La 25ème année

Venant d'avoir 24 ans, j'entre logiquement dans ma 25ème année. L'occasion pour moi de recenser tous les ouvrages de littérature que j'aurais lus dans cette période, dans l'espoir qu'un jour je retombe sur cette liste et que je vois ce que j'avais pu lire à cet âge-là.
Si à 25 ans t'as pas lu ...

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47 livres

créee il y a plus de 5 ans · modifiée il y a presque 2 ans

Brooklyn
6.8

Brooklyn

Sortie : 6 janvier 2011 (France). Roman

livre de Colm Toibin

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Pas inintéressant, même s'il a du mal à démarrer. J'ai commencé à être captivé environ au milieu de l'intrigue, quand Eilis elle-même est captivée par sa nouvelle vie à Brooklyn. L'ouvrage n'a finalement que peu d'intérêt historique (il ne nous apprend pas grand chose que l'on ne sait déjà sur l'arrivée des migrants aux Etats-Unis, d'autant qu'il se déroule plusieurs décennies après la fin des grandes migrations européennes, ce qui lui donne un caractère plutôt anachronique) mais peut passionner dans le sentimentalisme pas réellement niais de sa personnage principale : à de multiples égards, j'ai pensé à l'Amie prodigieuse d'Elena Ferrante, et à cette écriture réaliste teintée de considérations émotionnelles furtives.

Cinna
7.4

Cinna (1643)

la clémence d'Auguste

Sortie : 1643 (France). Théâtre

livre de Pierre Corneille

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Un ouvrage qui a raison de rester dans ma liste sur les livres qui se lisent d'une traite. La rime est parfaite et le tragique insoutenable. Reste que dans mon souvenir la clémence s'exprimait moins abruptement, était amenée de façon plus subtile...
A cette relecture, j'ai eu davantage d'intérêt pour le personnage de Livie : assez intermittente, mais qui prend les allures d'une oracle annonçant à Auguste la destinée qui l'attend s'il choisit la clémence à la vengeance.

1789, l'annee sans pareille
7.2

1789, l'annee sans pareille

Histoire

livre de Michel Winock

Alexandre G a mis 8/10.

Annotation :

Agréablement surpris par ce livre finalement très dense, et qui retrace à partir des archives toute l'année 1789. C'était une commande pour le bicentenaire, donc il est possible qu'il y ait deux trois considérations datées (comme l'idée que les Droits de l'Homme sont aujourd'hui brandis en étendard à droite comme à gauche, hmhm). Mais la prose est très agréable et les épisodes relativement bien racontés.
Il manque selon moi un peu de place laissée à la parole des acteurs... Mirabeau est maintes fois cité mais jamais on ne le verra établir un discours, alors que Winock dit clairement qu'il avait une verve inimitable. En soi, cela nous pousse à nous référer au site de la BnF pour les lire nous-mêmes...

L'Entreprise des Indes
6.8

L'Entreprise des Indes

Sortie : mai 2010 (France). Roman

livre de Erik Orsenna

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Moui pourquoi pas... Ouvrage largement anecdotique, qui séduit juste par l'atmosphère de découverte qu'il parvient à recréer. Mais sinon, on ne voit pas véritablement l'intérêt de faire parler le frère de Christophe Colomb, on n'apprend réellement rien sur Colomb lui-même (tout au plus apparaît-il une dizaine de fois sur les 400 p du livre), et une grande quantité de ressorts narratifs sont assez énigmatiques : pourquoi s'adresser à Bartolomé de Las Casas sur une grande partie du livre ? Pourquoi cette partition en trois de l'ouvrage ?
On a parfois l'impression qu'Orsenna a écrit ce qui lui plaisait sans réfléchir au fait que son ouvrage devait être vraisemblable.

Isolation
7.7

Isolation (1992)

Quarantine

Sortie : juin 2000 (France). Roman, Science-fiction

livre de Greg Egan

Alexandre G a mis 5/10.

