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28 livres

créee il y a environ 3 ans · modifiée il y a plus d’un an

Concours pour le Paradis
6.7

Concours pour le Paradis

Sortie : 22 août 2018 (France). Roman

livre de Clélia Renucci

Josh_Athanase a mis 7/10.

Le Roi de fer
8.1

Le Roi de fer (1955)

Les Rois maudits, tome 1

Sortie : 1955 (France). Roman

livre de Maurice Druon

Josh_Athanase a mis 8/10.

Annotation :

« Alors, messire mon cousin, dit Isabelle, avez-vous fait bonne traversée de mer ? - Exécrable, Madame, horrifique, répondit Robert d'Artois. Une tempête à rendre les tripes et l'âme. J'ai cru ma dernière heure venue, au point que je me suis mis à confesser mes péchés à Dieu. Par chance, il y en avait si grand nombre que le temps d'en dire la moitié, nous étions arrivés. J'en garde assez pour le retour. » (p.21)

« La foule s'écoula lentement, chacun voulant passer au plus près de l'échafaud afin d'y jeter un dernier regard. Puis les gens, par petits groupes et se livrant leurs commentaires, s'en retournèrent, qui vers sa forge ou son étal, qui vers son échoppe, qui vers son jardin, pour y reprendre, avec tranquillité, le travail quotidien.
Car, en ces siècles où la moitié des femmes mouraient en couches, et les deux tiers des enfants au berceau, où les épidémies ravageaient l'âge adulte, où l'enseignement de l'Eglise préparait surtout à quitter la vie, et où les œuvres d'art, crucifixions, martyres, mises au tombeau, jugements derniers offraient constamment la représentation du trépas, l'idée de la mort était familière aux esprits, et seule une manière exceptionnelle de mourir pouvait, un moment, les émouvoir.» (p.259)

La Musique et l'Ineffable
7.6

La Musique et l'Ineffable (1961)

Sortie : 1 avril 1981 (France). Essai, Philosophie

livre de Vladimir Jankélévitch

Josh_Athanase a mis 8/10.

Annotation :

« La musique, disait profondément Schopenhauer, n'exprime pas telle joie déterminée ou telle tristesse particulière, mais elle instille en nous la mélancolie en général, la joie en général, la sérénité en soi, l'espérance sans causes. Nietzsche va plus loin encore : la musique n'exprime même pas la douleur-en-général ou la joie-en-général, mais elle exprime l'émotion indéterminée, la pure puissance émotionnelle de l'âme ; la musique exalte la faculté de sentir, abstraction faite de tout sentiment qualifié, que ce soit regret, amour ou espérance ; la musique éveille dans notre cœur l'affectivité en soi, l'affectivité non motivée et non spécifiée. Ceux qui traitent la musique comme un moyen d'exprimer certains sentiments déterminés restent "sur le parvis", sans avoir accès au saint des saints. Sans doute Nietzsche passe-t-il un peu vite sur la spécificité des essences affectives éveillées par la musique ; sans doute n'y a-t-il pas de confusion possible entre la folle jubilation d'Eritana chez Albeniz et la nostalgie qu'exhale, chez Liszt, le Mal du pays. Il n'en est pas moins vrai qu'au point de vue sémantique et comme "langage" des émotions, la musique reste toujours équivoque et décevante. Toujours significative en général et jamais en particulier, la musique n'est-elle pas le domaine de l'ambiguïté ? La musique n'exprime, de près, aucun sens assignable, et pourtant la musique est grosso modo expressive, et puissamment expressive. Incapable de développer, inapte au progrès discursif, comment s'exprimerait-elle, sinon "en gros" ? » (p.73)

« Le masque inexpressif que la musique se donne volontiers aujourd'hui recouvrait donc, sans doute, le propos d'exprimer l'inexprimable à l'infini. La musique, disait Debussy, est faite pour l'inexprimable. Précisons toutefois : le mystère que la musique nous transmet n'est pas l'inexprimable stérilisant de la mort, mais l'inexprimable fécond de la vie, de la liberté et de l'amour ; plus brièvement : le mystère musical n'est pas l'indicible, mais l'ineffable. » (p.86)

« Voilà pourquoi le charme est le pouvoir spécifique de la musique. Si la beauté consiste dans la plénitude intemporelle, dans l'accomplissement et l'arrondissement de la forme, dans la perfection statique et l'excellence morphologique, le charme, lui, a quelque chose de nostalgique et de précaire, je-ne-sais-quoi d'insuffisant et d'inachevé qui s'exalte par l'effet du temps. Le charme (...) provoque en l'homme une féconde perplexité. » (p.111)

Le retour de l'enfant prodigue

Le retour de l'enfant prodigue

Sortie : 2008 (France).

livre de Henri Nouwen

Josh_Athanase a mis 5/10.

