D'un point de vue du gameplay pur, ce Wolfenstein 2014 est un shoot plutôt nerveux et relativement honnête.
Rien qui n'ait déjà été vu, certes, mais ça fonctionne plutôt bien. Les armes ont du punch (l'akimbo fait son grand retour) et le challenge est au rendez-vous. Oh, bien sûr, il y a plein de petits détails contre lesquels tel ou tel joueur aura vite fait de pester (le ramassage non automatique des items, obligeant à matraquer une touche, n'étant pas le moindre). M'enfin, globalement, ça se tient.
A côté de ça, l'aventure entraîne le joueur dans des environnements variés, plutôt bien mis en scène, avec un level-design efficace (malgré quelques errements de ci de là). Et la DA mêle dieselpunk et brutalisme avec brio afin de rendre tangible cet univers uchronique où les nazis auraient gagné la guerre.
Mais ce qui rend le jeu vraiment marquant, c'est son atmosphère (et j'entends vraiment par là l'ambiance générale davantage que l'histoire et le scénario à proprement parler ; voir plus loin). Le jeu oscille constamment entre la tentation de l'humour (plutôt noir) et des passages premier degré beaucoup plus glaçants - ce qui donne d'ailleurs lieu à quelques contrastes / changements de ton un peu déstabilisants.
Il faut dire que Machinegames a eu une idée toute simple pour retranscrire l'horreur du régime nazi dans un cadre fantaisiste qui, a priori, se prêterait plutôt au second degré à la Iron Sky : le thème, traité de manière bien crue, de la fusion homme-machine. En effet, fini le paranormal des précédents épisodes, si les nazis ont pris de l'avance ici, c'est grâce à des expériences bien gores visant à fusionner chair et acier que n'aurait pas renié le docteur Mengele. Par le biais de cette pirouette scénaristique, de prime abord un poil pulp (super-soldats etc.) mais traitée de manière bien glauque (cf. la 1ère rencontre avec le grand méchant menant ces expériences), Machinegames parvient à convoquer dans cet univers de fiction déjanté des situations qui évoquent, sans pour autant jamais les montrer, les pires souvenirs du régime nazi - aka quand le corps humain et la personne qui l'habite ne sont traités que comme une vulgaire matière première, transformable. De l'OCP de Robocop au régime qui a donné naissance à Auschwitz, il n'y a peut-être qu'un pas ; et une même vision froide, industrialisée et déshumanisée du monde et de l'être humain. Et ce n'est pas le moindre mérite de Machinegames que de l'avoir senti et d'avoir su le retranscrire dans un jeu qui, de par son genre, doit par ailleurs se plier aux impératifs d'une action menée tambour battant.
A côté de ça, le scénario fait surtout figure de prétexte à déployer cet univers (et le traitement étonnamment sombre qui en est fait ; d'où les nombreuses références aux films d'action sur fond de SF assez sombres des 80s, de Robocop 1 et 2 aux Terminators). Quant aux personnages, si certains sont plutôt charismatiques bien que caricaturaux, d'autres sont vraiment inexistants.