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Compilation non exhaustive de citations issues de mes lectures.
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25 livres

créee il y a plus de 5 ans · modifiée il y a plus de 3 ans

Hérétiques
7.7

Hérétiques (1905)

Sortie : 1930 (France). Essai, Articles & chroniques

livre de G. K. Chesterton

-COMPTESUPPRIME- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« La seule simplicité qui compte, c’est celle du cœur. A cet égard et à bien d’autres, l’enfant est le meilleur guide. Jamais n’est-il aussi légitimement enfantin, jamais ne montre-t-il plus exactement la juste nature de la simplicité que par sa façon de regarder toutes choses avec un plaisir simple, jusqu’aux plus complexes. Le faux naturel nous rebat toujours les oreilles de la distinction entre le naturel et l’artificiel. Le naturel le plus élevé ignore cette distinction. Pour l’enfant, l’arbre et le réverbère sont aussi naturels et aussi artificiels l’un que l’autre, ou plutôt aucun d’eux n’est naturel, mais tous deux surnaturels. Car tous deux sont splendides et inexpliqués. La fleur avec laquelle Dieu couronne l’un et la flamme dont Sam, l’allumeur de réverbères, couronne l’autre sont pareillement faites de l’or des contes de fées. Dans les plus sauvages contrées, l’enfant le plus rustique joue, neuf fois sur dix, à la locomotive à vapeur. Et la seule objection spirituelle ou philosophique qu’on puisse faire aux locomotives n’est pas que les hommes paient pour les posséder ou s’en servir, ou qu’ils leur donnent une vilaine apparence, ou même qu’ils sont tués par elles, mais simplement qu’ils ne jouent pas avec elles. Le mal, c’est que la poésie enfantine de la mécanique ne dure pas. Le problème, ce n’est pas que les locomotives soient trop admirées, c’est qu’elles ne le sont pas assez. Le péché, ce n’est pas que les locomotives soient mécaniques, mais que les hommes sont mécaniques. »

Contes et récits fantastiques
7.7

Contes et récits fantastiques (1850)

Sortie : 1850 (France). Recueil de contes

livre de Théophile Gautier

-COMPTESUPPRIME- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"N’avez-vous pas vous-même été envahi par un sentiment de mélancolie inexprimable dans une galerie d’anciens maîtres, en songeant aux beautés disparues représentées par leurs tableaux ? Ne voudrait-on pas donner la vie à toutes ces figures pâles et silencieuses qui semblent rêver tristement sur l’outremer verdi ou le noir charbonné qui leur sert de fond ? Ces yeux, dont l’étincelle scintille plus vivement sous le voile de la vétusté, ont été copiés sur ceux d’une jeune princesse ou d’une belle courtisane dont il ne reste plus rien, pas même un seul grain de cendre ; ces bouches, entr’ouvertes par des sourires peints, rappellent de véritables sourires à jamais envolés. Quel dommage, en effet, que les femmes de Raphaël, de Corrége et de Titien ne soient que des ombres impalpables ! et pourquoi leurs modèle n’ont-ils pas reçu comme leurs peintures le privilège de l’immortalité ? – Le sérail du plus voluptueux sultan serait peu de chose à côté de celui que l’on pourrait composer avec les odalisques de la peinture, et il est vraiment dommage que tant de beauté soit perdue."

"Ah ! Tiburce, Tiburce, qui voulez enfermer dans vos bras un idéal réel, et baiser votre chimère à la bouche, prenez garde, les chimères, malgré leur gorge ronde, leurs ailes de cygne et leur sourire scintillant, ont les dents aiguës et les griffes tranchantes. Les méchantes pomperont le pur sang de votre coeur et vous laisseront plus sec et plus creux qu’une éponge ; n’ayez pas de ces ambitions effrénées, ne cherchez pas à faire descendre les marbres de leur piédestaux, et n’adressez pas des supplications à des toiles muettes : tous vos peintres et vos poètes étaient malades du même mal que vous ; ils ont voulu faire une création à part dans la création de Dieu. — Avec le marbre, avec la couleur, avec le rythme, ils ont traduit et fixé leur rêve de beauté : leurs ouvrages ne sont pas les portraits des maîtresses qu’ils avaient, mais de celles qu’ils auraient voulu avoir, et c’est en vain que vous chercheriez leurs modèles sur la terre. Allez acheter un autre bouquet pour Gretchen qui est une belle et douce fille ; laissez là les morts et les fantômes, et tâchez de vivre avec les gens de ce monde."

L'homme éternel
8.5

L'homme éternel (1925)

