Faut-il accorder une seconde chance à Animal Collective ?

Annotation :

Le "premier" Animal Collective, uniquement signé par les noms de Panda Bear et Avey Tare.

Et bien ça commence mal. Le début est horrible, des bruitages extrêmement désagréables qui ne vont nulle part. La première moitié de façon générale m'a beaucoup déplu, j'étais plus crispé et grimaçant qu'autre chose... Les choses s'améliorent quand ils essaient de construire un minimum de trucs qui ressemblent à des chansons ; à partir de Chocolate Girl en gros, qui se tient plutôt pas mal d'ailleurs (jusqu'à ce que la batterie se tape son délire). La deuxième partie est plus construite, à défaut de me plaire, et si je reste crispé sur mon casque par la sonorité du tout, si les gars n'ont clairement aucun sens pop, au moins ça tient en place. À ce titre, "Alvin Row" condense les défauts et les qualités du disque ; quelques moments touchants, quelques crispations insupportables et beaucoup de moments juste plats.

La production en général est affreuse, leur ingé son devrait être banni du circuit ; les bruitages n'ont aucune amplitude, ils viennent directement picorer nos tympans, la batterie (en plus de n'avoir aucun groove, mais bon c'est pas comme si je m'attendais à autre chose) a un son de cymbale affreux pour les mêmes raisons. Seuls les bidouillages de synthés peuvent parfois avoir un certain charme ; disons que c'est mignon - et encore, c'est surtout que dans ce marasme il faut bien se raccrocher à quelque chose. Le chant est nul et plat, mais bon il est suffisamment en retrait pour ne pas être frontalement désagréable.

Le plus gros problème en somme, que sous-tend mes remarques précédentes, c'est que je ne sens aucune cohérence de fond. Rien qui semble animer le duo vers une vision quelconque. À la place, j'ai l'impression d'entendre un chanteur qui chante tout seul dans son coin, une batterie intermittente et complètement schizophrène, un piano à l'image de la batterie et des synthés possédés : soit tout mimis, soit perçant mes oreilles. Chaque élément reste de son côté la plupart du temps, ce qui m'interdit toute possibilité d'être emporté par la musique qu'ils essaient de produire.

Si j'en crois les moyennes, c'est le meilleur disque du groupe. Ça n'augure rien de bon pour la suite... mais je garde un semblant d'espoir, vu qu'une bonne partie de ce qui me rend ce disque insupportable est imputable à la production, qui a très bien pu évoluer sur leurs travaux suivants.

Annotation :

Après Spirit Gone Vanished, Campire Songs a l'avantage de laisser de côté la prod crispante pour quelque chose de plus doux. Je commence à entrevoir un terrain d'entente - enfin de non-désentente, de non-grimace.
Le disque est tout doux, quelques grattages de cordes sans but, des vocalises lointaines qui errent... Tout ça sonne effectivement comme des gens autour d'un feu, avec une guitare.

"Sonne comme". De loin, sans prêter attention, on pourrait presque croire qu'on a à faire à un disque de folk. D'ailleurs, peut-être même que les mecs d'Animal Collective pensaient faire un disque de folk. Car tout ici n'est qu'apparence. Le disque a glissé sur moi comme une motte de margarine, car il n'y a aucun fond, aucun que je n'ai su déceler en tout cas.

Comme l'impression qu'ils ont essayé de retranscrire une ambiance sonore de folk, sans y injecter la moindre moelle ; une impression vague, voilà tout ce que je retiendrai de cette écoute (pourtant attentive) de Campire Songs. J'attends encore le moment où Animal Collective se décidera à faire un choix : faire un disque résolument ambiant, ou écrire de vraies chansons. L'entre deux sur lequel ils restent bloqués ne me fait ni chaud ni froid : d'où le 5, note de l'indifférence par excellence.

Annotation :

Et pourtant ça commençait pas si mal... Rien de bien folichon, mais comparé à mes contacts jusqu'ici avec Animal Collective, ça changeait un peu d'écouter "Native Belle" et d'avoir l'impression qu'ils s'amusaient dans leur machin bordélique, à hurler sur "Hey Light". Rien qui ne soit vraiment à mon goût, mais au moins c'est distrayant.

Et puis c'est le drame. La définition de la notion de "ventre mou d'un album". La triplette qui suit réussit l'exploit de "composer" une cacophonie sur laquelle on pourrait facilement s'endormir. Tellement tout est chiant, inoffensif (au moins sur Spirit Gone Vanished ça faisait authentiquement mal aux oreilles) ; ça n'a aucun sens, aucune structure ; il ne s'agit en somme que d'un concours de celui qui balancera le plus de sons randoms, de celui qui fera le plus de n'importe quoi sans substance... je les déclare tous vainqueurs ex-aequo.

Lorsque le duo final débarque, je me dis que chouette, on revient à quel chose de moins chiant. Sauf qu'en fin de compte, ça reste plutôt moche.

