autour du jeu parle d’un Link au purgatoire à la recherche de l’acceptation de sa propre mort. Théorie un poil extrême qui rejoint celle tissée sur l’ « avortement » de Giygas – Earthbound – dans la catégorie des délires de fans sympathiques. Reste que le symbolisme est bel et bien omniprésent et que Link porte, sans ambiguïté, des masques de gens morts.

Parti à la recherche d’un ami, dont ne saura jamais avec certitude de qui il s’agît, Link se retrouve dans le monde tordu de Termina qu’il doit sauver en trois jours de la chute de la lune et des manigances de Skull Kid. Une situation tendue qui ne va pas l’empêcher de fourrer son nez dans les affaires des petites gens de la région. Et il y a de quoi faire, d’autant que pour une fois les quêtes annexes se méritent et vont demander au joueur de s’impliquer dans la vie des autochtones afin d’apprendre qui fait quoi à quel moment pour quelle raison. L’apogée du système c’est bien sûr la quête d’Anju et Kafei, longue et gratifiante vu qu’on y gagne quatre masques en plus d’assister à un mariage.

Et le pire c’est que le concept a seulement été effleuré. Une ville principale, une maison par ci par là et point barre. Imaginez un peu ce que l’idée pourrait donner dans un jeu abritant des dizaines de villages et des milliers de PNJs avec chacun leur emploi du temps et leurs soucis ?

Comme souvent chez Nintendo, la complexité du concept est contrebalancée par la simplicité des actions. Une science du dosage qui atteint ici des sommets et préserve l’émerveillement constant, marque de fabrique de la série. Même si, et c’est une première, rien n’empêche le joueur de sentir perdu et livré à lui-même dans ce monde hostile qui n’a de cesse de se remettre à zéro.

Faire de l’épique avec des choses simples, c’est un peu ça la recette Zelda, mais dans Majora’s Mask il faut accepter d’être un héros anonyme, de voir ses efforts réduits à néant à chaque retour dans le temps et de retrouver les différents lieux visités dans leur état de désolation initiale. Une mécanique légèrement décourageante car les donjons prennent beaucoup de temps à compléter et on n’a jamais l’occasion de profiter du paysage libéré de son emprise maléfique, à moins de revenir battre le boss local à l’aube du premier jour.

Cette particularité participe au sentiment de désespoir de l’aventure, car si résoudre les problèmes des habitants apporte une grande satisfaction, les voir subir à nouveau leurs malheurs à la prochaine boucle temporelle m’a toujours déprimé.

Je pourrais encore m’étendre sur tout ce qui fait le charme de cet épisode ; de la fin sur la lune en passant par l’esthétique louche de l’univers, le boss de fin qui fait du moonwalk et le masque de dieu vengeur avec lequel on va le massacrer ; mais disons simplement que pour son ambiance si spéciale, la complexité de ses quêtes, l’écriture subtile des personnages, ses donjons rares mais géniaux et son originalité sans limite, Majora’s Mask reste pour moi le meilleur des Zelda et donc, par extension, le meilleur jeu de tous les temps.
Tanaziof
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 28 févr. 2015

Critique lue 1.7K fois

18 j'aime

2 commentaires

Tanaziof

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

18
2

D'autres avis sur The Legend of Zelda: Majora's Mask 3D

The Legend of Zelda: Majora's Mask 3D
Nash_Tulsa
6

Quand le poids des années efface la splendeur d'antan.

Zelda culte pour les fans Zelda MM et sans doute l'un des meilleurs de la série, il fait son come-back sur 3DS près de 15 ans après sa sortie sur N64. Pour ceux qui ne connaitre pas l'histoire il...

le 14 févr. 2015

26 j'aime

12

The Legend of Zelda: Majora's Mask 3D
Tanaziof
10

Goodbye Horses

Épreuve difficile que de mettre à nouveau les mains sur Majora’s Mask, plus de 14 ans après l’avoir terminé. Il s’agît ni plus ni moins de mon jeu vidéo préféré et, en tant que tel, je n’avais jamais...

le 28 févr. 2015

18 j'aime

2

The Legend of Zelda: Majora's Mask 3D
LinkRoi
8

Link, roi de l'aventure !

Parlons de Majora's Mask ! Linkroi, on pourrait croire que je suis un grand amateur de la saga Zelda... ET BAH NON, je suis un gros couillon qui connaît rien, un fils satanique qui ne mérite pas son...

le 19 févr. 2019

16 j'aime

27

Du même critique

The End of Evangelion
Tanaziof
9

Plan de complémentarité de l'otaku

Ce qu'il y a de formidable avec Evangelion c'est que le plus retors des pièges à otakus s'est transformé en une machine "d'otakusation" massive, source éternelle de fan-service et remplisseur notoire...

le 10 janv. 2011

41 j'aime

7

Les Furtifs
Tanaziof
4

Je suis mi-homme, mi-chien. Je suis mon meilleur ami

Attendu de pied ferme, le nouveau Damasio, et c’est rien de le dire. Après une Horde virtuose, haletante, marquante à tous points de vue, comment ne pas piétiner d’impatience ? Le livre est...

le 20 juin 2019

34 j'aime

15