The Everlasting Man

Sortie : 1925. Roman, Essai

livre de G. K. Chesterton

-COMPTESUPPRIME- a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« … il y aura toujours des esprits curieux, avides de concevoir, pour demander davantage et pour vouloir absolument à l’homme une extraction qui n’en fasse point un monstre. A ceux là je dirai : voulez vous vraiment une explication réaliste, qui rende à l’être humain le cadre originel sans lequel il est un scandale pour votre raison, voulez vous assister à une "évolution" qui concorde avec la réalité de sa nature physique et morale, voulez vous le contempler enfin dans l’âpre lucidité de son jour véritable ? Adressez vous ailleurs ; remontez le cours des mémoires simples et formidables et allez réveiller les rêves endormis ; car il faut évoquer de bien autres causes pour trouver à l’homme une causalité, et invoquer une autre autorité pour lui donner une figure raisonnable, ou seulement plausible. Au terme de la route, par delà tout un monde oublié, redoutable et familier, nous attendent des visages resplendissants et la flamme terrible d’une immortelle épée. Acceptons l’homme comme un fait, s’il nous suffit d’un fait inexplicable ; acceptons-le comme animal, s’il nous convient de vivre au milieu d’animaux fabuleux. Mais s’il nous faut une logique, une séquence et une nécessité, c’est alors que nous aurons besoin du prodigieux prélude d’un crescendo de miracles déchaînés, pour qu’engendré au milieu de tonnerres infinis, ébranlant jusqu’au septième ciel l’ordre surnaturel, l’homme paraisse enfin une créature ordinaire. »

Night Ocean et autres nouvelles
7.4

Night Ocean et autres nouvelles (1986)

Sortie : octobre 1986. Recueil de nouvelles

livre de H.P. Lovecraft

-COMPTESUPPRIME- a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"L'océan est vaste et solitaire, et, de même que toutes choses en proviennent, elles y retourneront. Dans les lointaines profondeurs du temps, plus personne ne régnera sur la Terre, et il n'y aura plus aucun mouvement, sauf dans les eaux éternelles. Elles viendront battre les rivages sombres de leur écume assourdissante, bien qu'en ce monde mourant plus personne ne puisse voir la froide lumière d'un soleil affaibli jouer sur les marées tourbillonnantes et le sable grossier. Il ne subsistera, à la limite des profondeurs, qu'une écume stagnante, où se rassembleront les coquilles et les os des êtres disparus qui vivaient au fond des eaux. Des objets silencieux et mous, privés d'une vie paresseuse, seront ballottés le long des rivages vides. Puis tout sera noir, car pour finir même la lune sur les vagues lointaines disparaîtra. Il ne restera rien en dessus comme au dessous des eaux sombres. Et, jusqu'à la fin des temps, au delà de la mort de tous les êtres, la mer continuera de battre à travers la sinistre nuit."

Cinq défenseurs de la foi et de la raison

Cinq défenseurs de la foi et de la raison (2018)

Sortie : 2018 (France). Essai

livre de Richard Bastien

-COMPTESUPPRIME- a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Il n’existe pas de gens ordinaires ; vous ne vous adressez jamais à un simple mortel. Les nations, les cultures, les arts, les civilisations sont éphémères – et comparée à la nôtre, leur vie est comme celle d’un moucheron. Mais ce sont des immortels avec qui nous plaisantons et nous nous marions, que nous rabrouons et exploitons – d’immortelles horreurs ou d’éternelles splendeurs. Après le Saint Sacrement, votre prochain est le plus sacré que vos sens puissent percevoir. S’il est chrétien, il a atteint presque la même sainteté, puisqu’en lui le Christ "vere latitat" – le glorificateur et le glorifié, la gloire en personne – demeure véritablement. »

« L’Incarnation apporte une nouvelle raison de considérer les sens et les sensations du corps humain avec une révérence qui eût étonné Aristote, et qu’aucun Ancien n’aurait commencé d’admettre. C’est que le corps n’est plus cette chose morte que nous ont abandonné Platon, Porphyre et les mystiques d’autrefois. L’âme depuis a perdu le droit de mépriser les sens qui ont été les instruments du surnaturel. Platon peut mépriser le corps; mais Dieu ne l’a pas méprisé. Les sens ont été réellement sanctifiés, bénis comme lors d’un baptême catholique. Du moment où l’Incarnation était devenue le point central de notre civilisation, un retour au matérialisme s’imposait; c’est-à-dire une sérieuse réévaluation de la dignité de la matière et du corps. Dès lors que le Christ s’était levé, il était inévitable qu’Aristote se levât à son tour. »

« La conscience est une loi de notre esprit et qui est douée d’une spontanéité qui la distingue du reste de la nature. Elle est la messagère de Celui qui, dans le monde de la nature comme dans celui de la grâce, nous instruite et nous gouverne, par ses représentants. La conscience est le premier de tous les vicaires du Christ. Elle est le prophète qui nous révèle la vérité, le roi qui nous impose ses ordres, le prêtre qui nous anathématise et nous bénit. Même si le sacerdoce éternel de l’Eglise venait à disparaitre, le principe sacerdotal survivrait à cette ruine et se poursuivrait, incarné dans la conscience. »

Lettre d'une inconnue
8.1

Lettre d'une inconnue (1922)

(traduction Alzir Hella)

Brief einer Unbekannten

Sortie : 1927 (France). Nouvelle

livre de Stefan Zweig

-COMPTESUPPRIME- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Rien sur terre n'égale l'amour inaperçu d'une enfant depuis l'ombre, parce qu'il est sans espoir, empressé, humble, vigilant et passionné comme ne le sera jamais l'amour d'une femme faite, lequel désire, mais inconsciemment exige aussi. Seuls les enfant solitaires peuvent garder intacte toute leur passion : les autres l'éparpillent en bavardages, l'usent en confidences, ils en ont déjà beaucoup entendu et lu sur l'amour, il savent que c'est un destin commun. Ils s'en amusent comme d'un jouet, l'étalent avec autant d'ostentation qu'un garçon fumant sa première cigarette. Mais moi qui n'avais personne à qui me confier, je n'avais pas été instruite ni mise en garde, j'étais naïve et sans expérience : je me jetai dans mon destin comme dans un abîme."

