SensCritique

Acteur(s) de Cœur

33 acteurs pour les 33 années du Christ. Ici règne les fantômes, les expressionnistes, les maniéristes, et finalement les lyriques, qui ferment le bal du jeu d'acteur dans ce qu'il a de plus grandiose, art souvent méprisé, soumis aux arts auquel il se voue, et qui mériterait d'être mis en avant et ...

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33 personnalités

créee il y a environ 4 ans · modifiée il y a 14 jours

Ben Gazzara

1. Ben Gazzara

Annotation :

*The Killing of a Chinese Bookie

Ben Gazzara reste sûrement le plus grand acteur. Comme Walken ou Cassavetes, il suffirait presque de ne pas le diriger tellement il a de capacités, que ce soit devant la caméra de Bogdanovitch ou de John. Toujours mené par ses mains, ses yeux, ou son cou, tout son corps est une véritable déflagration rythmique des plus épuisantes, le poussant dans des retranchements physiques et émotionnels des plus justes. Gazzara est porté par sa voix qui s'effondre toujours plus loin dans les ténèbres de l'âme, sortant parfois dans un rire effrayant qui dit tout des mystères de l'humanité. Par sa formation à la distanciation via Piscator, Gazzara sait ce qu'est une improvisation qui parle d'art et met en avant la puissance du cinéma. Sa performance dans The Killing of a Chinese Bookie reste la plus grande performance de tous les temps, le plus grand éloge au jeu d'acteur qu'on ait jamais vu, ainsi qu'à l'humanité en tant qu'elle se ment à elle-même pour se croire exister.

Christopher Walken

2. Christopher Walken

Annotation :

*The Deer Hunter & Heaven's Gate

Immense acteur, dont la formation de danseur et les rôles de Shakespeare, notamment de Hamlet au théâtre, semblent avoir gravé le stradivarius de son âme au panthéon des plus justes. Walken est le grand acteur des spectres shakespeariens, le fantôme du cinéma, l'homme errant, celui dont l'émotion est perdu qui se retrouve à trembler de l'oeil, du cil, sans savoir pourquoi. Jouer ou ne pas jouer, tel est la question. Walken parle comme un faux homme, bouge comme un faux homme, mais vit comme jamais un acteur n'a vécu. Il sait que la vérité n'est pas dans l'apparence, mais dans l'être, et dépasse en ce sens largement tout ceux de sa génération, donnant une leçon qui mériterait d'être écouté pour ne pas corrompre notre rapport à la fausseté, et donc à l'apparence, dans l'avenir de l'humanité.

John Cassavetes

3. John Cassavetes

Annotation :

*Husbands

Ce regard qui fuit puis revient toujours, ces gestes de vague tempêtueuses, font de Cassavetes le génie du hasard, de la foudre, et de l'excitation irritée, tendue, effrayante. Là où nous sommes suspendu aux lèvres et aux gestes de Gazzara et Walken - chacun pour des raisons différentes - Cassavetes lui nous amène dans une imprévision des plus vives et électriques. Inimitable plus qu'original, le jeu de Cassavetes reste et restera unique, absolument séduisant dans cette tentation de ne jamais s'arrêter de crier de rire, de craindre, et de souffrir la tentation de vivre plus que ce que la vie peut nous donner. Cassavetes voulait crier pour vivre, et même quand on le contraint au calme, la folie revient et hante cet homme qui savait ce que vouloir vivre veut dire, voulant exister en acteur face au monde.

James Dean

4. James Dean

Annotation :

*East of Eden & Giant

Instable et pourtant mathématique, logique dans sa défiguration et dans sa perpétuelle chute existentielle dans la matérialité de son propre corps, pris par la lourdeur de son dos qui soudain devient léger magiquement, marchant par ses jambes électriques, perçant dans la contraction de ses cils, formant souvent des hiéroglyphes sensuels, et perdant alors son rire autant que son sourire dans la nuit de la folie de devoir vivre, James Dean restera l'enfant de l'art, celui qui séduisait par son incapacité à se mouvoir si ce n'est dans un perpétuel chaos erratique et mouvant dont il cherchait toujours l'écho juste au fil d'une errance de fantôme. Le regard de tant de femmes se sont perdues en lui, pénétrant l'homme malléable et insaisissable d'une persona qui le dépasse et dont il cherchera toujours à trouver l'écho tel un pianiste fou jouant sur son propre corps. Il est toujours fascinant que cet homme ait tant pu être considéré bon alors que tout son jeu repose sur la fausseté et la cohérence trouvée dans l'incohérence, de même que l'auto-parasitage physique de son corps, ce qui est très rare et peu commun pour les acteurs considérés "bons" par la plupart des gens. Dean, en ce sens, a su par l'érotisme de son jeu d'échos dépasser sa fausseté et ouvrir même au grand public un jeu profondément avant-gardiste et unique.

