Cover Fin de siècle !

Fin de siècle !

Dans la série Littérature en saucisson, les années 1884-1899
Quelques instantanés pour saisir un siècle en pleine décadence.

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Liste de

24 livres

créee il y a plus de 7 ans · modifiée il y a 28 jours

À rebours
7.6
1.

À rebours (1884)

Sortie : 1884 (France). Roman

livre de Joris-Karl Huysmans

Chaiev a mis 9/10.

Le Crépuscule des Dieux
7.2
2.

Le Crépuscule des Dieux (1884)

Sortie : 1884 (France). Roman

livre de Élémir Bourges

Chaiev a mis 7/10.

Monsieur Vénus
7.5
3.

Monsieur Vénus (1884)

Sortie : 1884 (France). Roman

livre de Rachilde

Chaiev a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

CRITIQUE INSIDE ↥

Bel-Ami
7.4
4.

Bel-Ami (1885)

Sortie : 1885 (France). Roman

livre de Guy de Maupassant

Chaiev a mis 9/10.

Madame Phaéton
5.

Madame Phaéton (1885)

Sortie : 1885 (France). Roman

livre de Clovis Hugues

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Comme quoi le gars a eu bien raison de participer à la Commune de Marseille (qui n’a même pas duré dix jours), puis de se faire élire député des Bouches du Rhône (le premier député à venir d’un parti ouvrier, avant même que n’existe le parti socialiste), et de lutter pour l’avènement de la Sociale, car voilà qu’avec tout ça il a eu le droit à une rue à Marseille, dans le quartier de la Belle de mai, me permettant par la même occasion de le découvrir. Ce qu’il faut de hasards pour exhumer certains diamants enfouis ! Car Clovis a beau être passé du coté des illustres inconnus son roman (le deuxième de trois, c’est qu’entre sa vie de journaliste et sa vie d’activiste, il n’avait pas beaucoup de temps) n’en reste pas moins un vrai petit bijou d’insolence acérée, d’humour cruel et d’observation sociologique qui n’aurait pas à rougir de se retrouver à côté d’un Maupassant ou d’un Huysmans. C’est que le talent de l’auteur est non seulement de mener sans temps mort le récit des turpitudes d’un couple hors norme (le cocher et la nymphomane, pourrait on résumer un peu lapidairement) dans un milieu hypocrite et pourrissant, mais de le mener avec une dextérité dans la forme et le style qui pour le coup laisse assez loin derrière lui pas mal de grands noms qui l’auront coiffé au poteau de la postérité (oui Emile, je pense surtout à toi, mais t’inquiète, tu peux te rendormir tranquille, le brave Hugues et sa prose filetée ne peuvent rien contre l'unanimité que récoltent tes trompettes assourdissantes).

« Déjà il pressait la main de la baronne qui lui pressait la main et très rapidement elle était venue la minute ensorceleuse où la danse, ébauchée en vertige, vous met un éblouissement d'étoiles dans les yeux. 
Quel était celui des deux qui avait eu l'idée ? Comment cela les avait-il pris? L'un avant l'autre ou ensemble ? Est-ce qu'ils savaient? Est-ce qu'on sait jamais ?
Vous allez, vous tournez dans de la lumière et dans du bruit, vous adorant, vous désirant avec passion, depuis des mois, peut-être depuis des années, sans avoir osé vous le dire et tout à coup, le rapprochement se change en étreinte. Pourquoi ? parce que. Et il n'y a pas d’autres raisons. »

Cruelle énigme
6.

Cruelle énigme

Sortie : 1885 (France). Roman

livre de Paul Bourget

Chaiev a mis 4/10.

Annotation :

Paul Bourget, le fameux Bourget, tellement adulé au tounant du siècle, tellement oublié désormais… Oui ben au regard de cette atroce "Cruelle énigme", on comprend pourquoi. Roman de jeunesse, c'est un ramassis de clichés, de situations ennuyeuses et faussement problématiques (un jeune homme naïf et pur, une femme dépravée, une mère aimante mais jalouse), le tout étalé à la truelle dans un style plat et vaguement moralisateur. On dirait du Balzac sans l'ironie et le génie de la langue, du Zola plat et mou, c'est horriblement démonstratif , bref une torture. Ca pourrait servir d'exemple dans un atelier d'écriture pour tout ce qu'il ne faut pas faire dans le domaine romanesque. Et dire que l'énergumène a osé le dédier à Henry James (qui était son ami, et qui, dit-on, le trouvait le Français le plus intéressant des années 80… hum, à mon avis c'était pour être méchant envers l'Héxagone). Il parait que 5 ans après, Bourget changera de style pour se lancer dans le roman à thèse, catho et et bien pensant : ça doit être couture !

Le Désespéré
8
7.

Le Désespéré (1887)

Sortie : 1887 (France). Roman

livre de Léon Bloy

Sixtine
7.6
8.