La Belle Mort de l'athéisme moderne
5.2

La Belle Mort de l'athéisme moderne

Sortie : 2012 (France). Essai, Culture & société

livre de Philippe Nemo

-COMPTESUPPRIME- a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« L’art nous nous met en présence d’une beauté sans-pourquoi, et en ce sens détachée, absolue. En effet, chaque chef-d’œuvre de l’art créé un monde à part, sorti on ne sait d’où, qui ne se réduit pas à des mondes déjà existants selon quelque continuité assignable, et qui dévoile à l’esprit des essences auxquelles il ne pouvait atteindre par l’expérience ordinaire. En révélant ainsi des facettes inconnues et imprévisibles de l’être, il apprend à l’homme qu’il n’est pas enfermé dans le monde prosaïque des moyens et des fins, mais que d’autres mondes sont possibles, que le monde ne repose pas sur un socle de nécessité, mais sur un abîme d’où, à tout instant, peut surgir le Nouveau. Il nous apprend donc la liberté ontologique fondamentale de l’être humain qui le distingue radicalement de toutes les autres choses du monde. […] Si une œuvre d’art créé réellement un monde, elle prouve par là même qu’un autre monde est possible. Donc, elle frappe de contingence le monde existant. »

Tactique du diable
8.4

Tactique du diable

Lettres d'un vétéran de la tentation à un novice

The Screwtape Letters

Sortie : 1942 (France). Roman

livre de C. S. Lewis

-COMPTESUPPRIME- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Seuls les érudits lisent les vieux livres, mais nous avons fait le nécessaire pour que, de tous les hommes, ceux-là risquent le moins d'acquérir de la sagesse en les lisant. Nous sommes arrivés à ce résultat en leur inculquant la méthode historique. En deux mots, cela veut dire que lorsque l'un de ces savants se trouve devant un texte quelconque d'un auteur ancien, il cherche à savoir tout sauf si ce qu'il dit est vrai. Il se demande qui a pu influencer l'auteur, dans quelle mesure ce texte s'accorde avec ce qu'il a écrit dans ses autres ouvrages, quelle partie du développement de la pensée de l'auteur - et de la pensée humaine en général - il illustre, quel effet il a eu sur des auteurs plus récents, à quel point il a été mal compris (surtout par ses propres confrères), quelle était l'orientation générale de la critique pendant les dix dernières années et quel est "l'état actuel de la question". La pensée que l'auteur ancien aurait quelque chose à lui apprendre ou que ses écrits pourraient éventuellement modifier sa façon de penser et d'agir - l'érudit la qualifierait de puérile et de simpliste. Comme nous ne pouvons pas séduire tout le temps la race humaine tout entière, il est très important de couper ainsi les ponts d'une génération à l'autre. Car là où la culture a établi des liens entre les hommes de différents siècles, il y a un danger que les erreurs caractéristiques d'une époque soient corrigées par les vérités caractéristiques de l'autre. Mais grâce à notre Père et à la méthode historique, les grands savants se nourrissent aussi peu du passé que le plus ignorant des mécaniciens qui considère que "l'histoire, c'est de la blague". »

Itinéraire de l'égarement
7.3

Itinéraire de l'égarement

Du rôle de la science dans l'absurdité contemporaine

Sortie : 13 septembre 2003 (France). Essai

livre de Olivier Rey

-COMPTESUPPRIME- a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« "L’époque de la psychologie" n’aurait été, chez les hommes, que transitoire. Pour autant qu’on puisse en croire Homère, les hommes de la Grèce archaïque n’avaient pas à proprement parler de "psychologie", ils agissaient en tant qu’hôtes temporaires d’idées et de passions envoyées par les Dieux. Au moins était-ce le cas dans les occasions décisives. […] Cette façon d’éprouver les comportements humains, devenue si étrangère aux consciences modernes, il se pourrait que ces mêmes consciences la retrouvent sous l’influence des progrès scientifiques, et plus particulièrement de la neurobiologie. Le monde problématique inauguré par les philosophes grecs, dans leur affranchissement du mythe, serait refermé par la science. On reviendrait au monde pré-historique – mais purgé de son mystère. […] Au lieu d’être visités par Zeus ou Athéna, nous serions la proie des hormones et des neurotransmetteurs, au lieu de faire des sacrifices aux dieux nous avalerions des comprimés. Certains vont jusqu’à prétendre que la conscience, au moins sous la forme que nous lui connaissons, est un phénomène récent, presque historique, dont l’existence pourrait s’avérer provisoire. Réduite par la science, la conscience subjective n’aurait caractérisé qu’une ère transitoire d’individuation culminante. Non en vertu d’un retour en arrière mais par l’avènement d’un monde où cette conscience subjective se serait dissoute et dans lequel on ne rencontrerait plus que des phénomènes anonymes, réglés par des propositions universellement et éternellement valables. […]
L’esprit a fait son temps. Il est mis au rancart. C’en est terminé de lui et d’autres balivernes qui ont si longtemps désolé l’humanité, enfin l’homme se trouve entièrement résorbé dans l’agitation particulaire universelle. »

