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8 livres

créee il y a plus de 3 ans · modifiée il y a environ 3 ans

Howards End
7.1
1.

Howards End (1910)

Sortie : 1950 (France). Roman

livre de E.M. Forster

Chaiev a mis 9/10.

Annotation :

Ecrit en 1910, Howards end est un peu le pivot de l’oeuvre romanesque de Forster, pile au milieu entre les trois premiers où l’auteur cherche encore sa voie, et les trois derniers (dont un est inachevé et un autre ne sera publié qu’à titre posthume). Retraçant les mésaventures de trois familles dans l’Angleterre des dernières années du long règne de Victoria, Forster parvient à mêler avec une aisance et une force peu communes sa vision politique, sociale et psychologique des rapports humains, grâce à une histoire d’héritage et de mariage qui semble tout droit sortie d’un roman d’Henry James. Même thèmes certes, mais traités avec une approche bien différente, par grands a-plats, par blocs qui s’entrechoquent à l’image des deux jeunes héroïnes, Margaret la solide et sa soeur Hélène, plus frémissante et tête brûlée. Orphelines depuis leur plus jeune âge, aisées, socialistes dans l’âme, ces deux là offrent à Forster l’occasion d’un véritable réquisitoire féministe, non dénué d’un brin de distance et d’ironie. Décidées à ne pas se laisser faire, ni à se plier aux convenances, chacune à leur façon combat l’esprit patriarcal qui régit cette société d’avant première guerre mondiale. Avec un rare bonheur, Forster trouve l’équilibre parfait entre action et dialogue, théorie et observation, humour et sérieux, en maitre du contrepoint et du clair-obscur, toujours très simple dans la conception, et diaboliquement complexe dans la réalisation.

« Certains quittent la vie en larmes, d’autres avec une froideur insensée ; Mrs. Wilcox avait pris cette voie médiane où de plus rares natures peuvent seules cheminer. Elle avait gardé la mesure. Du noir secret, elle avait confié à ses amis une certaine part, mais pas trop grande ; elle avait clos son coeur, presque, pas tout à fait. C’est ainsi que nous devrions mourir, en admettant qu’il existe une règle : ni victimes, ni fanatiques, mais semblables au matelot dont le regard accueille avec égalité la profondeur où il s’engage et la rive qu’il doit quitter. »

Avec vue sur l'Arno
7.4
2.

Avec vue sur l'Arno (1908)

A Room with a View

Sortie : 1947 (France). Roman

livre de E.M. Forster

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

De toute évidence, « A room with a view » a pour but affiché de raconter la lente naissance à elle-même de son personnage principale, la jeune Lucy. On la suit, comme dans un roman de James, d’abord en Italie, puis de retour chez elle, dans la tranquille campagne anglaise, les yeux encore emplis de soleil et d’amour empêché, et Forster de s’amuser à multiplier les embûches et les personnages annexes, tous formidablement croqués, pour mieux souligner le parcours de l’ingénue en passe de devenir une femme accomplie, n’écoutant que son coeur et son courage. La mécanique est bien huilée, mais dans les interstices se cache comme une vague inquiétude, poliment camouflée, celle même qui deviendra le souci majeur de D.H Lawrence, jamais très loin. Ici c’est la version solaire, là la version ténébreuse, les deux se répondent. En somme, le roman se penche sur l’abime, mais préfère s’en sortir par une pirouette. N’empêche, n’empêche, derrière l’humour et le happy end transparait le vrai revers de la médaille, d’autant plus menaçant que pour le coup évité : tout ça aurait pu mal tourner, un caillou de plus sur le chemin et la voiture versait.

Le Plus Long des Voyages
7.1
3.