Annotation :

« Le jaune-brun doux de la tunique du fils semble beau quand on le joint à la riche harmonie de la cape rouge du père, mais la vérité, c'est que le fils est vêtu de haillons qui trahissent la grande misère qu'il a laissée derrière lui. Dans le contexte de l'étreinte compatissante, notre blessure peut sembler belle, mais cette blessure n'a d'autre beauté que celle qui lui vient de la compassion qui l'entoure. » (p.58)

« Un des plus grands défis de la vie spirituelle est d'accueillir le pardon de Dieu. Il y a quelque chose en nous qui nous fait nous accrocher à notre péché et nous empêche de laisser Dieu effacer notre passé et nous offrir la possibilité d'un commencement tout à fait nouveau. Alors que Dieu veut me réintégrer dans la dignité de ma condition de fils, je continue à insister pour me contenter d'être un journalier. Mais est-ce que je veux vraiment retrouver la pleine responsabilité du fils ? Est-ce que je veux vraiment être si totalement pardonné, qu'une façon nouvelle de vivre devienne possible ? Est-ce que je me fais assez confiance dans cette revendication radicale ? Recevoir le pardon requiert une volonté totale de laisser Dieu être Dieu, et de laisser opérer toute la guérison. » (p.86)

« Lorsque, dans les dernières années de sa vie, Rembrandt peignit les deux fils dans Le Retour du fils prodigue, il avait vécu une vie où ni l'égarement du fils cadet ni celui du fils aîné ne lui étaient étrangers. Les deux avaient besoin de guérison et de pardon, de rentrer à la maison, de l'étreinte d'un père miséricordieux. Mais d'après l'histoire elle-même, tout comme dans le tableau de Rembrandt, il est sûr que la conversion la plus difficile à effectuer est la conversion de celui qui est demeuré à la maison. » (p.106)

« Peu importe que je sois le fils prodigue ou le fils aîné, je suis le fils d'un Père miséricordieux. C'est cela que je suis appelé à réaliser. Je suis un héritier. Personne ne le dit plus clairement que Paul, quand il écrit : "L'Esprit en Personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers ; héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui." (Rm 8, 16,17) En effet, en tant que fils et héritier, je suis appelé à la succession. Je suis destiné à prendre la place de mon Père et à offrir aux autres la même compassion qu'il m'a offerte. Le retour au Père est finalement le défi de devenir le Père. » (p.198)

La Défaite de la pensée
6.2

La Défaite de la pensée (1987)

Sortie : 2 février 1989 (France). Essai, Culture & société

livre de Alain Finkielkraut

Josh_Athanase a mis 8/10.

Annotation :

« L'oeuvre politique de la décolonisation s'accompagne ainsi d'une révolution dans l'ordre de la pensée : l'homme, ce "concept unitaire de portée universelle", cède la place à la diversité sans hiérarchie des personnalité culturelles. Mais ce n'est pas la première fois qu'une telle révolution a lieu : Spengler se vantait de l'avoir accomplie, et avant lui Herder reprochait, on s'en souvient, à Voltaire de prendre ses valeurs pour des lanternes et d'uniformiser le monde sous prétexte de l'éclairer. A l'homme, cette hypostase du Français, il opposait déjà l'inépuisable diversité des particularismes. En dénonçant la foncière inhumanité de l'humanisme, et en traquant le particulier, l'historique, le régional derrière tout ce qui se donne l'apparence de l'université - la philosophie de la décolonisation renoue donc avec Herder. La même scène se joue à nouveau sur une autre échelle. Ce n'est plus la France qui est en cause, c'est l'Occident. Mais l'alternative est identique : l'Homme ou les Différences, et la philosophie de la décolonisation combat l'ethnocentrisme avec les arguments et les concepts forgés dans sa lutte contre les Lumières par le romantisme allemand. Entendons-nous : ce retour à la notion romantique de culture est inspiré par une volonté d'expiation et non par un sursaut d'orgueil tribal. » (p.91)

« Ce qui est élitiste (donc intolérable), ce n'est pas de refuser la culture au peuple, c'est de refuser le label culturel à quelque distraction que ce soit. La démocratie qui impliquait l'accès de tous à la culture se définit désormais par le droit de chacun à la culture de son choix (ou à nommer culture sa pulsion du moment). » (p.156)

« La non-pensée, bien-sûr, a toujours coexisté avec la vie de l'esprit, mais c'est la première fois dans l'histoire européenne qu'elle habite le même vocable et jouit du même statut, et que sont traités de réactionnaires, ceux qui, au nom de la "haute" culture osent encore l'appeler par son nom. » (p.157)

« Décrispé, "cool", foncièrement allergique à tous les projets totalitaires, le sujet postmoderne n'est pas non plus disposé à les combattre. La défense de la démocratie ne le mobilise pas davantage que la subversion de ses valeurs. Et l'indifférence désinvolte aux grandes causes a pour contrepartie l'abdication devant la force, et le fanatisme qui disparaît des sociétés occidentales risque bien de céder la place à une autre maladie de la volonté, guère moins inquiétante : l'esprit de collaboration. » (p.168)

La Reine étranglée
8

La Reine étranglée (1955)

Les Rois maudits, tome 2

Sortie : 1955 (France). Roman

livre de Maurice Druon

Josh_Athanase a mis 8/10.

