Lectures 2017 (annotées si j'ai pas trop la flemme)
Liste de 35 livres
créee il y a environ 7 ans · modifiée il y a plus de 6 ans
Dans les veines ce fleuve d'argent (2006)
Nelle vene quell'acqua d'argento
Sortie : mai 2008 (France). Roman
livre de Dario Franceschini
VilCoyote a mis 7/10.
Annotation :
Une quête intime et évanescente, le long du Pô, sur les pas d'un homme qui souhaite répondre à une question posée quarante ans plus tôt. Villages fluviaux, rencontres éphémères et bienveillantes, avec un soupçon de réalisme magique inattendu qui fonctionne bien. Calme trompeur, souvenirs qui affluent, pour un voyage dont on ne comprendra le vrai sens que lors d'une scène finale tumultueuse et poignante. Le titre nul auquel vous n'auriez pas échappé si j'avais écrit une critique : La mémoire dans le Pô.
L'Oiseau Canadèche (1983)
Fup
Sortie : novembre 2010 (France). Roman
livre de Jim Dodge
VilCoyote a mis 8/10.
Annotation :
T'en veux du trio de choc ? Allez. Un pépé avec le tromblon dans la main droite et le tord-boyau maison dans la main gauche, un petit-fils dont la lubie est de constuire des clotûres parfaites, et une canette acariâtre en surpoids et par la même infoutue de voler. Voilà, le décor est planté. Ça fait 100 pages, c'est attachant et fendard à la fois, et ça revisite avec une gouaille toute personnelle ces histoires de pionniers des grands espaces.
Tout est illuminé
Everything Is Illuminated
Sortie : 15 avril 2002 (France). Roman
livre de Jonathan Safran Foer
VilCoyote a mis 6/10.
Annotation :
Narration à plusieurs niveaux de langage, personnages pittoresques, poids de l'histoire ; Jonathan Safran Foer veut écrire un grand livre et ne lésine pas sur les moyens. C'est inventif, travaillé, mais je ressent moins la patte d'un génie que celle d'un (très) bon élève. La quête est sincère, personnelle, donc je ne parlerai pas d'artifices non plus et le côté roman multiforme fait qu'on ne s'ennuie pas du tout. Je n'ai juste pas été embarqué par toutes les sous-intrigues qui le composent.
Los boys (1996)
Sortie : 21 septembre 2000 (France). Recueil de nouvelles
livre de Junot Diaz
VilCoyote a mis 7/10.
Annotation :
Ce qui compte ici c'est surtout le ton du narrateur, futé et dilettante, avec des pointes acerbes pour épicer le tout. Le ton d'un jeune americano-dominicain qui croque des épisodes de sa vie dans le désordre, entre enfance caraïbe et grisaille du New Jersey, pièges du monde extérieur et famille pas vraiment cocon protecteur (sauf à considérer que visiter sa maîtresse en emmenant son fiston est un acte paternel conseillé par tous les pédiatres). Un narrateur qui reste un peu insaisissable, mais qui n'a pas besoin de beaucoup de mots pour nous immerger dans ces vignettes.
Vous descendez ?
A Long Way Down
Sortie : avril 2005 (France). Roman
livre de Nick Hornby
VilCoyote a mis 6/10.
Annotation :
Je reste sur ma sensation que Nick Hornby c'est sympa mais assez survendu (les anglais sont des kings dans ce domaine). Ici y'a des bonnes vannes, c'est parfois touchant et bien vu, mais tout ça par intermittences. On sent bien que passé le postulat de départ original mais improbable, Hornby essaie de garder un certain réalisme et de ne pas transformer son histoire de candidats au suicide en feel-good story à l'américaine. Bon choix Nick, mais tu n'arrives pas totalement non plus à trouver la voie différente qui ferait mouche.
Le Maître ou le Tournoi de go (1954)
名人 (Meijin)
Sortie : 1975 (France). Roman
livre de Yasunari Kawabata
VilCoyote a mis 6/10.
