David Robert Mitchell - Commentaires
Comme bien des réalisateurs américains de sa génération, Mitchell pratique un cinéma citationnel dont la réussite se mesure à l’assimilation et au dépassement des références convoquées. Sa voix est précieuse lorsqu’elle laisse toute latitude à une expression faite de suavité et de ...
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créee il y a environ 5 ans · modifiée il y a presque 5 ans
The Myth of the American Sleepover (2011)
1 h 36 min. Sortie : 18 juin 2014 (France). Comédie, Drame, Romance
Film de David Robert Mitchell
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Avec ce premier film vaporeux, nimbé de délicatesse et de mélancolie, Mitchell désamorce les conventions d’un genre ultrabalisé. Il fait évoluer un récit embryonnaire au cours d’une seule et même soirée, non explicitement datée mais située sans doute vers la fin des années 80, et capte les sensations particulières de cette période de la vie où l’on est plus un enfant sans avoir non plus connu de grande expérience amoureuse. Il y a la main qu’on parvient à effleurer, le baiser qu’on obtient lors d’un instant magique, l’intensité d’un long silence partagé où chacun tarde à déclarer sa flamme. De bivouac en pyjama party, filles et garçons connaissent espoirs fébriles, petits bonheurs et déconvenues sans qu’aucun drame ne vienne troubler la douce quiétude de cette nuit étoilée, filant dans un parfum d’éternité.
It Follows (2014)
1 h 40 min. Sortie : 4 février 2015 (France). Épouvante-Horreur
Film de David Robert Mitchell
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Detroit, ville-fantôme à la périphérie urbaine de "deep America", hantée par le spectre de la relégation et portant sur elle l’empreinte d’une influence mûrie de Tourneur, Carpenter, Wise ou Shyamalan. Dans cet environnement dont les images chaudes et ouatées distillent le souvenir enchanteur d’une adolescence imaginaire, la jeune Jay est frappée par une malédiction qui se propage telle une traînée de gonorrhée. Seul moyen d’y échapper : coucher avec quelqu’un qui sera à son tour traqué par le monstre invisible à tous sauf à sa proie. De cet excitant postulat, Mitchell tire un film languide, vénéneux, superbement économe, dont les perspectives allégoriques densifient le climat de terreur blanche, et où lutte vitale et délectation morose échangent couleurs et attributs en une fascinante parade crépusculaire.
Under the Silver Lake (2018)
2 h 20 min. Sortie : 8 août 2018. Thriller, Drame, Comédie
Film de David Robert Mitchell
Thaddeus a mis 6/10.
Annotation :
En cherchant à atteindre un nouveau degré dans la perdition luxuriante et psychotrope des rêves de Los Angeles, l’auteur dresse un état des lieux assez significatif de la tendance au palimpseste distancié qui asphyxie une bonne partie du cinéma américain. La quête de sens sera donc vaine, éviscérée de toute émotion, le collage obsessionnel de pastiches et de citations noyé dans une brume anesthésique. Et malgré son style sophistiqué, sa confection classieuse, ce chewing-gum parfumé à la pop-culture perdra presque toute sa saveur après avoir été mastiqué pendant 135 minutes. Qu’un film aussi cynique, superficiel et artificieux soit autant comparé à son antipode, le très romantique, sentimental et bouleversant "Mulholland Drive", indique par ailleurs à quel point celui-ci reste encore mal compris.