Annotation :

« Il était mécontent de tout et de tous, parce qu'en vérité il était mécontent de lui-même. » (p.87)

« Tu vas connaître Naples, la cour des Angevins, y côtoyer les princes et, si tu es habile, t'y faire des amis. Et peut-être vas-tu assister aux préliminaires d'un conclave. C'est chose passionnante qu'un conclave ! Ambitions, pressions, argent, rivalité... et même la foi chez certains. Tous les intérêts jouent dans la partie. Tu vas voir cela. » (p.111)

La Grâce de solitude
7.5

La Grâce de solitude (2006)

Sortie : janvier 2006. Essai

livre de Marie de Solemne, Christian Bobin, Jean-Michel Besnier, Théodore Monod et Jean-Yves Leloup

Josh_Athanase a mis 5/10.

Annotation :

« Je ne pense pas que le solitaire ait renoncé à séduire l'autre, seulement il veut séduire avec d'autres armes, en offrant l'image de son autonomie, de son indépendance, de sa force. Il y a chez le solitaire une dénégation de la sociabilité. [...] Le misanthrope de Molière représente cela très bien. Alceste ne cesse de crier au monde qu'il hait le monde ! Quel besoin a-t-il de le faire ? Il pourrait très bien se retirer et on n'entendrait plus parler de lui. Mais pas du tout ! Il a continuellement besoin de l'interlocution. Il a besoin que l'autre sache qu'il est unique, qu'il est singulier, et que sa force à lui est de ne pas céder au conformisme ambiant qui rend anonyme. [...]

Peut-on dire que la plus grande solitude, la plus aiguë, la plus douloureuse, s'exprime quand absolument personne ne sait que vous êtes seul ? Là oui, c'est sans doute l'étape ultime. C'est une étape de désintégration absolue. [...] Je crois que la forme extrême de la solitude serait cela : la disparition même de la dissociation entre un moi et un toi, entre un moi et un monde. Il est évident que dans la solitude, il y a une relation duale entre Je et Tu, entre Moi et le Monde. Que vienne à disparaître cette structure duale et l'on perd tout sentiment d'extériorité, et par conséquent tout sentiment d'intériorité. L'intériorité a toujours besoin du repoussoir de l'extériorité pour s'auto-entretenir. Le solitaire est donc effectivement quelqu'un qui peuple sa solitude d'une altérité. Il a besoin d'une altérité pour s'éprouver comme une identité, car s'il perd cette altérité il n'est plus rien. » (p.64)

Prendre la route

Prendre la route (2020)

Une philosophie de la conduite

Why We Drive. Toward a Philosophy of the Open Road

Sortie : 4 mars 2021 (France). Essai, Philosophie

livre de Matthew B. Crawford

Josh_Athanase a mis 8/10.

Annotation :

« Il arrive à plus des deux tiers des américains de chanter en conduisant. Être au volant, c'est donc un peu comme être sous la douche : on s'y sent libéré du regard d'autrui ! Il existe aussi en voiture une forme plus subtile de libération, qui permet d'échapper à un genre de pression plus difficile à définir. Si tout se passe bien pendant votre trajet, vous n'avez pas besoin de vous concentrer intensément et vous êtes livre de rêvasser et de laisser votre esprit divaguer agréablement. Ce type de conduite n'est pas très exigeant, mais vous n'êtes pas pour autant obligé de faire autre chose que conduire. Quel autre moment de la vie quotidienne offre une telle liberté ? » (p.53)

« A une époque où nos routes sont au bord de la ruine faute d'investissements, il semble un peu risqué d'abandonner les commandes de nos voitures à une interaction entre ordinateurs de bord et cartes GPS qui finissent toujours par être dépassés. Que se passe-t-il lorsqu'un nouveau cratère géant se forme sur la route ? S'il y a une bataille pour le contrôle du véhicule, il faut souhaiter que ce soit celui qui a raison (l'ordinateur ou l'humain) qui gagne, sauf que tous deux sont des entités faillibles. Et l'être humain est devenu plus faillible qu'auparavant, précisément en raison des défis cognitifs de l'automatisation partielle. » (p.126)

« Au vu du dysfonctionnement fréquent du gouvernement démocratique, la tentation est forte de permettre aux entreprises technologiques de la Silicon Valley de prendre les choses en mains. Assez raisonnablement, nous sommes nombreux à être prêts à troquer "un peu de démocratie pour un peu d'autoritarisme, si cela permet aux trains d'être à l'heure. cet échange se traduit par une perte de pouvoir sur les institutions avec lesquelles il nous faut vivre." La question est donc celle de la souveraineté » (p.323)

« Sur cette portion de route, il y a plusieurs tronçons sinueux d'où le regard arrive à saisir entièrement, d'un seul coup d’œil, une suite de trois virages enchaînés, sans aucun risque de danger invisible. Lorsque vous les abordez à toute vitesse, ces chicanes naturelles ont une espèce de rythme viscéral qui tient du sublime. Je n'ai rien d'un athlète et je ne peux qu'admirer les sportifs virtuoses qui se déplacent dans l'espace avec une grâce naturelle. Mais sur une moto de sport fonçant dans un canyon, pendant un bref moment, j'ai l'impression d'échapper à ma médiocrité congénitale. Grâce à une machine ! Un vrai miracle. » (p.355)

Vies minuscules
7.8

Vies minuscules (1984)

Sortie : 2 février 1984 (France). Récit

livre de Pierre Michon

Josh_Athanase a mis 6/10.