Klaus Kinski

5. Klaus Kinski

Annotation :

*Aguirre

Que dire de Kinski si ce n'est la profonde extase de jouer. Kinski vit en dehors de lui-même et se voit, comme les mystiques, par un regard qui n'est pas lui ou alors "lui hors-de-lui même".
C'est cela qui fait ce néant dans ses yeux, ce mouvement si erratique et terrifiant, ce génie de l'extase qui regardait le néant du fond des yeux et se sentait regardé par lui, cherchant par son cou, par ses cils, par son dos, la torsion suprême où son visage explosera aux yeux de Dieu et révélera alors la puissance cachée de la folie qui hante l'humanité, jouissant dans la néantisation et l'absolutisation de sa propre personne, se confondant à un regard de Dieu envers lui. Kinski, quand il joue, fuit ainsi la chute du royaume divin, là où la plupart des autres jouent avec elle. Kinski craint, crie, et devient ainsi le Don Quichotte des acteurs, celui qui croît pouvoir battre l'absolu alors qu'il n'est que lui-même contre lui-même et se tue dans un sur-jeu des plus effrayants et vertigineux, l'ouvrant au panthéon des plus grands, lui offrant la place qu'avait Janus dans la mythologie romaine : celle du dieu des portes ouvrant à la dissociation et que les acteurs d'aujourd'hui devraient peut-être chercher plutôt que la simple identification dont ils rêvent. Vivre contre soi-même, absolument pour soi-même, se détestant et se vénérant, voilà comment a vécu Kinski, voilà ce qui le tue, voilà comment il fit souffrir ses proches et le monde, donnant le Mal sur Terre dans l'éclat de toute sa puissance et de son génie mis en avant dans l'art, qui s'élève ainsi au sacré et devient un art d'avant-garde en prise avec la grandeur de l'humanité dans ce qu'elle a de plus terrible et profondément mystérieux.

Timothy Carey

6. Timothy Carey

Annotation :

*The Killing of a Chinese Bookie

Acteur oublié, renié, détesté, et adulé par quelques fous, Timothy Agoglia Carey restera le plus grand acteur expressionniste, celui que le cinéma a raté, celui qui aurait pu ouvrir un tout nouveau style de jeu en son pays, pays qui n'a jamais su reconnaître son talent. Stanley Kubrick le craignait et voulait dans sa jeunesse toujours lui donner un rôle, mais si possible le plus secondaire possible ; Marlon Brando le craignait et voulait en faire son adversaire dans le film qu'il réalisa, alors que les deux n'ont jamais pu s'entendre ; Kirk Douglas le croyait fou.
Carey n'a pu s'épanouir que chez Cassavetes. Il devait jouer dans le Parrain, dans Reservoir Dogs, mais à chaque fois n'a pas pu le faire. Calme seulement quand son ami Cassavetes le filmait, Carey n'hésitait pas à faire chier les réalisateurs qui, à son sens, ne faisaient pas honneur au jeu d'acteur. Son jeu est absolument unique, tout son corps travaillant en même temps pour une expression incompréhensible, une sorte de sable mouvant de l'expressivité où l'on s’engloutit et ressort hypnotisé par ses performances. Ses yeux qui semblent ne jamais vraiment se fermer, jamais vraiment s'ouvrir, font de lui une sorte de mort-vivant du cinéma, dont la voix, qui toujours semble mâcher ses mots dans un marécage de consonnes et les recracher à la gueule du public comme des cadavres, l'élèvent à la grandeur d'une expressivité tragique et comique, étrange, unique, et font de lui le dieu des idiots, le dieu des lâches, dont le rôle de Flo dans The Killing of a Chinese Bookie est le rayonnement suprême.