Le Moine
7.7

Le Moine (1796)

The Monk

Sortie : 1797 (France). Roman, Fantastique

livre de Matthew Gregory Lewis

-COMPTESUPPRIME- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Écoutez-moi ! poursuivit-elle, homme au cœur dur ! écoutez-moi, orgueilleux, impitoyable, cruel ! vous auriez pu me sauver, vous auriez pu me rendre au bonheur et à la vertu, mais vous ne l’avez pas voulu ; vous êtes le destructeur de mon âme, vous êtes mon assassin, et sur vous tombe la malédiction de ma mort et de celle de mon enfant à naître ! Fier de votre vertu encore inébranlée, vous avez dédaigné les prières du repentir ; mais Dieu sera miséricordieux, si vous ne l’êtes pas. Et où est le mérite de votre vertu si vantée ? Quelles tentations avez-vous vaincues ? Lâche ! vous avez fui la séduction, vous ne l’avez pas combattue. Mais le jour de l’épreuve arrivera : oh ! alors, quand vous céderez à la violence des passions, quand vous sentirez que l’homme est faible, et sujet à errer ; lorsque, en frissonnant, vous jetterez l’œil en arrière sur vos crimes, et que vous solliciterez, avec effroi, la miséricorde de Dieu ! Oh ! dans ce moment terrible, pensez à moi !"

Ainsi parlait Zarathoustra
8

Ainsi parlait Zarathoustra (1885)

(traduction Georges-Arthur Goldschmidt)

Also sprach Zarathustra : Ein Buch für Alle und Keinen

Sortie : 1885. Essai, Philosophie, Poésie

livre de Friedrich Nietzsche

-COMPTESUPPRIME- a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Où donc, hélas, de plus grandes sottises ont-elles été commises au monde que chez les compatissants ?
Et qu’est-ce qui a créé plus de souffrance dans le monde que les sottises des compatissants ?
Malheur à tous ceux qui aiment et qui n’ont pas en outre une hauteur qui soit au-dessus de leur pitié !
Un jour le diable me parla ainsi : "Dieu aussi a son enfer : c’est son amour pour les hommes."
Et il y a peu, je l’entendis dire ce mot : "Dieu est mort, Dieu est mort de sa compassion pour les hommes." »

Frankenstein ou le Prométhée moderne
7.6

Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818)

Frankenstein; or, The Modern Prometheus

Sortie : 1821 (France). Roman, Science-fiction, Fantasy

livre de Mary Shelley

-COMPTESUPPRIME- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Je ne demande pas de compassion pour ma misère. Jamais personne ne m'accordera sa sympathie. Quand je l'ai recherchée pour la première fois, je tenais à partager avec autrui l'amour de la vertu ainsi que les sentiments de bonheur et d'affection qui habitaient mon être. Maintenant que cette vertu n'est plus qu'une ombre, que le bonheur et l'affection ont fait place à un désespoir amer et détestable, que me reste-t-il pour susciter la sympathie ? Je me contenterai de souffrir dans la solitude aussi longtemps que se prolongera mon calvaire ; je sais qu'à ma mort l'horreur et l'opprobre entacheront ma mémoire. Autrefois, mon imagination caressait des rêves de vertu, de gloire et de joie. Autrefois, j'espérais follement rencontrer des êtres qui, oubliant ma laideur, m'aimeraient pour les qualités dont je savais faire montre. Je me nourrissais de pensées élevées d'honneur et de dévouement. Hélas, le crime m'a désormais rabaissé à un rang inférieur à celui de l'animal le plus vil. Il n'existe pas de crime, pas de haine, pas de cruauté, pas de misère qui se puisse comparer à la mienne. Quand je songe à la liste effrayante de mes péchés, je ne puis croire que je fus bien cette créature dont l'esprit était rempli de visions sublimes et transcendantes de la beauté et de la majesté de la bonté. Mais ainsi va la vie, l'ange déchu devient un démon malfaisant. Pourtant, cet ennemi de Dieu et des hommes, lui-même, avait des amis et des compagnons dans sa désolation ; hélas, je suis seul. »

Énergie et équité
8.2

Énergie et équité

Sortie : 1 janvier 1973 (France). Essai

livre de Ivan Illich

-COMPTESUPPRIME- a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Devenu un objet qu’on achemine, l’homme parle un nouveau langage. Il va en voiture "retrouver" quelqu’un, il téléphone pour "entrer en contact". Pour lui, la liberté de mouvement n’est que la liberté d’être transporté. Il a perdu confiance dans le pouvoir politique qui lui vient de la capacité de pouvoir marcher et parler. Il croit que l’activité politique consiste à réclamer une plus large consommation de ces services qui l’assimilent à une simple marchandise. Il ne demande pas plus de liberté pour des citoyens autonomes, mais de meilleurs services pour des clients soumis. Il ne se bat pas pour garantir sa liberté de se déplacer à son gré et de parler aux autres à sa manière, mais pour asseoir son droit d’être véhiculé et informé. Il désire de meilleurs produits et ne veut pas rompre l’enchaînement à ces produits. Il est urgent qu’il comprenne que l’accélération appelée de ses vœux augmentera son emprisonnement et qu’une fois réalisées ses revendications marqueront le terme de sa liberté, de ses loisirs et de son indépendance. »