Annotation :

« Il voulut étudier, dans la mesure où les servitudes miliaires le lui permettaient, et il semble qu'il y parvint, car c'était un bon garçon, capable, disait ma grand-mère. Il toucha des manuels d'arithmétique, de géographie ; il les serra dans son paquetage qui sentait le tabac, le jeune homme pauvre ; il les ouvrit et connut la détresse de qui ne comprend pas, la révolte qui passe outre, et, au terme d'une alchimie ténébreuse, le pur diamant d'orgueil dont l'entendement éclaire, le temps d'un souffle, l'esprit toujours opaque. » (p.18)

L'Homme qui ne voulait pas être pape

L'Homme qui ne voulait pas être pape (2014)

Histoire secrète d'un règne

Sortie : 3 février 2014.

livre de Nicolas Diat

Josh_Athanase a mis 7/10.

Annotation :

« Dans toute souffrance humaine est entré quelqu'un qui partage la souffrance et la patience ; de là se répand dans toute souffrance la con-solatio ; la consolation de l'amour qui vient de Dieu et ainsi surgit l'étoile de l'espérance. Certainement, dans nos multiples souffrances et épreuves nous avons toujours besoin aussi de nos petites ou de nos grandes espérances – d'une visite bienveillante, de la guérison des blessures internes et externes, de la solution positive d'une crise, et ainsi de suite. Dans les petites épreuves, ces formes d'espérance peuvent aussi être suffisantes. Mais dans les épreuves vraiment lourdes, où je dois faire mienne la décision définitive de placer la vérité avant le bien-être, la carrière, la possession, la certitude de la véritable, de la grande espérance devient nécessaire. Pour cela nous avons aussi besoin de témoins, de martyrs, qui se sont totalement donnés, pour qu'ils puissent nous le montrer – jour après jour. Nous en avons besoin pour préférer, même dans les petits choix de la vie quotidienne, le bien à la commodité – sachant que c'est justement ainsi que nous vivons vraiment notre vie. Disons-le encore une fois : la capacité de souffrir par amour de la vérité est la mesure de l'humanité ; cependant, cette capacité de souffrir dépend du genre et de la mesure de l'espérance que nous portons en nous et sur laquelle nous construisons. Les saints ont pu parcourir le grand chemin de l'être-homme à la façon dont le Christ l'a parcouru avant nous, parce qu'ils étaient remplis de la grande espérance. » (Spe Salvi, p.127)

« Lorsque la liturgie est quelque chose que chacun d'entre nous peut se fabriquer, elle cesse de nous offrir ce qui est sa qualité véritable : la rencontre avec le mystère. » (L'Esprit de la liturgie, p.324)

« Ne devons-nous pas penser également à ce que le Christ doit souffrir dans son Eglise elle-même ? Combien de fois abusons-nous du saint sacrement de sa présence, dans quel cœur vide et mauvais entre-t-il souvent ! » (p.357)

« Quand l’Église ne sort pas d’elle-même pour évangéliser, elle devient son propre référentiel et tombe malade. Les maux qui, au fil du temps, frappent les institutions ecclésiales sont cet autoréférentialité et le narcissisme théologique. Il y a deux images de l’Église : l’Église évangélisatrice qui sort d’elle-même, « Dei Verbum religiose audiens et fidenter proclamans », ou l’Église mondaine qui se replie sur elle-même, d’elle-même, et pour elle-même. » (Pape François, p.448)

Les Poisons de la couronne
7.9

Les Poisons de la couronne (1956)

Les Rois maudits, tome 3

Sortie : 1956 (France). Roman

livre de Maurice Druon

Josh_Athanase a mis 7/10.

Mada Trek

Mada Trek (2021)

De Tana à Tuléar

Sortie : 21 janvier 2021. Récit

livre de Alexandre Poussin et Sonia Poussin

Josh_Athanase a mis 8/10.

