Cover Mike Leigh - Commentaires

Mike Leigh - Commentaires

Un cliché usant et un peu injuste entretient le parallélisme entre le cinéma de Mike Leigh et celui de Ken Loach, dont il partage le regard social, humaniste et généreux sur les petites gens, les déclassés, les défavorisés, les prolétaires oubliés de la société britannique. Le rapprochement est ...

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11 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a environ 3 ans

Bleak Moments
6.4

Bleak Moments (1972)

1 h 51 min. Sortie : 14 novembre 1972 (France). Drame, Comédie dramatique

Film de Mike Leigh

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

C’est un univers morne, clos, désespérant. Une triste banlieue de pavillons individuels où quelques individus souffrant d’une tyrannique introversion s’efforcent d’établir un contact humain, de surmonter l’épreuve de la communication, rougissent d’anxiété en attendant la réponse. Ils savent que leur demande est demande d’amour et qu’on va leur retourner la même question, renvoyée ensuite dans un cycle sans fin. Pris dans ce labyrinthe de miroirs qui réfléchit leur propre image, ils s’isolent encore davantage et leur univers se restreint, jusqu’à ne plus contenir qu’eux-mêmes. Tout dans le réalisme de la mise en scène rend vivants et pesants jusqu’au malaise ces moments de ratage, de velléités déçues, de banalité poisseuse, dénués de complaisance mais non de compassion. Un cinéaste est né.

Meantime
7.1

Meantime (1983)

1 h 42 min. Sortie : 1 décembre 1983 (Royaume-Uni). Comédie dramatique

Téléfilm de Mike Leigh

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le cinéma britannique le plus pointu des années quatre-vingt tire souvent son suc de l’analyse d’un irrémédiable naufrage dans les niveaux les plus bas de l’échelle sociale. La preuve en est avec cette chronique assez accablante du chômage et de la détresse prolétaires, de l’enlisement auquel sont condamnés les laissés-pour-compte du capitalisme thatchérien, des ultimes miroitements d’un espoir de réussite qui se fracasse sur une réalité implacable aux exclus, aux faibles et aux défavorisés. Pris en étau entre l’humiliante bonne conscience bourgeoise et la violence cathartique des skins, les personnages, incapables de trouver les gestes et les mots de la communication, y noient leur marasme avec un humour rageur qui permet au film de conjurer toujours le misérabilisme glauque qui le menace.

High Hopes
6.9

High Hopes (1989)

1 h 50 min. Sortie : 24 février 1989 (Royaume-Uni). Comédie dramatique

Film de Mike Leigh

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le réalisme de ce cinéma est trompeur. Ici plus que jamais, il ne fonctionne pas pour lui-même et, tout en conservant sa propre dimension, sert une autre visée : l’humour, qui marque le brassage des tons (burlesque, caricature, exagération), produit un véritable déphasage et favorise un discours à la fois complexe et solidement structuré. Si son analyse critique n’épargne rien ni personne, s’il décrit scrupuleusement un patchwork de milieux entrant dans un système d’oppositions multiples, l’auteur réserve la primeur de sa bienveillance au couple de prolétaires qui refuse de participer au simulacre de la réussite sociale. D’où l’équilibre d’un film plein de fourrés épineux, d’allées traversières ramifiées, mais dont l’amertume et l’acerbe férocité sont toujours contrepesées par une sincère tendresse.

Life is Sweet
6.8

Life is Sweet (1991)

1 h 42 min. Sortie : 22 mars 1991 (Royaume-Uni). Comédie dramatique

Film de Mike Leigh

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

De son propre aveu, Leigh poursuit l’objectif de faire des films crédibles et intéressants sur la vie quotidienne – cette vie qui n’est pas vraiment "sweet" mais que son regard de psychosociologue pousse naturellement à l’identification. Sa caméra est comme un microscope chercheur au cœur de l’Angleterre moyenne, muni d’une lentille déformante qui permet de pousser certains personnages et situations jusqu’au grotesque et qui favorise cependant des contrepoints émotionnels préservant la dignité humaine de chacun. L’équilibre est si délicat qu’on frôle parfois la caricature, mais le prosaïsme absolu de la chronique, la sympathie évidente manifestée envers ces êtres qui rêvent plus qu’ils ne vivent, qui subissent plus qu’ils n’assument l’enlisement "thatcherisé" des jours, dénotent la réussite de l’entreprise.

Naked
7.3

Naked (1993)

2 h 11 min. Sortie : 10 novembre 1993 (France). Drame

Film de Mike Leigh

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Johnny était peut-être étudiant en philo ou disciple d’un aspirant prophète. Fuyant Manchester, il est désormais un clochard lyrique, riche à crever d’une culture qui ne nourrit plus son homme. On le découvre par bribes à travers sa manie congestionnée de citations, sa décadence psycho-physique et la dégradation sur laquelle, béatifié ou damné, il se sacrifie. S’il n’y avait cette très forte identification behavioriste de tous les interprètes, la scansion beckettienne des dialogues, on aurait envie de se flinguer devant une si désolante description de l’humanité, devant cette chorégraphie délabrée de laideurs et de misères, d’abus et de dévastations éthiques, devant le marécage bleuâtre d’un Londres crépusculaire, filmé sans concession ni conformisme esthétique, et où s’écroule la civilisation occidentale.

