Apichatpong Weerasethakul — L'esprit de la Jungle

Voilà 3 ou 4 ans que l'ami thaïlandais a une sacrée côte en France. Je l'avoue, et c'est une confession dont certains auraient honte mais allons-y, que j'ai découvert Apich' avec le classement des films des années 2000 des Inrockuptibles. Alors inconnu au bataillon, je m'empressai de découvrir ce ...

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5 films

créée il y a environ 12 ans · modifiée il y a environ 12 ans

7.5

Blissfully Yours (2002)

Sud sanaeha

2 h 05 min. Sortie : 9 octobre 2002 (France). Drame, Romance

Film de Apichatpong Weerasethakul

Heisenberg a mis 9/10.

Annotation :

Première immersion, choc immédiat. Plus que le mythe du retour à la nature, Apich interroge la possibilité d'un retour à la pureté originelle. L'accent biblique que perçoit notre socialisation occidentale peut-être une piste de lecture, mais le film n'admet guère une limitation spirituelle figée.

7.8

Syndromes and a Century (2006)

Săeng sàdtàwát

1 h 45 min. Sortie : 13 juin 2007 (France). Drame

Film de Apichatpong Weerasethakul

Heisenberg a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Son film le plus apprécié, il semblerait, et c'est compréhensible. Déconstruction du récit qui quitte la sphère du storytelling pour ne plus s'accrocher qu'à des songes, issus d'une mémoire imparfaite (pléonasme). Bouleversement dans la manière d'approcher le cinéma, on y invoque Marker ("Franchement, a-t-on jamais rien inventé de plus bête que de dire aux gens, comme on l’enseigne dans les écoles de cinéma, de ne pas regarder la caméra ?") mais on va beaucoup plus loin, du genre: "A-t-on rien inventé de plus bête que de dire aux acteurs de ne pas parler de la caméra qui les filme".

Le cinéaste détruit sa transparence, implique le processus de la création dans le résultat de la création.

6.6

Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (2010)

Lung Bunmee ráléuk châat

1 h 54 min. Sortie : 1 septembre 2010 (France). Drame, Fantastique

Film de Apichatpong Weerasethakul

Heisenberg a mis 9/10.

Annotation :

Le film d'aventure d'Apich', et ouais. Plus travaillé, professionnel (des plans avec une recherche esthétique plus évidente qu'avant), plus bavard aussi (mais bon, d'habitude y'a trois lignes de dialogues, alors...), la Palme d'Or 2010 ne s'éloigne pour autant pas des thèmes de prédilection du réalisateur, seulement se permet plus de liberté dans leur expression. Je peux comprendre les réticences, elles sont nombreuses, mais c'est pour moi une réussite incontestable qui ne s'inscrit absolument pas en faux dans la filmographie animiste de Weerasethakul mais lui donne un nouveau tournant: plus de risques, plus de moyens (il me semble), on est dans une mise en abyme de tout ce qu'interroge le cinéaste: la technologie comme fin de l'humanité (scène de la télévision) ou comme perpétuation d'une espèce (médecine) qui devra savoir s'en détacher au moment voulu (retour dans la grotte).