Retour au meilleur des mondes
7.4

Retour au meilleur des mondes

Brave New World Revisited

Sortie : 1958 (France). Essai, Culture & société

livre de Aldous Huxley

-COMPTESUPPRIME- a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Que tant de jeunes spectateurs bien nourris de la télévision, dans la plus puissante démocratie du monde, soient si totalement indifférents à l'idée de se gouverner eux-mêmes, s'intéressent si peu à la liberté d'esprit et au droit d'opposition est navrant, mais assez peu surprenant. "Libre comme un oiseau", disons-nous, et nous envions les créatures ailées qui peuvent se mouvoir sans entrave dans les trois dimensions de l'espace, mais hélas, nous oublions le dodo. Tout oiseau qui a appris à gratter une bonne pitance d'insectes et de vers sans être obligé de se servir de ses ailes renonce bien vite au privilège du vol et reste définitivement à terre. Il se passe quelque chose d'analogue pour les humains. Si le pain leur est fourni régulièrement et en abondance trois fois par jour, beaucoup d'entre eux se contenteront fort bien de vivre de pain seulement - ou de pain et de cirque. "En fin de compte", dit le Grand Inquisiteur dans la parabole de Dostoïevski, "ils déposeront leur liberté à nos pieds et nous diront : faites de nous vos esclaves, mais nourrissez-nous" »

Les Elixirs du diable
7.7

Les Elixirs du diable (1815)

Die Elixiere des Teufels

Sortie : 1815. Roman

livre de E. T. A. Hoffmann

-COMPTESUPPRIME- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Y a-t-il une existence où l’étrange mystère de l’amour caché au plus profond du cœur ne se soit pas révélé au moins une fois ? Qui que tu sois, toi qui plus tard liras ces feuillets, rappelle tes souvenirs de ce temps le plus lumineux de la vie ! Contemple à nouveau la gracieuse image féminine qui t’est autrefois apparue comme l’essence même de l’amour ! Alors tu ne voyais, certes, en elle, que ton reflet, le reflet de ton moi divin. Te souviens-tu encore avec quelle clarté les sources murmurantes, les buissons chuchotant, le vent caressant du soir te parlaient de ton amour ? Vois-tu encore comment les fleurs te regardaient de leurs yeux clairs et doux, t’apportant saluts et baisers de ta bien-aimée ? Et elle vint, elle voulut être toute à toi. Tu la pris dans tes bras, plein d’un brulant désir, et tu voulus détacher de la terre ton être plongé dans les flammes d’une ardente passion. Mais le mystère resta inaccompli, un sombre pouvoir te fit retomber lourdement et violemment, lorsque tu t’apprêtais à prendre ton essor avec elle vers les lointains au-delà des paradis promis. Avant même d’avoir osé l’espérer, tu avais perdu déjà ta bien-aimée. Toute voix, tout son s’étaient évanouis et l’on entendait plus que la plainte désespérée de l’homme seul qui gémissait horriblement à travers la sombre solitude.
Toi, étranger inconnu, si jamais douleur pareillement indicible t’a broyé l’âme, joins tes plaintes au désespoir inconsolable du moine aux cheveux blancs qui, se souvenant, dans sa cellule obscure, des jours ensoleillés de son amour, baigne de larmes sanglantes sa dure couche, et dont les sanglots mortels retentissent dans le calme de la nuit à travers les sombres couloirs du cloître.
Mais toi, toi qui te rapproches alors intérieurement de moi, tu crois aussi comme moi, n’est-ce pas, que la félicité suprême de l’amour, que l’accomplissement du mystère se réalisent dans la mort. C’est ce que nous annoncent les voix prophétiques qui nous parviennent confusément de ces temps primitifs dont aucune mesure humaine ne peut calculer la distance ; et, de même que dans les mystères célébrés par les premiers enfants de la nature, la mort est aussi pour nous la consécration de l’amour. »

La Chose
8.9

La Chose (1929)

Pourquoi je suis catholique

The Thing: Why I Am a Catholic

Sortie : 8 avril 2015 (France). Essai

livre de G. K. Chesterton

-COMPTESUPPRIME- a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« L’humanisme […] a une qualité tout à fait estimable et même d’une grande sagesse. L’humanisme essaie véritablement de ramasser les morceaux, c’est-à-dire de ramasser tous les morceaux. Tout ce qui a été fait auparavant était destruction aveugle pour commencer et sélection au hasard et désordonnée pour suivre ; comme si des gamins avaient brisé un vitrail et puis s’étaient servis de quelques éclats de verre pour en faire des lunettes teintées, les lunettes roses du républicain et les lunettes vertes ou jaunes du pessimiste et du décadent. Mais l’humanisme, tel qu’il est professé ici, va se baisser pour ramasser tout ce qu’il peut […] Mais avant que nous puissions faire de la Culture ou de l’Humanisme un substitut de la religion, il faut poser une question qui se présente sous la forme d’une métaphore très simple. L’humanisme peut bien essayer de ramasser les morceaux, mais peut-il les recoller ? Où est le ciment qui a rendu la religion à la fois institutionnelle et populaire, qui l’empêche de tomber en morceaux dans le monceau des préférences et des gradations individualistes ? Qu’est-ce qui va empêcher un humaniste de vouloir la chasteté sans l’humilité, et un autre l’humilité sans la chasteté, et un autre encore la vérité ou la beauté sans l’une ou l’autre ? Le problème d’une éthique et d’une culture durables consiste à trouver la bonne combinaison des pièces grâce à laquelle elles restent en relation les unes avec les autres, comme peuvent l’être les pierres d’une arche. Et je ne connais qu’un système qui a prouvé pour ainsi dire sa solidité, enjambant des pays et des époques grâce à ses arches gigantesques, et apportant partout les hautes eaux du baptême sur un aqueduc de Rome. »

