Le panthéon de la honte (2010-2019)

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Le jeu qui selon moi a achevé la transition d’Ubisoft de la boite rempli de créatifs talentueux a l’origine de jeux originaux de qualité à la grosse machine a frique sans âme qu’elle est aujourd’hui. AC : Syndicate, c’est le cliché de la grosse licence insipide sortant chaque année avec aucune once d’audace qui se contente de capitaliser sur une gloire passée et d’abuser de la confiance, anciennement acquise, des joueurs. Une licence qui n’a tellement pas cherché le renouvellement depuis le second épisode sorti en 2009, au profit de l’annualisation, qu’en 2015, date de sortie de cet opus, plus que simplement se montrer médiocre s’est carrément montré anachronique en face de jeux tel que Bloodborne, MGS V ou encore The Witcher 3, semblant sortir avec une génération de retard, un constat inacceptable pour un jeu de cette acabit. En bref un bon gros produit d’usine répétant les mêmes schémas jusqu’à la nausée, caractérisant assez bien la philosophie d’Ubisoft durant toute cette décennie.

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Vous pensiez que nous en avions terminé avec Ubisoft ? Ce serait oublier l’une des plus grosses polémiques de cette génération, à comprendre Watch Dogs, dévoilé en grande pompe durant l’E3 2012, avec un rendu très loin du résultat final, suivi d’une campagne marketing ultra agressive et mensongère, ainsi qu’un emballement médiatique qui nous a fait nous poser la question du professionnalisme de la presse « spécialisée » avant de finalement sortir et voir le soufflé retomber. Car bien entendu le jeu n’a tenu aucune de ses promesses, se révélant n’être qu’un GTA bas de gamme accumulant tellement de clichés qu’il nous fait dire qu’il est bien plus le résultat formaté par diverses études de marché que celui d’une véritable intention créative. Manque de chance il sort en plus la même année que la réédition de GTA V sur console nouvelle génération, comme pour nous rappeler à quel point le jeu de RockstarGames, malgré ses quelques années d’existence, lamine Ubisoft sur tous les domaines. Néanmoins, malgré tout ça on ne pourra pas nier le talent d’Ubisoft qui est passé maître pour faire passer des vessies pour des lanternes, a tel point que l’on parle désormais d’Ubisofterie ou Watch-Dogserie pour qualifier ce type de procédé malhonnête. Donc bravo à eux.

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Il n’y a finalement pas grand chose a dire de ce Destiny 2 si ce n’est qu’il est un jeu mediocre, qui, malgré un bon game feel et une direction artistique soignée, se contonne au service minimum, c’est a dire un bete FPS en couloir qui fait de l’aspect communautaire un simple bouche-troue pour tromper l’ennuie avec ses potes pendant que l’on bourrine des ennemis photocopiés. Mais il est l’unique représentant que j’ai pu testé d’un genre qui, personnellement, me dégoute, celui du Jeu-Service.
Un modèle économique qui ne pose pas de problème en tant que tel, notamment pour les jeux gratuits qui en font leur unique source de revenu mais qui devient plus problématique quand il se retrouve dans un jeu vendu déjà plein pot, bien que ce Destiny 2 soit finalement aussi devenu gratuit après un échec commercial cuisant (Car il semblerait que les génies du marketings ne se soient pas dit que sortir une suite a un jeu dont le principe même est de cannibaliser le marché sur une longue durée reviendrait à s’auto-concurrencer). Mais au delà de ça, c’est bien des questions éthiques qui se posent, avec des jeux qui se construisent autour de techniques de rétention du joueur ainsi que d’addiction afin de capitaliser dessus, appuyé par des logiques de frustrations pour le pousser à passer à la caisse. Des méthodes assez discutables donc et dont il suffit de regarder certains de ses représentants pour se rendre compte des divers abus possibles. Rien que se focaliser sur le jargon inhérent à ce genre de jeu, comme « Baleine » pour qualifier les joueurs les plus rentables, suffit pour se rendre compte de l’amour que les responsables de ces jeux ne portent pas pour les joueurs. Tout simplement révulsant

