Hayao Miyazaki - Vus & Annotations

Annotation :

De la terre où le jeune Pazu, un ouvrier qui vit dans une ville industrielle type anglo-saxonne du XIXème siècle et dont son père-aviateur lui a laissé des songes d’une île volante légendaire, jusqu’au ciel où Sheeta, une fille convoitée par des militaires et des voleurs pour un précieux trésor, tombe du ciel en impesanteur dans les bras du garçon, l’auteur réalise un voyage inoubliable. Miyazaki lie constamment l’aérien et le terrestre, la nature et la technologie ou encore la science et la magie pour décrire un monde où l’Homme peut être destructeur et corrompu par le pouvoir. Le duo traverse un sinueux chemin dans un rythme dynamique jusqu’à Laputa, la fameuse citée volante et ancestrale, tout droit inspiré du Voyage de Gulliver. L’esprit aventureux de l’auteur exalte un ballet volant sublime, donne un souffle de liberté incroyable sur des enfants-orphelins faisant face à l’ambiguïté du progrès et de la science, trouve un refuge auprès d’une famille de pirate-volant et navigue dans le ciel et les nuages pour sauver un lieu utopique au ton babélien, avalé par le temps et gardé par des robots rouillés. L'œuvre est alors une invitation au rêve, une ode au mouvement et à la découverte mais surtout à l’union et l’ascension.

Annotation :

À l’instar de "Mon voisin Totoro", Miyazaki fait surgir une altérité qui sert à la quête initiatique du personnage principal. Ce héron criard et bouffon amène indirectement le jeune Mahito dans le monde caché des morts, un passage à la perspective carollienne qui permet au garçon de réajuster son regard sur son cercle familial - brisé par la mort de sa mère - en acceptant le deuil et l’arrivée d’un nouveau membre dans sa famille. Le réel faussement apaisé du début se fissure pour rentrer dans une réalité onirique et cauchemardesque aux différentes strates connectées que Mahito doit traverser en parcourant une géométrie liquide de rêve vertigineuse à l’imaginaire foisonnant et qui revisite la mythologie et les influences du réalisateur. L’odyssée de l’enfant se fait par un franchissement de multiples portes, paliers et seuils, c’est un voyage à travers des dimensions rentrant en collision et où l’espace-temps éclate d’un lieu à un autre dans un mouvement pressant, chaotique et continu. L'illusion de ces visions surréalistes et malléables met en évidence le dérèglement et le déséquilibre d’un monde fantastique imaginé par l’architecte, avatar clair de Miyazaki qui essaie de léguer en vain un héritage (celui de Ghibli) trop imposant et donc prêt à s'effondrer.