Annotation :

« Le mora mora : ce mélange de flegme et de patience, de lenteur appliquée et de prudence qui caractérise à peu près toutes les actions des Malgaches. Ici point d'empressement, d'impatience, de brutalité et d'expédients. Il fallait apprendre à prendre le temps, à en goûter toute la saveur. » (p.50)

« Et c'est ainsi qu'est entré dans notre vie un des carburants qui se révelera essentiel pour tout notre parcours : le beignet de banane ! Une merveille gustative et nutritive, faisant oublier le côté huileux et fade du beignet ainsi que le côté gluant et bourratif de la banane. L'ensemble est une alchimie alliant le croquant de la friture et le fondant de la banane légèrement caramélisée. Il sera bon d'imaginer au cours des épreuves à venir que ces paysages arides cachent dans leurs replis des nids où se préparent des mofo akondro et de petits cafés chauds.» (p.138)

« Les routes sont primordiales, ce que ne semblent pas avoir compris les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête de ce pays. Tout est enclavé partout. Il suffirait d'une politique de travaux publics digne de ce nom pour libérer une énergie incroyable dans tout le pays. C'était d'ailleurs l'ambition coloniale. Tout s'est arrêtté d'un coup et le pays s'est refermé. » (p.190)

« L'important, c'est d'écouter, de recevoir, de soigner, pas de réfléchir, sinon on déprime. » (p.261)

« Quand je quitte la maison pour mes procès, je dis toujours à mes employés de nourrir les chiens, mais ils prennent le riz pour eux et vont le revendre, les petits malins ! Et quand je reviens mes chiens sont squelettiques ! Alors j'ai trouvé la parade. J'ai deux réserves de riz, une pour eux, et une pour les chiens : et j'urine dans cette dernière avant de partir, en leur disant bien de ne pas confondre ! Depuis mes chiens ne maigrissent plus ! » (p.367)

« J'ai développé une devise ici: "Rien n'est jamais gagné, mais tout est toujours possible" » (p.375)

Eugénie Grandet
6.8

Eugénie Grandet (1833)

Sortie : 1834 (France). Roman, Romance

livre de Honoré de Balzac

Josh_Athanase a mis 6/10.

Le Grand Bonheur

Le Grand Bonheur (2020)

Vie des moines

Sortie : 7 octobre 2020. Récit

livre de Nicolas Diat

Josh_Athanase a mis 9/10.

Annotation :

« Il faut vivre avec Dieu. Voilà l'unique critère. Le contemplatif veut-il persévérer dans sa recherche ? On ne devient pas moine à la force du poignet. Le volontarisme n'a aucun sens. Le bon moine ne se donne pas pour le plaisir de se donner. Il se donne à Dieu. La nuance est importante. Les pères abbés nous aident. Leur paternité passe toute époque. On croit qu'il faut se donner, mais en fait il faut apprendre à recevoir de Dieu par la communauté. Il faut se cacher en Lui. Nous devons consentir à avancer. » (p.211)

« Dans un monastère, on ne voit plus personne. Notre proximité devient mystérieuse. Je ne me suis jamais senti aussi proche du monde que depuis ce jour où je l'ai quitté. Je prie pour des hommes, des femmes, des enfants que je n'ai jamais vus. Je connais ou je devine leurs souffrances, leurs blessures : nous devons être des intercesseurs. Il y a longtemps, en visite au Mont-Saint-Michel avec le père abbé Antoine, j'ai rencontré un petit garçon. Il était avec sa maman. Il me demanda qui nous étions avec notre habit noir. Je lui ai expliqué notre vie, et je lui ai dit quelques mots sur Dieu. En partant, je lui ai demandé son prénom. Il s'appelait Marin. Tous les jours, je prie pour Marin. Il ne le sait pas. On se reverra jamais ici-bas. Mais nous nous retrouverons au Ciel. » (p.302)

« La prière est une bouteille jetée à la mer. Le moine se désapproprie de l'instant, du temps, de l'utile. Il se consacre à l'inutile, sans même pouvoir attendre de rencontre sensible. La prière exige le pas de la foi. Elle est jetée dans le vide. Mais elle n'en reste pas moins une attente. Parfois, la lumière vient. Plus souvent, Dieu reste silencieux. En priant, nous sommes certains que nous sommes regardés et aimés. » (p.321)

« Au début d'une vie religieuse, un malentendu peut s'installer. La tentation de se faire une petite vie, une organisation à soi, place le religieux dans une situation délicate. Il n'y a pas de don. Un succès, illusoire et temporaire, pourrait s'ensuivre. Mais Dieu n'appelle pas à se réaliser, il appelle un serviteur, un témoin, un martyr. La porte du bonheur demande le passage par l'épreuve de la Croix. Le vrai bonheur, c'est la communion avec le Ressuscité. Si tant de vies consacrées se fanent, c'est que la communion a manqué et manque encore. La joie, c'est Dieu. » (p.330)

La Loi des mâles
8.1

La Loi des mâles (1957)

Les Rois maudits, tome 4

Sortie : 1957 (France). Roman

livre de Maurice Druon

Josh_Athanase a mis 8/10.

La Louve de France
7.8

La Louve de France (1959)

Les Rois maudits, tome 5

Sortie : 1959 (France). Roman

livre de Maurice Druon

Josh_Athanase a mis 8/10.