Annotation :
Kawabata conte minutieusement son histoire, attentif aux détails, mais celle-ci est restée terne à mes yeux. On essaie bien ici de nous expliquer que le go n'est pas qu'un jeu pour s'amuser entre couillons mais un véritable art de vivre empreint de philosophie orientale, et que tout ça serait censé lui donner une dimension mystique évidente... d'habitude je suis plutôt client de ce genre de délire mais là je n'ai pas marché et j'en suis resté à deux types qui jouent à un jeu chiant et drôlement psycho-rigide*. Et comme le roman ne développe pas non plus de personnages ou d'enjeux secondaires, je suis resté sur ma faim.
*Si le livre a donné le virus du Go à une seule personne je veux bien manger du fugu préparé par le cuistot d'un kebab.
Ouragan (2010)
Sortie : 18 août 2010. Roman
livre de Laurent Gaudé
VilCoyote a mis 7/10.
Annotation :
Un roman choral et un contexte fort : l'ouragan Katrina. En pleine évacuation massive de la Nouvelle-Orléans, Laurent Gaudé imagine quelques destins restés sur place. Un ancien couple prêt à tout pour se retrouver, des détenus en opération survie, une vieille veuve indéboulonnable, un pasteur en plein crise de foi. Et tout autour, cette atmosphère irréelle de nature qui déferle sur la civilisation, de Bayou poisseux qui lâche ses alligators dans les rues comme si c'était des labradors en goguette. L'écriture est tout en force tranquille, dans l'émotion concise plutôt que dans les violons excessifs. Ça ferait un bon film à Oscars, dans le genre classique mais bien foutu, avec Denzel qui viendrait chercher sa statuette entre deux tounages d'actioners miteux.
Le Partage des eaux (1953)
Los pasos perdidos
Sortie : 1955 (France). Roman
livre de Alejo Carpentier
VilCoyote a mis 8/10.
Annotation :
Un "Au cœur des ténèbres" en Amérique du sud, qui prendrait plus la forme d'une renaissance que d'un cauchemar. D'abord la capitale bouillonnante, puis le fleuve qui s'enfonce toujours plus dans la jungle. Une aventure intime, celle d'un homme érudit qui redécouvre ses racines et voit évoluer ses priorités et sa vision des choses. C'est certes manichéen dans son opposition entre une vie moderne vide de sens et l'iddylique simplicité des contrées lointaines, mais on embarque dans le périple parce que la très belle écriture transcende tout ça, dans une langue de plus en plus baroque à mesure que la fascination pour les décors et modes de vie d'un autre monde fait son oeuvre.
Les Naufragés de l'autocar (1947)
The Wayward Bus
Sortie : 1949 (France). Roman
livre de John Steinbeck
VilCoyote a mis 7/10.
Annotation :
Exit le parfum 19ème siècle des trois Steinbeck que j'avais lu jusqu'à présent, on est ici plongé dans une Amérique qui évoque plutôt les 50's avec ses trajets en car et ses rêves hollywoodiens. J'ai senti d'avantage d'humour, voire d'ironie, même si Jojo garde sa forte empathie pour ses personnages et son talent pour se mettre à leur place. Talent qui s'exprime autour des facettes bien dissimulées de chacun, ignorées même de leurs proches, et dans la découverte progressive de ces autres visages, un peu par intuition des uns, un peu par confession des autres, beaucoup parce que les imprévus feront craquer le vernis.
Piazza d'Italia (1975)
Sortie : 1994 (France). Roman
livre de Antonio Tabucchi
VilCoyote a mis 8/10.
Annotation :
Une histoire vivante, contée sous forme de mini-chapitres, avec un joli sens de l'ellipse entre moments cruciaux et anecdotes du quotidien. Un siècle d'histoire italienne en fait, de Garibaldi à la chute du fascisme, vu à travers un village toscan et une famille de républicains dont chaque membre (ou presque) allie une noblesse d'esprit à un soupçon d'étrangeté. La veine est sociale donc, ancrée dans les luttes du peuple, tout en restant constamment poétique, irriguée de superstitions méditerranéennes et de détails insolites. L'écriture, elle, ne se veut pas puissante ou novatrice mais possède un sens du dialogue et un je-ne-sait-quoi sensible qui font vivre ces personnages sous la plume.
