James Mangold - Commentaires

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L’éternelle histoire du flic pour qui la lâcheté est devenue une seconde nature et qui, soudain, s’éveille. Servi par un casting scorsesien cinq étoiles, Mangold tisse des liens troubles entre les personnages, multiplie les détails quotidiens qui leur confèrent une vraie épaisseur, fait preuve d’un artisanat du récit sophistiqué lui permettant d’entrecroiser les pistes narratives et de leur donner du relief et de la perspective. En résulte un western urbain qui s’en prend au fantasme communautariste d’un pays où le pouvoir des lobbies marque la ruine d’une certaine démocratie, où la conscience politique ne consiste pas à prôner un idéal mais à maintenir les privilèges de son groupe, un film courageux et précis, amer et mélancolique, tendu et captivant, qui dénonce avec fermeté la naissance du fascisme ordinaire.

Annotation :

De 1954, où il fit son premier enregistrement, à 1968, date de son second mariage, quatorze années chaotiques de la vie d’une légende américaine, avec ses hauts et ses bas, ses heures de gloire et ses zones d’ombre, ses tentations (l’alcool, la drogue) et ses multiples renaissances. Jamais le cinéaste ne cherche à contourner ni à renouveler les règles établies de la biographie filmée, mais l’intelligence avec laquelle il investit son sujet confère une grande authenticité émotionnelle à cette euphorisante chronique, où la musique sert à la fois de tremplin dynamique, de commentaire et de révélateur sentimental. Superbement interprété par Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon, l’œuvre témoigne d’une fluidité narrative, d’une énergie grisante, d’un enthousiasme roboratif qui enchantent sans sommation.

Annotation :

Schéma ultra-classique auxquels bien des road-movie d’anticipation ont offert leurs titres de gloire : dans un monde dystopique à bout de souffle, un homme brisé et solitaire se lie avec un enfant convoité par tous. À la mode très contemporaine de l’amplification et de la multiplication des pistes narratives, le cinéaste préfère une ligne fictionnelle dégraissée jusqu’à l’os au fil de laquelle il développe un propos sincère sur la vieillesse, la transmission, l’épuisement du rêve et des icônes héroïques. Il réinjecte ainsi avec une âpreté désespérée le cœur et les tripes que l’on n’attendait plus dans un contexte aussi sclérosé, et livre un film prenant, poignant, crépusculaire, où le désenchantement du mythe et la sauvagerie de la violence le disputent à l’humanité la plus douloureuse. Une excellente surprise.
Top 10 Année 2017 : https://lc.cx/P6Ky

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Si ce produit de studio formaté parvient à séduire, alors même qu’il arpente des sentiers ultra-balisés et épouse tous les clichés du genre auquel il relève, c’est parce que Mangold y cultive ce néo-classicisme à la fois sobre et rutilant, légèrement vintage, dans laquelle il trouve toujours à s’épanouir. Et le film de réactiver ainsi une tradition hawksienne impliquant endurance, bons et mauvais tours, étapes, vitesse, individualisme chevillé, hommes immatures dévoués à une passion dont il ont fait un métier à haut risque, avec une histoire d’amitié masculine comme catalyseur, les qualités d’un héroïsme matérialiste comme coagulant et la victoire triomphant à l’opiniâtreté sur une série de défaites comme loi d’airain. Tout en cabotinage contrôlé, Bale et Damon parachèvent le plaisir dispensé par l’entreprise.