Le monde selon Guirec et Monique
7.4

Le monde selon Guirec et Monique

Sortie : 10 avril 2019 (France). Récit, Aventures, Journal & carnet

livre de Guirec Soudée

Josh_Athanase a mis 6/10.

L'Esprit de la liturgie

L'Esprit de la liturgie

Sortie : 14 novembre 2001 (France).

livre de Joseph Ratzinger

Josh_Athanase a mis 10/10.

Annotation :

« La liturgie est un exercice préparatoire, mais d'une nature particulière de par l'objet de son anticipation : elle est le prélude à la vie future, à la vie éternelle, dont saint Augustin disait qu'elle n'était plus faite, telle notre vie ici-bas, de besoins et de nécessités, mais de liberté de l'offrande et du don. La liturgie, en suscitant en nous un authentique esprit d'enfance, une réceptivité à cette grandeur à venir qui n'est pas accomplie dans la vie adulte, serait la forme concrète de l'espérance qui, par anticipation, vit déjà la vie véritable - vie de liberté, d'union intime avec Dieu et d'ouverture à l'autre. Elle marquerait ainsi notre existence quotidienne, en apparence si "réelle", du signe annonciateur de notre future liberté et, traversant nos barrières et nos contraintes, ferait déjà briller la lumière du ciel sur la terre. » (p.14)

« Plongeons-nous dans le contexte de l'Exode et examinons les raisons qui motivent la sortie d'Egypte. L'une est bien entendu d'atteindre la Terre promise, ce pays où les fils d'Israël pourront enfin vivre sur leur propre sol, dans des frontières sûres, comme un peuple à part entière, libre et indépendant. L'autre s'exprime sous la forme d'un ordre de Dieu à Pharaon : "Laisse partir mon peuple, qu'il me rende un culte dans le désert (Ex 7, 16), une injonction que le texte reprend quatre fois. Au fur et à mesure des confrontations entre le Pharaon, Moïse et Aaron, les modalités de ce culte exigé par Dieu se précisent. [...] Ce "bras de fer" prolongé entre Pharaon et Moïse, nous montre l'importance de l'enjeu. Il fait apparaître surtout que la manière dont le culte doit être rendu n'est pas matière à compromis : la liturgie tire sa mesure et son ordonnance de Dieu même et de sa révélation. Dans tout cela, nulle question de Terre promise ; l'objectif de l'Exode semble être l'adoration, dans la forme liturgique fixée par Dieu. Ainsi Israël se met en route, non pour devenir un peuple comme les autres, mais pour servir et adorer Dieu » (p.15)

L'Annonce faite à Marie
7

L'Annonce faite à Marie (1912)

Sortie : 1912 (France). Théâtre

livre de Paul Claudel

Josh_Athanase a mis 7/10.

Annotation :

« Je m'en vais. Tiens Combernon à ma place. Comme je le tiens de mon père et celui-ci du sien. Et Radulphe le Franc, premier de notre lignée de Saint Remy de Rheims. Qui lui-même de Geneviève de Paris tenait cette terre alors païenne toute horrible de mauvais arbres et d'épines spontanées. Radulphe et ses enfants l'évangélisèrent avec le fer et le feu et l'exposèrent nue et rompue aux eaux du baptême. Plaine et colline, ils couvrirent tout de sillons égaux, ainsi qu'un clerc appliqué qui de la parole de Dieu lève copie ligne à ligne. Et ils commencèrent Monsanvierge sur la montagne, en ce lieu où le Mauvais était honoré. (Et d'abord ce n'était qu'une cabane de bûches et de roseaux dont l’Évêque vint sceller la porte. Et deux recluses y tenaient garde) et Combernon à son pied, demeure munie. Ainsi cette terre est libre que nous tenons de Saint Remy au ciel, payant dîme là-haut pour cimier à ce vol un instant posé de colombes gémissantes. Car tout se tient en Dieu, aux vivants en Lui ne cesse pas le fruit de leurs œuvres, qui passent et reviennent sur nous à leur temps en magnifique ordonnance, comme sur les moissons diverses l'été tout le jour, ces grands nuages qui vont en Allemagne. Les bêtes ici ne sont jamais malades; les pis, les puits ne sèchent jamais, le grain est dur comme de l'or, la paille est raide comme du fer. Et contre les pillards nous avons des armes, et les murailles de Combernon, et le roi, notre voisin. Recueille cette moisson que j'ai semée, comme moi-même autrefois j'ai rabattu la motte sur le sillon que mon père avait tracé. O bon ouvrage de l'agriculteur, où le soleil est comme notre bœuf luisant, et la pluie notre banquier, et Dieu tous les jours au travail notre compagnon, faisant de tous le mieux ! Les autres attendent leur bien des hommes mais nous le recevons tout droit du ciel même. Cent pour un, l'épi pour une graine et l'arbre pour un pépin. Car telle est la justice de Dieu avec nous, et sa mesure à lui dont il nous repaye. La terre tient au ciel, le corps tient à l'esprit, toutes les choses qu'ils a créées ensemble communiquent, toutes à la fois sont nécessaires l'une à l'autre. Tiens les manches de la charrue à ma place, délivre la terre de ce pain que Dieu lui-même à désiré. Donne à manger à toutes les créatures, aux hommes et aux animaux, et aux esprits et aux corps et aux âmes immortelles. » (p.59)

Le Démon de midi

Le Démon de midi (2013)

L'acédie, mal obscur de notre temps

Sortie : 17 octobre 2013.

livre de Jean-Charles Nault

Josh_Athanase a mis 7/10.