Tous les diamants du ciel (2012)
Sortie : 2012 (France). Roman
livre de Claro
VilCoyote a mis 8/10.
Annotation :
Bordel quelle plume, claro que si ! Le sens de la formule qui sonne super bien, de l'expression imagée que t'as pas vu venir, du mot décalé et percutant pour appeler une chose autrement que par son nom habituel... le sens de l'humour aussi. J'ai dévoré le livre, car la prose de Claro a beau être inventive elle retombe toujours sur ses pattes et dans le bon tempo. Derrière, l'intrigue elle-même apparaît un peu en contre-jour, bénéficiant de ce style ébouriffant sans en capter toute la lumière, et disons qu'on suit les personnages plus qu'on ne s'accroche follement à eux. Je crois qu'on est pas si loin du grand bouquin, mais grand plaisir en tout cas tant la langue séduit et fait tourner les pages.
La Caverne des idées (2000)
La caverna de las ideas
Sortie : 2002 (France). Roman
livre de José Carlos Somoza
VilCoyote a mis 7/10.
Annotation :
Je lis peu de polar. J'ai chopé celui-là au feeling, pour changer, et pour son cadre atypique de Grèce antique. Ça jure par Zeus et Apollon, ça se balade en toge voire biroute à l'air, et le fin limier n'est pas Hercule P. mais son avatar Héraclès Pontor. Il y a des meurtres, forcément, mais aussi un jeu important sur le texte, car le livre nous est présenté comme un vieux manuscrit inconnu que le traducteur découvre au fur et à mesure. D'où une double construction plutôt bien menée : l'enquête à proprement parler, et les notes de bas de page de ce traducteur, qui semble deviner dans certaines images et métaphores du texte un sens caché à déchiffrer.
Mademoiselle Else
Fräulein Else
Sortie : 1924 (France). Recueil de nouvelles
livre de Arthur Schnitzler
VilCoyote a mis 8/10.
Annotation :
Bel exercice de style que ce monologue intérieur, celui d'une jeune femme qui change d'avis et d'humeur en une fraction de seconde, fière nymphe "polisonne" le temps d'une pensée et agneau terrifiée l'instant d'après, perturbée par un dilemme terriblement intime mais qui exige pourtant d'elle l'altruisme le plus haut. Else est multiple, mais on trouve aussi dans ces pages la force simple des intrigues concises, unité de temps et de lieu, au sein de cette bourgeoisie viennoise pre-snapchat à la cruauté feutrée. Un court récit prenant donc, qui a la bonne idée d'atteindre son climax à la fin, lorsque les tourments initiaux se transforment en fièvre totale.
Le Musée du silence (2000)
Chinmoku hakubutsukan
Sortie : 31 août 2003 (France). Roman
livre de Yōko Ogawa
VilCoyote a mis 7/10.
Annotation :
J'ai lu que Yoko Ogawa a été influencée par Paul Auster et c'est vrai qu'il y a des ingrédients communs, en tout cas dans cette oeuvre. L'idée de l'homme ordinaire, à la vie bien rangée, qui accepte un boulot atypique dans un décor atypique lui aussi. Ici, le projet est d'édifier un musée d'objets subtilisés aux morts dans les heures qui suivent leur décès. J'ai apprécié ce Musée du silence comme un roman d'ambiance avant tout, parcouru d'une sensation diffuse d'étrange et de danger, tissé autour des questions de la mémoire et de la trace que chacun de nous peut laisser sur cette terre.
Lettre au père
Brief and den Vater
Sortie : 1919 (France). Correspondance
livre de Franz Kafka
VilCoyote a mis 5/10.
Annotation :
Je sais pas, je me suis peut-être braqué dès les premières pages mais j'ai trouvé l'écriture assez moche et le regard ultra psychanalytique adopté par Kafka m'a vraiment tenu à l'extérieur. Et puis cette façon de toujours ménager la chèvre et le chou #topexpression, en théorie signe de nuance et de complexité, m'a semblé ici surtout tourner à vide.
Entre ciel et terre (2007)
Himnaríki og helvíti
Sortie : février 2010 (France). Roman
livre de Jón Kalman Stefánsson
VilCoyote a mis 6/10.