Peter O'Toole

7. Peter O'Toole

Annotation :

*Lawrence of Arabia

O'Toole reste l'acteur du "stage" à l'anglaise, celui qui a eu les plus grands rôles. Jouer Don Quichotte, Lord Jim le marin hanté par la culpabilité, le roi Henri II, Lawrence d'Arabie le pèlerin des fou, l'empereur Tibère, ou encore Robinson Crusoé, fait de lui l'un des acteurs avec les plus grands rôles.
Par ailleurs, son honneur est d'avoir toujours été à la hauteur. Grand acteur shakespearien comme son ami Richard Burton, O'Toole restera l'acteur de la finesse, de la justesse, bien plus que James Steward ou Cary Grant. L'élégance d'O'Toole est toujours nuancée par une angoisse irrémédiable, une sorte d'excitation douce, très érotique, poussant sa voix dans les retranchements brumeux des royaumes du Nord, de Hamlet et de Macbeth, dont O'Toole reste le représentant shakespearien, au cinéma, le plus britannique et fin. O'Toole finalement, c'est l'impression que chaque geste est une caresse, chaque réplique un calice des tentations, un Saint Graal noble, grandiose, une corne d'abondance du sens et du mot le plus justement prononcé, que ce soit dans la diction ou dans l'intonation.

Robert De Niro

8. Robert De Niro

Annotation :

*Taxi Driver

De Niro, dans sa jeunesse, était un acteur à la subtilité profonde, dont le sourire avait toujours ce quelque chose d'inconsistant et d'instable, de profondément humain, et était doublé d'un regard qui toujours semblait "voir" les choses comme peu d'acteur l'ont rarement fait. C'était un acteur qui jouait ainsi sous visions, un visionnaire qui bougeait sa main comme on dirige un orchestre de mots, mots qui coulaient parfois plus vite que les chutes du Niagara dans sa bouche, par delà toute contrainte de diction ou d'intonation, opérant simplement un flottement dans l'air, une présence relative des plus attachantes, quelque chose de provocant alors que, dans sa personne, on voyait bien qu'il souffrait de ne pas se sentir assez vivre. C'est essentiellement dans Taxi Driver que De Niro a su toucher l'essence du jeu d'acteur, avec un brio qui restera dans l'histoire.

Franco Citti

9. Franco Citti

Annotation :

*Accattone

Citti restera sûrement l'acteur le plus charnel et vrai que l'on ait pu voir dans des grands rôles. Toujours là sans être là, il restera, ainsi, le prima uomo du drame humain au sens le plus large. Pas étonnant qu'il ait fini en Oedipe et que, dans Accattone, il soit si vrai, si juste, et que c'est ici qu'on voit ce que c'est, vraiment, qu'un acteur réaliste sans manières.

Vittorio Gassman

10. Vittorio Gassman

Annotation :

*Le Désert des Tartares

Sûrement le plus grand compositeur de gestes, le plus grand maniériste, de toute l'histoire du cinéma. Jamais personne n'a égalé Gassman dans son art qui, à ce sujet, semble indépassable. Ses mains pianotent, rebondissent quand il tourne, volent quand il s'assoit. Ses jambes bougent en réponse à son visage, lui même répondant au mouvement de ses yeux. Son dos lui permet d'aller et venir dans l'espace, laissant flotter souvent ses mains comme des planètes dont son cœur, en soleil, serait l'orbite central. Son talent est inestimable, et fait de lui un acteur sincèrement original.

David Hemmings

11. David Hemmings

Annotation :

*Blow-Up

Acteur ténu, discret dans son jeu, Hemmings reste pourtant l'un des grands représentants de la puissance trouvée dans l'habileté du jeu à l'anglaise. Il est regrettable de ne l'avoir jamais vu dans un film où il pourrait mettre en jeu tout son talent, par exemple dans le Napoléon de Kubrick où il était pressenti pour jouer le rôle de l'empereur même. Que ce soit dans Blow-up ou dans Profondo Rosso, Hemmings reste pourtant celui qui sait le mieux incarner ces personnages à la dérive pensant savoir ce qu'ils font. Il y a quelque chose du danseur en lui, plus que tout dans Blow-Up, et d'une grâce sautée, respirante, doublé d'un regard des plus obscurs que le cinéma ait pu connaître, créant une intensité de jeu assez unique.

