Cover Jacques Tourneur - Commentaires

Jacques Tourneur - Commentaires

Sans doute l’un des cinéastes qui ont le plus apporté dans l’expression des peurs souterraines, la formulation du caché ou du refoulé, les manifestations de l’inconscient, Tourneur est un artiste pour qui l’ellipse n’est que le prélude au traumatisme de la révélation, et chez qui l’intuition et la ...

Afficher plus

Liste de

8 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a plus d’un an

La Féline
7.2

La Féline (1942)

Cat People

1 h 11 min. Sortie : 1 juillet 1970 (France). Thriller, Fantastique, Film noir

Film de Jacques Tourneur

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Par sa maîtrise du hors-champ et du clair-obscur, Tourneur invente un fantastique suggestif qui refuse les effets spectaculaires et privilégie une forme sophistiquée, insidieuse et crépusculaire, sans doute assez nouvelle pour l’époque. Servi par Simone Simon et son troublant physique de chat, il situe sa fiction dans un cadre contemporain, s’interdit de visualiser l’objet de la terreur et laisse le spectateur libre de choisir entre deux hypothèses, la rationnelle et la surnaturelle. La peur de l’animalité, la frustration, le pouvoir de l’imagination se confondent dans une ambiance de cauchemar pernicieux qui fait du désir et de la sexualité la source d’un mystère, d’une angoisse sans objet véritable mais pourtant très présente, d’un singulier mélange de fascination et de culpabilité.
Top 10 Année 1942 :
https://urlz.fr/kefL

Vaudou
7.2

Vaudou (1943)

I Walked with a Zombie

1 h 09 min. Sortie : 27 septembre 1967 (France). Épouvante-Horreur

Film de Jacques Tourneur

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Cinéaste de l’informulé, de l’indicible, de la suggestion des forces occultes qui s’épanchent dans le monde sensible dès lors qu’elles ont trouvé un point de fixation, Tourneur trouve ici un sujet idéal. Le martèlement obsédant des tams-tams, l’appel de la conque, la moiteur tropicale du décor haïtien, le noir et blanc évocateur, les ombres projetées par les plants de canne tandis que l’héroïne progresse vers la cérémonie nocturne, la démarche traînante d’un grand Noir aux yeux exorbités, la diction très calme des acteurs, étouffée comme dans un rêve, maintiennent une latence de l’horreur d’autant plus subtile que rien ne vient la concrétiser explicitement. Tout appartient ici au domaine secret de la nuit, tout crée un climat d’envoûtement maintenu jusqu’à la mort mystérieuse et apaisante du dénouement.
Top 10 Année 1943 :
https://urlz.fr/kefR

L'Homme-Léopard
6.8

L'Homme-Léopard (1943)

The Leopard Man

1 h 06 min. Sortie : 8 mai 1943 (États-Unis). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Jacques Tourneur

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Plus encore que "La Féline" ou "Vaudou", ce précipité de matière tourneurienne se structure autour d’une série de rencontres nocturnes fatales pour les personnages féminins saisis dans un espace ouvert que l’obscurité défamiliarise. Le cinéaste y fait basculer le désir érotique dans le cauchemar, joue d’effets de montage qui mettent en évidence la subjectivité de la perception, use de la figure du retournement en associant tel geste ou tel ressenti avec le contre-champ sur ce qui suscite la peur, utilise le son pour créer la tension et provoquer des ruptures rythmiques et émotionnelles. Le destin frappe en aveugle, sans tenir compte des agissements et des choix de chacun : c’est le sens de cette balle maintenue en l’air par un jet d’eau, vouée comme les personnages à l’impuissance et au néant.

Le Passage du canyon
7.5

Le Passage du canyon (1946)

Canyon Passage

1 h 37 min. Sortie : 28 octobre 1949 (France). Western

Film de Jacques Tourneur

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le premier western du cinéaste est un avatar assez étrange, à la fois classique et vaguement précurseur, où les paysages de l’Oregon sont photographiés avec une clarté presque onirique et où l’enchaînement des actions ne semble répondre à aucun impératif dramatique : pendant longtemps il ne s’y passe quasiment rien, l’histoire se résumant à une suite d’actions quotidiennes. La fameuse esthétique tourneurienne de l’ellipse et de la retenue lui permet de marquer de sa patte un genre placé d’habitude sous le signe obligatoire du spectacle, et de mieux cerner le travail souterrain des pulsions, la progression de la violence, la circulation des affects au sein d’une communauté paisible en apparence, ainsi que l’ambigüité de comportements qui ne doivent rien au manichéisme en vigueur.