Annotation :

Il doit certainement falloir un doctorat en physique quantique pour comprendre ce bouquin... parce qu'honnêtement je n'ai vraiment pas réussi à suivre l'histoire. La réduction du paquet d'ondes a l'air d'être quelque chose de passionnant, mais il faut vraiment l'expliquer plus simplement dès le départ pour pouvoir dérouler une intrigue policière d'anticipation dessus. D'autant que l'intrigue est horriblement lente, il y a des pages entières d'explication du phénomène de réduction, comme si l'auteur savait pertinemment qu'il n'était pas clair et qu'il devait se justifier d'avoir choisi un tel thème.
Je le relirai quand j'en aurai appris davantage sur Schrödinger...

Le Problème à trois corps
7.4

Le Problème à trois corps (2008)

sān tǐ

Sortie : 5 octobre 2016 (France). Roman, Science-fiction

livre de Liu Cixin

Alexandre G a mis 8/10.

Annotation :

Très intéressant jusqu'à la révélation... et tout se tasse et devient un peu vain dans la fin. L'histoire de Ye Wenjie et Wang Miao est captivante, et les chapitres de jeu vidéo sont de vraies réussites, qu'on a envie de relire seuls ! Mais j'ai été assez déçu de l'intrigue qui se déploie... et que dire des 50 dernières pages, un peu rocambolesques, voire invraisemblables ? On a souvent l'impression que l'auteur cherche à justifier tous les phénomènes de la première partie du livre par des circonlocutions physiques incompréhensibles. L'intellectron ? Rien compris...

Peut-être qu'en lisant la suite cela paraîtra plus clair !

La Place
7.2

La Place (1984)

Sortie : 1984 (France). Roman

livre de Annie Ernaux

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Un livre emblématique de la prose d'Annie Ernaux, et peut-être plus que les autres même. C'est véritablement le croisement entre la biographie personnelle et l'histoire de l'évolution des sociétés rurales en France entre les deux guerres et à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Les récits sont tous très bien choisis, et succincts, ce qui les charge en signification.
J'ai une tendresse particulière pour ce passage où la narratrice évoque l'agonie de son père, en disant qu'elle lisait un ouvrage de Simone de Beauvoir : comme l'ouvrage était épais, elle savait que son père serait mort avant qu'elle ne l'ait terminé. C'est bien toute l'analogie de l'oeuvre d'Annie Ernaux : l'intimité entretenue entre sa propre vie et la littérature, et ces mises en abyme permanentes qui ravissent le lecteur averti.

Metro 2033
7.2

Metro 2033

Metro, tome 1

Sortie : 2005 (France). Roman, Science-fiction

livre de Dmitry Glukhovsky

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Un roman pas inintéressant mais assez négligeable finalement. La quête initiatique est captivante, et les 850p se lisent bien. Les personnages sont bien écrits, y compris ceux qui n'apparaissent que quelques pages, et notamment Hunter, dont l'ombre plane sur tout le roman alors qu'il ne doit apparaître que 20 pages.
Reste le problème de la narration, qui passe par mille circonvolutions pour finalement arriver à une espèce de raisonnement mystico-philosophique incompréhensible et assez décevant au vu de tout ce qui s'écrit tout du long. Et les choix sont assez maladroits : finalement, les "méchants" (les Noirs), ce sont les négatifs des hommes... Donc bon, faire de l'homme alpha un blanc et de son négatif un Noir, déso mais c'est carrément raciste. Même si on se rend compte finalement que c'était pas eux les méchants. Passons.

World War Z
7.5

World War Z (2006)

Une histoire orale de la guerre des zombies

World War Z: An Oral History of the Zombie War

Sortie : 18 février 2009 (France). Roman, Science-fiction

livre de Max Brooks

Alexandre G a mis 8/10.

Annotation :

Quelle déception de lire le livre après avoir vu le film ! Le premier est tellement meilleur. Ce n'est pas un roman de baston, où on suit un héros testosteroné tenter de sauver le monde. C'est un roman d'anticipation, qui révèle les codes et les structures socio-politiques de plusieurs pays du monde confrontés à une catastrophe biologique. Et c'est rudement bien fait.