Le Zéro et l'Infini
8.2

Le Zéro et l'Infini (1940)

Darkness at Noon

Sortie : 1945 (France). Roman

livre de Arthur Koestler

-COMPTESUPPRIME- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Je n’approuve pas le mélange des idéologies, poursuivit Ivanof. Il n’y a que deux conceptions de la morale humaine, et elles sont à des pôles opposés. L’une d’elles est chrétienne et humanitaire, elle déclare l’individu sacré, et affirme que les règles de l’arithmétique ne doivent pas s’appliquer aux unités humaines – qui, dans notre équation, représentent soit zéro, soit l’infini. L’autre conception part du principe fondamental qu’une fin collective justifie tous les moyens, et non seulement permet mais exige que l’individu soit en toute façon subordonné et sacrifié à la communauté – laquelle peut disposer de lui soit comme d’un cobaye qui sert à une expérience, soit comme de l’agneau que l’on offre en sacrifice. La première conception pourrait se dénommer morale "antivivisectionniste" ; la seconde, morale "vivisectionniste". Les fumistes et les dilettantes ont toujours essayé de mélanger les deux conceptions ; en pratique cela est impossible. Quiconque porte le fardeau du pouvoir et de la responsabilité s’aperçoit du premier coup qu’il lui faut choisir ; et il est fatalement conduit à choisir la seconde conception. Connais-tu, depuis l’établissement du Christianisme comme religion d’État, un seul exemple d’État qui ait réellement suivi une politique chrétienne ? Tu ne peux pas m’en désigner un seul. Aux moments difficiles – et la politique est une suite ininterrompue de moments difficiles – les gouvernants ont toujours pu invoquer des « circonstances exceptionnelles », qui exigeaient des mesures exceptionnelles. Depuis qu’il existe des nations et des classes, elles vivent l’une contre l’autre dans un état permanent de légitime défense qui les force à remettre à d’autres temps l’application pratique de l’humanitarisme… »

Jack Barron et l'éternité
7.7

Jack Barron et l'éternité (1969)

Bug Jack Barron

Sortie : 1969 (France). Roman

livre de Norman Spinrad

-COMPTESUPPRIME- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Les dernières images de la publicité pour Chevrolet disparurent du moniteur et Barron ressentit une fois de plus le pouvoir absolu qu’il exerçait à l’écran, pouvoir d’une configuration de points de phosphore artificiels reliant directement son esprit à cent millions de cerveaux, pouvoir d’une réalité-illusion qui n’avait même pas d’existence. La vie et la mort, pensa-t-il. Rien que Bennie et moi, et ce pauvre con n’a pas une seule chance. Quels que soient les atouts qu’il détient en réalité, sur ce terrain-là il n’aura jamais la moindre chance parce que sur ces cent millions d’écrans il ne dira jamais que ce que je lui ferai dire, il ne sera que ce que je le laisserai être. C’est ma réalité, c’est comme s’il était pris au piège à l’intérieur de ma tête. […]

Ce qu’est l’homme de chair et de sang à l’intérieur du studio ne compte absolument pas, la seule chose qui compte c’est ce que voient cent millions de crétins sur l’écran, il n’y a que cela de réel, l’image, parce que quand il s’agit de savoir ce qui se passe dans Ce Vaste Monde Qui Nous Entoure l’image c’est tout ce que connaissent ces pauvres cons. […]

Je peux faire ce que je veux sur ce putain d’écran, ce que je veux – personne n’est de taille à se mesurer à moi dans ce type de réalité, quelle que soit sa stature par ailleurs dans la réalité privée de chair et de sang que personne ne voit. Ce qui se passe sur l’écran, c’est ma volonté faite chair ; c’est moi qui fais la règle du jeu, moi qui contrôle chaque foutu point de phosphore que le pays voit. Pourquoi ne me feraient-ils pas Président aussi bien que n’importe quoi – merde, depuis Truman ils n’ont pas élu Président un seul homme, ils votent pour une image et c’est tout ; et au jeu des images, qui est meilleur que Jack Barron ? »