La Griffe du passé
7.4

La Griffe du passé (1947)

Out of the Past

1 h 37 min. Sortie : 30 mars 1949 (France). Film noir

Film de Jacques Tourneur

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Un polar serti d’une atmosphère subtilement onirique, comme s’il était peu à peu infiltré par un mauvais rêve. Le monde que Tourneur développe ici apparaît comme un théâtre d’ombres, où les puissances trompeuses se jouent des facultés du protagoniste, où sa raison vacille sur le seuil de vérités insoutenables, où le sentiment tragique de la vie va de pair avec un désenchantement radical. Robert Mitchum y est le héros exemplaire d’une intrigue tortueuse et opaque qui juxtapose, comme dans les grands classiques de la série noire, les thématiques de l’argent, de l’amour, du meurtre et de la trahison. Le sens du décor et de l’éclairage, la complexité touffue de l’action, la relation fatale au cœur du drame en font un film captivant, même si je lui préfère, dans le genre, bien d’autres jalons.

La Flèche et le Flambeau
6.8

La Flèche et le Flambeau (1950)

The Flame and the Arrow

1 h 25 min. Sortie : 1 septembre 1951 (France). Aventure

Film de Jacques Tourneur

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Si, dans les opus fantastiques de Tourneur, la peur naît de l’invisible, la surprise résulte ici de ce qui est donné comme spectacle, des acrobaties, des numéros de cirque en Technicolor libéré. Burt Lancaster y est le fils caché de Robin des Bois et de Zorro, réfugié dans la forêt avec son fidèle compagnon muet ; les femmes rêvent de lui, mais il préfère se bagarrer et se dresser contre l’oppresseur du peuple. Contrairement à Hitchcock qui en détourne les conventions pour mieux revendiquer sa patte d’auteur, ou à Lang qui transcende le matériau en aiguisant le jeu esthétique, le réalisateur s’attèle au film d’aventures en respectant ses contraintes tout en cultivant le plaisir de l’inattendu. D’où cet exercice mineur mais plaisant, qui témoigne d’une interaction achevée de toutes les composantes de la mise en scène.

La Flibustière des Antilles
7.1

La Flibustière des Antilles (1951)

Anne of the Indies

1 h 21 min. Sortie : 12 septembre 1952 (France). Aventure

Film de Jacques Tourneur

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Le film de corsaires et de piraterie, la galvanisante aventure des trésors pillés, des escales exotiques, des abordages exécutés dans l’odeur de la poudre et le tonnerre du canon : un genre séduisant entre tous lorsqu’il est servi avec panache et inspiration. L’année où Walsh signe son "Capitaine sans Peur", Tourneur en livre à son tour un des plus beaux fleurons, un divertissement trépidant, spectaculaire, où la reconnaissance de la convention est parasitée par la singularité inattendue de son traitement. Avec ses couleurs chatoyantes, sa mélancolie secrète, son évocation d’un blocage sexuel au parfum d’inceste, son regard quasi étonné sur les supplices de la mort, l’œuvre offre à Jean Peters un rôle ambigu, fougueux, écartelé entre passion ardente et froide cruauté, bassesse vile et grandeur sacrificielle.

Rendez-vous avec la peur
7.3

Rendez-vous avec la peur (1957)

Night of the Demon

1 h 35 min. Sortie : 9 novembre 1957 (Royaume-Uni). Fantastique, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Jacques Tourneur

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Un savant américain, sceptique et rationaliste, apprend que l’un de ses collèges a été assassiné par une puissance maléfique. En plongeant son positivisme dans les arcanes d’une Angleterre insolite, celle des mediums et des "psychic societies", Tourneur s’attache moins à la résolution de l’énigme (qui restera en suspens) qu’à la progression de l’enquêteur dans un espace instable, soudain obscurci par les vibrations des univers parallèles. Il signe un film fantastique qui joue des ressorts de l’invisible et de la suggestion, trouvant sa matière dans la peur des rites secrets, l’infusion du surréel, la menace constante des forces surnaturelles et démoniaques. À notre époque, tout cela fait quand même un peu cheap, à l’image du monstre de carton-pâte qui apparaît sur la fin.

Thaddeus

Liste de

Liste vue 869 fois

3