Robert Mitchum

12. Robert Mitchum

Annotation :

*La Nuit du Chasseur

Mitchum est un acteur qui se réfugie parfois dans quelques habitudes faciles et des marques américaines de fabrique, mais il atteint parfois, quand il est utilisé dans les bons films, une puissance assez unique qui le révèle, assez étonnamment comme Timothy Carey, au rang des grands acteurs expressionnistes. Tout dans son visage est crispé et faux, hanté par une sorte de masque qui le dévore. Il lui faut alors toucher son visage pour se croire exister, lui le séducteur sans visage, l'acteur sans âme si touchant quand il fait face à sa fausseté et sa performativité physique profonde.

Jack Nicholson

13. Jack Nicholson

Annotation :

*Five Easy Pieces

Acteur, là aussi, expressionniste, Jack Nicholson a ce talent de savoir cacher, du moins dans sa jeunesse, sa surexpressivité de vivre via une sorte de pâleur de jeu et de monotonie harmonique de voix des plus perturbantes. Combinant ainsi le maniérisme de la voix, la diction et l'intonation murmurée, à une expressivité frappée des dieux dans les sourcils, Nicholson reste celui qui semble le plus foncièrement sadique dans son jeu, un véritable pervers par cette sorte d'harmonie dans le chaos de son jeu qui le rend extrêmement perturbant. Il est regrettable qu'il perde, au tournant des années 70' et 80', ce maniérisme, qui le rendait plus profond et subtil que ce qu'il fit dans les années postérieures.

Peter Falk

14. Peter Falk

Annotation :

*Husbands

Acteur de la justesse de la sensation, et sûrement le plus humain, le plus attachant des acteurs, Falk a cette vulnérabilité du corps, ce corps qui se tasse sur lui-même, ce corps qui a envie de jouer et aimerait jouer, mais doit pour cela se dépasser lui-même. Cette sorte de puissance inversée du jeu le rend extrêmement juste et fait que quand il est avec l'électrique Cassavetes et le narcotique Gazzara son talent éclaire celui de ses alliés, de même qu'il rayonne quand à lui avec ces derniers. Falk, c'est l'histoire ainsi d'un type qui cherchait à sortir de son corps mais qui, au fond, se rendait bien compte toujours que ce n'était que pour lui une occupation, un jeu, et qu'il préférait passer pour ridicule, car il savait que c'était ce qui lui permettait de cultiver l'intelligence des autres. C'est en ce sens que c'est l'histoire d'un mec qui assumait d'être humain et ne voulait rien de plus que vivre, car vivre, pour lui, c'était juste jouer.

Martin Sheen

15. Martin Sheen

Annotation :

*Apocalypse Now

Acteur torturé dans la voix, il semble que Martin Sheen soit passé huit fois dans un broyeur de temps et d'espace, confinant son corps à la torsion et sa voix aux dédales de la cigarette. Entre l'enfant, comme James Dean dont il est l'héritier en terme de jeu, et le monument de voix grave, son jeu est ainsi celui d'une sorte d'adolescent qui, un soir, se serait cru le roi du monde. Il est regrettable qu'il n'ait pas eu de plus grand rôle. On le verra très bon cependant dans La Ballade Sauvage en plus d'Apocalypse Now.

Marlon Brando

16. Marlon Brando

Annotation :

*On The Waterfront

Acteur mythique, Brando rayonne essentiellement dans son originalité, quand on l'étudie vraiment, pour cette voix si particulière, si unique, celle d'une sorte de fou tout droit sorti de l'asile, extrêmement séduisant, si enfantin et ténu, et pourtant si expressif. Son naturel la met en avant, mais ce qui ressort, toujours, c'est cette intonation, cette diction lâche, que ce qu'il a dans la bouche, dans le Parrain, permet d'exploiter. C'est cependant surtout dans les films de Kazan que Brando s'accomplit, pouvant exprimer toute la vie de son jeu, ces mouvements si digne du théâtre, presque surjoués parfois, doublés d'une voix dont la vérité extatique a rarement été retrouvée au cinéma.