Secrets et Mensonges
7.3

Secrets et Mensonges (1996)

Secrets and Lies

2 h 22 min. Sortie : 18 septembre 1996 (France). Drame

Film de Mike Leigh

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Sans doute l’œuvre la plus générique et universelle de l’auteur, une œuvre de réconciliation qui fait s’effacer, malgré les tumultes intérieurs, les conflits sous-jacents et les malaises sociaux, toutes les barrières de sexe, de classes et d’ethnies. La chronique tragi-comique d’une famille éclatée y nourrit une réflexion sensible sur les racines et l’identité, imbriquée aux problématiques du racisme, du chômage, de la pauvreté sclérosant la middle class londonienne. Véhémence des uns, atonie des autres, pudeurs et sentiments cachés… Loin de la sensiblerie et du mauvais mélo, Leigh exerce son sens inné du non-dit et de l’allusion et révèle une grande finesse dans l’étude psychologique. Le tout, vibrant d’une humanité, d’une tendresse chaleureuses, est superbement relayé par de formidables acteurs.
Top 10 Année 1996 :
http://lc.cx/cTf

Topsy-Turvy
6.5

Topsy-Turvy (1999)

2 h 39 min. Sortie : 29 novembre 2000 (France). Comédie dramatique

Film de Mike Leigh

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Surprise : le chroniqueur des classes modestes contemporaines, le peintre des "Modern moral subjects" plonge dans les fanfreluches guindées de la haute société londonienne de 1885 et se passionne pour la vie de Gilbert et Sullivan, princes de l’opérette exotique qui furent à l’Angleterre victorienne ce qu’Offenbach fut au Second Empire français. Et c’est un délice, un grand gâteau crémeux mais très goûteux, dont l’originalité consiste à transformer le " drame dans les coulisses" en mise en abyme d’une vérité intime : les affres de la création. Sous les décors fastueux, les bibelots en surnombre, les prises de boudoir, salons et loges d’acteurs, s’anime tout un monde chaleureux, drôle et truculent, que l’auteur fait tourbillonner en oscillant avec brio de la parole au chant, de la fiction à l’histoire, du banal au lyrique.

All or Nothing
6.9

All or Nothing (2002)

2 h 08 min. Sortie : 13 novembre 2002 (France). Comédie dramatique

Film de Mike Leigh

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Ce n’est pas une vie, mais c’est leur vie. Celle du lumpen-prolétariat de l’Angleterre blairiste, dont le cinéaste poursuit la sociologie sans apprêts avec son film le plus sombre, âpre et désespéré avec "Naked". Au contraire de beaucoup d’autres, lui ne cherche pas à dire mais à laisser dire, ne dérobe pas le quotidien de ces couches défavorisées mais s’y immerge, s’en imprègne, en éprouve toute la complexité versatile, toutes les nuances contradictoires. La violence des sentiments, des rapports humains et des liens affectifs, l’attachement viscéral à autrui, la détresse de chacun, tout concourt à dresser un tableau terrible et poignant, superbement interprété (on ne dira jamais assez la suprématie des acteurs anglais dans ce domaine), et fort peu attentif aux codes de représentation usuels de la comédie humaine.

Vera Drake
7.2

Vera Drake (2005)

2 h 05 min. Sortie : 9 février 2005 (France). Policier, Drame

Film de Mike Leigh

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Le réalisateur quitte l’Angleterre contemporaine pour celle des années 50, et livre son "Affaire de Femmes" à lui. Toujours du côté des petites gens, de cette classe modeste et prolétaire qui essuie les injustices et les hypocrisies de l’ordre social, il dresse le portrait d’une faiseuse d’anges sans jamais l’héroïser, et dépeint une époque d’après-guerre où les mœurs se libèrent mais où les lois restent de fer, où la pauvreté et l’absence de choix forment le lot quotidien des êtres les plus modestes. Le dévouement naturel, le générosité désintéressée et affairée de l’héroïne sont saisies dans une forme de quotidienneté banale, pour mieux souligner les défaillances du système répressif et engager le conflit moral : que faut-il accepter au nom de la précarité ? Intéressant mais peut-être un peu lisse.

Be Happy
6

Be Happy (2008)

Happy-Go-Lucky

1 h 58 min. Sortie : 27 août 2008 (France). Comédie

Film de Mike Leigh

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Leigh avait habitué à l’inexorable ruée de chacun vers la solitude et de tous vers l’apocalypse. Pivotement radical avec ce film guilleret et coloré, dont l’héroïne a décidé qu’il était bon de vivre. Mais le ton a beau être celui d’un feel-good-movie, accordé aux basques de sa fofolle Poppy, bourrasque d’optimisme forcené et de gaieté revigorante, une telle approche de l’existence repose également sur une lucidité éprouvée, voire une certaine mélancolie, qui l’éloigne de toute béatitude bisounoursesque. Car le cinéaste se montre toujours aussi concerné par la réalité contemporaine et l’attention aux déshérités, équilibrant les plages de comédie pure (les cours de flamenco avec la prof azimutée) et le commentaire social, précis, tendre et généreux. Quant à Sally Hawkins, elle est aussi formidable qu’attachante.

Another Year
6.8

Another Year (2010)

2 h 09 min. Sortie : 22 décembre 2010 (France). Comédie dramatique

Film de Mike Leigh

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Le cinéaste retrouve la veine de "Secrets et Mensonges" : même structure ample et chapitrée, même regard attentif et humaniste sur ses contemporains, même faculté à basculer de la drôlerie la plus débridée à la tristesse la plus existentielle, même milieu familial fait de complicité, de profonde tendresse, de chaleur affective, où s’épanchent les aspirations hésitantes, l’altruisme généreux, le désarroi qui ne dit pas son nom – et la difficulté à concilier le bonheur avec le souci d’aider ceux que l’on aime. Une fois encore, Leigh s’impose comme un portraitiste particulièrement sensible, chargeant d’une authenticité vibrante chacun de ses personnages, tous confrontés à l’angoisse de la solitude et du vieillissement, aux échecs de la vie, à des difficultés relationnelles qui les minent. Très beau film.
Top 10 Année 2010 :
http://lc.cx/UPB

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