Les jeux de la décennie (2010-2019)

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Impossible selon moi d’ouvrir le bal sans mentionner Dark Souls, tant l’oeuvre d’Hidetaka Miyazaki et FromSoftware se sera posé comme le nom qui est le plus revenu tout au long de cette décennie. Peut-être pas le jeu le plus abouti du studio mais celui qui aura su poser les bases de la désormais fameuse recette FromSoftware, déjà initiée par Demon Souls, souvent copiée jamais égalée. Une pure oeuvre vidéoludique, a comprendre qui n’essaye pas d’être autre chose que ce qu’elle est c’est a dire un jeu-video, où chaque element (narration, difficulté etc.) fait sens avec la proposition imaginée par Miyazaki et le propos qu’il a voulu lui attribuer, a comprendre notre rapport a la mort et l’espoir. Un homme a la vision singulière qui a su proposer des expériences neuves, profondes, exigentes, à une période où la plupart des jeux en « boite » se résumaient à des produits formatés et sans intérêt, et qui aura su aussi remettre sur la table la notion d’auteur dans un secteur où celle-ci se montre encore trop rare, encore plus dans les circuits traditionnels de production.
Ainsi nous ne pouvions pas imaginer clôturer cette décennie sans voir le prix du meilleur jeu de l’année au Game Awards 2019 décerné à Sekiro comme l’aboutissement de cette reconnaissance faite au monsieur et son studio qui, a leur manière, ont su redéfinir le média.

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L’aboutissement de la recette RockstarGames. Là où la plupart des jeux en monde ouvert trempaient dans le meme moule, les equipes de Rockstar San Diego ont effectué un travail d’orfèvre au service d’une expérience particuliere et nous ont livré une des oeuvres les plus maitrisées de cette decennie, le tout servi par une écriture terriblement efficace et une bande originale somptueuse. Un coup de maître qui n’a jamais pu être égalé pas même par RockstarGames qui connait depuis GTA V une période de désuétude.

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Une des œuvres les plus singulières de la décennie issue de l’imaginaire du non moin singulier Yoko Taro. Ce genre d’oeuvre qui nous retourne le cerveau et dont on sort sans être sûr d’avoir tout compris, mais qui nous laisse malgré tout une marque indélébile. Au dela de ça, Nier : Automata témoigne d’un profond amour et attachement pour son media, jouant sans cesse avec ses codes ainsi qu’avec le joueur, parsement ses divers themes sur l’homme ou encore sur la vie tout au long de l’œuvre, ouvrant diverses pistes tout en restant toujours ouverts aux differentes interprétations. La preuve que le jeu-video est encore un terrain fertile d’expérimentation pour ses créateurs, et source d’expériences fortes et singulières pour le joueur

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A un moment où les jeux en monde ouvert s’uniformisaient et devenaient de plus en plus insipides ce Zelda a été accueilli comme un messi. Mais la vérité est que celui-ci n’invente rien, non, il témoigne seulement d’une très grande compréhension des codes du media. Un jeu qui ne prend pas le parti de la facilité comme la plupart des jeux de ce genre mais construit son monde au service d’une expérience particulière, a comprendre l’aventure et l’expérimentation, se dotant d’une richesse inouie, sans pour autant se dévoiler, laissant au joueur la responsabilité de la decouverte rendant chacune d’entre elle extrêmement gratifiante, tout en se montrant jamais avare en moment marquant et parvenant à garder en toute circonstance un caractère ludique. Mais au delà de tout ca, le plus beau peut-etre, c’est que le jeu parvient a tenir la promesse qu’aucun autre monde ouvert n’a vraiment reussi à faire : celle de la liberté. En bref, une grande leçon de jeu-vidéo

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Si 2019 a marqué le retour d’Hideo Kojima avec Death Stranding, c’est bien son œuvre précedente, MGS V, qui caractérisera le bonhomme dans cette décennie. Un épisode qui clôture une série vieille d’alors 30ans. Une conclusion faite dans la douleur, a l’origine de l’une des affaires les plus incroyables de l’Histoire du jeu-video, provoquant le divorce entre Kojima et son éditeur historique Konami. Le tout donnant une aura mythique au jeu tant le theme de la douleur fantôme aura contaminé la réalité, allant jusqu’a priver celui-ci de son auteur et même de sa fin au dernier moment de son développement. Plus qu’un jeu, un monument déchirant, et une page d’Histoire qui se tourne