Dieu existe
8.6

Dieu existe

Arguments philosophiques

Sortie : 15 mai 2013 (France). Essai

livre de Frédéric Guillaud

-COMPTESUPPRIME- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Certains disent que l’ouverture infinie de l’esprit humain, qui lui donne cette puissance de recul face à toute réalité, cette distance et cet écart qui nous interdisent à jamais d’adhérer vraiment à quoi que ce soit, ne sont pas un surcroît d’être, une image du divin en nous, mais la marque du néant qui nous caractérise. C’est ce que pensait Sartre : "Cette possibilité pour la liberté humaine de sécréter un néant qui s’isole, c’est la liberté". Mais il faut réfléchir à ce que l’on désigne par là… La piste du "néant", que Sartre a tant suivie, nous paraît d’emblée inconsistante. Il est tout simplement absurde de chosifier le néant pour en faire un principe d’explication. Si l’on prend ce mot en son sens ontologique strict, à savoir le pur et simple non-être, il est en effet impossible d’affirmer que le néant est principe d’une quelconque action : le néant n’existe pas, le néant n’a aucune propriété, il n’a pas de nature, ni aucune détermination. Il ne peut rien faire, ni rien causer. C’est pourtant ce que suppose la théorie sartrienne, qui affirme que "le néant néantise", que le "néant nous met à l’écart de l’être", que le néant explique l’existence de la conscience, de la liberté, etc. Ce fourvoiement ontologique provient du matérialisme spontané de l’imagination qui ne peut pas se représenter l’être autrement que comme chose-corporelle-accessible-aux-sens. En bon romancier naturaliste, qui se place de préférence sur le plan de l’imagination, Sartre adhère à cette ontologie erronée. Dès lors, pour rendre compte de tout ce qu’il observe d’irréductible à des raisons matérielles en l’homme, Sartre n’a pas d’autre solution que le mot néant. Et de fait, si l’on part du principe qu’il n’y a d’être qu’opaque, limité, chosique – sur le modèle du caillou ou de l’atome démocritéen, alors la transparence de la conscience, le caractère insaisissable de la liberté, l’illimitation et l’indétermination du désir humain, tout cela devra être baptisé "non-être". A partir de là, si vous êtes vacciné contre le bon sens par une fréquentation trop assidue des bancs de l’Ecole normale supérieure ou animé par un certain goût du canular pataphysique, vous pouvez être conduit à la construction d’une incroyable théorie fondée sur la toute-puissance explicative du Rien. »

Condition première d'un travail non servile
7.7

Condition première d'un travail non servile

Sortie : 22 janvier 2014 (France). Essai, Politique & économie

livre de Simone Weil

-COMPTESUPPRIME- l'a mis en envie.

Annotation :

"En tant que révolte contre l'injustice sociale l'idée révolutionnaire est bonne et saine. En tant que révolte contre le malheur essentiel à la condition même des travailleurs, elle est un mensonge. Car aucune révolution n'abolira ce malheur. Mais ce mensonge est aussi celui qui a la plus grande emprise, car ce malheur essentiel est ressenti plus vivement, plus profondément, plus douloureusement que l'injustice elle-même. D'ordinaire d'ailleurs on les confond. Le nom d'opium du peuple que Marx appliquait à la religion a pu lui convenir quand elle se trahissait elle-même, mais il convient essentiellement à la révolution. L'espoir de la révolution est toujours un stupéfiant"

Réenchanter la science
8.3

Réenchanter la science

Les dogmes de la science remis en cause par un grand scientifique

Sortie : 28 août 2013 (France). Essai

livre de Rupert Sheldrake

-COMPTESUPPRIME- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Ces principes en apparence abstraits [le hasard et la nécessité] sont les déesses cachées du néodarwinisme. Le hasard est la déesse Fortuna, ou Dame Fortune. Sa roue, en tournant, confère prospérité ou malheur. Fortuna est aveugle et les statues antiques la représentent souvent avec un voile ou un bandeau sur les yeux. Selon les mots de Monod, le "pur hasard, absolument libre et aveugle, est la véritable racine du merveilleux édifice de l'évolution". Ce que Monod appelle Nécessité, Shelley le nommait "Puissance suffisante à tout" et "Mère du monde". Ce pourrait être aussi Destinée, ou encore l'une des Parques, ces trois fileuses de la mythologie antique européenne qui, sévères, filent, distribuent et coupent le fil de la vie, accordant aux mortels un destin dès la naissance. Dans le néodarwinisme, ce fil de la vie est à prendre au sens propre : des molécules hélicoïdales d'ADN, regroupées en chromosomes ressemblant à des fils, dispensent aux mortels une destinée fixée dès la conception.
Le matérialisme ressemble à un culte inconscient de la Grande Mère. Le mot matière lui-même a la même racine que mère ; en latin, la première se dit materia et la seconde mater. L'archétype de la Mère peut prendre plusieurs formes, comme dans Mère Nature, ou dans Ecologie, ou même dans Economie - une activité qui nous nourrit, finalement. Dans ces deux derniers mots, le préfixe eco signifie "famille" ou "maisonnée". Un archétype est d'autant plus puissant qu'il est inconscient, car il ne peut être examiné ni discuté. »

L'âme de la nature

L'âme de la nature

Sortie : 3 mai 2001 (France). Essai

livre de Rupert Sheldrake

-COMPTESUPPRIME- a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Si la notion d’une mémoire inhérente à la nature est mystérieuse, il faut bien admettre que celle de lois mathématiques transcendant la nature l’est plus encore ; en effet, ces lois sont plus métaphysiques que physiques. La manière dont des lois mathématiques existeraient indépendamment de l’univers en évolution, tout en agissant sur celui-ci, constitue une énigme profonde. Pour ceux qui acceptent l’idée d’une divinité, ce mystère est un aspect de la relation entre Dieu et le domaine naturel ; pour ceux qui la rejettent, le mystère est encore plus obscur. Un domaine quasi mental de lois mathématiques aurait une existence indépendante de la nature – et de Dieu – et régirait le monde physique en évolution sans être lui-même physique.
De nombreux scientifiques évitent d’envisager ce problème et, s’ils y sont poussés, reconnaissent que les modèles mathématiques de la physique n’existent que dans nos esprits […] Mais si ces modèles n’existent que dans nos esprits, comment justifier les régularités de la nature, les phénomènes répétables que les scientifiques étudient et dont ils tirent leurs modèles ? Face à ce problème, la plupart des scientifiques se retranchent derrière l’idée que les lois mathématiques de la nature existent indépendamment des esprits humains ; que ce sont des réalités objectives et ce, que nous puissions les décrire ou non. Ils évitent alors la question de savoir ce que sont réellement ces lois immatérielles et comment elles fonctionnent, en déclarant que ce ne sont que des modèles dans nos esprits. »

