Tchernobylskaïa Molitva
Sortie : 1997.
Récit.
Livre
de Svetlana Alexievitch
267 pages
Février
Dès le prologue, la violence est là. L'inconcevable. Une page m'a fait reculer (ce qui ne m'était pas arrivé face à un livre depuis "La vraie vie"), les descriptions à la limite de l'insoutenable...
Et puis ça se calme (heureusement, sinon je n'en serais jamais venu à bout, et encore, j'y suis allée progressivement).
Viennent ensuite d'autres témoignages, pêle-mêle, de toute sortes (des liquidateurs, des habitants, des gens qui sont partis, des gens qui sont restés, des gens qui sont venus car ils fuyaient la guerre ailleurs, des couples déchirés, des couples qui se forment, des enfants à naître, des enfants déjà nés que la maladie dévore, ...). C'est ce qui fait la force de cet ouvrage, indéniablement, le côté "brut", des témoignages livrés sans fard, pour un événement où tant de choses ont été passées sous silence. Ici tout est dit, enfin.
C'est peut-être aussi sa faiblesse, parfois le manque de "liant" (c'est sans doute stupide de dire ça quand un événement aussi énorme lie tous ces témoignages indéniablement) se fait sentir. Peut-être est-ce la "faute" aux sous-titres, pas forcément nécessaire. Je ne saurais dire.
Et puis là au milieu, de nouveau, la dureté, avec cet enfant sans orifices.
Et puis tout du long, l'impression que tout ça n'est pas réel, on croirait presque lire de la science-fiction.
Il y a des moments légers, des passages où on rirait presque (cette dame qui vend son lait en disant que sa vache ne va jamais dehors, qu'elle lui amène elle-même de l'herbe venant de l'extérieur). Tout du long on se demande comment c'est possible, comment ça a pu exister, comment même dans des moments comme ça, sauver les apparences a pris le pas sur la raison, et le déni, et les politiques qui cachent les informations, ...
Ce livre est assurément incroyable à lire et ne laisse pas indemne.