Mon Top 1991

Annotation :

La Penn est belle et faulknérienne...

http://www.senscritique.com/liste/Si_tu_as_de_la_Penn/77769

Annotation :

Le film à sketches, à l'image du recueil de nouvelles, est un des trucs les plus casse-gueules qui existent tant il est difficile de trouver à la fois de l'homogénéité et surtout d'éviter les trous qualitatifs qui pourraient éjecter à tout moment le spectateur du film.

Mais Jarmusch est fort, très fort, il va ici du bon au génial, il passe de la mélancolie au burlesque avec une efficacité déconcertante. Si je devais partir avec trois segments sur une île déserte ce serait : Los Angeles pour l'émotion que dégage la confrontation, en forme de passage de flambeau, entre Gena Rowlands et Winona Ryder, New York, plein d'humour et de tendresse, les duettistes Giancarlo Esposito et Armin Mueller-Stahl livrant un numéro lunaire, et enfin Rome parce que je n'avais pas ri ainsi depuis bien bien longtemps.

Annotation :

Quel bonheur d'avoir enfin vu ta lune ! (Et elle n'est pas si froide que ça)

- Accusé Besson, levez-vous ! Vous êtes jugé ce jour pour violence volontaire sur septième art ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. Selon les pièces à conviction, vous vous trouveriez derrière les "Taxi", "Takeni", "Transporteuri", "13 la Banli", "Yamakasi", "Wasabi"... Pouvez-vous le confirmer à la cour ?

- Je ne nie pas les faits, Monsieur le Juge, mais j'ai aussi produit "I Love You Phillip Morris", "Trois enterrements", "Haute Tension", "La Turbulence des fluides".

Et même en 1991, "Lune froide", un poème éthylo-nécrophilique en noir et blanc réalisé par Patrick Bouchitey. Patrick, c'est Dédé, et son pote, c'est Simon, joué par Stévenin. Ils sont un peu paumés, pas méchants, juste maladroits. Et surtout ils cherchent un truc, l'amour. (Comme Bukowski)

- La cour se retire pour délibérer.

« C'est ma frangine, elle m'a branlé quand j'étais petit ! »

Annotation :

J'ai pensé à ma fille en revoyant ce film. Elle me disait il y a quelques jours être allée voir une pièce de Molière où au bout de 10 minutes tous les acteurs étaient à poil. On comprend mieux alors comment un tel film peut être jugé aujourd'hui : trop classique, trop ampoulé, trop propre. Un peu comme si on reprochait à Pierre Jourde de ne pas slamer.

Oui ce film est sage mais il respecte surtout ses protagonistes autant que les spectateurs. Corneau signe ici une déclaration d'amour à l'art et sa transmission bouleversante.

Casting de haute tenue (Les Depardieu, Marielle, Brochet), musique, décors, costumes au diapason, bref une œuvre sur le papier un brin calibrée pour les César. Et bingo il en raflera sept dont celui du meilleur film, et probablement le plus mérité, celui de la mise en scène. Celui qui est capable d'envoyer en ouverture un plan fixe de huit minutes sur Depardieu mérite le respect éternel.

Annotation :

Pierre Jolivet est clairement l'un des scénaristes-réalisateurs français les plus sous-estimés. Une filmographie loin d'être sans accrocs certes, mais surtout quelques pépites : "Force majeure", "Fred", "Ma petite entreprise", "Jamais de la vie" et donc ce "Simple mortel".

Sous son apparence formelle très classique, le cinéma de Jolivet est très français, sans jamais être franchouillard : il est à la fois intellectuel et sensoriel, questionne la psyché humaine, et en particulier les failles et les faiblesses de celle-ci.

Son "Simple mortel" est un véritable miracle sur pattes : c'est de la SF sans SFX, pas de renversements scénaristiques spectaculaires, des questions mais pas de réponses. Et pourtant, à la manière d'un Philip K. Dick, influence clairement revendiquée, ce film ne vous laisse pas une seconde de répit, il vous triture le cerveau bien comme il faut.

