Cover Alain Cavalier - Commentaires

Alain Cavalier - Commentaires

Évolution singulière que celle qui caractérise l’œuvre d’Alain Cavalier. Le classicisme de la forme, au service d’une certaine modernité des sentiments, s’est de plus en plus dépouillée avec le temps, jusqu’à atteindre les rivages d’une démarche austère, introspective, proche de l’expérimentation. La ...

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11 films

créee il y a plus de 9 ans · modifiée il y a presque 5 ans

Le Combat dans l'île
6.5

Le Combat dans l'île (1962)

1 h 44 min. Sortie : 7 septembre 1962. Drame, Thriller

Film de Alain Cavalier

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

L’ambition totalitaire creuse le vide dans l’individu dont elle s’empare, et s’il échoue, il tombe en morceaux. Tel pourrait être l’enseignement de ce film qui, en évitant le piège de la dissertation abstraite, décrit la désagrégation d’un homme incapable de choisir entre l’amour et ce qu’il croit être la révolution. Il ne s’agit évidemment pas d’une apologie du terrorisme mais d’une réflexion sur le refus d’être adulte, en prise avec le contexte politique de l’époque (la guerre d’Algérie, l’O.A.S., le gauchisme), et qui affirme un désir de comprendre et d’expliquer sans pour autant excuser ni subir. Entre Trintignant, image odieuse et pathétique du parasitisme brutal, et Henri Serre, qui lutte pour son îlot de verdure avec son cœur et son cerveau, la présence rayonnante de Romy Schneider éclaire le débat.

L'Insoumis
7.1

L'Insoumis (1964)

1 h 40 min. Sortie : 25 septembre 1964. Drame, Thriller

Film de Alain Cavalier

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

L’insoumis, c’est Thomas, un légionnaire luxembourgeois qui s’est engagé en Algérie pour fuir son foyer brisé, sa fille, sa mère qu’il adore et qu’il a battue, et qui déserte après le putsch pour suivre son lieutenant au service des factieux. Las de cette vie de combattant mercenaire et de l’imbroglio des luttes auxquelles il se trouve mêlé sans qu’elles ne le concernant en rien, il se retrouve à fuir avec une avocate le long d’une route sur laquelle ils réapprendront ce qu’aimer, vivre et mourir signifient. Assimilateur de certaines traditions d’outre-Atlantique (le sens de l’ellipse, la grande loi consistant à décrire des actes et non des états d’âme), Cavalier communique à travers cette équipée sèche et sans effusion mélodramatique un sentiment de maîtrise tout à la fois réfléchie et capable d’enthousiasme.

La Chamade
6.2

La Chamade (1968)

1 h 45 min. Sortie : 30 octobre 1968. Romance

Film de Alain Cavalier

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Cette adaptation de l’ouvrage éponyme de Sagan est, comme on dit, un film joliment fait. Couleurs, décors, toilettes y sont de bon goût, Deneuve plus épanouie et rayonnante que jamais, Piccoli parfait de distinction nuancée, la mise en scène sobre et discrète au point de passer inaperçue. Il fait penser à ces articles si fragilement, si inutilement parisiens que, séduit par les apparences, les contours, on oublie un moment le vide qu’ils dissimulent. Vide d’un petit univers clos, frelaté, où l’on ne vit que de décorum et de futilités, vide de personnages riches et oisifs, petits bourgeois cultivés (ils ont le temps et l’argent pour cela), capricieux, égoïstes, lâches. Malgré la relative ambiguïté que Cavalier lui insuffle, difficile de s’esbaudir devant les archétypes et le traitement convenu de ce roman-photo policé.

Le Plein de super
7.2

Le Plein de super (1976)

1 h 37 min. Sortie : 7 avril 1976. Comédie dramatique

Film de Alain Cavalier

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Une équipée automobile de Lille à Aix-en-Provence. Dans l’habitacle, deux parisiens et deux provinciaux, réunis par hasard comme les quatre doigts de la main. Ils veulent régler leurs comptes, se mettre entre parenthèses, refusent une vie sans signification et ont pour seuls bagages des souvenirs enfouis dans leur for intérieur. Alors que la course entraîne vers le soleil, des choses se perdent, d’autres se gagnent, le voyage d’affaires glisse lentement vers la détente, l’agrément, la libération. Chaque évasion de la voiture-vedette dévoile ces défaillances, cette exaspération du désir de vivre, de respirer et de rire, cet idéal d’amitié fraternelle à travers laquelle se lisent l’angoisse, le doute, le paralysie d’une époque. Une œuvre drôle, chaleureuse, singulière, servie par quatre acteurs remarquables.

Martin et Léa
7

Martin et Léa (1979)

1 h 30 min. Sortie : 31 janvier 1979 (France). Drame, Romance

Film de Alain Cavalier

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Ils se sont rencontrés presque par hasard, ont passé une nuit ensemble, et au petit matin replongent dans leur routine quotidienne. Il est manutentionnaire le jour pour pouvoir s’offrir des leçons de chant le soir. Elle est pourvoyeuse en passes juvéniles au profit d’un homme qui l’entretient et lui assure un confort luxueux. Mais dès lors qu’ils se sont trouvés, ce sera pour Martin et Léa l’apprentissage d’une nouvelle cohérence, d’une nouvelle exigence, celle du couple. Le fameux intimisme, alibi de tant de films français, est ici atteint au plus près des gestes et des corps, par la liberté d’une expression grave, rieuse, méditative, qui ne s’autocensure jamais et qui, en s’exerçant à comprendre le mécanisme de l’amour, en le confrontant au pouvoir de l’argent, renoue joliment avec la tradition du conte moral.

