Un épisode sympathique, assez original mais après avoir entendu tant d'éloges à son propos, je reste
The Walking dead, premier épisode, n'est pas le jeu du siècle, loin de là ! Il est cependant assez original et a ses qualités propres qui sont indéniables. La principale : l'immersion. Et écrire une critique sur cette première partie de jeu revient pour moi principalement à expliquer le plaisir immersif, et les limites, de cet opus !
Ma première impression par rapport au gameplay a été ambivalente. J'ai retrouvé l'agréable mais aussi amer rigidité de celui-ci, me rappelant mes années d'enfance sur Resident Evil, premier du nom ! Amer, tout simplement car il reste toujours une certaine frustration à ne pas pouvoir se déplacer comme l'on veut, frustration d'avoir ce sentiment que la manette ne répond pas à ces commandes. Ou tout simplement est parfois trop lent. La frustration ressort d'autant plus que l'une des qualités premières de ce jeu est sa capacité à nous immerger dans son univers et dans son scénario, or puisqu'on se sent véritablement impliqué, on aimerait moins ressentir ce décalage entre ce que l'on veut faire et ce que l'on fait réellement. Agréable cependant, car comme dans Resident Evil 1, cette rigidité du personnage nous plonge d'autant plus dans un univers angoissant, ou à l'instant du personnage, on lutte contre notre propre corps qui doit agir et réagir dans des circonstances tendues ! Durant de nombreuses scènes, on ressent ainsi une certaine impuissance face aux monstres inhumains, insensibles, qui ne cessent d'avancer quoique l'on fasse, sauf bien sûr, si on peut leur éclater leur putain de cerveau ! Je regrette aussi qu'on ne puisse pas modifier l'axe verticale du joystick, ça m'a beaucoup gêné, moi qui aurait voulu inverser cet axe ! N'utilisant finalement cet axe que pendant des scènes bien précises, je ne m'y suis pas non plus habitué et donc est toujours été perturbé et encore davantage entravé dans mon gameplay. Le terme gameplay malgré tout ne doit pas induire en erreur, The walking dead est un jeu où les moments d'actions véritables mus par nos petits doigts sont rares. Un tier du temps consiste à simplement regarder des cinématiques, un tiers à parler avec les gens et à choisir ses options de dialogues, et un dernier tiers mais probablement le plus petit à devoir véritablement "viser/tirer" (en réalité ces actions sont beaucoup plus variées, mais vous avez compris le principe). Nous avons bien donc affaire à un étrange entre-deux, avec d'un côté une série interactive et de l'autre un jeu et ces rares jeux avec une majorité de cinématique ponctuée de QTE, ainsi que Asura Wrath. Ce dernier pourrait vous donner une petite idée du genre de jeu, qu'est The Walking dead, si ce dernier ne se différenciait pas tant par l'accent mis sur les choix que vous faites, le gameplay même mets moins en avant vos capacités de gamer, votre maitrise de la manette que votre volonté.
Après cette petite digression, revenons donc plus concrètement au jeu. Sa lenteur est donc très immersive, mais elle fait aussi de The Walking Dead, un jeu auquel je ne pourrais personnellement pas prendre plaisir à jouer toute la journée. C'est parce qu'il est très intense, qu'il devient difficile d'y jouer en gardant toute son attention trop longtemps. Malgré un scénario censé se définir petit à petit selon les voies que vous avez choisi d'emprunter, ce qui normalement pousse à une grande rejouabilité, je ne suis pas convaincu qu'ici pris, dans une histoire si immersive, on est véritablement envie de recommencer et de jouer différemment. Peut-être plus tard, mais la volonté d'y rejouer immédiatement pour tester l'arbre des possibles, je ne l'ai pas ressenti ici comme j'ai pu le ressentir en finissant des épisodes de la saga Mass Effect.
