Cover Jafar Panahi - Commentaires

Jafar Panahi - Commentaires

Pour être aujourd’hui l’un des symboles vivants de la liberté d’expression et du combat contre toutes les formes de répression et d’obscurantisme, Jafar Panahi a acquis la notoriété que le régime politique de son pays voulait étouffer. À la fois concret et allégorique, son cinéma brille d’une vigueur ...

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5 films

créee il y a presque 6 ans · modifiée il y a plus d’un an

Le Cercle
6.9

Le Cercle (2000)

Dâyere

1 h 30 min. Sortie : 31 janvier 2001 (France). Drame

Film de Jafar Panahi

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

La société iranienne ne tourne pas rond, nous assène ce réquisitoire salutaire dont on sent que chaque image, comme volée dans les rues silencieuses d’une ville oppressante, dit la vérité. Celle des femmes de ce pays, enfermées sous leur voile noir, victimes d’humiliations quotidiennes et tournant sans relâche dans le cercle infernal de leur condition. Selon un mode de récit qui passe d’une héroïne à l’autre avant de boucler la boucle (de la maternité à la prison), le film brosse aussi le tableau plus général d’un régime policier et intolérant ; loin d’être un simple témoignage, il constitue une arme dans la lutte impitoyable qui oppose les réformateurs aux religieux conservateurs, et joue le même rôle militant que dans l’Italie du néo-réalisme. Mais il faut accepter l’exigence d’un style épuré et austère.

Sang et or
7.2

Sang et or (2004)

Talaye sorkh

1 h 37 min. Sortie : 25 février 2004 (France). Drame

Film de Jafar Panahi

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

En Iran aussi la fracture sociale signifie quelque chose. Il y a le Téhéran d’en bas, qui court à flanc de collines dans le chaos urbain infernal et pollué. Et il y a le Téhéran d’en haut, ghetto de riches désabusés tout acquis à la fête et aux dépenses somptuaires. Le sort veut qu’Hussein, gros géant livreur de pizzas, fragile et surnuméraire, fasse le "go-between" entre les prolétaires sans le sou et les privilégiés égoïstes pour qui sa misère est une tare supplémentaire. À partir d’un scénario de Kiarostami, ciselé à l’acide, sur l’engrenage de la pauvreté dans les grandes villes modernes, le cinéaste analyse sans emphase l’absurdité d’une situation bloquée. Loin de la leçon de morale censée être inculquée au peuple, son film nourrit la tension d’un thriller et épouse la logique implacable d’une tragédie en mouvement.

Taxi Téhéran
6.8

Taxi Téhéran (2015)

Taxi

1 h 22 min. Sortie : 15 avril 2015 (France). Comédie dramatique

Film de Jafar Panahi

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Coiffé de la triple casquette de conducteur, d’interprète et de réalisateur, Panahi active en contrebandier facétieux la liberté d’un cinéma joyeusement traversé par les flots du réel. Il invite une société dont il est privé dans l’habitacle de sa voiture, espace poreux ouvert à tous les échanges, tous les débats, toutes les circulations d’idées, à la fois cocon libérant la parole personnelle et agora en réduction. Praticien d’un art de l’esquive qui brouille les pistes et rivalise de ruse pour faire oublier les contraintes de son dispositif, il s’affirme ainsi témoin privilégié autant qu’ordonnateur théorique, soumet les images fermées d’une mini-odyssée diesel à la libre interprétation et à la polysémie du regard, afin d’opposer aux menaces de coercition sa malice narquoise de créateur en pleine possession de ses moyens.
Top 10 Année 2015 :
https://lc.cx/4xvN

Trois Visages
6.6

Trois Visages (2018)

Se rokh

1 h 24 min. Sortie : 6 juin 2018 (France). Drame

Film de Jafar Panahi

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

S’employant à contourner l’inaction à laquelle voudraient le contraindre ses censeurs, le cinéaste poursuit une auto-fiction généreusement ouverte sur le monde, sur un ton où le tragique de la condition humaine le dispute à la malice pittoresque de la satire, et avec pour enjeu l’affirmation opiniâtre de sa survie comme homme et comme créateur. Difficile de ne pas percevoir l’ombre de Kiarostami derrière cette déambulation automobile hantée par les motifs de la claustration, du suicide, de la réprobation sociale, du trouble jeté sur la frontière qui sépare la réalité de la fiction. Or la valse des références au maître constitue bien pour Panahi une manière impérieuse de jouer sa liberté, au gré d’une ingénierie dramatique dénuée ni de fantaisie ni de mystère, mais qui s’essouffle hélas un peu en fin de course.

Aucun ours
6.8

Aucun ours (2022)

Khers nist

1 h 46 min. Sortie : 23 novembre 2022 (France). Drame

Film de Jafar Panahi

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Avec ce rébus autocentré qui témoigne de sa condition de proscrit par le régime officiel, Panahi se met en scène lui-même en cinéaste contraint de ruser pour tourner ses films à distance, caché dans un patelin frontalier où sa présence sème la zizanie. L’intérêt de l’entreprise tient à la manière dont elle figure simultanément plusieurs drames, à des échelles différentes : l’imposition des règles sociales rigides du village, les tensions sur le tournage, la situation personnelle du réalisateur dans la vie réelle. Ce qui rôde alentour, ce ne sont pas des ours mais les violences souterraines d’une société verrouillée. Tout en construction savante et jeux de miroirs kiarostamiens, procédés réflexifs et mises en abyme de la fiction, elle dit ainsi le tiraillement des artistes iraniens tentés par l’exil mais ne pouvant s’y résoudre.

Thaddeus

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