Annotation :

« Evagre appelle l'acédie "la pensée complexe". Ailleurs, on parle de langueur, de torpeur, de désespoir, de paresse, d'ennui, de dégoût. » (p.17, dédicace à Manu)

« L'acédie est péché contre la charité de deux façons qui se rejoignent en réalité. D'une part, l'acédie est péché contre la joie qui naît de la charité, elle est tristesse devant ce qui doit nous réjouir le plus : la participation à la vie même de Dieu. D'autre part, l'acédie est péché contre la charité quand elle brise ou paralyse l'agir, car alors elle touche le moteur le plus profond de l'agir, à savoir la charité, participation de l'Esprit Saint. » (p.58)

« Une société qui fait une affaire privée de ce qui est essentiel à l'être humain [...] devient triste par nature et constitue un lieu de désespoir, car elle est fondée sur une réduction de la dignité de l'homme. Une société dont l'ordre public est déterminé de façon conséquente par l'agnosticisme n'est pas une société libérée, mais une société désespérée, marquée par la tristesse de l'homme fuyant Dieu et en contradiction avec lui-même. » (Ratzinger, p.89)

Foi et raison

Foi et raison

Lettre encyclique Fides et Ratio du souverain pontife Jean-Paul II aux évêques de l'Eglise catholique sur les rapports entre la foi et la raison

Sortie : 3 mai 2000 (France). Essai

livre de Jean-Paul II

Josh_Athanase a mis 8/10.

Le Lis et le Lion
8

Le Lis et le Lion (1960)

Les Rois maudits, tome 6

Sortie : 1960 (France). Roman

livre de Maurice Druon

Josh_Athanase a mis 8/10.

Annotation :

"...Et ici l’auteur, contraint par l’histoire à tuer son personnage préféré, avec lequel il a vécu six années, éprouve une tristesse égale à celle du roi Édouard d’Angleterre ; la plume, comme disent les vieux conteurs de chroniques, lui échappe hors des doigts, et il n’a plus le désir de poursuivre, au moins immédiatement, sinon pour faire connaître au lecteur la fin de quelques-uns des principaux héros de ce récit." (p.371)

La Vie d'un simple
8

La Vie d'un simple (1904)

Sortie : 1904 (France). Récit, Culture & société

livre de Emile Guillaumin

Josh_Athanase a mis 8/10.

Annotation :

"Les premiers jours de notre installation, ces paysages m'apparurent tout ouatés de brouillards. Je les vis ensuite dans leur décor hivernal, alors que les cultures sont nues, lavées par les pluies ou pailletées de gel et que les bouchures sont comme des bordures de deuil avec les fioritures de leurs arbres - squelettes - puis tout blanc sous la neige, déguisés comme pour une mascarade. Je les vis s'éveiller frissonnants aux brises attiédies d'avril, étaler peu à peu toutes leurs magnificences, fleurs blanches et verdure fraîches. Je les vis au grand soleil de l'été, alors que les moissons mettent leur note blonde dans les verdures accentuées, paraître anéantis comme quelqu'un qui a bien sommeil. Je les vis à l'époque où les feuilles prennent ces tons roux qui sont pour elles le temps des cheveux blancs - précédant de peu de jours leur contact avec la terre d'où tout vient et où tout retourne... Je les vis s'éclairer gais et pimpants sous les aubes douces et s'enténébrer lentement dans la pourpre des beaux soirs. Je les vis enfin, comme dans un décor de rêve..." (p.148)

"Parfois, durant des séances de travail aux champs, aux saisons intermédiaires surtout, quand il faisait bon dehors, quand la brise, caressante comme une femme amoureuse, apporte avec elle des senteurs de lointain, des arômes d'infini, des souffles sains dispensateurs de robustesse, je ressentais ce même sentiment d'orgueil satisfait confiant au plein bonheur. Ce m'était une jouissance de vivre en contact avec le sol, avec l'air et le vent... Je me sentais le vrai roi de mon royaume et je trouvais la vie belle." (p.163)

"À tous, par effet de l'accoutumance, mon nom semblait inséparable de celui du domaine. Et n'étais-je pas lié moi-même à cette maison qui avait été si longtemps ma maison ? - à cette grange où j’avais entassé une telle somme de fourrage ? - à ces étables où j’avais soigné tant d’animaux ? - à ces champs dont je connaissais les moindres veines de terrain, les parties d’argile rouge, d’argile noire ou d’argile jaune, les parties caillouteuses et pierreuses, comme celles en terre franche et profonde ; à ces prés que j’avais vingt-cinq fois tondus ? - à ces bouchures si souvent coupées, remises en état ? à ces arbres péniblement élagués sous lesquels j’avais trouvé un abri par les temps pluvieux, un coin d’ombre par les temps de chaleur? Oui, toutes les fibres de mon organisme tenaient à cette terre et à ce vieux logis" (p.222)

Le Vagabond des étoiles
8

Le Vagabond des étoiles (1915)

The Star Rover

Sortie : 1925 (France). Roman

livre de Jack London

Josh_Athanase a mis 6/10.