Annotation :
Un livre que je n'ai pas pioché pour lui-même, mais plus connement dans la simple idée de lire un auteur nordique. Ça m'apprendra. Pour être clair, on est moins entre ciel et terre qu'entre fjords majestueux et poésie surgelée façon Findus. Là où le croustibât blesse, c'est dans cette prose un peu facile, un peu générique, à coups de lieux communs sur l'humanité, les ténèbres et ce genre de choses bien plombantes. Ça devient mieux quand on entre dans la communauté du village, et qu'un peu de légèreté et de vie émaille enfin ces beaux mais maussades confins de l'Islande.
Iliade
(traduction Mario Meunier)
Ἰλιάς
Sortie : 1943 (France). Mythes & épopée
livre de Homère
VilCoyote a mis 8/10.
Annotation :
Epique, légendaire, fondateur, évidemment. Ce n'est pas un plaisir de lecture de tous les instants - je pense à certaines phases de bataille bien roboratives - mais il y a une exaltation qui ne peut que vous saisir. La prose archaïque et les dialogues très solennels peuvent rebuter mais pour moi c'est exactement la saveur que doit posséder un mythe de cette ampleur, saupoudrée de ces fameuses épithètes type "l'assembleur de nuées", "l'ébranleur du sol" et j'en passe, qui sont là pour nous rappeler qu'on ne nous raconte pas l'histoire de Raymond et Josiane. L'Iliade c'est la force de la démesure en fait. Celle des égos, des courages et des colères sans limites, le tout sous le regard de dieux qui peuvent élever ou détruire d'un seul battement de cil. Ça ne marcherait pas aussi bien dans un autre contexte, mais ici c'est très bien comme ça. Il dit ; et la communauté Senscritique n'a garde de lui dire non.
Les Âmes mortes (1842)
(Traduction Henri Mongault)
Myortvyje dushi
Sortie : 12 juillet 1973 (France). Roman
livre de Nicolas Gogol
VilCoyote a mis 8/10.
Annotation :
Comme le dit Gogol, ce "fieffé coquin" de Tchitchikov n'est pas fait pour attirer la sympathie du lecteur. Ce qui n'empêche pas qu'on se passionne pour son parcours en montagnes russes, dans ce récit intelligent et rythmé à la fois, qui se lit avec beaucoup de plaisir. La Russie elle-même est au centre de ce qui est à la fois un roman et une chronique sociale. Gogol égratigne sa patrie, décrit la bassesse qu'on peut trouver chez les notables comme chez les moujiks... mais la réhabilite toujours avec bienveillance voire exaltation. Un récit ambivalent donc, parfois décousu et de plus en plus moraliste à mesure que les vues de son auteur évoluaient, mais qui reste captivant de bout en bout.
Fuir (2005)
Sortie : 19 septembre 2005. Roman
livre de Jean-Philippe Toussaint
VilCoyote a mis 7/10.
Annotation :
Fidèle au style Minuit il me semble. Ton détaché, dilettante, avec un narrateur moins dans l'initiative que dans l'observation des petits détails. Et aussi, de jolis passages tout en élégance tranquille, notamment quand cette plume plonge dans des scènes qui sont elles en mouvement (un train de nuit, une fuite folle en moto dans Pékin, une recherche éperdue sous un soleil écrasant). Il y a alors comme une douce énergie, un flegme dynamique. Il me manque un truc pour être totalement saisi par la démarche, mais j'aime bien cette idée de l'éditeur avec une patte différente et reconnaissable dans le milieu.
Price
Sortie : 22 août 2014 (France). Roman
livre de Steve Tesich
VilCoyote a mis 7/10.
Annotation :
C'est vrai, un roman de passage à l'âge adulte ce n'est pas du jamais vu en soi, mais en voilà un de sincère et nuancé. La famille, les amis, et surtout ce premier amour viscéral, obsédant, pour une fille insaisissable malgré toute la bonne volonté du monde. Tout change, les questions affluent sans réponses claires dans leur cortège, l'avenir est vu avec appréhension et déjà la nostalgie de sa jeunesse. Une belle réussite de storytelling, épidermique tout en préférant les glissements progressifs aux changements brutaux, que ce soit la maladie du père vécue d'abord dans l'indifférence, les amis qui deviennent des étrangers au fil des mois, ou le ballet incertain de la relation amoureuse.