Sixtine (1890)

Roman de la vie cérébrale

Sortie : 20 septembre 1890. Roman

livre de Rémy de Gourmont

Chaiev a mis 7/10.

Annotation :

Sixtine creuse, en ce XIXe siècle aux abois, la veine ouverte par Musset ou Constant plusieurs décennies plus tôt : le roman-solliloque, plongée introspective dans un cerveau mis en ébullition par la torture amoureuse. Forcément plus décadent, plus épuisé, plus nietzschéen, Gourmont se veut l'explorateur d'un continent sauvage et dangereux, son propre cerveau, avec la folle ambition de maitriser une fois pour toute, par la seule force de la volonté, tous les recoins de ce territoire étrange. Et ce n'est pas le moindre charme de cette histoire sans rebondissements de raconter par le détail un échec retentissant. Malheureusement, le parti-pris de départ - suivre un héros à l'orgueil démesuré qui pense pourvoir décider de tout, et ne vivre que par la force de son intellect - est à double tranchant, et le texte, tout brillant qu'il est, ne peut se départir d'une froideur excessive qui finit par lasser un peu.

"C'était le moment de la retraite ou le moment des audaces ; il prit le premier parti, le second ne lui était pas venu à l'idée. Quand il s'agissait d'autrui ou quand il réfléchissait à loisir sur ses propres aventures sentimentaires, Entragues avait une remarquable lucidité d'esprit ; devant la cause elle-même, la cause en personne, agissante et parlante, il se troublait, comme un éternel écolier obéissait, sans se rendre compte de sa sottise, à ces fausses insinuations des femmes qui demandent une violette pour avoir une rose."

Le Portrait de Dorian Gray
7.9
9.

Le Portrait de Dorian Gray (1890)

The Picture of Dorian Gray

Sortie : 1891 (France). Roman, Philosophie

livre de Oscar Wilde

Chaiev a mis 9/10.

À se tordre
7.4
10.

À se tordre (1891)

Sortie : 1891 (France). Recueil de nouvelles

livre de Alphonse Allais

Chaiev a mis 9/10.

Le Culte du Moi
7.1
11.

Le Culte du Moi (1891)

Roman

livre de Maurice Barrès

Chaiev a mis 8/10.

L'Écornifleur
7.2
12.

L'Écornifleur (1892)

Sortie : 1892 (France). Roman

livre de Jules Renard

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

On retrouve dans ce roman de jeunesse tout ce qui fait le charme de l’ami Jules : un esprit acéré, toujours à l’affût des ridicules humains, mais dont la méchanceté n’est jamais cruelle. Avec cette histoire d’écrivain immanquablement à côté de la plaque, racontée à la première personne, qui s’invite au sein d’un couple de quarantenaire tout ce qu’il y a de plus étriqué (écornifleur est un joli mot pour dire pique-assiette), il parvient à mêler humour et mélancolie avec beaucoup de finesse. Son héros qui voudrait mais n’ose pas semble passer à côté de la vie avec une application qui lui attire immédiatement la sympathie du lecteur. Sens de la formule et tristesse diffuse sans aucun apitoiement, la méthode Renard fait mouche.

Pelléas et Mélisande
7.5
13.

Pelléas et Mélisande (1893)

Sortie : 17 mai 1893 (France). Théâtre

livre de Maurice Maeterlinck

Chaiev a mis 9/10.

Aphrodite
8
14.

Aphrodite (1896)

Mœurs antiques

Sortie : 1896 (France). Roman

livre de Pierre Louÿs

Chaiev a mis 9/10.

Monsieur Teste
7.3
15.

Monsieur Teste (1896)

Sortie : 1896 (France). Récit

livre de Paul Valéry

Chaiev a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

CRITIQUE INSIDE ↥

Vies imaginaires
7.7
16.

Vies imaginaires (1896)

Sortie : 1896 (France). Conte, Recueil de nouvelles

livre de Marcel Schwob

Chaiev a mis 8/10.

Le Médecin des Dames de Néans
17.

Le Médecin des Dames de Néans (1896)

Sortie : 1896 (France). Roman

livre de René Boylesve

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Ami d’Hugues Rebell, ce pauvre Boylesve partage avec lui une disparition totale des écrans radars, alors que leurs romans se lisent encore très bien. Mais les étagères de l’Histoire sont étroites, et on a vite fait d’en tomber, avec une radicalité pas forcément proportionnelle au talent. Ecrit en 1894, ce premier roman surprend par sa maîtrise et par sa position parfaitement équilibrée entre Décadence finissante et Art Nouveau à venir. Récit d’un premier amour estival, orchestré tambour battant par le médecin du titre, le ton général est joyeux et détaché, mais n’hésite pas à frôler le drame et l’émotion dès que les sentiments du jeune héros viennent bouleverser la comédie bourgeoise qui se déploie sous nos yeux. Cette souplesse de danseuse est en fait rendue possible par le grand talent stylistique de l’auteur (mais quoi ? à part Zola, tout le monde écrivait bien à la fin du XIXe ? C’est à chaque fois à rester pantelant ! ) qui parvient à faire passer toutes les nuances de son sujet - depuis le grotesque jusqu’au poétique - grâce à une langue à la fois précise, ironique et chatoyante, qui semble prendre le relais des mains du vieil Huysmans pour le passer au futur Proust.

