La claque Takeshi Kitano

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Œuvre la plus connue et la plus appréciée du cinéaste, Hana-Bi est le film de la reconnaissance pour Kitano. 3 ans après son grave accident, Kitano fait son come-back en tant qu'acteur principal. Ses tics faciaux, sa démarche évoquant une forte douleur, et son visage à moitié paralysé convient parfaitement à ce flic échappant constamment à la mort. Cette lutte a en revanche d'énormes conséquences sur son entourage : à chaque fois qu'il échappe à la mort, d'autres payent pour lui. Ainsi, le personnage contient une grande culpabilité qu'il peinera à exprimer jusqu'à ce qu'elle explose. On suit également l'ancien collègue du personnage, devenu paraplégique suite à une fusillade dont devait être victime Nishi s'il n'avait pas été voir sa femme gravement malade du cancer. Le personnage de Kitano emprunte de l'argent à des Yakuzas pour acheter du matériel de peinture à son ancien collègue. Difficile de ne pas penser au propre vécu du Kitano convalescent (Toutes les toiles du film sont celles que Kitano a peint pendant sa période de convalescence) Le flic, poursuivit par les Yakuzas qui se rendent compte qu'ils ne reverront jamais leur argent, offre à sa femme malade du cancer un dernier voyage, ensemble, qui se révèle être une fuite onirique.

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Retomber en enfance est un thème cher à Kitano, et encore une fois, c'est un ancien Yakuza, qui ne semble jamais avoir grandi, qui y retombe en présence de Masao, un enfant qui cherche à retrouver sa maman durant les vacances. Deux ans après "Hana-Bi", Kitano avait sans doute envie de revenir à un film plus léger. Et quelle légereté ! Ce film est d'une tendresse inouïe et d'une drôlerie "Kitanesque" phénoménale. Takeshi Kitano emprunte à Buster Keaton son don pour maîtriser son espace et chaque scène est un nouveau jeu inventé pour se distraire du long périple. On n'échappe évidemment pas à la mer, ici grand lieu de consolation et espace de passage à une forme de maturité. Nietszche disait : "La maturité de l'homme, c'est d'avoir retrouvé le sérieux qu'on avait au jeu quand on était enfant".

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La fameuse comédie dans un cauchemar (remarque beaucoup plus flagrante dans ce film que dans les autres). Ici un Yakuza fuit la violence et les guerres de gangs sur la plage et retombe en enfance avec son propre gang. Loin des meurtres, des arrangements et de la corruption, il fait également la rencontre d'une très jolie jeune femme. Lui, son gang et cette femme ne vont que tuer le temps, notamment en jouant à des jeux sur la plage. Le film le plus significatif du style Kitano : Un humour absurde, froid, pince-sans-rire ; une mélancolie liée à la plage ; des situations nous faisant passant d'une émotion à son extrême, mais également cette fuite inespérée de la violence.

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Le point d'orgue de la filmographie de Kitano. Si jusque là ses films de Yakuza possédaient toujours une certaine mélancolie, ici Kitano montre bel et bien que la douceur est impossible dans cette société Japonaise. Véritable parabole de son pays où les Yakuza sont omniprésent, Kitano détruit le gouvernement, la justice, et forcément les Yakuzas eux-mêmes, ici présentés comme des loups affamés faisant la course au pouvoir. Le parallèle entre la Mafia et la politique est plus que jamais frappant. Une autre clé de lecture de l'œuvre de Kitano et plus particulièrement de celle-ci est que dans chaque film de Kitano, les personnages qui crient ou qui parlent le plus sont les plus idiots. L'œuvre la plus injustement sous-estimée du cinéaste.

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Voir ma critique ci-dessous

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Kitano s'attaque ici à un genre de prédilection de nombreux cinéastes japonais. Toutefois, si la légende de Zatoichi est une figure mythologique majeure au Japon, Kitano s'occupe de ne pas traiter Zatoichi uniquement du point de vue d'un film de samouraï. Zatoichi est à la fois un film d'enquête, une comédie légère, un film de samouraï évidemment mais également une comédie musicale. Très étrangement, c'est dans ce genre que Zatoichi marque le plus. Si les combats au sabre sont très bien choregraphiés et auraient gagné à être plus impressionnant si les effets de giclement de sang étaient mieux modélisés, on peut clairement en faire abstraction. Ce qui frappe c'est la maîtrise des scènes de danse, et même tout d'abord des scènes de rythmes. Kitano nous captive lors de plusieurs scènes de construction lorsque le bruit des haches, des marteaux et de tout le chantier forment un rythme ultra-entraînant. Le point d'orgue du film n'est alors pas la résolution de toute l'intrigue, malgré une dernière scène et un dernier plan impressionnants, mais bien la scène de la grande fête musicale. Un grand spectacle de claquettes en l'occurrence. Kitano filme alors ce spectacle de manière aussi virtuose que le numéro qu'il présente et tout ceci dans un film qui n'est qu'à la base l'histoire d'un Ronin aveugle convertit masseur.