Le Plus Long des Voyages (1907)

The Longest Journey

Sortie : 1952 (France). Roman

livre de E.M. Forster

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Forster aura vécu 90 ans, mais n’aura écrit qu’entre ses 26 et ses 40 ans (soit entre 1905 et 1928). Période très ramassée donc, pour 7 romans (dont un - Maurice - qui ne paraitra qu’après sa mort) et deux recueils de nouvelles, qui laissaient pourtant présager du meilleur, à l’image de ce deuxième roman bouillonnant et expérimental autour d’un héros un peu terne aux prises avec un demi-frère caché, aussi solaire et amoral que lui est veule et malingre. Tout n’est pas très abouti, mais il y a un tel engagement, une telle soif de creuser là où ça fait mal, qu’on excuse sans peine les tâtonnements du jeune romancier. On est sept ans avant la grande Guerre, et pourtant ces personnages épuisés, au sang vicié par trop de non-dits et de rancœurs inavouées semblent tout droit sortis d’un roman des années 20, preuve de la grande sensibilité de Forster pour capter tel un médium les travers de son époque, et de sa dextérité à s’engouffrer dans les moindres replis d’âmes malades, un peu à la façon de D.H Lawrence (mais si influence il y a, elle n’est pas là où l’on croit, puisque ce dernier n’écrira son premier roman que quatre ans après celui-ci)

« Parce qu’il connait un quarteron de gens décents, il croit à l’humanité. Il croit aux femmes parce qu’il a aimé sa mère. Ses amis sont, d’ailleurs, aussi jeunes et aussi naïfs que lui lui-même. Le vin de la vie les enivre. Mais ils n’ont pas gouté — disons à la tasse de thé de l’expérience, comme Mr. Pembroke et ses pareils, qui en ont été transformés. Oh ! cette tasse de thé ! A prendre aux heures de prière, d’amitié, d’amour, jusqu’au jour où nous sommes enfin sensé, efficaces, expérimentés et parfaitement inutile à Dieu et à l’homme. Il faut la boire, ou mourir. Mais il n’est pas nécessaire de la boire toujours. Là est notre problème, et là notre salut. Un moment vient – Dieu sait quand – où nous pouvons dire : « je ne vais plus acquérir d’expérience. Je vais créer. Je vais être une expérience ». Mais cela demande héroïsme et subtilité. Car il n’est pas facile, après avoir bu six tasses de thé de lancer la septième au visage de l’hôtesse. »

Maurice
7.9
4.

Maurice (1971)

Sortie : 2006 (France). Roman

livre de E.M. Forster

Chaiev a mis 8/10.

Route des Indes
7.1
5.

Route des Indes (1924)

A Passage to India

Sortie : 1927 (France). Roman

livre de E.M. Forster

Chaiev a mis 7/10.

Annotation :

Si Forster n’a jamais pu se résoudre à publier Maurice de son vivant, pour ne pas choquer les bonnes moeurs de ses concitoyens, il se montre nettement moins mesuré en osant sortir en 1924 A Passage to India, portrait politique et social d’une rare violence du microcosme colonial britannique. Si les personnages sont nettement charpentés, et l’intrigue suffisamment variée pour tenir en haleine jusqu’au bout, on a tout de même l’impression que la matière romanesque intéresse pour une fois moins Forster, ou plutôt qu’il s’en sert comme un conducteur pour habiller un substrat documentaire et l’électriser. L’Inde qu’il dépeint est celle que voit la clique de colonisateurs méprisants, autoritaires et racistes : un décor orientalisant, une scène de théâtre où les rapports sont forcément biaisés, et d’une violence forcément à vif. Chacun y joue un rôle, distribué d’avance, et le constat final est accablant : ni ceux qui croient avoir le pouvoir, ni ceux qui luttent pour le récupérer n’en sortiront vainqueurs.
[il serait peut-être temps de faire une nouvelle traduction car celle de Mauron, qui date de 1927, est affreusement poussive et maladroite. A commencer par le titre, dont l’absence de déterminant est franchement absurde, et cette façon de rendre immanquablement « to be in India » par un très curieux « être dans l’Inde »]

Monteriano
6.8
6.

Monteriano (1905)

Where Angels Fear To Tread

Sortie : 1954 (France). Roman

livre de E.M. Forster

Chaiev a mis 7/10.