Pourquoi ? Parce que contrairement à un Mass Effect, où l'on peut prendre son temps pour dire ou agir en fonction d'une vision du monde, du caractère qu'on a bien défini soi même de son personnage, ici les choix que vous aurez à faire devront être faits en cinq secondes, grand maximum ! Ce principe est une des grandes qualités du jeu, très immersif, ce procédé nous met réellement en situation de devoir faire des choix cruciaux ou non très rapidement, comme dans la "réalité" (la réalité apocalyptique des zombies, entendons-nous bien). En dehors des choix moraux à faire, j'ai été véritablement bluffé par le sentiment de réalité des conversations. En effet, il faut comme dans la vie répondre du tac-o-tac, et non laisser un vide de trente secondes pour décider quoi dire. Cet aspect peut agréablement surprendre, et frustrer parfois mais cette fois-ci agréablement, lorsqu'on se fait prendre à son propre piège. Ne voulant pas répondre directement à une question, on élude par exemple avec un tout petit mensonge, choisi en un dixième de seconde ! Bien sûr ici, la conversation continue sans s'arrêter, ne nous laissant donc pas le temps d'assimiler nous-même ce petit mensonge inventé à la va-vite. La surprise est alors totale quand trente seconde après, notre interlocuteur attentif remarque une contradiction dans notre discours ! Surpris par cette contradiction qui nous avait échappé, on se sent alors pris à son propre piège. Nos actes donc nous engagent, mais aussi nos paroles, tout devient tendu ! Ici, il n'est donc plus question de diriger un scénario selon une vision du monde bien précise, mais bien d'essayer de ne pas perdre pieds dans un mon qui fait voler bon nombre de nos idées préconçues sur le bien et le mal, agissant plus par instinct, que rationnellement.
Cet aspect du Gameplay serait donc un véritable bonheur, s'il n'était pas si extrême. Avoir peu de temps pour réfléchir et déterminer la meilleure réponse, ou la meilleur action possible, est une bonne chose. Mais dans ce premier épisode, beaucoup moins déjà dans le second, le temps imparti est beaucoup trop court. En réalité, je n'ai très souvent qu'à peine eu le temps de lire et bien comprendre les choix que l'on me proposait. Mon choix s'est trouvé parfois injustement limité par le fait que le temps imparti allant s'écouler, j'ai du choisir entre seulement deux réponses sur trois ou quatre possibles, tout simplement car je n'avais pas eu le temps de lire les autres répliques. Ce temps donc qui mériterait souvent d'être doublé, sans pour autant nuire au caractère précité et instinctif du choix, est source d'une frustration, cette fois-ci, très désagréable. Comme lors de certaines répliques qui sont même totalement infaisables, il est possible facilement d'appuyer sur un bouton choisir une réplique, mais c'est alors un choix hasardeux sans lecture des répliques (je pense ici notamment à une réplique dans la première scène du jeu) ! Un petit défaut qui s'est grandement atténué dans le deuxième épisode.
Enfin que dire du scénario, très classique, mais efficace. Sans caricature, on retrouve ici toutes les scènes et problématiques habituelles des films et séries de zombies. Est-ce donc que le scénario est ici trop classique ? Premièrement, bien que la série the walking dead et le film Je suis une légende ou plus récemment World War Z (ce dernier ne suivant pas le traitement traditionnel scénaristique du film de zombi) aient populariser le genre, il n'en reste pas moins que ce scénario pour beaucoup ne sera pas vu et revu. Et pour les aficionados, comme moi, du thème zombi, le scénario n’apparaît pas non plus comme "trop" classique. Tout simplement car l'aspect très immersif de ce jeu ne nous laisse pas le temps de nous poser cette question, trop préoccupés que nous sommes par un rythme qui nous impose d'être très souvent pleinement concentrés.
Que dire de plus sur The Walking Dead, Un jour nouveau, que c'est un jeu court, très court. On suit l'équivalent scénaristique de deux épisodes d'une série, on y passe 3/4 heures. Mais il en résulte une certaine unité, appréciable, car c'est à peu près le temps auquel on peut jouer sans décrocher, s'ennuyer. Un jeu donc à faire d'une traite pour pouvoir réellement l'apprécier.
Quant aux graphismes, j'ai personnellement adoré le Cell Shading, qui donnait une véritable personnalité et permettait de ne jamais trop marquer la différence entre les cinématiques pures et les périodes de jeu. Elle permet d'ailleurs d'inscrire une patte graphique nous rappelant agréablement l'origine comics de cette série. N'étant pas non plus techniquement si perfectionné que cela, un style plus réaliste, plus en détails, aurait probablement gêner plus qu'autre chose.
En conclusion, nous avons affaire ici à un petit jeu, original, intéressant, réussi, très immersif. Peut-être future étape importante dans l'histoire du jeu vidéo, nous n'avons pas pour autant affaire à un chef-d'oeuvre, ni à ces jeux qui sauront vous rendre accrocs, ou au gameplay transcendant. Par contre, il est certain que c'est le genre de jeu qui vous donnera du grain à moudre dans vos discussions vidéo-ludiques !