Dennis Hopper

17. Dennis Hopper

Annotation :

*Apocalypse Now & Blue Velvet

Hopper, ou l'acteur le plus expressif de tout les temps, au sens le plus clair. Là où Timothy Carey et Jack Nicholson abaissaient leur jeu par des nuances, via certaines parties de leur corps, Hopper allaient si loin qu'on avait l'impression qu'il était sous tension avec des plaques sismiques en perpétuelle friction dans l'organisme. C'est ce qui provoque ces moments de jeu parfois si fous, si perturbants, et ce qui fait qu'il mérite largement sa place à ce niveau du classement. Si sa folie la plus perturbante reste celle dans Apocalypse Now, il est indéniable que c'est dans Blue Velvet qu'il explore le plus de nuances de jeu dans sa surexpressivité, ne serait-ce que parce qu'il n'a pas de lunettes de soleil dans ce film !

Casey Affleck

18. Casey Affleck

Annotation :

*Robert Ford

L'un des rares acteurs vivants vraiment grandiose. A chaque fois que Casey apparaît, un film s'élève. Avec la voix de Brando bien qu'ayant un jeu de corps bien plus moderne, beaucoup moins physiquement étudié, Casey arrive alors à créer quelque chose d'unique, comme si un esprit du passé était enfermé dans ce corps si faible, si beau, si touchant. C'est en ce sens que Casey est dans l'héritage de Dean, de Brando, et de Sheen, des acteurs dont la voix est le seul refuge pour se sentir physiquement vivre.

Steve McQueen

19. Steve McQueen

Annotation :

*Thomas Crown

Acteur simple, direct, brut, avec quelque chose d'innocent dans sa violence, dans la barbarie de son charisme parfait. L'avoir choisi dans Thomas Crown au lieu de Sean Connery est sûrement l'un des meilleurs choix de dernière minute qui ait été pris. C'est dans ce rôle que McQueen atteint son génie, bien mieux que ne l'aurait fait le James Bond trop parfait, McQueen faisant alors rayonner son rire de sadique dans ce corps si parfait et ce regard si contrôlé, que jamais aucun acteur n'a su vraiment reproduire.
Pour vous donnez la recette : regardez quelqu'un dans les yeux, clignez des yeux, et maintenant que vous rouvrez les yeux vos yeux doivent regarder les pieds de la personne, puis vous relevez soudain les yeux vers elle. Succès assuré en attendant un ascenseur avec une femme qui acceptera de jouer Faye Dunaway.

Jean-Louis Trintignant

20. Jean-Louis Trintignant

Annotation :

*Le Conformiste & Ma Nuit chez Maud

Acteur sensible et pourtant froid, Trintignant touche car dans sa voix on peut sentir qu'il veut être humain, se sentir humain, comme les autres, et que pourtant toujours un contrôle reste, une gravité dans les graves qui l'isole et le rend seul, unique dans une pièce, alors que tout en lui paraît si simple, si commun. Il est ainsi indéniable que le Conformiste est le rôle de sa carrière, mais il est regrettable que ce soit Bertolucci qui l'ait fait (et ce malgré le travail immense de Storaro à la photo). Réalisé par Antonioni, le Conformiste avec Trintignant aurait été une oeuvre immense, un chef d'oeuvre qui aurait hanté l'histoire du cinéma, un monde où Trintignant, enfin, aurait été reconnu pour son génie qui fait de lui, au fond, le plus grand des acteurs français.

Benoît Magimel

21. Benoît Magimel

Annotation :

*Pacifiction

Plus grand acteur français vivant, Magimel s'inscrit dans la lignée de Brando, Sheen, et les autres, et est tout particulièrement proche de Sheen. On pourrait même se demander si il n'aurait pas mieux fait dans Apocalypse Now que Sheen, c'est dire son talent, et le voir se confronter à Brando eut été unique.
Ce qui le distingue tout particulièrement, c'est cette nonchalance qui le rapproche de Franco Citti, doublée à une authenticité de distanciation transréaliste littérale qui rappelle le plus grand Gazzara, et fait de lui quelqu'un qui a un talent qui peut aller encore plus loin que ce qu'on a vu jusqu'à aujourd'hui.