Le Port intérieur (1996)
Sortie : 1996 (France). Roman
livre de Antoine Volodine
VilCoyote a mis 7/10.
Annotation :
Des évocations. Des fragments. Mélange de présents et de flashbacks, de vérités et de ruses. C'est l'univers récurrent de Volodine, fait de dissidence armée, de survie clandestine sur la brèche, de souvenir des disparus. Avec la parole elle-même qui est au centre. Le tout narré par sa plume graphique, qui alterne entre l'évocateur imagé et les phrases sèches et coupantes. Le climat est poisseux, crépusculaire, dans la marmite étriquée d'un Macao où s'inscrivent des slogans combustibles et nébuleux à la fois. Petite préférence pour Des anges mineurs, du même auteur, pour sa construction formelle et son champ plus vaste, mais le tout que semble former l'oeuvre de Volodine donne envie de continuer à l'explorer.
Je suis le gardien du phare
Et autres récits fantastiques
Sortie : 1997 (France). Recueil de nouvelles
livre de Eric Faye
VilCoyote a mis 5/10.
Annotation :
Rien de grave, c'est juste que c'est moyen. La plupart des nouvelles sont très courtes et n'ont pas le temps de prendre une grande ampleur, sachant qu'elles sont portées par une écriture assez classique. L'atmosphère globale et les points de départ sont plutôt bons, dans une veine littérature de l'imaginaire, mais demeurent avant tout des décors ou situations insolites et pas assez la source d'habiles et vertigineux questionnements humains.
L'Année du mensonge (2003)
Sortie : 2006 (France). Roman
livre de Andreï Guelassimov
VilCoyote a mis 6/10.
Annotation :
Ma deuxième incursion dans la littérature russe contemporaine après Vladimir Sorokine. C'est réussi parce que c'est rythmé, la romance de l'anti-héros et de la Cosette est joliment traitée sans niaiserie, et ce contexte de crise économique russe de 1998 est intéressant. 6 seulement parce que ça manque un peu de tenue, avec un bon pitch de départ assez vite mis de côté et un virage polar bras cassés dont le curseur oscille de façon assez aléatoire. Bref c'est sympa et ça se lit avec plaisir mais ça pourrait être plus abouti.
Le Démon de l'île solitaire (1930)
Kotô no Oni
Sortie : 5 mai 2015 (France). Roman
livre de Edogawa Ranpo
VilCoyote a mis 6/10.
Annotation :
Le livre joue très bien son rôle de polar : on tourne les pages vite, on veut savoir la suite, on échafaude des hypothèses... La base. Quelques passages sortent du lot - le meurtre sur la plage, la découverte du journal intime, le labyrinthe - et compensent la coïncidence facile qui fait faire un grand bond à l'enquête au 2/3 du livre. Un bon moment donc à défaut d'un grand bouquin, à qui il manque un propos, un point de vue qui transcenderait l'intrigue policière elle-même.
Le Gaucho insupportable (2003)
El gaucho insufrible
Sortie : 2004 (France). Recueil de nouvelles
livre de Roberto Bolaño
VilCoyote a mis 7/10.
Annotation :
Un recueil de nouvelles incisives et psychologiques à la fois, entre un juge devenant gaucho sur le tard, une souris flic qui enquête dans les égoûts, un écrivain et son plagiaire... Difficile d'établir des points communs mais à chaque fois le personnage central est en quête de quelque chose ou quelqu'un, qu'il devra trouver seul, sans soutien solide. Les histoires se terminent souvent en suspens, sans que Bolaño ne ressente le besoin de bien boucler les boucles. Le monde intérieur de ces personnages est bousculé et on assiste aux premiers soubresauts, la suite importe moins. Deux mini essais en fin de recueil, dont l'évocation par Bolaño de sa propre maladie.
Accabadora (2009)
Sortie : 18 août 2011 (France). Roman
livre de Michela Murgia
VilCoyote a mis 6/10.