Annotation :

Premiers pas d’un jeune Forster (25 ans) qui fait déjà preuve d’une belle dextérité romanesque : les portraits psychologiques ne sont pas encore complètement fouillés, mais le style, l’inventivité et la verve sont déjà là. Le point de départ est une image inversée de A » room with a view » qui viendra trois ans après - un peu d’Angleterre, beaucoup d’Italie – et pour le reste c’est assez jamesien : des familles inquiètes, des jeunes filles émancipées, des mariages sur un coup de tête, des plans retors et surtout un tableau assez pointilliste sur les différences de mentalités entre chauds Italiens et froids Anglais.

Arctic Summer
7.

Arctic Summer (1913)

Sortie : janvier 2017 (France). Roman

livre de E.M. Forster

Chaiev a mis 7/10.

Annotation :

Il s’agit là d’un roman interrompu, 9 petits chapitres imaginés en 1911 mais laissés en friche, par un auteur qui n’aura écrit que 6 romans en vingt ans, puis aura planté là sa plume à jamais pendant les 45 ans qui lui resteraient à vivre. Trop rare donc pour faire la fine bouche, et puis il y a un bonheur paradoxal à se voir refermer une porte à la figure, je trouve. Tout un essaim de rêves bien forcés de se dissiper lorsque la dernière page sonne brutalement le réveil. Apparement, le roman projeté eut repris la structure d’A room with a view : prologue en Italie (où Martin, en voyage avec sa femme et sa belle-mère rencontre l’étrange Cleasant March) puis développement en Angleterre. Tel quel, c’est un peu comme entendre une symphonie en passant pas loin d'une salle de concert en calèche : quelques accords, une mélodie bien tournée, qui disparait dans la nuit ! mais même en 80 pages, on a de quoi voir que le roman se présentait diablement bien….

« Mais pour ceux à qui cela ne suffit pas, Lance avait un charmant sourire désinvolte qui montait du fin fond de sa personne. À la moindre invitation, tout son être sortait en dansant, par les lèvres, les yeux et les plissements du visage. Il riait de ses propres plaisanteries et de celles des autres, de n’importe quelle idiotie. Il ne s’agissait pas d’un sens de l’humour affûté, aucun des March ne possédant cette qualité. C’était quelque chose de plus profond, proche de la passion. Le rire de Mr Vullamy, même s’il était chaleureux quand il en avait décidé ainsi, n’était jamais exubérant. Clesant ne riait pas souvent, sa mère jamais, et les filles uniquement quand on riait d’elles. Lance était le seul à posséder la clef du cœur des hommes. À la portière de la voiture d’un train, il n’avait qu’à demander : « Dites-moi, y a-t-il une place ? » pour que tout le monde l’invite à entrer. Il plaisait aux gens ordinaires parce qu’il représentait le jeune gentleman idéal, tandis que les gens supérieurs, qui se plaignaient qu’il n’y avait rien contre lui et, par conséquent, rien en lui, fondaient devant son sourire. »

Quelle importance ?
8.

Quelle importance ? (1972)

Sortie : 18 février 1995 (France). Recueil de nouvelles

livre de E.M. Forster

Chaiev a mis 6/10.

Annotation :

Les quelques nouvelles ici réunies sont loin d’avoir la force de ses romans, mais leur lecture reste néanmoins intéressante dans la mesure où, à l’instar de Maurice, elles furent écrites par Forster « pour le tiroir », avec la ferme volonté de ne jamais les faire publier de son vivant. Homosexualité oblige, version hédoniste et décomplexée ! Du coup, c’est assez drôle d’imaginer à quoi pouvait bien ressembler les coulisses de toute cette littérature bon teint se déroulant chez les heureux du monde : c’est comme si derrière les histoires furieusement hétéros des romans de l’époque se camouflaient en réalité des idylles nettement plus interlopes, et tues à jamais. Si le ton employé ici par Forster est le plus souvent celui de l’humour, la plus longue nouvelle, l’Autre bateau, montre de façon nettement plus sérieuse les conséquences dramatiques de l’absurde hypocrisie promue par les convenances bourgeoises héritées de l’ère victorienne.

Chaiev

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