Annotation :

Facilement le meilleur disque d'Animal écouté jusque là (ce qui ne veut pas dire grand chose vu la qualité des précédents). En fait, c'est surtout le disque où j'ai l'impression que les mecs commencent enfin à construire leur musique. Pour le coup, ça commence pas trop mal, avec des délires joyeux dans lesquels il n'est pas trop difficile de se laisser porter. C'est pas du grand art, mais ça ne laisse pas indifférent. Mais comme d'habitude, le début est toujours trompeur, et ça commence quand même à se gâter vers le milieu. Les chansons rigolotes et appréciables deviennent de plus en plus des délires aléatoires, et à partir de là Sung Tongs se met à côtoyer les extrêmes. Soit on a des pistes qui passent du coq-à-l'âne sans véritable cohérence, avec les gargouillis et borborygmes habituels, soit on a la grosse piste centrale (Visiting Friends) et ses douze minutes qui restent fixées sur le même accord répété inlassablement, tandis qu'un petit microcosme ambiant (et très plat) se tisse autour.
La démarche rappelle Campfire Songs, où le groupe se donnait les atours du folk sans en avoir l'âme, mais la bonne nouvelle c'est qu'ici ça tient quand même sur près de la moitié du disque. Donc y a du progrès... le prochain c'est Feels, sur lequel il parait qu'ils vont jusqu'au bout de leur phase folk, on m'a dit que ce serait celui que je suis censé apprécier le plus..? À suivre !

PS: Du coup pour l'instant c'est un 6 très symbolique (les encouragements du jury), parce que j'ai déjà mis 5 à Campfire Songs qui était moins bon que celui-ci, mais peut-être que d'ici peu je baisserai les deux albums d'un point pour que ça corresponde plus à mes critères de notation.

Annotation :

Une très bonne surprise que ce Feels ! Après 4 albums précédents entre le marasme le plus total et l'ennui léger, voilà ce qui ressemble le plus à un BON album d'Animal Collective, avec un départ en fanfare (deux très bons morceaux, construits comme il faut, inventifs et énergiques) et une bonne conclusion qui rend justice à l'intro. Après tout est loin d'être parfait ; dès le troisième titre ils repartent dans leurs délires ambiants expérimentaux chiants, mais avec tout de même de belles fulgurances pour assurer une écoute agréable. (comme quoi Philippe Robert se trompe rarement, le salaud)

Donc pour l'instant c'est un petit 7, pour marquer le coup, le différencier des disques précédents et forcer Carnby à le réécouter.
Passera peut-être à 6 lorsque je ré-harmoniserai les notes en fin de liste. Je peux donc entamer Strawberry Jam le coeur enjoué !

Annotation :

Mon annotation étant considérée trop volumineuse pour les normes de SC, je vous invite à aller consulter ma "critique" de l'album pour avoir mon avis.

Annotation :

Sans grande surprise, cet Animal Collective nouveau n'est pas du tout ma came. Moi qui trouve un charme certain à Feels et Strawberry Jam, le dernier tout particulièrement par son caractère à la fois éclaté et mélodique, ce Painting With très apaisé (et chambré par une bonne partie de la fanbase même du groupe) avait tout pour ne pas m'intéresser.

Car à force d'essayer d'examiner le groupe sous toutes ses facette j'ai fini par comprendre ce qui me plait et ne me plait pas dans le groupe. Commençons par ce qui me plait parce que ça va aller vite ; j'aime lorsqu'ils arrivent à marier une recherche sonore pétaradante avec des compos qui tiennent la route et qui ne sont pas de simples suites harassantes de gimmicks.

Ce que je n'aime pas, parmi tant d'autres choses, c'est lorsqu'ils se prennent pour des popeux. Parce que Animal Collective qui se croit pop, ça me fait penser à un groupe qui pense qu'il est Pet Sounds parce qu'il en a pris les sonorités et l'exubérance instrumentale alors qu'il a oublié de prendre l'écriture et le sens aigu de la composition magnifique. Or, quand je me penche sur ma propre appréciation de Pet Sounds, je vois que ce qui me plait dedans c'est précisément l'écriture fabuleuse et ce qui me rebute et le manque de charisme de la troupe des Beach Boys.

Et voilà en somme ce qu'est une bonne partie de Painting With à mes oreilles : des mecs qui jouent sur des airs de pop sans en être viscéralement, sans que les morceaux suivent derrière. Alors après il reste des morceaux convenables, je citerais notamment Hocus Pocus, Golden Gal, et pourquoi pas FloriDaDa qui m'agace par moments mais qui est dans le haut du panier, c'est dire. Mais le reste m'ennuie. Comme The Burglars qui ressemble à de la pop sous amphèt à la XTC mais sans le talent de compos de Patridge (bon je m'arrête là vous avez pigé le topo à ce stade...)

Enfin pour un avis plus détaillé sur cet album autant aller consulter ma critique du dernier Panda Bear, tant Painting With ressemble sous bien des aspects à un album solo du Panda.

Annotation :

LA REDEMPTION

(cf critique)