Vagrant Story
7.8
Vagrant Story

Jeu de SquareSoft et Yasumi Matsuno (2000PlayStation)

De tous les jeux de rôle console que j'aurais pu faire tout au long de ma carrière de gamer, si je devais n'en retenir qu'un, ce serait celui-là. A tous les niveaux, il a su se montrer le supérieur de tous ses concurrents, qu'ils soient ses contemporains ou encore membres de la génération actuelle.
Vagrant Story, c'est plus qu'un bête jeu vidéo, c'est une oeuvre d'art, une expérience dont on ressort forcément marqué à moins d'être doté de la sensibilité de Conan Le Barbare, et ce serait sous-estimer l'adorateur de Kröm...
Le jeu nous plonge dans l'univers d'Ivalice, vu une première fois dans Final Fantasy Tactics, puis repris plus tard comme cadre pour le numéro 12 de cette même saga. VS partage d'ailleurs avec FFT le même trio d'hommes aux postes-clés, à savoir Matsuno à l'écriture, Yoshida au character design et Sakimoto à la composition.
Le scénario, tout simplement génialissime, nous place dans la peau d'Ashley Riot, Riskbreaker de son état, dépêché par le Parlement pour enquêter sur l'attaque dont fait l'objet le manoir du Duc Bardora, attaque menée par la secte de Müllenkamp dirigée par Sydney Losstarot. Son périple le mènera à la cité maudite de Léamundis, théâtre, et enjeu, de la lutte sanglante entre les différentes factions en présence. En même temps qu'Ashley, dont la mission reste de stopper Sydney, l'Eglise a également envoyé sa propre milice, les Crimson Blades, qui partagent apparemment le même but. Cependant, au fur et à mesure de son avancée au coeur de l'antique citée, et de ses rencontres avec les différents protagonistes, Ashley se rendra compte que tout ce qu'il pensait savoir de cette affaire doit être remis en question, que ce soit à propos des enjeux de cette guerre, de ses participants, et, chose qui le poursuivra jusqu'à la toute fin de l'aventure, de son propre passé... En révéler davantage tiendrait du spoiler éhonté, sachez simplement que vous en prendrez plein la tête à chaque dialogue un tant soit peu important.
Graphiquement, le jeu reste excessivement beau pour de la PSOne, et reste aujourd'hui encore très agréable à regarder, les effets lumineux n'ayant pas trop mal vieilli et la modélisation des personnages lors des cinématiques restant d'excellente facture au vu de l'âge du soft.
Comme évoqué plus haut, l'action se déroule à Ivalice, et la ville de Léamundis se trouve donc être basé sur un modèle architectural européen, la ville de Saint-Emilion, plus particulièrement, ayant grandement servi de source d'inspiration aux développeurs. Quand on voit à quel point l'ambiance médiévale des décors du jeu est bien retranscrite, on ne peut qu'éprouver une légère pointe de chauvinisme!
Les personnages, quand à eux, bénéficiant du travail de Yoshida, dégagent tous un charisme qu'on ne voit guère plus aujourd'hui dans les RPG nippons. Le bestiaire, quand à lui, tire parti du folklore européen également... la route d'Ashley croisera celle de zombies, de démons, de dragons, beaucoup de dragons, des golems aux proportions impressionantes, mais aussi des bêtes sauvages "naturelles", comme des loups et des chauve-souris, dont les versions infernales suivront peu après, des fantômes, esprits en tous genres, sans oublier quelques malheureux humains(rappelez-vous, les Crimson Blades); un casting qui nous change donc agréablement, pour une fois, des sempiternels kappas et autres grenouilles mutantes peuplant d'habitude les RPG japonais.
Musicalement, que dire, si ce n'est qu'on touche là à la quasi-perfection absolue, Sakimoto signant ici ce qui reste, à mon goût, ses meilleures compositions... Tantôt épiques au possible pour les affrontements contre les boss, glauques à souhait lorsqu'il s'agit de parcourir des catacombes humides éclairées uniquement par une pâle lueur lunaire venue d'on ne sait trop où, où encore d'une tristesse infinie lors de certains moments clés du scénario, vos oreilles vous remercieront toute leur vie de leur avoir permis de découvrir tant de beauté.
Le dernier point à aborder restant le gameplay, faisons donc court: ce système de jeu est lui aussi proche de la perfection. A la fois accessible, riche et incroyablement profond, il vous tiendra scotché à votre téléviseur(ou votre psp, c'est selon) des heures durants.
Les possibilités d'action d'Ashley sont, en elle-mêmes, relativement classiques: vous pourrez attaquer, user d'attaques spéciales à débloquer au préalable et faisant usage d'effets pyrotechnique fort sympathiques, et utiliser la magie, ainsi que des objets. Il est à noter que le système d'attaque repose sur un principe de timing selon lequel vous devrez appuyer au bon moment sur trois touches, assignées à des frappes spécifiques, appelées des Chains, pour faire durer votre assaut le plus longtemps possible. Le même principe est appliqué aux phases de défense, où vous pourrez par exemple renvoyer une partie des dégâts reçus à votre adversaire ou encore réduire de moitié les dommages dus à un certain élément...
Mais là où le jeu brille vraiment, c'est dans sa gestion de l'équipement. le principe de base est relativement simple: chaque pièce d'équipement a une valeur associée à chaque type d'ennemi(bêtes, revenants, humains, etc...), mais également aux éléments offensifs tels que l'eau, le feu, l'air, et ainsi de suite. Maintenant, à chaque fois que vous frapperez un ennemi, ou vous ferez vous-même frapper, il existe une probabilité que la pièce d'équipement concernée gagne un point dans les catégories correspondantes. A savoir que si vous frappez un démon avec votre lame, elle peut gagner en efficacité contre ce type d'ennemi, tout comme votre armure si vous avez subi une attaque... Si vous ne vous baladerez jamais avec dix sets d'armure en permanence sur vous, cette façon de faire, en revanche, vous incitera fortement à vous garder une lame pour chaque type de monstre, qui deviendront forcément au fil du temps beaucoup plus efficaces, chacune dans son domaine, qu'une seule lame qui vous servirait à frapper tout ce qui vous tombe sous la main. Car toutes les catégories ont leur opposé, et en devenant par exemple plus efficace contre les humains, votre arme perd en puissance offensive contre les bêtes, d'où l'intérêt de toujours avoir un arsenal complet sur soit. Ajoutez à cela que toutes les armes que vous trouverez sont démantelables, et vous passerez dans les différentes forges du jeu un temps considérable. En effet, les possibilités de fusion de lames, d'armures, de boucliers, et d'armures étant très nombreuses, vous n'avez pas fini de tester les différentes combinaisons afin de vous fabriquer l'arme ou la protection ultime.

Tous ces éléments mis bout à bout donnent donc à ce jeu un cachet, une identité, et une âme qui n'ont pour l'instant jamais été égalés, encore aujourd'hui, à mes yeux.
Si vous ne l'avez pas fait et que vous en avez la possibilité, n'ayez aucune hésitation. Au pire, vous n'aimerez pas et dans ce cas, dommage, mais dans le cas contraire, vous aurez devant les yeux un monument du jeu de rôle qui n'attend que de se dévoiler à vous.
Seeker_Of_Loot
10
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le 6 mai 2011

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Seeker_Of_Loot

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