La Crise du monde moderne
7.6

La Crise du monde moderne (1927)

Sortie : 1927 (France). Culture & société, Essai

livre de René Guénon

-COMPTESUPPRIME- a mis 4/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« On a souvent discuté, au point de vue religieux, la question de savoir si la science moderne devait être dénoncée comme athée ou comme matérialiste, et, le plus souvent, on l’a fort mal posée ; il est bien certain que cette science ne fait pas expressément profession d’athéisme ou de matérialisme, qu’elle se borne à ignorer de parti pris certaines choses sans se prononcer à leur égard par une négation formelle comme le font tels ou tels philosophes ; on ne peut donc, en ce qui la concerne, parler que d’un matérialisme de fait, de ce que nous appellerions volontiers un matérialisme pratique ; mais le mal n’en est peut-être que plus grave, parce qu’il est plus profond et plus étendu. Une attitude philosophique peut être quelque chose de très superficiel, même chez les philosophes "professionnels" ; de plus, il y a des esprits qui reculeraient devant la négation, mais qui s’accommodent d’une complète indifférence ; et celle-ci est-ce qu’il y a de plus redoutable, car, pour nier une chose, il faut encore y penser, si peu que ce soit, tandis qu’ici on en arrive à ne plus y penser en aucune façon. Quand on voit une science exclusivement matérielle se présenter comme la seule science possible, quand les hommes sont habitués à admettre comme une vérité indiscutable qu’il ne peut y avoir de connaissance valable en dehors de celle-là, quand toute l’éducation qui leur est donnée tend à leur inculquer la superstition de cette science, ce qui est proprement le "scientisme", comment ces hommes pourraient-ils ne pas être pratiquement matérialistes, c’est-à-dire ne pas avoir toutes leurs préoccupations tournées du côté de la matière ? »

Théologie de l'histoire et crise de civilisation
8.9

Théologie de l'histoire et crise de civilisation (1850)

Sortie : 15 juin 2013 (France). Essai

livre de Juan Donoso Cortés

-COMPTESUPPRIME- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« L’homme a voulu être libre ? Il le sera. Il abhorre les liens ? Ils tomberont tous en poussière à ses pieds. Un jour, pour essayer sa liberté, il a voulu tuer son Dieu. Ne l’a-t-il pas fait ? Ne l’a-t-il pas crucifié entre deux voleurs ? Des légions d’anges sont-elles descendues du ciel pour défendre le juste mourant sur la terre ? Eh bien, pourquoi descendraient-elles aujourd’hui qu’il s’agit, non pas du crucifiement de Dieu, mais du crucifiement de l’homme par l’homme ? Pourquoi descendraient-elles aujourd’hui quand notre conscience nous crie si haut que, dans cette grande tragédie, personne ne mérite leur intervention, ni ceux qui doivent être les victimes, ni ceux qui doivent être les bourreaux ? »

Le Camp des saints
7.3

Le Camp des saints (1973)

Sortie : 1973 (France). Roman

livre de Jean Raspail

-COMPTESUPPRIME- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Jubilation. Les vrais amateurs de traditions sont ceux qui ne les prennent pas au sérieux et se marrent en marchant au casse-pipe, parce qu'ils savent qu'ils vont mourir pour quelque chose d'impalpable jailli de leurs fantasmes, à mi-chemin entre l'humour et le radotage. Peut-être est-ce un peu plus subtil : le fantasme cache une pudeur d'homme bien né qui ne veut pas se donner le ridicule de se battre pour une idée, alors il l’habille de sonneries déchirantes, de mots creux, de dorures inutiles, et se permet la joie suprême d'un sacrifice pour carnaval. C'est ce que la Gauche n'a jamais compris et c'est pourquoi elle n'est que dérision haineuse. Quand elle crache sur le drapeau, pisse sur la flamme du souvenir, ricane au passage des vieux schnoques à béret et crie « woman's lib ! » à la sortie des mariages en blanc, pour ne citer que des actions élémentaires, elle le fait d'une façon épouvan­tablement sérieuse, «conne » dirait-elle si elle pouvait se juger. La vraie Droite n'est pas sérieuse. C'est pour­quoi la Gauche la hait, un peu comme un bourreau haïrait un supplicié qui rit et se moque avant de mourir. La Gauche est un incendie qui dévore et consume som­brement. En dépit des apparences, ses fêtes sont aussi sinistres qu'un défilé de pantins à Nuremberg ou Pékin. La Droite est une flamme instable qui danse gaiement, feu follet dans la ténébreuse forêt calcinée."

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