Le propos proprement socio-politique est souvent juste, et l'illusion est parfaite. Hormis quelques raccourcis (que le film s'est empressé de reprendre au passage), comme la réaction d'Israël qui serait liée à son histoire (moui..), le reste est très plausible, et les bouleversements que connaissent certains pays comme les Etats-Unis ou la Chine sont un régal. Mon must : le fait que Cuba devienne le coeur du monde après la guerre.

Mais Brooks a également une réelle capacité à narrer les choses : le récit est délicieux lors de plusieurs chapitres, et la narration apporte énormément. Ce système d'interviews post-bellum est tout à fait judicieux et permet d'exploiter au mieux l'ambiance documentaire, sans remettre en question l'atmosphère haletante. Certains récits confinent même à la fable : celui du sous-marin nucléaire chinois est une nouvelle à lui seul, redoublant d'ingéniosité et de suspense.

C'est donc une franche réussite que cet ouvrage.

Une brève histoire du temps
7.6

Une brève histoire du temps (1988)

A Brief History of Time : From the Big Bang to Black Holes

Sortie : 1989 (France). Essai, Sciences

livre de Stephen Hawking

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Je ne peux pas dire que j'ai compris grand chose... pour de la vulgarisation, Hawking évite tout de même tout ce qui est équation, mais difficile de parler d'astrophysique sans entrer dans la complexité des choses. Quelques moments complètement mindblown, et peut-être un livre qui gagne à se relire au fur et à mesure qu'on s'intéresse à ses différents aspects.

La Théorie des cordes
7.1

La Théorie des cordes

ZigZag

Sortie : 2007 (France). Roman

livre de José Carlos Somoza

Alexandre G a mis 8/10.

Annotation :

Un thriller puissant et haletant. L'intrigue gravite autour de la théorie des cordes, complexe entremêlement de la théorie quantique et de la relativité générale : des scientifiques parviennent à isoler des cordes de temps et à refléter ce qu'elles renferment. Manque de pot, ils libèrent des "dédoublements", dont un dédoublement meurtrier qui les chasse à mort.
Métaphore de la peur, de la rancune, de la dépression, etc. en fait de toutes les émotions destructrices suscitées par un être humain, ce ZigZag est intéressant et change constamment de forme. La narration est multiple, ce qui fait de ce roman un récit très riche, et très prenant. De nombreuses idées originales (l'île, les liens entre les personnages, les moments d'arrêt du temps lorsqu'on se trouve dans la corde de ZigZag) et d'autres un peu moins (les filles sous l'emprise de ZigZag qui s'habillent en bad girl, genre Tobey Maguire sous l'emprise de Venom ?), mais on pardonne tout.

Conquistadors
6.9

Conquistadors (2009)

Sortie : 24 août 2009. Roman

livre de Éric Vuillard

Alexandre G a mis 5/10.

Annotation :

Haaaan que c'est loooooong... et il ne se passe rien ! comment a fait Vuillard pour rendre la conquête de l'Empire inca aussi chiaaaante !! C'est embrumé de réflexions mystiques anecdotiques et sans âme, de profondeurs banales et de micmacs narratifs du genre on revient rapido à notre XXIe siècle ou bien on part rapidement dans le futur proche... non je n'ai absolument pas accroché.

Mémoires d'Hadrien
8

Mémoires d'Hadrien (1951)

Sortie : 1951 (France). Roman

livre de Marguerite Yourcenar

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Pourquoi pas... pas mal de passages trop longs, avec des descriptions qui ne m'ont qu'assez peu accroché.
Le côté mémoire historique est bien plus intéressant, même si on n'en voit pas toujours le bout.