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Pas grand chose a dire de ce Detroit, si ce n’est qu’il est peut-être le projet le plus interessant de David Cage dont les œuvres précédentes n’ont jamais trouvé grâce a mes yeux, c’est le cas de le dire. Mais c’est bien toute l’affaire qui a tourné autour de monsieur et de son studio Quantic Dream durant le developpement du jeu qui l’aura placé dans ce panthéon. Une enquête conjointe de Canard PC, Mediapart et Le Monde mettant en lumière les conditions de travail toxiques du studio. Des photomontages dégradants pour plusieurs membres du studio, les mettant en scène dans des photos proches de la pornographie, sans que la direction s’en inquiète, le tout dans un cadre suintant l’homophobie et le sexisme, aux méthodes de management jugées oppressantes, avec un David Cage se croyant tout puissant et les désormais célèbres périodes de crunch avec des semaines de travail côtoyant les 60h. Mais ce qu’il faudra retenir de tout ça est selon moi est l’exemplarité d’une partie de la presse spécialisé illustré ici par Canard PC mais aussi, en réaction à cette affaire, la constitution d’un bon vieux syndicat protégeant les travailleurs des abus des différents responsables du secteur aux mains beaucoup trop libres par rapport à d’autres milieux, sobrement appelé Syndicat des Travailleurs du Jeu-Vidéo. Un mal pour un bien finalement

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Il n’est pas question de remettre en cause ici la qualité du jeu qui, bien que très imparfait et en deçà de son prédécesseur, reste au dessus de la masse. Mais il a été la source d’une polémique qui, ici encore, touche aux conditions de travail intenables. Une habitude pour le studio dont chaque sorti de jeu est accompagné de son lot de démissions et de dépressions, en raison des conditions de production. On se souviendra notamment de la tribune des « épouses de Rockstar » dénoncant les conditions de leurs maris pendant la production du premier Red Dead Redemption. Mais c’est peut-être la première fois que celles-ci ont été mises en lumière de manière aussi claire par Rockstar lui même notamment par Dan Houser, directeur créatif, se ventant dans une interview à Vulture d’avoir réalisé avec ses équipes des semaines de travail dépassant les 100h (!!!). Une vantardise soulignant une culture de la performance persistante dans le jeu-vidéo continuant de pourrir les conditions de travail dans le secteur mais aussi les abus d’un studio qui a fini par se croire tout puissant, n’hésitant plus à mettre en jeu des vies humaines au profit d’œuvres aux ambitions déraisonnables. Petite mention aussi à une bonne partie de la presse « spécialisée » qui s’est ridiculisée par ses courbettes faites au seigneur Rockstar afin de rester dans ses bonnes grâce et s’assurer un bon référencement chez l’autre seigneur Google

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Encore une fois ce n’est pas le jeu en tant que tel qui est remis en cause ici, étant selon moi l’un des plus importants de la décennie, ni meme la tête pensante derrière le projet, Kojima pour pas le nommer, ou son studio, mais bien son éditeur Konami. Un éditeur qui a fait office de vilain petit canard au sein du milieu du jeu-video japonais qui s’est pose comme élève model de cette décennie. Une réaction issu d’une impatience, certe legitime au vu des nombreux reports du projet, mais qui s’est traduit par un comportement absolument inacceptable. Un kojima dégagé du projet sur les derniers moments de développement, un jeu dépouillé de son final pour sortir dans les temps et de la mention « A Hideo Kojima game » pour signifier son statut de propriétaire mécontent, plusieurs employés débauchés pour être réaffecté comme agent d’entretien car « pas assez efficaces » ou encore un Kojima, alors encore sous contrat, pris en otage par Konami après la sortie du jeu qui lui interdit de quitter le Japon pour récupérer sa récompense de meilleur jeu d’action au Game Awards. Une affaire hallucinante qui a définitivement terni l’image de l’éditeur et qui signe la fin de sa collaboration vieille de 30ans avec Kojima alors devenu indépendant. Inutile de mentionner non plus la nouvelle politique éditoriale de l’éditeur consistant à transformer ses licences en Pachinko ou en jeu mobile bas de gamme.