Annotation :

Oliver Stone est selon moi l'un des réalisateurs les plus surestimés, je crois pouvoir dire que je déteste tout simplement son cinéma, grossier, facile, sans la moindre nuance.

Mais étant bon joueur, dès que la version restaurée de ce film que j'avais toujours soigneusement évité a pointé le bout de son nez en salles, je me suis dit que c'était l'occasion de lui donner une nouvelle chance.

Et comme je l'attendais, ce qui intéresse Monsieur Pierre n'est en rien l'artiste, la création, c'est uniquement ce qui peut se prêter à du spectaculaire, du voyeurisme sur lequel il se jette. Et là c'en est presque fascinant mais ce côté malsain dans l'intention donne pour une fois dans sa filmographie un véritable angle, sa fascination pour les drogues, le sexe et l'autodestruction lui fait perdre de vue son sujet initial et donc le rythme du biopic traditionnel.

Le portrait classique devient transe, et j'avoue avoir moi-même perdu pied, avoir eu le sentiment de me trouver pris au piège d'une expérience qui me dépassait.

Cher Oliver, t'es toujours un gros lourd mais, peut-être sans le vouloir, t'as pondu là un sacré objet de cinéma.

Annotation :

Le film d'Atom Egoyan qui sent clairement le plus l'influence du compatriote Cronenberg, avec cette façon assez tordue d'aborder la sexualité qui rappelle fatalement "Crash", la présence de l'excellent Elias Koteas ne faisant que renforcer cette impression. C'est labyrinthique, fascinant autant qu'angoissant, et si on s'accroche l'aspect abscons disparait progressivement laissant place à un récit vertigineux. Comme un puzzle diabolique qui dévoile peu à peu son dess(e)in...

Annotation :

Je suis le premier surpris d'avoir à ce point aimé ce film presque 30 ans après notre première rencontre.

Parce que :

1/ Très souvent quand je revoie des œuvres marquantes de cette période je m'aperçois que celles-ci ont méchamment vieilli.

2/ Très souvent quand je revoie des œuvres marquantes de cette période je m'aperçois que j'ai méchamment vieilli.

3/ Très souvent, sans distinction de période, je m'aperçois qu'Adrian Lyne a fait du caca.

Mais là ça reste diablement efficace, dans le fond et dans la forme, c'est intense, émouvant, le récit tient parfaitement sa ligne. Et même Adrian a des idées de mise en scène, c'est dire si un ange s'est posé sur le berceau de Jacob, à défaut de l'avoir fait sur son échelle.

Annotation :

Un film qui fait regretter que Ken Loach ne se soit pas plus souvent aventuré dans le cinéma de genre. Car que ce soit dans le "film de guerre" avec "Le Vent se lève" et "Land and Freedom" ou ici dans le thriller historico-politique on le sent parfaitement à l'aise, aussi investi et en rage que dans son cinéma purement social.

Même si les moyens n'étaient certainement pas les mêmes cet "Hidden Agenda" fait furieusement penser au formidable "Missing" de Costa-Gavras, avec en creux un cri d'impuissance face à cette enquête menée en pure perte, la foi des protagonistes étant bien peu de chose confrontée à un système, à un pouvoir prêt à tout pour étouffer la voix de l'autre.

Annotation :

A la lisière des années 80 et 90 Éric Rochant était probablement le réalisateur français le plus prometteur, avec trois premiers films assez déments, dont celui-ci, le moins connu des trois, qui prouvait que le bonhomme était celui qui captait le mieux l'air du temps, l'état d'une jeunesse désabusée, prête à tout pour exister "Aux yeux du monde".

Yvan Attal, à peine sorti du culte et générationnel "Un monde sans pitié", campait un grand enfant prenant des gosses en otage pour séduire une fille (Charlotte Gainsbourg, oui oui déjà), dans un film d'une intelligence rare, à la fois tendre et désespéré.