Le Vallon
6.9

Le Vallon (1946)

The Hollow

Sortie : 1948 (France). Roman

livre de Agatha Christie

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Trop et inutilement long à commencer (le meurtre n'arrive qu'à la moitié du livre !), ce Poirot est assez anecdotique. On devine presque instantanément le dénouement de l'enquête, et certains chapitres se réduisent à des digressions sentimentales et psychologisantes sans intérêt. Même Poirot voit son rôle complètement amenuisé, puisque les révélations nous sont fournies par d'autres personnages.

Dans les forêts de Sibérie
7.2

Dans les forêts de Sibérie (2011)

Sortie : septembre 2011. Correspondance, Journal & carnet, Essai

livre de Sylvain Tesson

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Rien de bien exceptionnel dans ces carnets de voyage. Bien sûr l'expérience est plaisante, et Tesson traduit bien les émotions face à la Nature du lac Baïkal. Mais l'écriture se veut trop édifiante pour être crédible (Il faut faire des aphorismes. L'aphorisme est le culte. Je suis un auteur.) et ça en devient presque comique tant le trait est épais...

Clara et la pénombre
7.6

Clara et la pénombre

Clara y la penumbra

Sortie : 2003 (France). Roman

livre de José Carlos Somoza

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Un peu moins captivé par celui-ci que par les autres romans de Somoza. Certes, la réflexion est profonde : où s'arrête l'art ? Qu'est-ce que l'art sinon un reflet de ce que la vie rendrait possible ? L'art se niche-t-il dans les extrêmes ? L'idée de l'hyperdramatisme est, comme toujours chez cet auteur, construite en système, réfléchie de bout en bout et bien documentée. Dommage que le thriller soit un peu trop complexe : la narration, décousue, empêche réellement de s'intéresser à tous ces personnages, parfois trop nombreux. Il y a toujours des moments d'arrêt dans le temps (le long chapitre sur l'apprêtage de Clara par Gerardo et Uhl est intéressant), et d'autres qui tiennent en haleine (le chapitre final sur l'exposition), mais restent des impasses, des digressions négligeables (surtout dans la première partie) qui sont regrettables pour un livre de 650p.

La Dame n°13
7.4

La Dame n°13

La dama número trece

Sortie : 31 août 2005 (France). Roman

livre de José Carlos Somoza

Alexandre G a mis 5/10.

Annotation :

Somoza m'accroche beaucoup moins avec ce roman un peu artificiel. On ne rentre jamais véritablement dans une histoire qui se déroule à toute vitesse, parfois dans l'incompréhension du lecteur. La poésie y est à peine mise en valeur (alors qu'il s'agit pourtant de l'intrigue principale), et cette histoire de dames n'est finalement que très inutile dans la rivalité entre dames n°12. C'est long, pas toujours très intéressant, et les personnages sont peu crédibles (hormis Raquel, dont le mystère et l'authenticité sont communicatifs).

Vongozero
7

Vongozero

Sortie : 19 septembre 2014 (France). Roman

livre de Yana Vagner

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Assez peu captivant bien que ce soit remarquablement écrit. Un roman qui prend l'alibi du virus pandémique pour dresser le théâtre des passions humaines et des relations dans des espaces confinés. Pourquoi pas... c'est quand même relativement plat et sans intérêt une grande partie du temps. Les moments de climax sont globalement ratés, mais restent quelques moments de poésie assez mémorables (la rencontre avec le chien notamment).

Phèdre
7.6

Phèdre (1677)

Sortie : 1677 (France). Théâtre, Romance

livre de Jean Racine

Alexandre G a mis 9/10.

Annotation :

Tragédie par excellence, on observe l'étau lentement se resserrer autour de tous les personnages.. Racine dit avoir concentré les manoeuvres malsaines de Phèdre dans le personnage d'Oenope, ce qui pouvait répondre à un souci de morale, mais qui pour moi ne dédouane tout de même pas Phèdre de quelques saillies clairement mauvaises. Il aurait peut-être été plus juste de lui donner toute la responsabilité de ses actes : le suicide final n'en aurait été que plus beau.
L'Hippolyte de Racine a aussi quelque chose de manquant : sa virginité est finalement assez vite expédiée (voire parfois même oublié, quand il accuse ouvertement Phèdre devant son père Thésée, on aurait attendu qu'il persiste dans son silence). Mais le récit de sa mort face à la créature invoquée par Neptune (toujours aussi horrible de donner un nom romain à un dieu grec, pas merci les Classiques) est haletant et plein d'un sublime que tout l'acte V véhicule à merveille. La froideur de Phèdre dénouant l'intrigue dans la scène finale est à la hauteur de son désespoir. C'est pur, c'est superbe.