Colin Farrell

22. Colin Farrell

Annotation :

*After Yang

Seul vrai successeur de James Dean, Colin Farrell sait ce qu'est l'expressivité surjouée dans le physique, sans atteindre le sur-jeu, mais simplement pour toucher une corde qui échappe au public d'aujourd'hui. L'un des rares acteurs qui, de nos jours, sait encore les capacités du sourcil, d'un regard fuyant, et d'un tremblement de lèvres. C'est en ce sens que, en digne héritier de Dean, Farrell est aussi le seul acteur qui, quand il touche le corps d'une autre actrice, semble vraiment souffrir et vouloir l'aimer.

Kyle MacLachlan

23. Kyle MacLachlan

Annotation :

*Lost Highway

Acteur assez insaisissable pour avoir ici sa place, MacLachlan quand il joue paraît jouer "autre part" et ne pas vraiment se rendre compte qu'il joue, ce qui est extrêmement perturbant et fait toute l'originalité de son talent, entre le faux-jeu et le non-jeu. Bien évidemment, mis en avant par Lynch, ce trait n'en est que plus subtil et profond.

Michael Madsen

24. Michael Madsen

Annotation :

*Reservoir Dogs

Il est regrettable que Madsen n'ait jamais eu de vrai grand rôle. Madsen est pourtant, là encore, dans l'héritage de la lignée de Brando, Sheen, et Casey Affleck, par son jeu de voix, ainsi que de James Dean par son travail sur le sourcils et la torsion du dos.

Laurent Terzieff

25. Laurent Terzieff

Annotation :

*Le Désert des Tartares

Acteur français maniériste extrêmement rare, Terzieff est pourtant assez unique pour avoir ici sa place. Cette voix large, cette bouche à la diction si parfaite, fait de lui un véritable talent, et son regard fantômatique, si ouvert au mystère et à l'attente d'une puissance supérieure, lui donne quelque chose de plus grand qu'il aurait pu atteindre si un grand rôle lui avait été donné. Cavalier fantôme, il aurait été grandiose de subtilité en conjuguant son jeu dans un film avec Peter O'Toole. On les imagine alors traverser un désert de neige il y a mille ans, Terzieff en Horatio, O'Toole en Hamlet.

Louis Jouvet

26. Louis Jouvet

Annotation :

*La Fin du Jour

Jouvet, l'acteur qui est allé le plus loin dans le maniérisme, est un honneur pour la France. Grand théoricien, grand homme de théâtre, on regrette qu'il n'ait pas eu l'occasion d'approfondir son jeu. Fou dans la Fin du Jour, on aurait aimé le voir dans le développement du cinéma les années suivant sa mort. Si Jouvet avait vécu 1000 ans, il aurait toujours eu à prouver quelque chose. Il y a quelque chose dans son jeu de fondamentalement étrange, de passionnant, de complètement faux, de spectaculairement fantaisiste et humain, lui qui composait chacun des tics de ses personnages au millimètre.

Marcello Mastroianni

27. Marcello Mastroianni

Annotation :

*La Nuit

Maniériste discret, Mastroianni reste l'homme à la voix posé, celui qui, quand il marche, semble tenu par un fil et se déplacer comme un fantôme d'Antonioni pourtant langoureusement fellinien quand il veut, à travers l'espace et le temps du cinéma.

Orson Welles

28. Orson Welles

Acteur, producteur, réalisateur et scénariste

Annotation :

*Le Troisième Homme

Cette voix, cette diction bien combinée au visage, font que Orson Welles a ici indéniablement sa place.

Matt Dillon

29. Matt Dillon

Annotation :

*Asteroid City

Grand acteur qui se brandoise au fil des années alors qu'il était bien plus proche de Dean dans sa jeunesse, ce qui est une trajectoire assez unique pour être soulignée et exploitée dans un film qui le mettrait vraiment en avant. Sa performance dans Asteroid City, très courte, met en avant son talent actuel et l'exploite dans un rôle justement entre James Dean et Marlon Brando. On regrette qu'il ne prenne pas 50% de plus dans la part du jeu d'acteur du film.

Austin Butler

30. Austin Butler

Annotation :

*Elvis

Grand acteur qui doit faire attention à ne pas tourner en Brad Pitt et à se complaire dans l'érotisation de certains mouvements physiques, qu'il sait très bien manier par ailleurs. L'avantage par rapport à Brad Pitt est qu'il semble vraiment travailler sa voix ainsi que le rapport à la dissociation de lui-même, par delà la simple identification au personnage.

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