Un étrange voyage
7

Un étrange voyage (1981)

1 h 39 min. Sortie : 4 février 1981. Drame

Film de Alain Cavalier

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Un film simple et doux, lumineux et transparent, marqué d’une sensibilité particulière qu’on serait bien en peine de trouver ailleurs que dans le cinéma français. Cet étrange voyage aux allures d’escapade, au goût d’école buissonnière, est celui dans lequel se lancent un père et sa fille le long de la voie ferrée Paris-Troyes, pour retrouver leur mère et grand-mère disparue. En arpentant le ballast, en retournant chaque fourré, ils prennent le temps de s’écouter, de se parler, de se regarder, avec parfois un sentiment d’à-quoi bon sur lequel la tendresse finit toujours par l’emporter. Tout de délicate complicité, Jean Rochefort et Camille de Casabianca transmettent avec superbe cet art de l’impalpable, préservé des ornières du pointillisme psychologique, qui pousse le réalisateur à habiter ses propres images.

Thérèse
7.3

Thérèse (1986)

1 h 34 min. Sortie : 24 septembre 1986. Drame, Historique, Biopic

Film de Alain Cavalier

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Ce n’est pas la sainte que le cinéaste, athée convaincu, cherche à cerner dans ce portrait de la carmélite de Lisieux. Affranchie des roses saint-sulpiciennes, sa Thérèse accomplit les tâches les plus concrètes : lessive, cuisine, couture, assistance aux plus âgées. Elles et ses sœurs ne sont pas de purs esprits exultant sous l’habit conventuel mais des créatures de chair et de sang à la recherche d’elles-mêmes, dont le quotidien est restitué par le minimalisme d’un art maniériste, un dépouillement radical du décor, une nudité janséniste que traduit un cyclo gris perle analogue au fond des toiles de Manet. Ainsi Cavalier tente-t-il, en fixant la densité des visages et des objets, de nouer un contact direct avec ce qu’il peut y avoir de plus mystérieux dans l’extase ou la soumission mystique aux yeux du profane.

Libera Me
6.8

Libera Me (1993)

1 h 20 min. Sortie : 17 novembre 1993 (France). Drame, Expérimental

Film de Alain Cavalier

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Suite logique de la démarche entamée avec "Thérèse", ce film muet s’offre comme une succession de tableaux humains ou objectaux sur des fonds monochromes et rend leur règne aux bruits, aux visages et aux corps. Il cherche à capter l’essentiel d’un regard, le fondamental d’un geste, le constitutif d’une situation. Parabole éprouvante sur l’oppression (des tortionnaires, militaires ou miliciens exécutant leur besogne) et la résistance (des victimes, armée des ombres organisant trafic d’armes et faux papiers), qui emprunte à la syntaxe bressonnienne son épure figurative, il laisse le spectateur face à une accumulation de signes visuels et sonores décantés, le force à relier chaque image à celles qui la précède et lui succède afin d’établir lui-même la continuité scénaristique. Une expérience originale et stimulante.

Irène
7.6

Irène (2009)

1 h 23 min. Sortie : 28 octobre 2009 (France). Drame

Documentaire de Alain Cavalier

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

En faisant glisser légèrement le point de vue de lui-même à Irène, une femme aimée décédée en 1972, le réalisateur revient sur un drame passionnel qui donne à son projet une singulière approche du monde. Avec ce cinéma de peu, fondé sur des objets révélateurs des traces de nos existences, il cherche manifestement à transfigurer une histoire personnelle, douloureusement éphémère et culpabilisante, en une histoire universelle. Le matériau est très composite, l’élégie bute sur un mystère récalcitrant, l’épitaphe de cette femme-titre et de ses sombres accès de dépression s’esquisse à coups pierres, de figures, de fruits… et le spectateur malheureux que je suis est bien en peine de s’accrocher à l’aspect très évasif et opaque de cette espèce de rébus intime. L’indifférence à peu près totale.

Pater
6.8

Pater (2011)

1 h 45 min. Sortie : 22 juin 2011. Drame

Film de Alain Cavalier

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

De toute évidence Cavalier laisse ici libre cours à son tempérament joueur et aborde le cinéma politique sous un angle des plus malicieux. Mobilisant des moyens très sommaires (une caméra, quelques décors naturels, deux-trois copains), lui et Vincent Lindon singent le pouvoir et démontrent que ce dernier n’est au fond qu’une comédie comme une autre. C’est donc un film tout à fait ludique qui, fort candidement, se met régulièrement en abyme, alterne fiction et réalité par un habile dispositif de montage, jongle avec l’imagination de ses participants et celle du spectateur et s’amuse à disserter sur les sens octroyés au mot père et à la notion de vérité. S’il n’est pas aussi goûteux que les crus dégustés par nos deux tartuffes, le résultat demeure suffisamment original et stimulant pour garantir l’intérêt.

Le Paradis
6.2

Le Paradis (2014)

1 h 10 min. Sortie : 8 octobre 2014. Expérimental, Essai

Documentaire de Alain Cavalier

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Le dernier bricolage mi-expérimental mi-espiègle d’Alain Cavalier fait bien de ne pas durer plus de soixante-dix minutes : au-delà, la curiosité clémente aurait eu vite fait de se transformer en ennui poli. Si un certain talent est sans doute nécessaire pour parvenir à relier sans trop de dégâts ces agrégats d’images disparates, ces associations de jouets et de faux poèmes, ces plans de nature banals ou de bibelots sans valeur, ces confessions et récits mythologiques murmurés d’une voix chevrotante, il faut bien convenir que l’ensemble donne, comme "Irène", une étrange impression d’inachèvement en mode aléatoire. Mais c’est sans doute précisément le but recherché par le ciné-vidéaste, qui s’amuse à relire un quotidien minuscule à l’aune du conte et de la fable. Curieux objet.

Thaddeus

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