Les Années Karina
7.8

Les Années Karina (1985)

Godard par Godard, tome 2

Sortie : 1985 (France). Cinéma & télévision, Articles & chroniques, Anthologie

livre de Jean-Luc Godard

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Format intéressant que cette compilation d'écrits divers pour quelqu'un qui répète à l'envi qu'il ne sait pas écrire et que c'est pour ça qu'il filme. A lire et à relire, tant après chaque visionnage des films de la période Karina (y compris Le Mépris) pour avoir une idée plus précise de l'état d'esprit du Godard metteur en scène (et moins pour mieux comprendre ses films : on ne ferait qu'y voir plus exactement les obsessions du réalisateur qu'un sens dans la narration).

Andromaque
7.5

Andromaque (1667)

Sortie : 1667 (France). Théâtre

livre de Jean Racine

Alexandre G a mis 10/10.

Annotation :

C'est bien le propre de ces grands classiques que d'être considérés comme des modèles et en même temps d'avoir tant su créer des variations et des originalités. Modèle de sublime tragique notamment : l'histoire de ce quatuor amoureux et politique, dans l'ombre de la guerre de Troie, est évidemment canonique. S'entremêlent désirs amoureux et enjeux politiques de la plus belle des manières : chaque personnage a un intérêt particulier dans la balance (l'intérêt politique des Pyrrhus et Oreste étant peut-être le plus atrophié en comparaison avec le poids du politique chez Andromaque et Hermione), indissociable de son affectation amoureuse. C'est ce subtil équilibre et cette force logique entre amour et politique qui fait d'Andromaque une pièce modèle.
Mais d'originalité cette pièce n'est pas avare. Tout d'abord dans le domaine du tragique : que dire de cette fatalité, la Fortune, sinon qu'elle ne prend plus les traits d'une divinité, mais bien de ces Grecs, toujours nommés et seulement présents lors de la dernière scène de l'acte V ! Dans ce jeu politique, qui voit le trône d'Epire se disputer sur les cendres de la guerre de Troie, ce sont les Grecs qui décident de l'évolution de l'intrigue : eux qui poussent à l'assassinat d'Astyanax, eux qui conjurent à la mort de Pyrrhus. Et puisque nous n'en sommes pas au dernier renversement, le dénouement en est pour le moins curieux : que sont devenus ces Grecs si puissants, sinon des mercenaires en fuite, en proie au courroux fondateur d'une Andromaque transfigurée, redevenue reine ? Comment la voir perdante, dans une fin qu'on aurait à bon droit crue tragique pour nos quatre protagonistes, alors qu'elle est hissée sur le trône par les Epirotes et débarrassée (libérée ?) de son ravisseur ? Et Oreste devenu fou, comble du sublime d'un personnage tragique incapable de se donner la mort, qui ne saurait mieux clore une pièce qu'on peut juger bon de qualifier de parfait équilibre entre tradition et modernité.