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Yakuza 0, c’est l’aboutissement de la recette développée depuis 2005 avec le premier épisode par le Ryu Ga Gotoku Studio et Toshihiro Nagoshi. Préférant ignorer les logiques expansives de la plupart des jeux en monde ouvert pour rester concentré sur le petit quartier de Kamurocho, equivalent vidéoludique du véritable quartier tokyoïte de Kabukicho, la licence a créé un veritable sentiment d’intimité avec les joueurs qui ont su au fil du temps s’approprier le terrain tout en le voyant évoluer au fil des épisodes comme ici avec ce retour dans les annees 1980, tout en sachant se montrer extrêmement généreux et varié en terme d’activités. Yakuza 0 c’est aussi une des meilleures experiences narratives de ces dernieres années, à la réalisation solide, aux personnages forts et attachants et au scénario haletant. Il signe en même temps par son succès inattendu en occident ce retour en force du jeu-vidéo japonais, alors en mutation jusque là, avec une philosophie nouvelle, celle de faire mieux sans forcément faire plus.

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Si Persona 5 fait parti de ces jeux confirmant le retour en grâce du jeu-video japonais a l’échelle mondiale, il marque aussi et surtout le retour d’un genre que beaucoup pensait jusqu’ici quasi-disparu, si ce n’est par son unique représentant Pokemon, celui du JRPG au tour par tour. Un jeu complètement fou, a la direction artistique dingue, a l’écriture soignée, avec une grande générosité en terme de contenu, mais aussi plusieurs très bonnes idees de game-design qui viennent dynamiser et donner un second souffle a un genre qui, jusque la peinait a se reinventer, au point de s’installer dans une certaine routine.

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Vanquish est au TPS ce que Zelda Breath of the Wild est au monde ouvert. A une époque où tous les jeux de tir à la troisieme personne se cantonnaient a du cover shooting type Gears of War, Vanquish a préféré déconstruire cette convention, misant sur un dynamisme constant, forcant le joueur à être sans cesse en mouvement, encouragé par un gameplay ultra nerveux. Un condensé d’action non-stop de 6h qui te retourne le cerveau par son caractère survitaminé. Un pur plaisir ludique servi par un challenge corsé, une mise en scène dingue et une jouabilité aux petits oignons. Une très grande réussite de la part des équipes de PlatinumGames avec a la tête du projet un certain Shinji Mikami, nous livrant ici ce qui restera peut-être comme le meilleur TPS de la décennie. Oui, rien que ca

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The Witcher 3 c’est le bon élève du jeu AAA (ou très gros budget). Un jeu qui aura marqué par sa générosité en terme de contenu, sa direction artistique, mais aussi et surtout par son écriture extrêmement soignée à plusieurs échelles, que cela soit pour la trame principale, le lore qui compose le monde, ou même les quêtes secondaires, a tel point qu’il m’a fallu des années pour comprendre que la quête du baron rouge en était une, oui on est a ce niveau d’attention. Le tout témoignant d’un véritable amour des développeurs pour l’univers développée par Andrzej Sapkowski dans ses livres. Mais ce qui a été le plus marquant est peut-être le rapport qu’a entretenu le studio CD Project avec les joueurs, se traduisant par un respect etonnant, la où la plupart des gros acteurs ont tendance à les traiter comme des vaches à lait. Cela c’est vu par un suivi régulier du jeu avec des ajouts gratuits, deux excellentes extentions qui méritent l’investissement ou encore un petit flyer a destination de ceux-ci pour les remercier de leur soutient. Une strategie payante, rapidement récompensée par les joueurs qui ont placé le studio comme nouveau chouchou, bien que leur réputation a été recemment égratignée par les révélations sur les conditions de travail au sein du studio (oui faut dire aussi quand ca va pas)

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Doom 2016 n’est rien d’autre que le retour fracassant du Papa du FPS, longtemps appelé Doom-Like, alors que personne ne l’attendait. Un jeu qui vient remettre un violent coup de pied dans la fourmilière alors que le reste de la production s’embourbait dans une routine mollassonne. Le résultat est un FPS ultra nerveux servi par un level-design ingénieux, un bestiaire ainsi qu’un arsenal varié, le tout s’imbriquant pour faire entrer le joueur dans une forme de ballet mortel avec les ennemis où chacun de ces éléments doit etre pris en compte pour espérer s’en sortir. Des rixes aussi bourrins que tactiques servies par une musique et des animations aussi efficaces que brutales contribuant a faire entrer le joueur dans la même frénésie que le protagoniste a l’humeur LEGÉRÈMENT chafouine (non sans humour)

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Une œuvre qui tranche radicalement avec le reste de la production. Un jeu qui ne s’encombre pas de carottes pour faire avancer le joueur, ou de mécaniques compliquées. Il ne reste alors plus que la proposition de l’aventure et de la découverte au sein d’un systeme solaire composé de planètes aux microcosmes propres a chacune d’entre elles, où la seule limite est notre compréhension des règles qui les composent et notre gratification leur assimilation et la résolution des differents mystères qui parsèment ce systeme, le tout de maniere totalement libre avec notre curiosité pour seul moteur de cette odyssée. Le résultat est une œuvre brillante, voire meme touchante par moment, sans meme avoir besoin de prononcer un seul mot, et dont le seul souhait a sa résolution est de pouvoir tout oublier pour le recommencer. Assurément l’une des expériences les plus radicales, marquantes et belles de 2019 voire même de la décennie.