Quand un Roi perd la France
6.8

Quand un Roi perd la France (1977)

Les Rois maudits, tome 7

Sortie : 1977 (France). Roman, Histoire

livre de Maurice Druon

Josh_Athanase a mis 5/10.

Annotation :

"Le malheur du temps veut que les plus grands trônes ne sont point occupés par des hommes aussi grands que leur charge. Ah ! Les successeurs n'auront pas la tâche facile !" (p.233)

Mémoire et identité

Mémoire et identité

Sortie : 3 mars 2005 (France). Essai

livre de Jean-Paul II (Karol Wojtyla)

Josh_Athanase a mis 6/10.

L'Anomalie
7.1

L'Anomalie (2020)

Sortie : 20 août 2020 (France). Roman, Science-fiction

livre de Hervé Le Tellier

Josh_Athanase a mis 4/10.

Annotation :

"Blake boit son café, sans sucre ni inquiétude" (p.24)

"Le ficus a soif. Ses feuilles brunes s’enroulent dans leur sécheresse, des branches sont déjà mortes, il incarne dans son pot de plastique, la désolation même, si tant est que le verbe incarner convienne à une plante verte. Si on ne l’arrose pas bientôt, se dit David, il va mourir. Et n toute logique, on doit pouvoir trouver quelque part sur la ligne continue du temps un point de non-retour, un moment de basculement irrémédiable à partir duquel plus rien ni personne ne saura sauver le ficus. Jeudi à 17h35, quelqu’un l’arrosera et l’arbre survivra, jeudi à 17h36, n’importe qui se pointera avec une bouteille d’eau et ce sera Non, mon chou, c’est gentil, il y a trente secondes, je ne dis pas, peut-être, mais là, qu’est–ce que tu crois, la seule cellule qui pouvait relancer la machine, l’ultime vaillante eucaryote qui aurait su réveiller ses voisines, leur crier Allez les filles, on se remotive, on réagit, on se regonfle, on ne se laisse pas aller, eh bien la dernière des dernières vient de nous quitter, alors tu arrives trop tard, avec ta minable petite bouteille, ciao, ciao. Oui, quelque part sur la ligne du temps." (p.41)

Les Bourgeois de Calais
7.2

Les Bourgeois de Calais (2021)

Sortie : 26 août 2021. Roman

livre de Michel Bernard

Josh_Athanase a mis 7/10.

Annotation :

« Elle savait seulement signer son nom et lire les mots utiles à une ménagère, mais, originaire d'un village du Pas-de-Calais, dans les terres, elle parlait patois. Rodin avait constaté que les propos de la brave épouse, plutôt rustiques, étaient truffés d'expressions chuintantes, aussi fluides et fusantes dans sa bouche qu'elles étaient opaques et sans mobilité dans l'esprit de Rodin. Cela l'amusait. Le matin, il lui faisait volontiers un brin de conversation avant de se mettre à la tâche. Il savourait les sonorités d'un langage que des générations macérant entre des collines noyées de pluie d'un coin de l'Artois avaient patinées. Ces mots-là donnaient de la tendresse au monde qu'ils commentaient, et le plaisir qu'il prenait à les entendre se serait peut-être dissipé à les comprendre. » (p.51)

« Il reconnut, assise devant une sorte d'établi, la jeune fille toujours appelée Mlle Claudel par Rodin, ce qui ne trompait personne. Elle posa sur lui un regard bleu marine avant de le reporter sur l'objet que manipulaient ses doigts graissés par l'argile mouillée. Concentrée sur la tâche, sa pensée appliquait la même force que ses mains sur la matière. » (p.101)

« Après un nouveau voyage à Calais, il avait esquissé le vœu que son groupe fût installé sur la place d'Armes de la vieille ville, là où les six otages, au son du tocsin, s'étaient réunis avant de se mettre en marche vers le camp des Anglais. Son idée était de restituer dans le Calais contemporain une scène du passé puisque, sculpteur, il était l'homme de ce qui demeure. Le groupe serait comme un bloc de réalité, une scène remontée du fond de la mémoire, prenant place à l'endroit exact où l'événement avait eu lieu. Les coulures, la patine, l'encrassage, le polissage qui souligneraient de saison en saison les creux et les saillants du bronze, seraient les traces de son voyage dans les siècles. » (p.154)

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