Iphigénie
7.3

Iphigénie (1674)

Sortie : 1674 (France). Théâtre

livre de Jean Racine

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Mythe pourtant miroir de la tragédie racinienne : l'amour (filial et marital) ou la raison d'Etat ? Agamemnon est face à l'innommable : les Dieux lui ont ordonné de sacrifier sa fille Iphigénie pour que les vents se lèvent et leur permettent de partir assiéger Troie. C'est déjà un premier hic que j'adresserais au texte; cette intrigue est ou trop faible, ou trop invraisemblable. Le sacrifice humain, dans le répertoire français du XVIIe siècle, ne peut renvoyer qu'au sacrifice d'Isaac par Abraham; et ici, cela irrigue absolument tout le texte. Ainsi, il devient presque impossible de ne pas faire l'analogie, et le texte en perd toute sa saveur... D'autant que les personnages tragiques sont trop artificiels ici; seule Eriphile atteint au sublime : amoureuse d'un Achille promis à Iphigénie, elle s'arrache les cheveux quand elle sait que sa rivale doit être sacrifiée. Somptueux paradoxe, et sa mort n'en est que plus belle.
Les autres personnages sont du reste assez fades : les suivant.e.s n'ont pas le poids de ceux qu'on peut voir dans Andromaque par exemple, et même Clytemnestre ne parvient pas à convaincre de sa sincérité face à l'horreur.
La rime est elle-même assez pauvre : peu de mélodie et des conventions théâtrales bien trop respectées (la scène d'exposition est parfaite à étudier en classe, mais insupportable tant elle manque de subtilité...). Bien plus encore : je n'ai absolument pas vu la dernière scène arriver, tant cette fin est décevante. Je croyais qu'il restait encore une scène !

L'Éducation sentimentale
7.4

L'Éducation sentimentale (1869)

Sortie : 1869 (France). Roman

livre de Gustave Flaubert

Alexandre G a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Très étrange cet ouvrage, duquel on ne peut plus décoller à partir de l'instant où on a décidé qu'on ne l'aimait pas... Que les 300 premières pages ont été dures ! Entre la multiplication de ces personnages que l'on confond sans cesse (alors même que la rigueur et la complexité de l'écriture de Flaubert leur donnent une épaisseur impressionnante) et ces histoires d'amour parfaitement anecdotiques, on n'en voit clairement pas le bout...
Et pourtant, autour de la p. 400, vient ce récit formidable de la Révolution de 1848. Mais Flaubert, en parfait anti-Châteaubriand, nous rappelle que ce qui l'intéresse, c'est, non pas la grande Histoire, celle qui agite Paris continuellement dans ce siècle des révolutions, mais sa petite histoire sentimentale. Et plusieurs fois, il le rappelle : oui, certes, Paris était en flammes, mais Frédéric se sentait d'humeur à rejoindre Nogent pour badiner avec sa Louise. Le climax étant bien évidemment son séjour niaiseux et insupportable à Fontainebleau alors que des dizaines de milliers d'ouvriers se font assassiner sur les barricades à Paris, les 22-25 juin 1848.
L'écriture est dense, lourde, hachée, et l'appareil de notes (nécessaire) la ralentit encore davantage : c'est bien souvent illisible si on souhaite correctement le lire. En-dehors de quelques saillies épiques/poétiques, rien de bien édifiant à mon goût (peut-être trop acéré par le romantisme hugolien ?), et le sentimentalisme confine trop souvent à la niaiserie. C'est dommage : quitte à ancrer son coming-of-age dans les évènements contemporains, autant ne pas les dénigrer à chaque fois qu'on les mentionne...

Le Comte de Monte-Cristo
8.3

Le Comte de Monte-Cristo (1844)

Sortie : 1844 (France). Roman, Aventures

livre de Alexandre Dumas

Alexandre G a mis 8/10.

Annotation :

TOME 1

La première partie de l'aventure d'Edmond Dantès (dans l'économie de l'édition Folio) alterne entre le ton épique et tragique de l'emprisonnement dans le château d'If, qui n'est pas sans rappeler du Châteaubriand ou du Hugo, et le mondain et l'exotisme tout particulier de ce milieu de XIXe siècle et de son orientalisme et ses voyages en Italie. En fait, Dumas propose un panorama complet de la bourgeoisie de Juillet et de sa quête d'absolu et de bénéfice, déclinant aussi bien les arrivistes (les Morcerf bien sûr) que les banquiers parvenus (Danglars). Mais c'est surtout la force de l'ellipse qui marque ces 700 premières pages : d'un chapitre à l'autre, 18 ans se sont passés, et la petite société pittoresque de Marseille s'est transformée en bals et folles réunions parisiennes. On se plait donc à retrouver chacun des protagonistes métamorphosés (puisque ce n'est pas propre à Dantès !), tant par le temps qu'au contact de ce comte mystérieux, dont l'identité duquel Dumas ne fait pas mystère...