Annotation :
Une écriture joliment ourlée, empreinte de pudeur et de retenue lorsqu'elle fait parler ses personnages ou se fait simplement le témoin de leurs vies. Un roman à forte dimension nocturne, où les choses essentielles se disent et se passent entre le coucher et le lever du soleil. Ce sont des nuits d'encre qui se confondent avec un châle noir, empreintes d'une calme mais implacable gravité. La Sardaigne y est rurale et secrète, la famille y revêt de multiples formes, et on y questionne un sujet de société très actuel - l'euthanasie - par le biais d'une tradition séculaire.
Le Bruit des choses qui tombent (2011)
El ruido de las cosas al caer
Sortie : 23 août 2012 (France). Roman
livre de Juan Gabriel Vasquez
VilCoyote a mis 7/10.
Annotation :
Une oeuvre mélancolique, dont le spleen se nourrit de la rémanence des choses, que ce soit une faute commise, un souvenir d'enfance ou le traumatisme d'un accident. Immersif, Vasquez parle également de ces évènements charnières qui façonnent un être, parfois simple spectateur de la situation. Le ton est juste, éloquant tout en évitant les grands violons, et la Colombie elle-même est au centre de ces propos : son atypique capitale isolée dans les hauteurs, sa campagne inondée de chaleur, sa transition de pays discret à poudrière dans le viseur des USA. Comme un prisme à plusieurs faces, entre le climat anxiogène vécu par le narrateur et le flashback d'une gringa aux yeux déterminés mais insouciants.
Des bruits dans la tête (1998)
Zvenenje v glavi
Sortie : 20 août 2015 (France). Roman
livre de Drago Jancar
VilCoyote a mis 8/10.
Annotation :
Un peu décousu au départ, car au chaos du soulèvement de cette prison se mêlent des flashbacks et le récit parallèle du siège antique de Massada. Le tout trouve ensuite son rythme, entre affrontements et attentes, et prend son sens et sa force à mesure que les différentes strates de l'intrigue se relient. Une chose est sûre, ce qui intéresse Jancar c'est moins le thriller carcéral que le grand-huit émotionnel de tous ces hommes. D'où ces seconds rôles bien aiguisés (le rival ironique, le vengeur froid, l'instruit mégalo, le cinglé sadique...) mais surtout la voix de celui qui raconte leurs peurs et leurs colères, le meneur Keber, colosse tout en force tranquille, à la mémoire qui vagabonde, dont les rêves et les regrets colorent le témoignage.
Veuves au maquillage
Sortie : août 2000 (France). Roman
livre de Pierre Senges
VilCoyote a mis 6/10.
Annotation :
Je pensais lire un truc bien loufoque qui part dans tous les sens, c'est au contraire un récit très "pensé" et maîtrisé. Il y a bien un virage totalement cinglé pourtant, mais du cinglé qui reste méticuleux et dogmatique dans sa forme. Ce qu'on lit c'est un manifeste singulier, et son passage à l'acte(s). Un manifeste très érudit également, aux références perpétuelles, avec parfois un léger parfum japonais dans le trash délicat j'ai trouvé. Au final je salue la singularité du roman, cette savante bizarrerie qui saura séduire des curieux, mais je ne suis jamais totalement entré dans cet univers.
Le Gang de la clef à molette (1975)
The Monkey Wrench Gang
Sortie : 5 avril 2013 (France). Roman
livre de Edward Abbey
VilCoyote a mis 8/10.
Annotation :
Livre culte à l'esprit libre, à la croisée du manifeste de contre-culture 70's et du page turner qui joue sur les dialogues punchy, les traques haletantes et le charme bien connu de la troupe hétéroclite mal accordée ; ici celle de quatre écolos attachants, beaucoup plus Ron Swanson que hippies dans leurs rapports aux hommes et à la nature. Une ôde aux espaces sauvages et au retroussage de manches, au sabotage oui mais pour la noble cause, au plaisir de pouvoir profiter de la beauté du monde sans forcément voir des têtes de cons à chaque coin d'arbre. L'intrigue tourne un peu en rond en milieu de course, j'aurais aimé voir certains questionnements davantage creusés, mais la dernière partie relance joliment l'aventure.