"Elle était étendue sur une chaise longue, dans une sorte de boudoir attenant à sa chambre à coucher, d'où elle ne sortait presque pas, et où elle recevait ses familiers. Les fenêtres aux persiennes rabattues laissaient venir du jardin des parfums de réséda mêlés à ceux un peu confus de la chaleur des feuillages et des choses sous le soleil de juin. Un bourdonnement doux d'insectes lointains, et par moment, l'entrée d'une mouche aux zigzags sonores, coupés brusquement par un aplatissement contre une glace, repris, coupés de nouveau, jusqu'au balancement dans la raie lumineuse des volets et une échappée soudaine où le petit murmure s'est brisé sec. Après cela, un de ces silences d'après-midi d'été, caressants comme un bain, de ces silences jamais vides, mais qui portent en suspension, il semble, d'étranges et mous objets légers dont le frôlement est bon comme des sourires ou des baisers qui voletteraient, par impossible, dans l'ombre artificielle. Inoubliables moments qu'il vaudrait la peine de vivre, ne fût-ce que pour les goûter une fois !"

Penses-tu réussir !
8.1
18.

Penses-tu réussir ! (1897)

Sortie : 1897 (France). Roman

livre de Jean de Tinan

Chaiev a mis 9/10.

Le Voleur
8.3
19.

Le Voleur (1897)

Sortie : 1897 (France). Roman

livre de Georges Darien

Chaiev a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

CRITIQUE INSIDE ↥

Les Jours et les Nuits
7
20.

Les Jours et les Nuits (1897)

Sortie : 1897 (France). Roman

livre de Alfred Jarry

Chaiev a mis 9/10.

Igitur - Divagations - Un coup de dés
8.3
21.

Igitur - Divagations - Un coup de dés (1897)

Sortie : 1897 (France). Poésie

livre de Stéphane Mallarmé

Chaiev a mis 10/10.

Voici des ailes
6.8
22.

Voici des ailes (1898)

Sortie : 1898 (France). Roman

livre de Maurice Leblanc

Chaiev a mis 7/10.

Annotation :

Leblanc avant Lupin, encore jeune et plein de rêves littéraires, profite d’une virée en bicyclette pour trousser un court roman d’une modernité réjouissante. Sens du montage et du mouvement - alors que le cinéma lui-même n’en est pas là, qui vient d’être inventé - pour un texte vif, rapide et d’une légèreté toute fin de siècle. Et pourtant, derrière la superficialité de façade, se devine un regard acéré sur une nouvelle époque à venir, où la liberté est à gagner à la force du poignet et de la cheville. Celle d’aller où l’on veut, aussi bien géographiquement que métaphoriquement, « les yeux fixés au large et les cheveux au vent »

Le Jardin des supplices
7.9
23.

Le Jardin des supplices (1899)

Sortie : 13 juin 1899 (France). Roman

livre de Octave Mirbeau

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Cruel, méchant, extreme, iconoclaste, c'est un plaisir de chaque ligne (l'écriture fin de siècle est magnifique en plus, comme un Huysmans aux colonies). Enfin en l'occurrence un plaisir un peu curieux vu la teneur du récit, longue tresse d'horreurs et de tortures gratuites, danse macabre à la beauté vénéneuse où se mêlent comme il se doit Eros et Thanatos. Une ode hallucinante, hallucinée, aux pouvoirs de la litterature, seule déesse capable de rendre, et de transfigurer, les subtilités de la douleur.

La Câlineuse
6.7
24.

La Câlineuse (1899)

Sortie : 1899. Roman

livre de Hugues Rebell

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Paru la même année que La Femme et le Pantin, le roman de Rebell se penche à son tour sur le thème de la liaison hystérique où un homme ne peut parvenir à quitter la femme qui l’humilie et le trompe. Alors que le XIXe siècle, qui n’aura pu concevoir la femme que comme pute ou soumise, vit ses dernières heures, le narrateur se débat sans espoir dans les contradictions d’une société délétère et pourrie. L’écriture de Rebell est précise, ciselée, et d’une jolie ironie, parvenant parfaitement à circonvenir tous les détours de ces âmes malades d’ennui, de désœuvrement, de caprice et de dégout de soi. Une apocalypse pas si heureuse que ça, sur fond de jalousie quasi swanienne (c’est drôle que le roman s’achève sur la côte normande, parmi une ribambelle de filles fleurs plus toutes jeunes), requiem pour un siècle infâme que personne ne regrettera.

Chaiev

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