TOME 2

Aux accents épiques et tragiques de la première partie succèdent des pages bien plus courtoises et galantes, au coeur de l'aristocratie parisienne de la Monarchie de Juillet. Je ne dirais pas que certains aspects de l'intrigue m'ont paru longuets, mais les longs excursus sur les opérations financières de Danglars (et la vengeance tramée par Dantès à ce sujet) ont été pour moi plutôt gênants. Heureusement que la prose de Dumas rattrape le tout ! J'ai pour ainsi dire lu les 700 pages du tome 2 en 5 jours (merci la surveillance du bac), faisant du Comte de Monte-Cristo un véritable "gira-paginas"...

Matin brun
7.2

Matin brun (1998)

Sortie : 1998 (France). Nouvelle

livre de Franck Pavloff

Alexandre G a mis 8/10 et a écrit une critique.

Une vie
7.2

Une vie (1883)

Sortie : 1883 (France). Roman

livre de Guy de Maupassant

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Je suis partagé entre un 9 pour la qualité d'écriture et un 5-6 pour l'intrigue... Le style naturaliste est évidemment un régal : peut-être trop peu subtil, il nous laisse deviner l'évolution des sentiments des personnages ou de l'histoire à travers les somptueux tableaux brossés par le narrateur. L'apparition ténébreuse des montagnes corses après le mariage de Jeanne, pourtant au beau milieu d'un bonheur non feint, est suffisamment éloquente pour marquer le début de la descente aux enfers... L'ouvrage est canonique, c'est donc normal qu'on puisse trouver ces techniques stylistiques un peu grosses.
Mais d'un autre côté, quel réquisitoire contre l'amour ! Tous les malheurs de Jeanne sont dus à l'amour charnel, constamment conspué par Maupassant : celui-ci rêve d'un amour fidèle et chaste, platonique et dévoué, qui ne consommerait que des nourritures spirituelles. Le seul amour encensé est l'amour maternel : celui voué par le baron et Mme Adélaïde à leur fille, par Rosalie à sa pupille, enfin par Jeanne à son fils. Tous les autres sont à proscrire, et il n'est pas impossible que cet abbé fanatique, Picot, ne soit pas une incarnation coupable des fantasmes de Maupassant.. non je ne connais pas assez son oeuvre pour me lancer dans un portrait de l'auteur mais de toute évidence, nul salut dans l'amour charnel.

Les Royaumes du Nord
7.6

Les Royaumes du Nord (1995)

À la croisée des mondes, tome 1

His Dark Materials : Northern Lights

Sortie : 1998 (France). Roman, Jeunesse

livre de Philip Pullman

Alexandre G a mis 7/10.

Annotation :

Vendu comme un roman de monde imaginaire, 'Les Royaumes du Nord' parvient à manipuler de manière assez convaincante un subtil équilibre entre monde réel et fictif : une Eglise toute-puissante dans une Europe du Nord remodelée (Océan Allemand, Svalbald, etc.), l'université d'Oxford acquise aux sciences magiques, et d'autres trouvailles stimulantes, notamment pour nos âmes d'adolescents désirant quitter (plus ou moins) notre monde. Il y a cependant des faiblesses dans le récit, notamment dans le rythme de la narration : trop rapide par endroits, elle ne nous laisse souvent qu'entrevoir le potentiel de certains personnages (Serafina Pekkala et les sorcières sont vues trop souvent comme des guerrières...). Certes, ce n'est que le premier tome et il est évident que Lord Asriel ou les daemons seront développés par la suite, mais il y a quelques éléments trop peu expliqués ou abordés, ce qui nous laisse dans une impression de superficialité : à quoi servent les daemons, sinon des Pokémons attachants mais finalement peu utiles pour l'histoire jusque-là ?
Il doit falloir donner sa chance à toute la saga pour pleinement l'apprécier, mais Philip Pullman parie trop sur notre engouement, c'est parfois risqué...

Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
8

Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (1968)

Blade Runner

Do Androids Dream of Electric Sheep?

Sortie : 1976 (France). Roman, Science-fiction

livre de Philip K. Dick

Alexandre G a mis 4/10.

Annotation :

Absolument pas accroché... je n'avais déjà pas apprécié l'adaptation ciné, mais l'oeuvre originale est tout aussi brouillonne. Des personnages stériles auxquels on ne s'identifie jamais (cocasse pour un livre sur l'humanité !), des flous artistiques sur la plupart des enjeux (les animaux électriques sont d'une fadeur) et une intrigue tout juste intéressante (youhou les méchants robots qui veulent prendre le contrôle du monde). Les premiers chapitres laissent pourtant présager du bon, mais rien n'accouche.

Adieu, vive clarté...
6.3

Adieu, vive clarté...

Sortie : 1998 (France). Récit

livre de Jorge Semprún

Alexandre G a mis 8/10.

Annotation :

L'autobiographie de Jorge Semprun est le premier ouvrage que je lis de lui. Connu un peu par hasard d'un bouquiniste, je me suis laissé charmer par une prose rythmée et agréable, qui sait manier ses emphases par instant, mais surtout par un certain sens de la formule qui ne ferait pas rougir les Rimbaud et Baudelaire que l'auteur ne cesse de citer. C'est une autobiographie tout ce qu'il y a de plus classique (depuis Proust), c'est à dire la concentration de l'auteur pour quelques années de sa vie (ici depuis l'exil républicain en février 1939 jusqu'à l'invasion de la Pologne), prétexte à digresser sur d'innombrables autres moments de sa vie. Et le moins qu'on puisse dire est que le jeune Semprun en voit du beau monde à Paris...
C'est une lecture qui parlera aux étudiants, aux Parisiens bien entendu (le focus sur le quartier du Panthéon n'est évidemment pas pour me déplaire), aux khâgneux et aux connaisseurs de cette période : il était donc prudent de dire que l'ouvrage allait me plaire.

Et que dire de ce sens de la formule, ce laconique merveilleux : "l'orgueil de la solitude"...

Silo
7.3

Silo (2012)

Wool

Sortie : octobre 2013 (France). Roman, Science-fiction

livre de Hugh Howey

Alexandre G a mis 6/10.

Annotation :

Une pointe de déception face à ce qui est présenté à tort et à travers comme un monument du roman contemporain de SF, mais qui pourtant ne cesse de rester dans la banalité la plus pure du genre... Un monde clos, métaphore de la Caverne beaucoup trop évidente, dans lequel les hommes sont réfugiés pour échapper à l'holocauste nucléaire... mais évidemment, certains apprennent que cette catastrophe n'était pas si innocente, et que ce monde n'est peut être rien d'autre qu'une prison, dans laquelle les dominants ont le pouvoir.
N'est-ce pas là tout ce qui fait la SF depuis Barjavel ? Ce mélange de science et de politique, qu'Hugh Howey parvient à peine à retoucher par une once d'originalité (la thématique du silo et de l'engrais humain est à peine effleurée dans ce premier tome, ç'en est triste). Les personnages sont intéressants mais restent parfois insipides : l'original Walker est abandonné beaucoup trop de fois, la dépressive Juliette ne connaît pas d'épiphanies révolutionnaires convaincantes, et seul Solo/Jimmy sort un peu du lot. Bref, c'est une succession d'épisodes fades, rythmés par des cliffhangers toutes les deux pages, qui laissent penser que pour un premier roman, Howey savait qu'il devait vendre avant de faire une belle histoire...

Alexandre G

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