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Si le jeu de plateforme n’a pas eu de réel representant depuis super meet boy en 2012, Celeste s’est vite vu imposé comme le nouvel incontournable du genre à sa sortie en 2018. Cela se comprend par un gameplay aux petits oignons, exigeant et une véritable science du level-design non seulement en tant que support au game-design mais aussi comme support au propos du jeu qui traite de la dépression et de l’acceptation de soi, avec chaque niveau prenant la forme de la psyché de Madeline, donnant naissance a diverses idées qui viennent appuyer ses differents états psychologiques. Une manière de mêler le fond a la forme, qui fait de ce Celeste le véritable coup de cœur de 2018 et un des coups de cœur de cette décennie.

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Dead Cells c’est le petit bijou qui a su marquer par son action survitaminé. Un jeu a mi-chemin entre le Rogue-Lite et le MetroidVania, qui a su briller par son gameplay, sa richesse en terme de contenu mais aussi par un suivi regulier ainsi qu’une proximité entre les joueurs et les créateurs. C’est aussi une victoire au Game Awards 2018 dans la categorie jeu d’action face aux habituels mastodontes, une forme de David contre Goliath, signant une très belle reconnaissance pour les créateurs de Motion Twins. Un studio qui, dans un secteur aux conditions de travail revelées infernales pour ses createurs, a su aussi brillé par son modele de management alternatif où chaque personne est placé au meme pied d’egalité, avec le même salaire pour tous, et où chaque voix compte autant qu’une autre. Un mode de fonctionnement très sain qui peut paraitre déroutant dans le milieu ultra-capitaliste du jeu-video qui ferait passer Motion Twins pour un collectif de dangereux bolcheviks, et on ne pouvait pas demander mieux

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Si What Remains of Edith Finch ne fait pas parti des precurseurs du genre aujourd’hui nommé Walking Simulator (un nom d’ailleurs réducteur et méprisant) il reste à mon avis son meilleur représentant. Un genre qui a su marquer par son coté épuré se focalisant avant tout sur la narration et ses différentes techniques, comme ici avec sa narration éclatée multipliant les petites idées de game-design pour renouveler le gameplay en fonction des des différents points de vus qui constituent l’aventure. Un de ces jeux qui, comme à chaque fois, aura aussi su faire hurler les « Vrais Gamers » (no comment) remettant encore une fois sur la tables les habituelles questions de la définition du jeu-vidéo ou de la fameuse notion de « fun » encore perçu par beaucoup comme l’élément constitutif du média. Chacun son avis, mais si vous avez lu ma critique sur Death Stranding, vous connaissez déjà mon point de vue.

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Peut-être la plus grande anomalie de la decennie. Un jeu qui, sur le papier a tout pour rebuter. Un jeu à tendance horrifique absolument pas effrayant et cheapos, techniquement en retard d’une génération en face de jeux comme Red Dead Redemption et Mass Effect 2 sortis la même année, au sound design qui semble vouloir jouer avec nos nerfs et au gameplay absurde. Mais il n’empeche que, par on ne sais quelle diablerie, le jeu parvient a tenir debout. Un jeu cassé sur toutes ses facettes, mais qui transpire l’envie de bien faire, qui n’avait visiblement pas les moyens de ses ambitions mais qui tente et qui se livre entier au joueur sans entourloupe et en toute honnêteté, ce qui crée en nous une véritable sympathie pour celui-ci, a tel point que, si il nous arrive souvent de rire, ce sera toujours avec lui et jamais contre lui . Surtout qu’au delà de ca le jeu se montre véritablement efficace dans son scénario et sa narration, avec une enquête haletante, des personnages forts et loufoques, et des passages réellement marquants aussi bien en terme de moments WTF que de moments dramatiques et de tension. Osons même dire que tous les défauts précédemment cités viennent appuyer l’étrangeté de l’univers déjanté qui nous est présenté. Ne parlons même pas de cette fin qui nous fera définitivement poser la question de la limite entre génie et folie. Tout cela a donc pour effet de créer ce qui est peut être le meilleur nanard vidéoludique jamais créé, parce qu’à bien des égards, il sait se montrer comme bien plus que cela, et nous illustre l’importance de la subjectivité dans la manière d’appréhender une œuvre et comment la simple intention peut changer la manière dont on la conçoit.