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Je parlais de représentants des abus du jeu-service et il ne fallait pas chercher très loin pour trouver le principal coupable. Ce jeu Star Wars est celui qui a poussé toutes les logiques du Jeu-Service a son maximum, et en a ressorti tous ses excès, notamment concernant les desormais fameuses Loot-Box ou « pochettes surprises » qui s’apparentent bien plus a des jeux d’argent. Un jeu en tout point abusif qui a alerté le monde entier sur les excès orchestrés dans le milieu du jeu-video, au point de réussir, quasiment à lui tout seul, à convaincre l’OMS de classer l’addiction au jeu-video comme maladie mentale, à mettre le milieu, qui a réussi jusqu’ici a passé entre les mailles du filet, au centre de l’attention des gouvernements qui sont allés jusqu’a demander des comptes à Electronic Arts pour leurs agissements. En bref un jeu complètement fou qui a su cristalliser toute la malhonnêteté du secteur, notamment de son éditeur Electronic Arts qui n’a jamais démérité pour avoir la palme de la pire entreprise de jeu-vidéo de la décennie.

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Ce n’est pas un secret, malgré les grandes avancées de ces dernières années, la culture dite « Gamer » est une culture qui reste profondément reactionnaire est sexiste. Cela s’est illustré bien évidemment par le Gamergate en 2014 mais aussi plus récemment par le studio Riot Games, créateur de LoL, qui a été pointé du doigt par un article de Kotaku en 2018 pour son environnement jugé défavorable aux femmes. Une culture du « Bro » faisant la part belle aux blagues et remarques pas toujours très bienvenues, des écarts de salaires au même poste injustifiés ainsi que des postes a responsabilité qui leur sont inaccessibles, tout cela a contribué a la démystification de la start-up paradisiaque. S’ensuivi de ce fait une grève des employés, cas extrêmement rare pour un studio de cette importance, afin de protester contre cette politique, une poursuite en justice aboutissant à une peine de 10 millions de dollars de réparation, et une promesse de changement par la direction. Comme quoi même les belles choses peuvent arriver.

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Dans la catégorie « l’argent vaut plus que nos vies », Blizzard s’est plutot bien illustré en cette fin d’année par l’intermediaire du jeu Hearthstone. Un joueur pro discalifié d’une compétion avant d’etre privé de ses gains et d’etre banni un an pour avoir publiquement porté son soutien aux hong-kongais face à Pékin, ainsi que les journalistes présents durant l’interview licenciés alors que ceux-ci n’ont affiché aucune solidarité avec ces propos. Le but ? Ne pas froisser le gouvernement chinois très frileux sur la question et dont le marché interieur représente pour beaucoup un Eldorado. Ainsi les réactions ne se sont pas faites attendre entre joueurs appelant au boycotte, le gouvernement américain critiquant ce choix comme une atteinte aux libertés fondamentales et meme les employés protestants en recouvrant les slogans « Pensez mondial" et "Chaque voix compte", inscrits autour d'une statue au siège de l'entreprise. Et parce que Blizzard c’est aussi Activision, rappelons que l’éditeur a licencié en 2019 plus de 800 employés alors que celui-ci a engrangé un chiffre d’affaire record et que son pdg, Bobby Kotick, alors déjà l’un des patrons les plus surpayés des États-Unis selon As you Sow, s’est permis un bonus de quelques millions de dollars avec certains de ses collaborateurs.

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Pardon, ai-je dis Electronic Arts comme pire entreprise de la decennie ? C’etait bien évidemment sans compter sur Ubisoft qui semble plus motivé que jamais pour lui disputer la palme. Ainsi pouvions nous imaginer le passage a une nouvelle décennie sans une dernière ubisofterie ? Et bien la firme ne nous a pas déçu. Et elle est de taille cette fois-ci, car bien que n’ayant pas joué au jeu, il m’a suffit suivre les différentes polémiques pour comprendre ce dont il est question. Plus qu’un jeu qui ne tient pas ses promesses, nous avons affaires ici a un produit qui n’a même plus grand chose a voir avec les premières démonstrations. Un jeu présenté initialement comme orienté survie et plutôt réaliste et qui sort en tant que LOOT SHOOTER, avec de l’expérience à engranger, et différents niveaux d’arme (rien de très réaliste donc). En résulte donc une expérience sans aucun sens avec des mécaniques qui n’ont rien à faire ensembles, qui se contredisent même et qui semblent se présenter comme autant de stigmates d’un sabotage orchestré par Ubisoft lui même, plus précisément par des cols blancs véreux qui ont probablement poussé pour insérer ces mécaniques au forceps en plein milieu du développement pour justifier la surmonétisation in-game. Le résultat ? Le plus gros molard craché au visage des joueurs juste derrière Star Wars Battlefront II, rien que ça. Encore une fois, bravo Ubisoft