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Le film le plus abordable de la filmographie de Kitano. Exilé aux Etats-Unis pour fuire la menace de mort de son propre clan (écho à Sonatine ?), Aniki retrouve son demi-frère à Los Angeles, un gangster de rue minable. Ce film est en quelque sorte le Scarface de Kitano : L'ascencion (ou la réascencion) d'un gangster qui arrive aux Etats-Unis et se met à adopter comme style de vie le rêve américain, à l'extrême. Un Japonais gangrené par la culture américaine. À l'inverse du film de De Palma, l'accent est mis sur la fraternité de la mafia construite par Aniki : Les mexicains, les noirs-américains et les japonais réunis dans le même camp, chacun ayant une confiance aveugle en l'autre. Là est la force de ce film. En plus d'inventer des formes (dessiner un idéogramme avec des cadavres par exemple), Kitano confirme après Hana-Bi qu'il sait toujours maîtriser à la perfection son montage, ses montées en puissance et ses claques violentes et émotionnelles.

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Prolongement logique et maîtrisé de Outrage, cette suite est plutôt inattendue de la part du cinéaste tant le premier film ne laissait en rien présager une suite. Kitano surprend toujours, même lorsque l'on sait pertinemment qu'il est surprenant. Rien de plus à dire par rapport au premier film si ce n'est que le risque de redite n'est absolument pas question dans cette œuvre, certes un peu plus faible que son épisode précédent, mais dans un même désir de détruire tout le fonctionnement d'un Japon malade.

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Kitano aborde pour la première fois véritablement en profondeur un thème qui lui est cher : La peinture. En 1994, Kitano s'encastre violemment dans un poteau suite à un accident de scooter. Il survit miraculeusement et, dans l'impossibilité de sortir de l'hôpital et plus tard, ayant honte de son nouveau visage l'empêchant de se montrer à la télévision, Kitano se mit à peindre. Les toiles dans ce film sont intégralement peintes par Kitano. Dans ce film, l'art est présenté de façon équivoque : Le personnage ne se questionne jamais véritablement sur la raison de peindre, il faut préciser que le personnage n'est pas particulièrement intelligent. C'est cette naïveté qui le pousse à continuer à peindre malgré un manque de talent selon les spécialistes de l'art. Ainsi, la peinture, et l'art en général, peut se résumer dans ce film d'une beauté sidérante par une seule question posée dans le film : "Affamé, choisirais-tu un bol de riz ou de contempler un Picasso ?". Le personnage certes naïf, mais surtout passioné et persévérant ne sera pas affecté quand à son inutilité dans le monde dans lequel il vit au contraire de son entourage.

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Difficile de parler de ce film tant il est riche et difficilement abordable. Le film part d'un principe a priori simple : Kitano cherche à réaliser son prochain film. On n'a jamais vu un film de Kitano aussi proche des emissions délirantes du réalisateur. La première moitié du film est un festival de pastiche et d'auto-parodie. À partir de la scène du parking, le film part dans un délire constant. Nous voilà hypnotisés, plongés dans le cerveau malade de Takeshi. Kitano réagissant à son accident avait pour espoir que ce coup violent porté à la tête décuplerait son inspiration, ce qu'il ne constata pas à son plus grand regret. Pourtant tout ce film fait allusion à cette phrase : Les nombreux coups portés au crâne de Kitano où à son mannequin et même la scene d'ouverture à l'hôpital qui semble analyser le cerveau du mannequin de Kitano (le dernier plan le confirmera). Plongé dans cette comédie cauchemardesque (encore), le spectateur est forcément dérouté. Lorsque certaines scènes arrivent vers la fin du film, on ne sait plus réagir tant le délire nous contamine. On sait que ce qui est à l'écran n'est pas normal, incohérent, choquant, malade, complètement délirant... Mais dans le contexte du film tout semble normal et cohérent, et là est la force du film : Le film ne nous présente pas un délire du réalisateur, mais il nous enferme dans un esprit halluciné et ultra-inspiré.

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critique sur Amorces.net :
https://amorces.net/2017/12/08/takeshi-kitano-outrage-coda/

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Film non distribué en France, Ryuzo est le dernier film en date de Takeshi Kitano. Sortit en tant que téléfilm au Japon pour que celui-ci fonctionne mieux (la logique stupide des distributeurs japonais est de considérer Kitano comme un homme de la télévision, puisque très rarement considéré comme un cinéaste à part entière au Japon). Avec ce film, on emprunte un léger virage dans la filmographie de Kitano. Certes les Yakuza sont toujours présents, certes l'humour pince-sans-rire fait toujours autant mouche, mais voilà : Kitano vieillit. La vieillesse est donc un des thèmes principaux du film. Les enfants du personnage principal le trouvent presque sénile, et celui-ci, pour combler son ennui, agresse verbalement des personnes dans des espaces publics (il force un client à choisir le plat qu'il avait décidé sinon il perdrait son pari...). Tout est fait pour nous rappeler que les Yakuza, thermomètre social du Japon chez Kitano, vieillissent au même titre que le Japon lui-même. La mélancolie de Kitano n'apparaît quasiment jamais explicitement, mais il s'agit plus ici d'une mélancolie douce, cachée, la mélancolie d'un vieil homme qui a accepté le fait de mourir.